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Le triomphe de la vérité

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Invité dans «sous l’arbre à palabres» au siège de l’événement précis: Le préfet Moukaram Badarou prédit le succès de la table ronde de Paris


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77ème invité, Moukaram Badarou revient dans votre rubrique atypique «Sous l’Arbre à palabres» après son exercice réussi de l’année 2010. Mais c’est sous un autre parapluie. Désormais préfet des départements de l’Ouémé et du Plateau, l’ancien secrétaire général du Parti du Renouveau Démocratique (PRD), aujourd’hui président de son parti «Conscience Citoyenne» scrute l’actualité sociale, politique et économique nationale avec son regard de membre de la mouvance présidentielle. Plus comme opposant comme ce fut le cas en 2010 où il était reçu dans cette même rubrique. Des faits brûlants de l’actualité nationale comme la table ronde de Paris, les conseils des ministres tournants enclenchés par le gouvernement, sa gestion de la préfecture de Porto-Novo, ses relations avec la majorité présidentielle en passant par ses perspectives d’avenir en tant qu’homme politique, l’homme n’a rien occulté.

Et si on en parlait

M. le préfet, la table ronde de Paris démarre ce mardi. Quelles sont vos espérances, particulièrement, pour le département de l’Ouémé-Plateau ?

Je dois d’abord dire que c’est une excellente chose, car cela montre le caractère offensif de la diplomatie béninoise. Les investissements, quand vous n’en avez pas, il faut aller les chercher là où cela peut se trouver. Et même si vous en avez déjà, il faut aller en chercher un peu plus. Donc, la table ronde de Paris permettra au Bénin d’aller se vendre, d’aller obtenir des financements pour un certain nombre de projets. Et là, je veux être aussi optimiste. J’en profite également pour appeler les Béninois à être moins sceptiques. On ne peut pas souhaiter un échec pour son pays. Yayi Boni ne va pas pour Yayi Boni. Bako Arifari ne va pas pour Bako Arifari. Ils vont parce qu’ils ont la signature du Bénin. Si cela marche, c’est que mon frère qui est à Ségbana ou à Adjarra peut en profiter. Mais si çà ne va pas non plus, ce n’est pas Yayi Boni, Marcel de Souza ou Arifari Bako qui auraient perdu, mais tout le Bénin. En France, quand une affaire concerne la France, il n’y a plus de PS ni d’UMP, tout le monde s’aligne parce que c’est la France. François Hollande a l’habitude de dire : « nous sommes, la France ». Nous-mêmes, apprenons à dire « nous sommes le Bénin ». Par conséquent, je voudrais profiter de l’occasion pour souhaiter un bon vent à cette table ronde. Qu’’il plaise à Dieu que les trois jours où le Bénin sera à l’honneur à Paris, le chef de l’Etat et les ministres aient les meilleurs arguments pour convaincre les investisseurs internationaux. Je souhaite vivement que cette table ronde puisse réussir et que l’ensemble des Béninois puissent accompagner le gouvernement avec un esprit beaucoup plus positif.
Cela fait quand même un bout de temps que vous avez pris les manettes de la préfecture. Est-ce que vous pouvez tenter un petit bilan ?

Bilan, c’est peut-être trop dire. D’abord, les départements de l’Ouémé et du Plateau à l’époque, s’appelaient département du Sud-est. Après, ils sont devenus départements de l’Ouémé, et puis à la faveur de la révolution, ils étaient devenus la province de l’Ouémé. A partir du Renouveau démocratique, on est redevenu département de l’Ouémé et puis après, ça a été découpé pour devenir département de l’Ouémé et du Plateau. Ces deux départements sont installés sur 4700 km2 et au regard des chiffres de 2002, ils comptent précisément 1.337.888 habitants avec 64,22% pour l’Ouémé et 37,78% pour le Plateau. Donc, un département qui est riche de beaucoup de potentialités. Les deux départements abritent la capitale de notre pays, c’est-à-dire, Porto-Novo. On y retrouve 14 communes dont neuf au niveau de l’Ouémé et cinq au niveau du Plateau. Voilà essentiellement les départements de l’Ouémé et du Plateau et effectivement, par la grâce de Dieu, par la grâce du chef de l’Etat, je suis le préfet de ces deux départements depuis le mois d’août 2013. Donc, bientôt un an et en termes de bilan, je crois qu’en moins d’un an, il est peut-être difficile de parler de bilan. Mais depuis que nous sommes arrivés aux affaires, nous nous sommes donné le devoir de rapprocher la préfecture des citoyens des deux départements, beaucoup plus du département du Plateau qui semble vivre moins la préfecture du fait que la préfecture est installée à Porto-Novo. Nous ne ratons aucune occasion pour rapprocher la préfecture de nos populations du Plateau, mais aussi de nos populations de l’Ouémé. Depuis que nous sommes là, et au titre de nos fonctions, nous faisons tout pour améliorer les conditions de travail, les relations avec les structures déconcentrées. Donc, nous sommes en phase avec tous les directeurs départementaux, et ceci en droite ligne avec la vision du chef d l’Etat, la vision du Gouvernement. Nous essayons de mettre en place une tutelle apaisée mais dans la rigueur des textes, c’est-à-dire que nous accompagnons les maires, nous accompagnons les conseils municipaux de sorte à faire développer leurs différentes communes. Je m’amuse souvent à dire qu’à partir des résultats qu’ils auront au niveau des différentes communes, moi je peux être tenté de faire mon résultat à l’heure du bilan. Donc, nous nous efforçons, nous ne faisons pas de différence entre les maires. Nous mettons de côté la politique politicienne, nous mettons au centre de ce que nous faisons le développement, et strictement le développement. Et à ce titre, je parlais tantôt de la tutelle apaisée, c’est-à-dire que les relations avec les maires se passent très bien. A ce jour, avec les 14 maires, ça se passe très bien. Avec les 14 conseils communaux, ça se passe bien, mais dans la rigueur des textes. Puisque toutes les décisions qu’ils prennent à leurs niveaux sont soumises à l’approbation du préfet. Et donc, toutes les fois qu’ils s’écartent un peu de la ligne prévue par les textes, avec rigueur, nous tapons du poing sur la table. Mais nous privilégions aussi le dialogue et ménageons aussi les relations apaisées. Au titre de ce qu’on pourrait appeler bilan aussi, depuis que nous sommes là, nous avons dit que nous ne sommes pas là que pour signer des papiers. Nous sommes là pour booster le développement, nous sommes là pour faire en sorte que de la préfecture puisse transpirer le développement, et à ce titre, que ce soient les opérateurs économiques installés sur les deux départements, que ce soit la main d’œuvre qualifiée sur les deux départements, il suffit que ce soient toutes les structures qui peuvent contribuer à faire développer les deux départements, nous travaillons là-dessus. Nous avons impliqué aussi la vision de prendre en compte la diaspora béninoise. Je m’amuse souvent à dire que la diaspora béninoise à plus de 50- 60%, ce sont les enfants de l’Ouémé et du Plateau. Et donc, nous travaillons à faire en sorte à ce qu’ils puissent, de là où ils sont, apporter quelque chose aux deux départements. Toujours au titre de ce que nous pouvons appeler bilan, quand nous sommes arrivés à la préfecture, nous nous sommes engagés à dire à tous les agents de la préfecture, à tous les cadres, à tous les chefs services que la préfecture étant ce que nous pourrions appeler la maison commune des deux départements, l’exemple doit venir alors de là. Nous faisons l’effort de faire en sorte que l’exemple vienne réellement de la préfecture, de sorte que, puisque nous exerçons la tutelle sur les communes, nous exerçons la tutelle sur les structures déconcentrées, qu’ils puissent se rendre compte que de la préfecture, effectivement, les choses se passent bien, que les choses se passent mieux, de sorte que nous puissions servir de repère. Bref, nous travaillons dans la droite ligne du chef de l’Etat, dans la droite ligne du Gouvernement à faire opérer, au niveau des deux départements, un certain développement qui puisse s’enraciner dans le temps. Un développement durable, un développement qui prenne en compte les chefferies, nos rois, nos chefs de villages, bref qui prenne en compte tout ce que nous avons comme atouts afin de pouvoir les capitaliser pour pouvoir construire effectivement le développement.

