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Le triomphe de la vérité

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Grogne dans le secteur de la santé: Les paramédicaux menacent d’aller au « pire »


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Vincent Ehoulé netLa grève déclenchée dans le secteur de la santé le 19 août dernier par l’Inter syndicale des ressources humaines en santé (IRHS) se poursuit cette semaine, avec des risques de durcissement. En cessation de travail de soixante-douze heures renouvelables par tacite reconduction chaque semaine pour exiger la satisfaction de certaines revendications, l’IRHS menace de passer à la vitesse supérieure en déclenchant, dès le 23 septembre une grève sans service minimum. Un durcissement de ton et de procédé que les responsables de l’IRHS expliquent par le mutisme du Gouvernement qui, jusque-là, n’a satisfait aucune de leurs revendications. Pour rappel, l’IRHS a décidé de la paralysie des hôpitaux et centres de santé publics pour exiger la satisfaction totale d’un certain nombre de revendications. Il s’agit du payement de tous les salaires aux ayants droits, de la prise d’un arrêté interministériel pour la revalorisation de la prime de logement au profit des personnels paramédical et administratif du Ministère de la santé et du CNHU-HKM, conformément aux conclusions des travaux du comité technique ayant travaillé du 23 juin au 02 juillet 2014 à Abomey, le payement de la prime de risque et les rappels y afférents à tous, l’achèvement des travaux de reversement au Ministère de la santé et du payement du rappel de la prime de motivation au titre de l’année 2007 à tous les ayants droits.

Vincent Ayélodjou Ehoulé, le secrétaire général du Syndicat des anesthésistes-réanimateurs du Bénin au sujet de la grève dans le secteur santé
« C’est à contre cœur que nous prenons la décision d’aller à une grève sans service minimum à partir du 23 septembre prochain »
Les hôpitaux et centres de santé publics vivent depuis hier, une nouvelle semaine de grève. Déclenchée le 19 août dernier par l’Intersyndicale des ressources humaines en santé (IRHS), cette grève de soixante-douze heures renouvelable par tacite reconduction chaque semaine est en passe de se transformer, à partir du 23 septembre prochain, en grève sans service minimum. Vincent A. Ehoulé, le Secrétaire général du syndicat des anesthésistes-réanimateurs du Bénin et membre de l’Inter syndicale des ressources humaines en santé (IRHS) fait le point du débrayage.

L’Evénement Précis : Déjà trois semaines de grève. Quels résultats avez vous obtenu au bout de ces semaines de débrayage ?

Vincent A. Ehoulé : Nous entamons la quatrième semaine de grève et nous sommes en train actuellement de faire le tour du pays pour montrer l’inertie du gouvernement à nous écouter. Nous sommes très satisfaits de l’observance du mot d’ordre par nos militants. La grève a été observée sur toute l’étendue du territoire national. Jusque-là nous avions fait des grèves avec service minimum. Cela veut dire que les urgences tournent, les maternités tournent. Mais si on ne va pas à une crise, nous avons l’impression que notre Etat ne réagit pas.

A quelle crise devrait-on s’attendre alors, face à ce que vous considérez comme l’inertie du gouvernement ?
Nous avons pris la décision, jeudi dernier, si le gouvernement ne dit toujours rien, d’aller vers une opération « Santé morte » dans le pays. Nous pensons que nous avons déjà fait grève dans ce pays en 2010 et 2011, et le gouvernement nous a déjà amenés devant les tribunaux. Donc, quand il n’y a pas cris et que la population ne s’expose pas à des risques de santé graves, les gens pensent que tout va normalement. Et c’est un gouvernement qui a l’habitude de développer la sourde oreille quand on est en grève. L’expérience ne date pas des agents de santé. Les enseignants ont fait quatre mois de grève dans ce pays. Nous, nous savons que nous sommes au début

Et concrètement, que risque-t-il de se passer à partir du 23 septembre ?
La crise à laquelle on doit s’attendre les prochains jours, c’est malgré nous que nous allons abandonner tous les centres de santé. Il ne s’agira pas que des hôpitaux seulement. Je parle de tous les centres de santé. Les agents de santé resteront dans leurs maisons et la population malade sera à la charge du Gouvernement. Ils n’auront qu’à prendre les 5%, les 400 personnes à qui ils ont multiplié les indemnités de logement afin qu’ils aillent travailler dans les hôpitaux et on verra.

Concernant les revendications, quelles sont les retombées après ces premières semaines de grève?
Sur nos cinq points phares, aucune solution n’a été trouvée.

Est-ce à dire que les populations souffrent pour rien depuis trois semaines ?
Non. Nous, nous ne faisons pas le point de ceux qui ont souffert, mais celui de ceux qui ont respecté le mot d’ordre. C’est le gouvernement qui va mesurer les conséquences. Nous, nous savons que nos patients souffrent. Il y a des malades qu’on a programmés quatre ou cinq fois et qui ne sont pas opérés, mais le Gouvernement pense que rien n’est encore grave.

