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Le triomphe de la vérité

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Rentrée académique 2014-2015: Les mises en garde des syndicats au gouvernement


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Syndicat netDes menaces planent déjà sur la rentrée académique 2014-2015. L’annonce a été faite le mercredi 27 août dernier par  quatre organisations syndicales du Bénin. Il s’agit de la CSA-Bénin de Dieudonné Lokossou, de la Cosi-Bénin de Noël Chadaré, de la CGTB de Pascal Todjinou et la CSPIB de Christophe Dovonon. A l’occasion d’une conférence de presse organisée à la Bourse du Travail, ils ont présenté le niveau des négociations entre le gouvernement et les  centrales et confédérations syndicales au titre de l’année scolaire et académique 2013-2014.  Un bilan qui, selon eux, n’est pas satisfaisant et doit connaitre une amélioration avant la prochaine rentrée des classes.  Regrettant le départ de certains ministres avec qui ils ont démarré les négociations,  les confédérations et centrales syndicales invitent instamment le gouvernement dans une démarche d’anticipation, à prendre conscience des enjeux, pour ouvrir sans délai, les négociations dans le cadre de la Commission •Nationale Permanente de Concertation et de Négociations Collectives Gouvernement/Centrales et Confédérations Syndicales afin de régler les problèmes cruciaux en instance évoqués plus haut qui constituent des sujets de préoccupation majeure pour les travailleurs. Comptant sur les capacités managériales de l’actuel ministre en charge du dialogue social, Antonin Dossou, ils comptent sur son sens élevé d’écoute pour également conduire avec le ministre de la Fonction publique l’organisation des élections professionnelles.