Les agents des collectivités locales se plaignent des conditions de vie et de travail

Vous savez, le Béninois a appris désormais à se plaindre facilement. Malheureusement ou heureusement, parce que de mémoire d’homme, le Dahoméen était un homme travailleur. Le Dahoméen était un homme qui sait changer ce qui est autour de lui, qui sait faire avec le peu, qui sait améliorer ses propres conditions de travail. Je crois qu’à l’instar des autres administrations du pays, au niveau des préfectures, il n’y a pas de raison de se plaindre outre mesure. Mais, qu’on demande à un agent de rechercher le mieux pour pouvoir mieux donner, on peut être d’accord. Mais, ma position est que l‘on travaille, qu’on produise beaucoup plus de résultats, qu’on soit plus exigeant avec soi-même, et non seulement être là seulement à exiger de l’autre. Vous pouvez constater au jour d’aujourd’hui, au niveau de notre pays que, de manière générale, ça laisse à désirer, le comportement du travailleur béninois, le comportement du Béninois tout simplement. Et c’est pour ça que j’en appelle souvent à une conscience citoyenne. J’en appelle souvent à une possibilité que le Béninois puisse retrouver les axes avec lesquels le Dahoméen vivait. Le Dahoméen était un homme qui aimait beaucoup son pays. On constate ça de moins en moins aujourd’hui dans notre pays et il faut souhaiter que le Béninois puisse aimer le Bénin, puisse mieux avoir le sens patriotique, puisse mieux avoir le sens de l’intérêt général, et travailler pour le pays. Aujourd’hui, je suis devant votre micro, nous avons plusieurs organes de presse ici mais pour y arriver, il a fallu que des aînés puissent se battre dans les années 90 pour le rétablissement de la démocratie et de la liberté dans notre pays. Mais avant ça même, il a fallu que des aînés comme Hubert Maga, comme Ahomadégbé, comme le président Emile Derlin Zinsou, et les présidents
Amoussou, Tévoédjrè se battent pour que nous ayons l’indépendance. Ce n’était pas évident à l’époque. Ce n’était pas du tout évident dans les années 60 pour arriver à l’indépendance de manière apaisée.  De par la manière dont ils ont travaillé, ils ont hissé le pays de sorte que nous bénéficions d’une image positive à l’extérieur. Je voudrais souhaiter que le Béninois d’aujourd’hui puisse aussi apprendre à travailler de la même manière et ne pas seulement rester exigeant. On ne partage pas la pauvreté, mais on partage la richesse et pour partager la richesse, il faut la créer et pour la créer, il faut travailler de manière à produire cette richesse. Depuis mon arrivée à la tête de la préfecture, je me suis toujours évertué à dire à mes collaborateurs qu’il est question des heures de travail et non des heures au travail. Je m’emploie à leur dire, et même dans les 14 communes, que si vous venez au boulot et que vous ne travaillez pas, sachez que le salaire que vous prenez à la fin du mois est un salaire qui souffre du point de vue spirituel, et de ce qu’une partie de ce salaire ne vous revient pas. Et quand vous prenez un salaire injustement, ça ne vous procure pas que du bonheur. Et donc j’ai l‘habitude de dire qu’il faut renouer avec les repères de sorte que le travailleur béninois soit un vecteur de développement. Il doit savoir que ce n’est pas le Zimbabwéen, le Marocain, le Ghanéen qui viendra développer le Bénin mais plutôt lui-même qui doit faire quelque chose pour que demain, nous-mêmes, nos enfants soient en mesure de parler positivement de nous. Si vous arrivez dans certains pays africains, vous vous rendez compte que le développement est aussi possible en Afrique. Et pour qu’il en soit ainsi, il faut que nous, Béninois, travaillions à cela. Et je pense qu’au niveau du Chef de l’Etat, la volonté est manifeste pour aider à améliorer les conditions de travail des Béninois.

