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Le triomphe de la vérité

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Edito: C’est lui-même qui a rédigé le contrat


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logo netLe Chef de l’Etat l’a avoué la semaine dernière lors de sa rencontre avec les jeunes, le contrat mettant en place le Programme de Vérification des importations (PVI) a été rédigé  par Patrice Talon. Cette déclaration, pour scabreuse qu’elle puisse paraître,  vient à point nommé.

Tous ceux qui ont pu lire et relire le contrat du PVI peuvent en convenir, c’est un véritable contrat léonin noué par des copains pour se remplir les poches. A l’époque, les rares patriotes qui osaient le dénoncer avaient été traînés dans la boue par le Chef de l’Etat en personne. Dans une de ces rages qu’on lui connait, il ne put s’empêcher, en septembre 2011, de menacer les douaniers de radiation, lorsque ceux-ci étaient partis en grève contre ce même PVI. Menacés et persécutés, ils ont fini par reprendre service, sans obtenir la résiliation  du contrat. On se rappelle tout le cirque qui a été monté pour tenter de les faire remplacer par des retraités. Moins d’un an plus tard, le PVI s’est révélé une véritable épée de Damoclès sur l’économie béninoise. Il y a à peine quelques jours, les langues se sont déliées pour fustiger ce vol qui a failli tourner à la catastrophe pour nous tous. Le président du patronat, Sébastien Ajavon a manqué de mots assez durs pour qualifier les ravages que cette entente biaisée a eus sur les entreprises. Il n’a pas rappelé ce que le Chef de l’Etat a révélé : c’est Talon lui-même qui a rédigé son contrat.

        C’est une révélation odieuse qui devrait constituer une preuve de parjure. Reste à savoir qui sont ceux qui ont pu signer ce chiffon, le PVI ayant plongé les opérateurs économiques nationaux dans l’anxiété avant de faire sombrer le port de Cotonou déserté par les navires. En dehors de Talon, lui-même, il y avait l’éternel Pascal Irénée Koupaki, exécuteur des basses œuvres du régime, ainsi que Issa Badarou Soulé et Idriss Daouda. Le Chef de l’Etat n’avait pas apposé sa signature au bas de ce document et peut aujourd’hui nous dire combien ces ministres, Koupaki en tête, ne furent  que des complices de l’homme d’affaires.

        Autre contrat, autre litige, celui de l’OCBN. Le contrat signé par l’Etat avec la société Petrolin pour relever cette institution  moribonde est aujourd’hui dans l’impasse. La semaine dernière, Petrolin qui appartient à l’homme d’affaires Samuel Dossou-Aworêt, a sollicité une conciliation, conciliation qui est en fait la première étape vers un autre litige qui ira bientôt devant la Cour commune de justice et d’arbitrage de l’OHADA. Car, le marché attribué à Petrolin sur la base d’un contrat a fini par être donné au groupe Bolloré, entraînant du coup un litige titanesque dont le Bénin sortira certainement avec des pertes énormes. Nous finirons par vendre le Bénin pour payer les escapades du régime Yayi.

        Il faut le croire, tout ceci constitue des ingrédients d’une gouvernance approximative. Le drame ici, c’est que les contrats signés, même par des ministres véreux et mal inspirés, ne peuvent que faire l’objet de litiges. On ne parlera pas assez de la convention minière par laquelle l’Etat a donné à la Nouvelle Cimenterie du Bénin (NOCIBE), une bonne partie du calcaire d’Adja-Ouèrè contre zéro franc avec des exonérations fiscales et douanières sur vingt ans. Au finish, cette convention frauduleuse et criminelle permettra à la NOCIBE de ne payer aucun impôt pendant cinquante ans, ni aux collectivités locales ni à l’Etat central.

        Tels sont les contrats au Bénin, telles sont aussi les graves conséquences juridiques qu’ils engendrent déjà pour le pays. Mais alors, lorsque les litiges surviennent, notre pays affiche encore des attitudes déconcertantes qui multiplient les chances de perdre les procès. Tenez, selon la dernière parution de la revue La Lettre du Continent, c’est bien le Chef de l’Etat qui a interdit à l’Agent Judiciaire du Trésor de répondre aux multiples convocations de la Cour commune de Justice et d’Arbitrage de l’OHADA, dans le cadre de l’affaire PVI. Conséquence, le montant de 160 milliards risque d’être  bientôt l’amère potion que nous devrons boire.

        Dans tous ces cas, l’Etat se fourvoie en faisant signer par des ministres félons et des hommes d’affaires véreux des contrats qui, aujourd’hui, constituent des épées de Damoclès sur nos têtes.

Par Olivier ALLOCHEME

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