Lire l’intégralité de leur déclaration

L’on se souvient que, le Vendredi 27 Décembre 2013, à l’occasion d’une marche pacifique de protestation organisée par les Confédérations syndicales contre certains abus, surtout des violations répétées des libertés publiques et les velléités de remise en cause des acquis démocratiques de notre peuple par le gouvernement de la refondation, le commissaire central de la ville de Cotonou d’alors, Monsieur Agossadou Pierre, sur les instructions du Préfet de l’Atlantique-Littoral, le sieur Placide Azandé avait ordonné aux forces de sécurité publique de réprimer dans le sang à la Bourse du Travail cette marche pacifique pourtant autorisée par le maire de Cotonou après que, les organisations syndicales eurent rempli les formalités d’usage exigées à cet effet.
Les nombreuses images terrifiantes de travailleurs molestés projetées par les chaines de télévision et les réseaux sociaux à travers le monde entier n’avaient guère ému les autorités politiques au plus haut niveau de notre pays, qui ont délibérément fait l’option de tourner en dérision un évènement aussi grave, avec l’appui de quelques nervis d’un système pernicieux autoproclamés «les fous du roi» en quête d’aumône facile. Face à cette dérive totalitaire, et en l’absence de toute expression de compassion des autorités et des commanditaires de ce crime odieux, les organisations syndicales ont dû alors déposer un préavis de grève d’avertissement de quarante-huit (48) heures pour compter des 07 et 08 Janvier 2014. Pour la mémoire collective, il ne serait pas superflu de rappeler la plate-forme revendicative dudit préavis qui comprenait sept (07) points essentiels Il s’agit de :
1- le respect scrupuleux de la jouissance de libertés démocratiques et syndicales
2- le relèvement de leurs fonctions de Messieurs AZANDE Placide, Préfet du  département l’Atlantique-Littoral et AGOSSADOU Pierre, Commissariat Central de la ville de Cotonou, conformément à l’article 19 de la Constitution du 11 Décembre 1990 ;
3- la garantie de la sécurité à tous les citoyens, surtout aux responsables syndicaux, aux magistrats, aux responsables de toutes les organisations de la société civile, aux partis politiques et aux opérateurs économiques qui ne partagent pas les mêmes points de vue que le pouvoir;
4- l’annulation pure et simple des concours frauduleux organisés par le Ministère du Travail et de la Fonction Publique au profit du Ministère des Finances et de l’Economie les 28 Juillet et 25 Août 2012 ;
5- le paiement aux agents de l’Etat y compris les enseignants des 25% d’augmentation de l’indice salarial décidé en 20 Il ;
6- la restitution aux enseignants des défalcations arbitraires opérées sur leurs salaires pour fait de grève licite;
7- le relèvement du SMIG à hauteur de 60000 F CFA au moins par mois dans le secteur privé et parapublic.
Face à l’apathie et à la tergiversation du gouvernement par rapport aux différentes revendications citées supra, les organisations syndicales signataires de la présente déclaration avaient reconduit de façon tacite leurs mouvements de grève jusqu’à à la date fatidique du 15 Avril 2014, avant de décider, en toute souveraineté, d’une suspension et non d’une levée de la motion de grève en raison surtout de leur autonomie organisationnelle, au regard de leurs statuts et mode de fonctionnement et après l’avis favorable de chacune de leurs structures délibérantes.
Il faut toutefois signaler que, face à la pression des confédérations syndicales, des séances de négociation entre le gouvernement et les confédérations ont débuté les lundi 03, mercredi 05, lundi 10, lundi 24, Jeudi 27 Février 2014 et pour finir le Vendredi 07 Mars 2014 à l’INFOSEC, en présence des facilitateurs désignés unilatéralement par le gouvernement dans le cadre de la recherche de solutions aux revendications des centrales et confédérations syndicales, objet des motions de grève à partir du 07 Janvier 2014.
Au terme de ces négociations, selon le relevé des conclusions du 07 Mars 2014, chaque partie (Gouvernement! Confédérations syndicales) est restée campée sur sa position.
A la suite de ce constat d’échec des négociations, le Président de la République, Chef de l’Etat et Chef du Gouvernement s’est vu contraint de recevoir en audience au Palais de la République les responsables des centrales et confédérations syndicales le Mercredi 12 Mars 2014.
Au cours de la rencontre, en présence de quelques Ministres du gouvernement, les différents points querellés contenus dans le relevé des conclusions issues des négociations du 07 Mars 2014 à l’INFOSEC ont été passés en revue. Au regard du relevé des décisions issues de la rencontre du chef de l’Etat avec les Confédérations et Centrales syndicales le Mercredi 12 Mars 2014 et signés par Messieurs François Adébayo ABIOLA et Martial SOUNTON, respectivement Ministre d’Etat chargé de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique et Ministre du Travail, de la Fonction Publique, de la Réforme Administrative et Institutionnelle chargé du Dialogue Social, le gouvernement s’est engagé, à donner satisfaction aux points de revendication ci-après:
2- au sujet des défalcations de 2012 : en raison de ce que les enseignants ont rattrapé les temps de grève en sacrifiant leurs congés, le Chef de l’Etat a instruit le Ministre de l’Economie et des Finances pour en évaluer le coût et proposer les conditions de leur restitution aux ayant-droit au titre de compensation;
3- s’agissant de la réclamation des enseignants relative au bénéfice de la revalorisation de 25% du traitement indiciaire au titre de l’allocation de la prime d’incitation à la fonction enseignante, le Président de la République a marqué son accord de principe et a demandé que dans le cadre des concertations et négociations, des propositions concrètes lui soient faites;
4- sur les questions relatives aux libertés publiques, le Président de la République a pris note des déclarations des syndicalistes victimes à qui il a présenté les excuses de la République et a rassuré les responsables syndicaux que des dispositions seront prises afin que les évènements du genre de ceux du 27 Décembre 2013 ne se reproduisent plus;
5- au sujet du relèvement de leurs fonctions du Préfet de l’Atlantique-Littoral et du Commissaire Central de la ville de Cotonou, le Président de la République a indiqué, tout en prenant note des doléances des syndicats, que les éléments à sa disposition à l’étape actuelle ne lui permettent pas de prendre une décision conséquente et qu’il est souhaitable de laisser poursuivre la procédure en cours devant les juridictions compétentes;
6- sur les questions des concours organisés, le Président de la République a rappelé que la commission instruite pour connaître du dossier déposera son rapport au plus tard le 17 Mars 2014 et que le gouvernement avisera à partir du 21 Mars 2014 ;
7- en ce qui concerne le relèvement du SMIG, le Chef de l’Etat a demandé que le décret y relatif lui soit présenté en Conseil des Ministres.