La vision de développement de la préfecture

En droite ligne de la vision du chef de l’Etat que nous représentons, l’essentiel de la vision de la fonction que nous occupons tourne autour du développement. Et j’ai eu à le dire à tous les maires, directeurs départementaux et collaborateurs. Pour nous, le développement a quelques axes. Il repose sur la sécurité. Car, si vous n’êtes pas dans les conditions qu’il faut, vous ne serez pas en mesure de produire de la richesse, gage de développement. Et donc, nous faisons tout au niveau du commandement des deux départements pour que nos forces de sécurité et de défense soient dans de bonnes conditions de travail avec les stratégies sécuritaires qu’il faut pour assurer la sécurité de nos populations et des biens. Et Dieu merci, depuis que nous sommes là, le peu que nous avons comme résultat est encourageant. Et c’est le lieu de saluer toutes les forces de sécurité et de défense qui nous aident dans cette mission.
En dehors de la sécurité, l’autre axe du développement que nous avons, est la bonne gouvernance. On ne peut pas aller au développement sans la bonne gouvernance. On critique en oubliant que tous les acteurs ont leur devoir. On a oublié que c’est un pays dans lequel tout est tracé, où un maire a un devoir, un conseiller, un chef quartier a une mission comme les autres citoyens en poste. Le chef de l’Etat est là pour coordonner tout cela. Pour produire le développement, il faut impérativement de la bonne gouvernance. Et pour parler d’une bonne gouvernance, il faut respecter les valeurs essentielles, sociales et morales qui permettent à l’homme de bien s’épanouir. Tout ce qui est respectable doit être respecté, le sens du devoir doit nous animer. Il s’agit de l’éthique et de la morale qui doivent nous conduire à respecter le chef de l’Etat, les autorités. Et il faut rappeler que tous les livres saints sont formels là-dessus. Le chef est à respecter. Je dois savoir quand je suis journaliste que le directeur de publication doit être respecté, le rédacteur en chef et les autres responsables à divers niveaux aussi. Dès qu’on remet le respect en cause, on tombe dans une salade qui ne peut pas produire le développement. Il faut le respect des lois et de la nature. Donc, la bonne gouvernance est au centre de nos priorités pour construire le développement. Ainsi, l’autre axe repose sur l’éducation et l’enseignement. Un enfant mal éduqué ne peut pas être une bonne relève. Dans ce cas, la relève de qualité serait un échec. Vous pouvez avoir des milliards, si vous n’éduquez pas bien votre enfant, il vendra tous vos biens après. Aujourd’hui, les Béninois ne donnent que priorité à l’argent. Les idées ne sont plus l’apanage des Béninois. Toutes les autres valeurs sont mises de côté. Ce qui est grave. Car, comme je le dis et c’est vérifié, l’argent n’a que sa valeur faciale. Moi, je suis un financier de formation. Si je dois m’acheter un objet qui coûte 10.000 fcfa et que j’ai 9.500 fcfa, je suis obligé d’aller négocier. De même, si j’ai une somme de 2 millions de fcfa pour un achat de 2.100 000 fcfa, je ne peux pas prendre l’objet. Je suis obligé de négocier. C’est dire que les 2 millions retrouvent déjà une faiblesse. Malheureusement, aujourd’hui, on ne court qu’après l’argent. Or, il suffit de fouiller les annales de l’histoire du pays, de la sous-région et du monde entier pour voir que ceux qui ont réussi à graver leurs noms n’ont pas été ceux qui ont construit des maisons, des châteaux. Mais, c’est des gens qui ont réussi à se rendre utiles pour leurs pays et leur entourage. Ils ont permis à leurs pays et à leur société de décoller. Et donc, je voudrais simplement dire que nous devons tout faire pour aider nos enfants à avoir une bonne éducation. C’est le lieu de remercier les enseignants qui se battent pour le faire. Il faut que les parents aussi les aident à mieux former les enfants. Un adage yoruba dit : « le meilleur costume que vous avez acheté à prix d’or et que vous portez les grands jours sera porté par votre enfant qui va en hériter. Ne sachant pas les efforts que vous avez fournis pour l’acquérir ni à quel prix vous l’avez acquis, il peut le porter pour aller se promener ». Donc, nous mettons l’accent essentiellement sur l’éducation et l’enseignement. Et il faut vous dire qu’il y a des pays comme le Japon qui n’ont pris leur envol qu’à partir de l’enseignement. Et je vois que c’est le choix que le Bénin a fait avec l’actuel gouvernement avec à sa tête le Chef de l’Etat. C’est d’ailleurs ce qui explique qu’on est passé de 25.000 enseignants à près de 75.000 avec statut aujourd’hui. C’est ce qui explique que les salaires des enseignants au niveau du supérieur soient quasiment multipliés par deux ou trois au point où chacun de nous a envie de devenir enseignant. C’est pour dire que c’est un choix qui a été fait. Ce qui compte, comme le disent les Nigérians, c’est le bagage intellectuel. Nous mettons aussi comme priorité la santé. Dans ce secteur, vous avez vu tous les actes posés par le gouvernement dans le cadre de l’assurance d’une meilleure santé aux Béninois. Je me fais au niveau des deux départements, l’apôtre du RAMU parce que tous les pays qui connaissent ou qui veulent connaitre le développement ont l’assurance maladie. Par exemple, ce n’est pas possible que vous voyez quelqu’un en France sans l’assurance. Personne ne sait l’heure où il va tomber malade. Quand vous avez votre assurance maladie, ça vous permet de couvrir les charges. Même un pays capitaliste comme les Etats-Unis a fini par adopter le système de l’assurance maladie pour les populations surtout les plus vulnérables. A coût d’effort, le président Barack OBAMA a réussi à le faire accepter par le congrès américain. Les Américains capitalistes ont fini par le suivre. Et désormais là-bas, cela est une réalité. Donc, nous prenons la santé de nos frères et sœurs comme une priorité. Ainsi, nous faisons tous les efforts pour mettre la situation des différentes structures de santé dans de bonnes conditions en posant leurs problèmes dans les cercles qu’il faut. Nous mettons aussi comme axe de développement l’environnement. Le Bénin et les départements que je dirige, ont besoin d’un environnement meilleur afin d’aider au développement. Il est dit : « un corps saint dans un environnement saint ». Et cela sera une réalité à travers la plantation des arbres, le nettoyage des villes. Il faudra donc moins polluer l’environnement et même éviter de le polluer afin que le Béninois d’aujourd’hui, dans 20 voire 30 ans, ne puisse pas se retrouver dans un environnement souillé. Dans ce cadre, nous accompagnons le gouvernement dans son programme « 10 millions d’âmes, 10 millions d’arbres ». Le dernier axe, facteur de développement, c’est la diaspora. Je disais tantôt que le Bénin ne profite pas de sa diaspora. Il faut féliciter le gouvernement et le ministre des Affaires étrangères qui, récemment, a organisé une grande rencontre de toute la diaspora. Ces retrouvailles ont permis de corriger quelques problèmes. Nous avons une forte colonie à l’étranger en mesure de nous aider à faire développer le pays. Je faisais partie du Haut conseil des Béninois de l’extérieur. Mais, est-ce que les problèmes que nous évoquions ont été aujourd’hui résolus ? Je ne pense pas. Mais ce qui est une certitude, c’est que nous devons toujours profiter de notre diaspora qui est très utile. Le sang béninois coule dans leurs veines et il faut leur créer les conditions pour venir investir au Bénin, leur permettre de trouver des opportunités au pays. Ils sont dans des réseaux qui peuvent servir le pays. Quand vous allez au Congo Brazzaville, 70% des enfants béninois qui sont là-bas sont ceux de l’Ouémé-Plateau. Le même constat au Gabon, et plus de 50% en France. En Côte d’ivoire, ils sont plus de 70% de l’Ouéme Plateau. Ils brassent beaucoup d’argent dans leurs différents comptes. Donc, nous mettons en place un système qui pourra les amener à investir dans leurs communes, les départements et le Bénin pour améliorer le tissu économique du pays. C’est dans ce cadre que, récemment, j’ai fait un déplacement à Lyon en France pour aller encourager nos frères de là-bas pour qu’ils nous aident à construire les départements. Et nous en avons profité pour aider à conforter le partenariat entre Grand-Lyon et la commune de Porto-Novo. Nous nous apprêtons, dans quelques mois, à nous rendre dans les deux Congo et le Gabon où se retrouve une forte colonie de nos compatriotes.

