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Le triomphe de la vérité

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Edito: La HAAC hache s’en va


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Je n’aurais jamais osé écrire ceci si je ne m’étais bien assuré que la quatrième mandature de la HAAC  a bien plié bagage. La hache me serait tombée dessus à bras raccourcis.
Donc la cinquième mandature de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) s’est installée lundi. Elle nous permet de rêver d’un autre univers médiatique. Rêver seulement, puisque ce passé toujours présent nous semble imposé d’une main de fer. Une chape de plomb s’est abattue sur les médias publics depuis l’avènement de cette HAAC. Pour les médias privés, il y a eu de nombreuses  initiatives  d’assainissement ayant hélas débouché sur une espèce de vindicte contre les journaux privés. Il n’y a pas eu que la fermeture du ‘’Béninois Libéré’’ dont le ton iconoclaste tranchait avec les habitudes de la presse classique béninoise. Il n’y a pas eu que les auditions publiques qui ont fini par être abandonnées pour éviter les irréparables dérives auxquelles elles ont contribué. Il y a eu hélas aussi ces décisions prévisibles qui fermèrent l’émission ‘’Devoir de Vérité’’ de Canal 3 sans empêcher les monologues insipides et révoltants de la télévision nationale. Il y a eu cette incapacité totale de la HAAC qui a réussi, comme une hache, à  détruire  certains journaux, sans pouvoir lever un seul petit doigt sur les dérives instaurées à la télévision nationale. Il y a eu toutes ces fréquences refusées ou accordées sur simple coup de fil de la présidence, selon les humeurs du prince, sans que les membres ne se demandent ce qui diable les pousse à s’asservir aussi publiquement à un homme.
Reconnaissons à l’institution dirigée par Théophile Nata, sa capacité ultime de résistance. Car, en ces mois derniers, au moment où il était évident qu’il fallait arrêter les forfaitures, quelques membres, à commencer par le président Théophile Nata, ont commencé par se ressaisir. Il n’aura échappé à personne que les actes des deuxièmes états généraux de la presse béninoise qui se sont tenus depuis février 2014, n’ont jamais été remis au président de la République comme il est de coutume. Et ce n’est pas la volonté qui a manqué aux membres du comité d’organisation. C’est que le président est fâché. Il n’a pas toléré que certaines de ses injonctions aient pu  être ignorées par la HAAC qui  n’a pu ou voulu gicler comme auparavant.
Par exemple, il fallait fermer certains journaux réputés hostiles et interpeller quelques journalistes trop rebelles. La résistance a eu lieu et s’est soldée par des mésententes entre les deux institutions, tant et si bien qu’il était devenu évident ces temps-ci que Théophile Nata était en froid avec Boni Yayi. Mais que pouvait faire le président quand, refusant de continuer à  servir de serpillères, une bonne partie des membres  de la HAAC se sont rebellés contre le diktat du palais ? Il ne pouvait rien.
Au demeurant, Théophile Nata savait quels étaient les curieux liens entre certains inconditionnels de la mouvance et Yayi même. Il savait qu’à certains moments, l’on avait fortement soupçonné un membre d’avoir ouvert son téléphone pour faire écouter en direct les délibérations de l’institution depuis le palais. Il ignore peut-être comment  l’un des membres, en particulier, avait ses entrées à la Marina au point d’être le rédacteur attitré de certaines décisions de la Cour constitutionnelle imposées depuis la présidence. Les Béninois savent depuis le 30 décembre 2013 d’où vient  la décision de la Cour constitutionnelle sur le rejet par les députés de la loi des finances 2014.  Les soupçons se sont épaissis davantage lorsque l’on a vu les membres nommés au titre du président de la République au sein de la nouvelle version de la  CENA. Un membre de la HAAC précédente y figure. On a tout compris. Même tout.
Les liens de servitude tissés dès le début se sont effilochés. Mais ils ont permis de mettre un bâillon étanche  à la télévision nationale. De cette  maison que nous finançons de nos impôts, ne suintent que de mémorables émissions passées depuis à la postérité mais ressuscitées depuis leurs poussières, pour nous changer de la propagande politique permanente et de l’ennui. La télévision nationale offre depuis le changement,  l’image d’un champ de ruine journalistique. Et cette HAAC y a contribué  à mille égards.
L’équipe dirigeante actuelle dispose de toutes les marges de manœuvre  pour ne pas céder aux pressions.  En tout cas, nos yeux ont tellement vu d’incongruités qu’il ne nous sera possible qu’une chose : continuer à  résister.

Par Olivier ALLOCHEME

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