Depuis cette historique décision responsable de la suspension des motions de grève par quatre (04) confédérations syndicales aux fins de permettre de sauver l’année scolaire et académique en vue de pouvoir organiser tous les examens scolaires et universitaires programmés et mettre fin à la psychose grandissante des parents d’élèves, d’étudiants et d’apprenants, à la date d’aujourd’hui, qu’est-ce que le gouvernement du docteur Président YAYI Boni a pu faire pour donner satisfaction aux légitimes revendications des travailleurs? A l’analyse objective du relevé des décisions du 12 Mars 2014 visé supra relatif aux justes et légitimes revendications syndicales, il ressort ce qui suit :
1- les défalcations arbitraires opérées par le Gouvernement sur les salaires des travailleurs au cours de mois de Janvier et Févier 2014 pour fait de grève licite ont été entièrement restituées ;
2- le principe acquis de la rétrocession des défalcations de 2012 opérées sur les salaires des enseignants qui devrait prendre effet à partir de la fin du mois d’Avril 2014 n’a pas été respecté;
3- en accord avec le patronat, le Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) a été porté de 31 625 à 40000 F CFA dans les secteurs Privé et Parapublic, soit une augmentation de 26,50% validé par le Conseil National du Travail lors de ses séances des 25, 26 et 27 Février 2014. Bien que cette décision soit approuvée par le Conseil des Ministres en sa session du 17 Avril 2014 sa jouissance effective par les travailleurs concernés demeure fictive ou tout simplement hypothéquée en raison de l’absence des arrêtés subséquents d’application;
4- le refus obstiné du gouvernement de reconnaitre sans autres conditions, aux enseignants, de la Maternelle, du Primaire et du Secondaire le droit au relèvement indiciaire de 25% à l’instar des autres fonctionnaires de l’Etat qui en jouissent depuis 20 Il ;
5- la question cruciale de la sédentarisation des enseignants vacataires n’est toujours pas résolue;
6- l’annulation pure et simple exigée par les Confédérations syndicales des concours frauduleux organisés les 28 Juillet et le 25 Août 2012 par le Ministère du Travail et de la Fonction Publique au profit du Ministère des Finances et de l’Economie (MFE) a été une réalité effective suite au rapport de la commission ad’hoc. Le gouvernement en a d’ailleurs saisi l’opportunité pour annuler d’autres concours réputés frauduleux;
7 – Le Préfet de l’Atlantique-Littoral Placide AZANDE et le Commissaire Central de la ville de Cotonou sont toujours maintenus dans leurs fonctions.
Au regard de tout ce qui précède, les Confédérations syndicales après un inventaire exhaustif de leur plateforme revendicative, estiment avec regret que le gouvernement du Président Docteur Boni YAYI n’a pas honoré un certain nombre d’engagements pris vis-à-vis des travailleurs qui, nonobstant les critiques acerbes et injustifiées de certains détracteurs mus par d’autres intérêts obscurs, ont joué honnêtement leur partition en suspendant leur motion de grève dans l’intérêt supérieur de la Nation. Une année scolaire a été ainsi sauvée, de justesse. Une autre rentrée s’annonce avec anxiété.
Par conséquent, les Confédérations et Centrales syndicales invitent instamment le gouvernement dans une démarche d’anticipation, à prendre conscience des enjeux, pour ouvrir sans délai, les négociations dans le cadre de la Commission •Nationale Permanente de Concertation et de Négociations Collectives Gouvernement/Centrales et Confédérations Syndicales afin de régler les problèmes cruciaux en instance évoqués plus haut qui constituent des sujets de préoccupations majeures pour les travailleurs de notre pays. Les Confédérations et Centrales syndicales prennent d’ores et déjà l’opinion publique nationale et internationale à témoin sur ce comportement incompréhensible du gouvernement et dégagent toute leur responsabilité, car la rentrée scolaire sera hypothéquée au cas où ce gouvernement s’entêtera à  faire l’option d’inertie et de mépris. En tout état de cause, aucune trêve sociale ne sera plus concédée et ce serait dommage.
Les confédérations syndicales saisissent l’opportunité pour inviter en particulier tous les enseignants de la Maternelle, du Primaire, du Secondaire, du Supérieur et les travailleurs des secteurs parapublic et privé en général concernés par les différents points de revendications, à se tenir mobilisés pour les actions d’envergure si le gouvernement ne donnait pas entièrement satisfaction à leurs justes et légitimes revendications avant la rentrée scolaire d’Octobre 2014.
Enfin, les Confédérations syndicales voudraient manifester l’expression de leur profonde gratitude au peuple béninois, aux travailleurs, tous secteurs socioprofessionnels confondus, aux organisations syndicales internationales, aux partis politiques et aux organisations de la société civile qui ont unanimement condamné la barbarie sanglante du 27 Décembre 2013 et soutenu leur combat durant toute la période de débrayage.

Emmanuel GBETO

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