RAMU ou ICC-Bis ?

Je l’ai clamé haut et fort dans les 14 communes de l’Ouémé et du Plateau à travers une tournée statutaire que j’ai effectuée à ma prise de fonction. Et je dis que le lien est très dangereux, méchant, malheureux. Et j’ai dit que l’affaire ICC-services est une malheureuse affaire qui n’est arrivée que par le fait de ce que sont devenus les Béninois, à savoir qu’ils croient à la facilité. Parce que, quand vous déposez de l’argent et que vous dites que vous devez passer dans dix jours pour prendre le double, vous devez vous inquiéter. On travaille pour avoir l’argent. Nous sommes devenus des gens qui ne recherchent que la facilité. Et ça, il faut le corriger. Nous avons le devoir impérieux de renouer avec un certain nombre de repères, de valeurs. Si je mets un million sur cette table et que personne ne le touche, il va rester là pendant tout le temps. Si on ne fait rien avec, ça demeure tel. Il faut manipuler l’argent pour faire des bénéfices. Et comme le dit un adage yoruba, « ce que l’argent peut créer comme dommage, lui-même ne peut pas le régler ». C’est de cela qu’il est question. Donc, il n’y a aucun lien à faire entre le RAMU et ICC-Services. Le RAMU est une initiative responsable et heureuse pour notre pays. Il est venu du gouvernement et particulièrement du Chef de l’Etat. Et il faut vous dire qu’il est piloté par le Professeur Kindé Gazard qui ne peut pas conduire un dossier dont elle sait que c’est de l’arnaque. Parce qu’on peut faire la politique sur d’autres plans mais pas avec la santé humaine, surtout avec celle des Béninois. Comprenez que nos populations ont des problèmes de 1.000 fcfa pour se faire soigner. Les autorités, les responsables à divers niveaux ont de l’argent pour se soigner. Qu’en est-il des populations ? Allez au CNHU de Cotonou, au CHD O-P et autres hôpitaux et centres de santé de référence voir ce qui se passe. C’est pourquoi je parle de méchanceté quand on critique le RAMU sous cette forme. Quand on a des remarques à faire, je crois qu’en bon citoyen, on peut se rapprocher des autorités pour mieux comprendre le dossier. Aucun projet ne démarre de façon parfaite dès le départ. Aujourd’hui, au Bénin, on a tendance à croire qu’un projet, à son départ, doit être parfait, nickel. Dans aucun pays, on n’a ça. La preuve, la télévision nous l’avons en couleur aujourd’hui, mais on n’avait pas démarré ça en couleur. Jusqu’à une date récente, on n’avait pas les écrans plats et dans quelques années encore, on aura mieux que l’écran plat. Donc, c’est dire qu’un projet commence toujours et s’améliore avec le temps. Malheureusement, dans notre pays, les valeurs disparaissent ou ont disparu et il faut les rétablir si nous voulons construire le développement. Si nous voulons un avenir meilleur pour notre pays. Et ceci, moi je m’adresse à tous les Béninois toutes tendances confondues quand je parle de ça parce que ça me déchire quand j’en parle. Parce qu’on ne peut pas être en train de parler d’un pays de la manière dont nous le faisons aujourd’hui. C’est-à-dire qu’on s’amuse avec tout. On ne peut pas s’amuser avec la santé des Béninois et ça, je l’ai dit dans les 14 communes de l’Ouémé Plateau. C’est avec une partie du budget de l’Etat béninois qu’on vient combler le trou parce que les 1000F qu’on demande de cotiser, chacun sait que ce n’est pas avec ça qu’on règle les problèmes de santé. Mais l’Etat vient en subvention après. La subvention de l’Etat vient de tous les Béninois, de tous les douze départements et des 77 communes. Donc, si les enfants de l’Ouémé-Plateau s’amusaient, et je pense qu’ils ne le font pas puisque nous avons suffisamment passé le message et continuons à le faire, c’est toujours avec leurs sous qu’on va soigner les enfants d’ailleurs, c’est-à-dire des autres communes. Je profite de votre micro pour dire que chaque Béninois a intérêt à aller s’inscrire au niveau du RAMU. De sorte que s’il y a au niveau de la presse ou de la société civile, au niveau des partis politiques, s’il y a des points faibles, il peut et il doit y en avoir, qu’on ait la bonne foi, la conscience citoyenne, le sens patriotique de les évoquer afin qu’au niveau du ministère de la Santé et du Gouvernement, les gens puissent en tenir compte et corrigent le tir. Dans 5 ans, dans 10 ans, il faut que chaque Béninois puisse avoir une assurance maladie sous la main comme c’est le cas en France et aux Etats Unis. Vous avez vu le tôlé que cela a suscité au niveau du congrès américain parce qu’ils sont trop ancrés dans le libéralisme et le secteur privé où certains ne comprenaient pas trop pourquoi on doit être en train de soigner le pauvre avec l’argent des autres. Mais aujourd’hui, chacun comprend aussi que, même le capitalisme ou le libéralisme doit être socialisé, c’est ce que d’aucuns appellent la social-démocratie. Donc, c’est pour vous dire qu’il n’y a aucun lien entre RAMU et ICC. Ailleurs, en Côte d’Ivoire, pour ceux qui se sont associés à l’affaire du genre ICC, le président Gbagbo a dit : « le premier ivoirien qui va se lever pour dire qu’il réclame quoi que ce soit ira en prison. Car, quand il allait déposer son argent, il savait en son âme et conscience qu’il n’allait pas le déposer en banque. Il était dans une loterie et dans une loterie, on peut gagner comme on peut perdre ». ICC ça n’a rien à voir avec le RAMU.

Que peut-on retenir des relations entre vous et les autres préfectures ?

Avec les préfets, ça se passe très bien, on a de très bonnes relations professionnelles, de très bonnes relations personnelles. Moi, je viens d’arriver et j’ai retrouvé des préfets qui travaillent en symbiose parce que le contraire serait très malheureux puisque nous sommes six et nous représentons tous le Chef de l’Etat et les membres du gouvernement pris individuellement dans nos départements. Dans l’expertise, nous avons besoin de travailler en symbiose parce que l’enfant de Kétou a besoin de mieux vivre comme l’enfant de Ségbana, et c’est pareil pour l’enfant de Djakotomè ou l’enfant de Sakété. Et donc, nous partageons des expériences, des idées pour pouvoir mieux servir l’Etat dans nos différents départements. C’est le lieu pour moi de saluer tous ces préfets puisque moi, je viens d’arriver et c’est comme si j’étais là il y a dix ans avec eux, ça se passe très bien.