Dans le bras de fer que le Gouvernement et vous, vous vous livrez, que devient le droit à la santé du peuple béninois et qui du reste est un droit constitutionnel ?
Le contenu est relatif. Tout le monde à droit à la santé et la santé est un droit constitutionnel pour tout le monde. C’est l’Etat, c’est le gouvernement qui a à sa charge la santé de sa population. Nous-mêmes agents de santé sommes des malades potentiels et l’Etat a l’obligation de nous soigner. Nous, nous sommes au service de cet Etat.

Mais vous avez prêté serment…
Le contenu exact du serment est à étudier. On a prêté serment et le contenu de notre serment ne nous a jamais interdit de faire grève. Le contenu de notre serment a bien dit que nous ne devons pas faire de distinction de race, religion, etc. Quand on est devant un malade, on oublie tout et on s’occupe de sa maladie. C’est ça, le contenu du serment. Le serment n’a jamais dit d’aller soigner les gens étant affamé. Le serment n’a jamais dit d’accepter une discrimination aussi grande que de multiplier l’indemnité de logement d’un seul corps, qui occupe moins de 5% de l’effectif du personnel de la santé, par dix, en laissant les autres. On ne peut pas amener un seul corps à cent mille francs CFA (100.000 francs CFA) d’indemnité de logement et laisser ceux qui sont à 2000 francs. C’est le besoin de rétablir la justice et l’équité qui constitue notre préoccupation fondamentale.

Mais le secteur de la santé est particulièrement sensible…
La sensibilité est relative. Nous sommes tous des travailleurs et si les gens pensent que nous sommes sensibles et qu’il faut nous traiter avec la sensibilité, ils devraient tout mettre en jeu pour qu’on n’aille jamais en grève.

Que répondez-vous à ceux qui estiment que vous demandez trop ?
Nous ne demandons pas trop, parce que c’est nous qui nous occupons de la santé des hommes.

Et si le peuple se soulève contre vous ?
Le peuple ne peut pas se révolter contre nous, parce que ce n’est pas nous qui avons la charge aujourd’hui de traiter les agents de santé. Ce n’est pas à nous, la responsabilité n’est pas à nous. Si ce peuple  se révoltait, ce serait contre le gouvernement. Aujourd’hui, si vous interrogez la population, même les autorités nous disent que nous avons raison. Si on a raison, qu’on nous rétablisse donc dans nos droits. Nous voulons même la révolte de ce peuple contre le gouvernement, et nous aussi nous sommes dans ce peuple. Déjà nous avons commencé par prendre nos responsabilités en abandonnant la population. Aujourd’hui, nous sommes prêts.

Mais vous n’êtes pas les seuls agents de l’Etat
Nous ne sommes pas les seuls, mais en principe nous devrions être prioritaires. Mais aujourd’hui, nous sommes relégués au dernier plan. Ceux du Ministère de l’Agriculture ont déclenché une grève pour réclamer huit mois d’arriérés de salaire et le chef de l’Etat les a reçus, alors que, parmi nous, il y a des gens qui ont quinze mois d’arriérés de salaire. Cela ne dit rien à l’Etat. Vous voyez un peu comment on nous banalise non ?

Mais, pourtant, c’est un des vôtres, professionnel de la santé, qui est à la tête du Ministère de la santé…
Oui, mais moi je pense aujourd’hui qu’il faut aller chercher les acteurs d’un autre secteur pour venir diriger notre Ministère. Notre Ministère a presque tout le temps été dirigé par des médecins et nous avons les mêmes résultats. Il faut donc aujourd’hui chercher ailleurs. Qu’on fouille ailleurs parce qu’ils nous ont montré leurs limites toutes les fois. Je n’ai rien contre le corps des médecins, mais c’est ce que nous avons toujours eu et c’est dommage.

Votre mot de fin
C’est à contre cœur que nous prenons la décision d’aller à une grève sans service minimum à partir du 23 septembre prochain. Depuis jeudi dernier que nous avons pris la décision, nous avons commencé par informer par les médias, la population et nos militants. C’est pour donner le temps au gouvernement d’anticiper sur la crise, qu’on nous appelle pour nous dire ce qu’on nous donne sur les revendications et que nous puissions l’apprécier, accepter ou refuser. Que demain on ne commence pas par exhiber le tribunal comme arme. Nous sommes vaccinés contre ça. Ce qui est prioritaire aujourd’hui pour nous, c’est qu’on signe le rapport d’Abomey, l’arrêté que nous avons préparé ensemble avec les autorités à Abomey, qu’on donne satisfaction à ceux qui sont sans salaire depuis 13 à 15 mois, qu’on puisse finir aujourd’hui avec les reversements au Ministère de la santé, qu’on puisse nous payer notre indemnité de logement depuis 2007.

Réalisé par Flore S. NOBIME

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