On remarque des conflits de frontières entre Akpro-Missérété et Dangbo ou même des conflits entre villages. Comment arrivez-vous à les gérer ?

Puisque nous avons parlé de tutelle apaisée, la première chose que nous faisons, c’est d’expliquer. Quand vous êtes à Porto-Novo, vous ne vous rendez pas compte que vous êtes déjà dans Adjarra. Quand vous êtes à Dangbo, vous ne savez pas que vous êtes déjà à Missérété, c’est des parents. C’est parce que, de manière administrative, il faut parceller les choses qu’on a des communes, des quartiers. Donc, c’est ce que nous essayons d’expliquer à chaque responsable et aux populations de ces zones-là. Deuxième chose, nous faisons tout pour que le dialogue soit effectif entre les différents maires et toutes les fois où il y a des soucis, nous ne marchandons pas notre médiation pour aider nos différents maires à trouver des solutions idoines. Maintenant, s’il y a quelques difficultés qui persistent, on sort les textes et on les applique dans toute leur rigueur. C’est ce que nous avons fait pour le cas de Dangbo et Missérété, et je pense que ça se passe bien. S’il y a besoin de saisir le Ministère de la Décentralisation pour pouvoir trouver une solution, nous utilisons tout ce qui est de notre pouvoir, ceci de manière apaisée mais dans la rigueur. Parce que ce qui revient à X ne peut pas être donné à Y. Ce qui revient à X ira à X et Y à Y, et, tout ceci a un contenu au niveau de l’Institut Géographique national, au niveau des structures du Ministère de la Décentralisation et donc, dès qu’il y a quelques difficultés, nous essayons de trouver des solutions. Parfois, ce sont les communes qui quittent notre département pour un autre. C’est le cas actuellement d’une zone entre Kétou et Savè. Là, le préfet du Zou-Collines et moi, nous essayons de trouver une solution dans l’intérêt des populations. Donc, nous réunissons les maires ou les conseils communaux pour trouver une solution. A ce jour, je dois dire que ça se passe bien. Il faut mettre au centre de tout ça un peu de pédagogie, de facilité à expliquer, à corriger ce qu’il y a, à montrer et démontrer que déjà le peu que chaque commune a, il n’a pas fini de le développer et qu’il n’y a pas de guerre fratricide à faire. Donc, je crois que ce qui compte, c‘est de tout faire pour qu’il y ait une convivialité au niveau des populations, c’est notre mission.

Avec la gratuité de l’enseignement, les salles de classes sont bondées. Comment arrivez-vous à gérer ces cas?

C’est déjà une bonne nouvelle. C’est heureux que les gens aillent à l’école. Ce sont les Congolais qui disent que « celui qui manque de savoir est déjà mort à moitié ». Il est utile d’aller rechercher le savoir maintenant, chaque décision comporte ses difficultés ou ses points faibles qu’il faut s’efforcer de corriger. Face au fait que les classes sont pleines, il y a eu quelques initiatives prises au niveau du gouvernement pour aider à construire des salles de classe au niveau du fonds FADEC, pour aider les communes à construire beaucoup plus de modules de classes. Il y a aussi l’initiative de Dogbo. Dans quelques communes du Plateau, il y a eu quelques écoles construites dans ce cadre-là. C’est le lieu de réitérer le souhait que toutes ces œuvres ne doivent pas seulement être l’apanage de l’Etat. Je l’ai dit dans les 14 communes de l’Ouémé-Plateau. En plus de l’effort que fournit l’Etat, il faut que nos compatriotes à qui Dieu a donné un peu plus puissent apprendre à intégrer dans leur champ d’actions, ces genres de choses. Construire un module de classes dans son village est une très bonne chose. Heureux ceux qui ont vécu et qui ont laissé de traces. En le faisant, on laisse de bonnes traces et ça aide effectivement ce village à avoir de place pour les enfants. Mais, la partition que le gouvernement doit jouer est en train d’être jouée et c’est le lieu de le remercier dans ce sens-là.

Qu’est-ce que l’initiative de Dogbo a pu apporter à l’Ouémé-Plateau ?

A la faveur de l’initiative de Dogbo, au niveau de Sakété, d’Adjarra et au niveau d’Avrankou, nous avons réussi à construire des modules de classe et nous demandons que l’initiative puisse se renforcer et que cela puisse continuer. Même si ce n’est qu’une salle de classe, c’est déjà une excellente chose. Mais, nous souhaitons que ça donne mieux. Car, l’initiative de Dogbo, c’est la possibilité qu’au niveau du village, chacun puisse apporter le peu qu’il a. Quand nous allons dans nos différentes communes, parfois vous vous demandez si ceux qui sont en face de vous sont Béninois au même titre que vous, parce que démunis de tout. A l’école, ils sont à l’air libre. J’ai été dans une localité d’Adjarra où la salle des professeurs est dans la cour. Ils ont essayé d’ériger une baraque comme salle des professeurs. Si vous êtes un bon citoyen, ça vous choque quand vous voyez ça parce que ceux-là aussi sont des Béninois. Et donc, je pense que l’initiative de Dogbo est la possibilité pour chaque citoyen du village ou de la commune d’apporter du sien. On ne dit pas de venir construire un château mais d’améliorer l’existant, à créer un peu plus de modules de classes pour permettre aux enfants d’avoir un peu plus de places, des situations un peu plus idoines pour pouvoir apprendre.

Face à la porosité de nos frontières, que faites-vous en matière de sécurité ?

Je voudrais m’incliner devant la mémoire des deux policiers que nous avons perdus récemment ici à Cotonou, qui sont morts pour la patrie en défendant l’intérêt de la République. Ce que nous faisons, c’est que nous sommes régulièrement sur le terrain au niveau des frontières. Nous avons un certain nombre de stratégies qu’on ne développera pas ici, mais, toujours est-il que nous avons des plans mis en place pour pouvoir suivre ces frontières-là. Le commandement des deux départements se réunit régulièrement aussi sur le sujet et, nous travaillons aussi à ce que les renseignements soient beaucoup plus huilés pour que nous ayons l’information un peu plus tôt. C’est le lieu de réitérer notre souhait que les compatriotes, les Béninois puissent aider à ce qu’on les sécurise au mieux pour que tous ceux qui peuvent tourner autour d’eux et qui paraissent comme des gens peu catholiques, soient signalés. Il y a aujourd’hui des dispositions qui protègent tous ceux qui donnent ces genres d’informations. Ils n’ont rien à craindre en donnant ces genres d’informations parce qu’en le faisant, ils aident les forces de sécurité et la préfecture à mieux travailler, à mieux s’outiller pour aider à les sécuriser.

La sécurité des marches de protestation contre le gouvernement

Nous avons géré des excès puisqu’on ne peut pas travailler sans tenir compte de l’environnement dans lequel on évolue. Nous évoluons dans un environnement où c’est le sensationnel qui intéresse tout le monde, même la presse ne veut pas attirer l’attention de tel ou tel pour dire « là, vous êtes déjà en excès, vous avez franchi la ligne rouge ». La démocratie est la dictature des textes, que cela vous plaise ou pas, puisque c’est ce que vous avez retenu qui va vous être appliqué. Et pourtant, dans cette période-là, on a vu plein de choses où, on est sorti complètement de la ligne qu’il faut. Mais nous avons donné comme mot d’ordre de tout faire puisque le Bénin est un et la nation béninoise une. Nous avons le devoir de tout faire pour que nous ayons des conditions qui permettent de travailler pour construire le développement. On n’a pas besoin de certaines situations malheureuses. Des instructions fermes ont été données pour que les encadrements se fassent. On n’a pas toujours des hommes en nombre suffisant pour encadrer les manifestations par-ci et par-là. Il faut vraiment remercier les agents des forces de défense et de sécurité qui ont réussi quand même à faire traverser la période sans heurts parce que nous n’avons pas enregistré d’incidents malheureux au niveau des deux départements. Mais, je profite de votre micro non seulement pour rendre hommage à ces forces de sécurité et de défense, mais aussi pour appeler chaque citoyen béninois au respect strict de la loi.

Est-ce parce que vous aviez fait partie de groupes qui ont été matés que vous attachez aujourd’hui autant de prix à la sécurisation des manifestations ?

Nous attachons du prix à la paix. Aucun développement n’est possible sans la paix. J’ai eu l’occasion de vivre dans des pays qui ont connu la guerre, notamment, les deux Congo. Et je ne le souhaite pas pour notre pays. J’avais des échanges avec des amis politiques ivoiriens qui s’amusaient à l’époque. Je crois que si, aujourd’hui, c’est à refaire, ils ne le feraient pas. Je voudrais souhaiter que les Béninois sachent que la guerre n’est pas une bonne chose. Que la guerre est très mauvaise. Que quand il y a la guerre, on ne sait plus qui est qui. Quand il y a la guerre, on peut tout raser. Moi, j’ai une tante à Brazzaville. Tout ce qu’elle a réalisé en vingt ans a été rasé en une journée. Et quand vous arrivez là, vous ne sentez pas que quelque chose avait été construit. C’est ça la guerre. Il faut donc tout faire pour que ça n’arrive pas dans notre pays. Les Béninois ont l’habitude de dire très facilement que c’est parce que le Bénin est béni que la guerre n’y arrive pas. Aucun pays n’est non béni de Dieu. A force de tutoyer le feu, ça finit par prendre. Qu’il plaise à Dieu que ça n’arrive pas ici. Et donc, nous attachons beaucoup de prix à la paix. Nous attachons beaucoup de prix à la démocratie parce que la démocratie permet de réguler au mieux le fonctionnement des institutions, le fonctionnement même des générations. La démocratie, comme le dirait Montesquieu, n’est pas parfaite, mais c’est le meilleur système politique. Nous avons donc tout fait pour éviter que le lait ne se renverse, nous avons tout fait pour que nos deux départements ne soient en vedette. Malheureusement, je dois vous dire qu’autant on exige que l’autre soit démocrate, autant il faut l’être soi-même. Et donc respecter scrupuleusement ce que nous avons tous convenu et que nous avons mis dans les textes. S’il y a des problèmes, qu’on trouve des voies et moyens pour y trouver des solutions. Je dois aussi dire que nous avons la possibilité, au niveau de nos administrations, de nos centrales syndicales et au haut niveau, d’accorder un peu plus de temps en toute responsabilité au dialogue parce qu’aucun pays ne se développe avec des grèves perlées.

Nous allons parler de votre engagement politique qui a pris un nouveau relief il y a un an avec la naissance de votre parti «Conscience citoyenne». Que devient ce parti ?

Je dois dire que Conscience citoyenne était en gestation depuis 2004 en tant que mouvement et a vu le jour en 2005 comme mouvement politique. Et nous avons voulu que l’assemblée générale constitutive se tienne en un lieu symbolique, puisque nous aimons les symboles. Et nous avons pris comme symbole à l’époque, l’hôtel PLM Alédjo. Et nous avons fait notre chemin, vous connaissez l’histoire. Après, nous avons pris la résolution de nous émanciper un peu plus. C’est pourquoi nous avons choisi de transformer le mouvement en parti politique. Cela fait donc exactement un an maintenant que le parti Conscience citoyenne a vu le jour. Il a vu le jour pour faire la politique autrement. Il a vu le jour pour se préparer sérieusement à la relève. Il a vu le jour pour montrer et démontrer qu’on peut avoir une dose de morale dans la vie politique. Nicolas Sarkozy a dit par exemple que la parole donnée n’est pas un problème de la politique, mais de la morale. Et donc même en politique, on peut avoir des valeurs citoyennes. Même en politique, on peut bien mettre en premier l’intérêt général. On peut mettre en premier lieu, le sens de l’égalité et de l’égalité des chances parce que, par définition d’abord, la politique, c’est la gestion de la cité pour son développement. Le parti politique ‘’Conscience citoyenne’’ a donc vu le jour pour s’enraciner dans ce sens. Aujourd’hui, je voudrais saluer tous les camarades avec lesquels nous travaillons. Nous avons déjà implanté le siège national du parti à Porto-Novo. Les sections de quelques communes sont installées. Nous avons même installé une section en France que Mme Chakira Salami préside. A petit coup donc, nous faisons notre petit bonhomme de chemin. Et c’est un parti qui est inscrit désormais au niveau de la mouvance présidentielle où nous jouons aussi notre partition pour ne pas être un parti de plus dans ce grand creuset qui soutient les actions du chef de l’Etat.

Le maire Moukaram Océni tout comme vous et bien d’autres, a quitté le PRD et rejoint la mouvance présidentielle. Comment expliquez-vous cette saignée au niveau de votre ancien parti ?

J’ai déjà souhaité à haute voix et devant micro, la bienvenue au maire Moukaram Océni. Et c’est avec les bras ouverts que nous l’avons accueilli au niveau de la mouvance présidentielle. Maintenant, pour ce qui ne va pas au niveau du Parti du renouveau démocratique, c’est une question à poser aux premiers responsables de ce parti.

Pourquoi ne constituez-vous pas au niveau de l’Ouémé un grand regroupement du genre de l’AND de Houdé ?

Comme le disent mes frères Fon, le chien ne surveille pas deux portails à la fois. Si jamais il le fait, les voleurs risquent de rentrer dans les deux maisons. Donc, un chien surveille sa maison. C’est pour dire que le parti ‘’Conscience citoyenne’’ s’est résolument inscrit au niveau de la mouvance présidentielle, dans le grand creuset qui soutient le chef de l’Etat que constitue l’alliance FCBE parce que si on n’y prend garde, on risque d’aller en rangs dispersés. Et ça n’a pas raté. La dernière fois, certains ont perdu du fait de deux listes concurrentes. Je suis bien placé pour en parler, parce que j’ai appartenu à une alliance autre que celle présidentielle il y a quelques années. Et donc, j’ai une idée claire de ceux qui peuvent être en face de cette mouvance présidentielle. Si c’est deux ou trois grandes structures qui se réclament du Chef de l’Etat et qui vont à une élection dans la même zone, que voulez-vous que les populations fassent ? Elles sont obligées de se partager. Or, c’est une question de points et de nombre parfois. En deçà de ce qu’il faut, c’est la structure qui a le grand nombre qui prend la place. Et ça n’a pas raté. Au niveau des circonscriptions, il y a des députés qui ont perdu du simple fait qu’en plus des FCBE, il y avait d’autres structures. J’attire donc l’attention de chacun sur ça pour dire : Travaillons à l’efficacité de ce que nous faisons au niveau de la mouvance présidentielle pour un meilleur soutien pour aujourd’hui et pour demain puisque nous travaillons à conserver le pouvoir. Et si on veut travailler pour conserver le pouvoir, c’est que la maison mouvance présidentielle doit mieux se structurer, doit mieux s’organiser et doit travailler dans le sens de ne pas se disperser.

Vous parlez d’un président finissant

Le mot finissant est de trop parce qu’un leader, c’est celui qui a une vision et qui conduit les autres. Et même si vous ne pouvez plus être candidat, vous pouvez être en train de transpirer sur les autres. Au regard de la constitution, il faut deux mandats et le chef de l’Etat est à son deuxième mandat. Il y a des choses qui relèvent de l’évidence. Ce qui fait peut-être peur aux gens qui pensent qu’il ne va pas respecter la constitution, c’est la manière dont le chef de l’Etat travaille parce que Yayi, jusqu’à deux heures, il est encore en éveil. Et à six heures, il n’est plus dans le lit. Il ne connaît pas de jour férié. En tant qu’homme de presse, je vous prie donc d’investiguer sur le Chef de l’Etat. Seul un homme qui ne fait rien ne se trompe pas. Et nous sommes dans un pays où l’homme politique apprend à ne pas poser des actes parce qu’il ne veut pas être égratigné. Mais, un beau matin, il va se lever pour dire qu’il veut être candidat à la présidentielle. Mais, ailleurs, ça ne se passe pas comme ça. En France, par exemple, s’il y a une situation à 8 heures, au plus tard à 10 heures, tous les responsables politiques se prononcent sur le sujet et chacun a une idée très claire de chaque chapelle. Et comme ça, le peuple arrive à faire une idée sur chaque homme politique. Ce qui lui permet de voter en son âme et conscience pour tel ou tel autre candidat. Mais ici, le fait que l’autre travaille beaucoup et qu’on a tendance à croire que c’est son premier mandat, ça crée des confusions dans les têtes. Sinon, la constitution a déjà réglé ce problème de mandat.

Le Chef de l’Etat a choisi de faire des conseils des ministres tournants dans presque tous les départements. Est-ce que ça ne fait pas partie des stratégies d’occupation presque permanente du terrain?

Vous savez, on ne peut pas reprocher à un président de la République de chercher à se rapprocher de son peuple. Comme j’ai l’habitude de le dire, même l’opposition doit chercher à travailler chaque jour que Dieu fait un peu comme un gouvernement en termes de critiques, en termes de propositions pour que les populations puissent se faire une idée réelle de ce qu’elles avaient à ce qui se fait aujourd’hui. Les partis comme le PDS de Wade et le FPI de Laurent Gbagbo nous ont appris comment on anime une opposition. On a vu le professeur Tévoédjrè, ici, le faire aussi parce qu’une opposition est aussi comme un gouvernement, sauf de l’autre côté.

Combien a coûté le conseil des ministres tenu à Porto-Novo ?

Nous avons entendu plein de critiques sur le caractère tournant du conseil des ministres. Nous sommes bien placés pour vous expliquer les choses. Pour tenir le conseil des ministres à Porto-Novo, nous n’avons reçu aucun franc du gouvernement.

Mais les ministres ont au moins mangé.
Les ministres mangent aussi au Palais. Et il y avait un bus qui est mis à contribution pour les conduire à Porto-Novo. Il est vrai que le fait que certains ne se soient pas vite retrouvés, les a obligés à prendre leurs véhicules pour venir. Mais pour faire le tour de Porto-Novo, c’est le bus que nous avons utilisé. Ça veut dire que même au niveau du gouvernement, une attention a été accordée au gaspillage. Voilà pourquoi il est utile pour les journalistes, pour les Béninois, pour les intellectuels, de faire souvent l’effort d’aller vérifier. Etant plus proche des faits, je trouvais certains discours ridicules.

Qu’est-ce que ce conseil des ministres a apporté de concret à Porto-Novo ?

C’est avec beaucoup de bonheur que nous l’avons accueilli. Ça m’a permis de prendre part à un conseil des ministres. Mais il ne s’agit pas de moi. C’est une chose que les enfants de Porto-Novo réclamaient depuis. Nous, on souhaite que le conseil des ministres se tienne tout le temps là-bas étant donné que c’est la capitale de notre pays. Il faut donc travailler à cela. De manière concrète, à l’occasion de ce conseil des ministres, le Chef de l’Etat a insisté qu’il y ait des traces. La première chose qui a vraiment laissé de traces, c’est que Porto-Novo aura sa rocade. Deuxième chose, c’est à la faveur de ce conseil des ministres que le dossier sur la construction du parlement a connu une avancée. Aujourd’hui, le 2ème cabinet qui doit travailler pour expertiser le sol est déjà choisi. La troisième chose que je peux considérer comme acquise, ce sont les parcs d’attraction dont on a parlé. Il y a l’autre parc d’attraction financé par la BOAD qui est en train d’être concrétisé. En août ou en septembre, nous aurons ces parcs d’attraction puisque les travaux sont évalués à ce jour à près de 50%. Les instructions sont aussi données pour que ce qui doit être dégagé au niveau du Ministère de l’urbanisme soit dégagé pour aider à la construction du second parc que le Chef de l’Etat a promis à Dowa. De mémoire d’homme, je ne pense pas que le Palais du peuple de la présidence de la république soit autant fréquenté par nos compatriotes. Chacun a son style. Le style du président Boni Yayi, c’est d’être plus proche de son peuple pour que les populations soient à même de se prononcer sur les choses. Les populations de Porto-Novo ont vécu la tenue du conseil des ministres dans leur localité comme une manière de considérer la capitale. Je pense qu’il faut trouver à redire sur d’autres choses d’importance que sur le fait de tenir le conseil des ministres à Porto-Novo ou dans d’autres localités. Le fait qu’on ait fait ce conseil des ministres à la préfecture, où nous étions obligés de nous activer sérieusement, n’était pas une mauvaise chose. C’est quand même un conseil des ministres. Que ce soit la salle du cinquantenaire ou d’autres salles, nous nous sommes activés à les remettre un peu plus en ordre et aujourd’hui, nous en sommes fiers. La preuve, c’est que récemment, on devrait tenir une réunion dans une salle de conférence, dans laquelle les micros ne marchaient plus auparavant. Mais, actuellement tout est au point. C’est, entre autres, un acquis du conseil des ministres tournant.

Certains pensent que vous qui êtes venus rejoindre ces derniers mois la mouvance présidentielle, du côté de l’Ouémé-Plateau, vous êtes les plus actifs.

Bon moi, suivez-moi de très près. Mon chien ne surveille pas deux portes. Quand moi, je veux faire quelque chose, je ne le fais jamais à moitié. D’ailleurs, quand j’étais secrétaire général du PRD, je tenais le crachoir comme cela se devait, et vous le savez très bien.

On dirait que votre nouvel engagement vous a déjà fait oublier vos déboires au Prd ?

Il faut inscrire tout cela dans le cadre des expériences politiques. Ce qui compte, c’est l’engagement que nous avons aujourd’hui, car comme l’enseigne Rousseau, c’est d’être inutile que de n’être utile qu’à soi-même. On n’a pas pu organiser les élections locales et municipales à ce jour C’est évidemment un retard à regretter, mais la responsabilité est partagée parce que nous savons tous à quel niveau on en est aujourd’hui avec la Lépi. Nous avons fait les élections présidentielles et législatives avec cette Lépi, et chacun avait trouvé qu’il y avait des maldonnes à corriger, et l’on ne devrait pas attendre un an avant de commencer. Mais quand tout le monde a tort, c’est que tout le monde a raison. Il est à souhaiter, aujourd’hui, que tous ceux qui travaillent sur ce dossier au niveau du Cos-Lépi puissent sérieusement faire leur travail.

Est-ce que ‘’Conscience citoyenne’’ aura des candidats aux prochaines élections ?

‘’Conscience citoyenne’’ est un parti politique né pour conquérir et pour exercer le pouvoir. Nous serons donc présents à toutes les échéances électorales à venir. Je dis bien toutes les échéances électorales. Comptez avec le parti ‘’Conscience citoyenne’’ aujourd’hui et demain. Vous savez, il faut apprendre à commencer. Quand Laurent Gbagbo créait le Front populaire ivoirien en 1982, le président Houphouët-Boigny avait dit qu’il n’est rien, qu’il n’a rien et qu’il ne sera rien. Le président Gbagbo a fini par prendre le pouvoir en Côte d’ Ivoire un jour. Quand Abdoulaye Wade créait le PDS en 1974, pratiquement, le président Senghor et Mamadou Dia s’en moquaient presque. Abdoulaye Wade a fini, lui aussi, par prendre le pouvoir. Ainsi de suite. Comptez avec le parti ‘’Conscience citoyenne’’ aujourd’hui et demain. Nous jouerons notre partition au niveau du concert politique de notre pays.

Votre parti a quand même connu quelques remous avec l’affaire Kangni Bruno. Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Je dois d’abord rappeler que ‘’Conscience citoyenne’’ est un parti qui veut véhiculer des valeurs citoyennes et morales. Comme on le dit, la démocratie, c’est la dictature des textes. Et il y a une grande valeur démocratique à l’intérieur de notre parti. Il ne peut en être autrement parce que moi-même je l’ai reproché à d’autres en d’autres temps. Je ne peux donc pas en être victime aujourd’hui. À l’interne, on peut tout dire et chacun peut prendre sa position. Mais quand nous finissons d’arrêter quelque chose, tout le monde est tenu de respecter ce qui a été décidé. Moi, je ne marche pas avec la complaisance. On ne peut pas développer notre pays avec la complaisance. Vous avez vu ce qui se passe au Rwanda. Quand Kagamé avait démarré, beaucoup s’en moquaient. Mais aujourd’hui Kagamè et le gouvernement rwandais constituent des exemples pour les partenaires au développement. C’est pour vous dire qu’avec la complaisance, on ne peut rien construire. Moi, je ne sais pas taire la vérité, Bruno Kangni a pris des positions qui sont aux antipodes de la position officielle du parti. Même avec un mot de plus, si vous êtes un parti responsable, vous devez réagir. Vous avez suivi, en France, avec le mot de plus de Jean Marie le Pen, même la présidente du parti qui est sa fille, a été obligée de corriger le tir. Et dans le cas présent, c’est toute une émission d’une heure et demie qui prend le contrepied de la position officielle du parti. Normalement, la presse devrait nous poser la question de savoir où sont les responsables du parti ‘’Conscience citoyenne’’. Nous n’avons pas eu ces questions-là. Et si les autres ne peuvent pas s’occuper de ce qu’il vous faut, vous au moins, devrez le faire. Le parti ne voulant donc pas être complaisant, monsieur Kangni a été suspendu. Et le moment venu, on verra bien. Nous, nous sommes pour une démocratie à l’interne, mais si cela doit faire désordre, l’on ne saurait le tolérer, encore que le parti a bénéficié de la haute confiance du gouvernement à travers la nomination de son président à une importante fonction préfectorale. Nous ne sommes donc pas un parti de plus au niveau de la mouvance présidentielle. Si le pays a six préfets et que le Chef de l’Etat a cru devoir en donner un à ‘’Conscience citoyenne’’, on ne saurait alors dire que nous sommes un parti de plus au niveau de la mouvance présidentielle. Ce n’est donc pas de nous que peut venir un responsable du parti qui prend le contrepied des actions qui sont menées par le pouvoir. Si demain, le parti pense qu’il faut quitter la mouvance présidentielle et retourner dans l’opposition, le débat sera fait et on avisera. Et celui qui dira le contraire alors sera aux antipodes de la nouvelle position du parti. C’est cela aussi la démocratie. Mais ça ne se passe pas toujours ainsi dans notre pays, malheureusement. C’est le Cardinal Gantin, paix à son âme, qui a dit avant de mourir « tô ô do gbigba wè » (en français, « le pays est en train de se briser »).

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