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Le triomphe de la vérité

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Encadrement des Ecureuils du Bénin: La valse des entraîneurs, pour quel résultat sur le long terme ?


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Wabi Gomez, le 1er et seul entraineur national à qualifier les Ecureuils à une CanEn dépit de l’indéfectible soutien de ses supporters et des milliards investis par l’Etat, l’instabilité à la tête de l’équipe nationale de football du Bénin ne lui a pas toujours permis de faire les résultats escomptés. Les nombreux entraîneurs qui ont dirigé cette équipe, qu’ils soient expatriés ou nationaux, à peine connaissent-ils l’équipe qu’une des nombreuses affaires dont seul le football béninois a le secret, les emporte : ingérence des dirigeants dans les choix techniques, manque de moyens de travail et/ou incompatibilité d’humeur avec certains dirigeants. En douze ans, les Ecureuils ont déjà eu, à leur chevet, seize techniciens. Et pour quel résultat ? A défaut de savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient, dit l’adage. Les Ecureuils du Bénin viennent, une fois encore, de laisser filer un technicien, en l’occurrence le Français Manuel Amoros. Venu au Bénin il y a seulement quelques mois, il était pourtant présenté à l’opinion comme celui qui allait réaliser le miracle de qualifier le football béninois malade de sa division interne pour la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations 2013 en Afrique du Sud et la Coupe du monde au Brésil, en 2014. Mais le messie n’a pas pu – ou su – faire un résultat probant. Hormis la victoire des Ecureuils contre les Aigles du Mali, lors de la première journée des éliminatoires du mondial Brésil 2014, plus rien. Rien, sauf une série de matches nuls : d’abord, face à l’Ethiopie à Addis Abeba en Ethiopie et à Cotonou au Bénin, puis face au Rwanda, à Kigali. Après, il ouvre la saison des défaites cuisantes avec la série de trois buts à un encaissés à Blida en mars 2013 et, ensuite, à Porto-Novo. Mais avant, le meilleur latéral droit français des années 80 avait eu une passe d’armes avec ses employeurs, suite à son refus d’obéir à leurs injonctions : accepter la liste de joueurs qui lui avait été soumise par la Fédération béninoise de football. Tout ceci a été suivi d’une altercation avec un « hooligan » au stade Charles de Gaulle, à Porto-Novo. Manuel Amoros est donc parti. Et après ? La fugue du technicien français n’a surpris personne. Surtout pas les connaisseurs du football béninois. Comme tous ses prédécesseurs, une quinzaine au moins, il n’a pas atteint le terme de son contrat.

Du Belge René Taelman au Français Manuel Amoros
En réalité, l’histoire a commencé avec ce que le président de la FBF, Martin Adjagodo avait appelé à l’époque, le Renouveau du football béninois. Nous étions en 2001. En juillet de cette année, le Belge René Taelman fut embauché comme l’homme providentiel qui pourra aider le Bénin dans cette entreprise. C’était l’euphorie, partout dans le pays. L’équipe s’entraînait sur les pelouses de l’ex-Sheraton Hôtel à Cotonou. Mais très tôt, cet entraîneur, qui a la faiblesse de ne vouloir que des joueurs de grand gabarit dans son effectif (des armoires à glace), a tôt fait d’avoir des démêlés avec les dirigeants qui lui reprochent ses choix tactiques. Il fut même agressé, un beau matin, à un feu tricolore au niveau du marché Dantokpa à Cotonou, alors qu’il se rendait à son domicile à Akpakpa. Autant de choses qui n’ont pas facilité son maintien à la tête des Ecureuils.

En mars 2003, il a dû rendre le tablier…
Puis vint l’épisode du technicien ghanéen, Cecil Jones Attuquayefio. Grand nom du football ghanéen, il est emmené à Cotonou en juin 2003, à grand renfort de publicité dans les médias et présenté aux Béninois par le vice-président de la FBF de l’époque, Moucharaf Anjorin, comme « un ami personnel». Cecil Jones Attuquayefio a conduit les Ecureuils à la phase finale de la CAN 2004 en Tunisie, avant de repartir chez lui au Ghana sur la pointe des pieds, un an seulement après son arrivée au Bénin, soit en juin 2004. Après des années de discussions, la FIFA a dû menacer le Bénin avant que ses arriérés de primes et salaires lui soient reversés.

Le cas Hervé Revelli
Dans le temps, l’opinion publique avait jeté son anathème sur les techniciens étrangers, qu’elle prenait (à tort ?) pour des capricieux. Appel fut alors fait à un autochtone. Le dévolu fut jeté sur la personne de Wabi Gomez, pour assurer l’intérim en juillet 2004. Juste un temps et il est décrié. Hervé Revelli est venu le remplacer. Mais, ce dernier a fait moins de trois mois (août – octobre 2004). « Il ne connaît pas le football béninois, il ne collabore pas », lui reprochaient ses employeurs. Ainsi, après une raclée infligée aux Ecureuils à Tripoli par la modeste formation de la Libye, en septembre 2004, pour le compte des éliminatoires de la CAN 2006, les démons du football béninois s’étaient réveillés : les responsables de la FBF de l’époque n’étaient pas d’accord que ce soit le ministère en charge des Sports qui emmène le technicien au Bénin comme entraîneur. Le vice-président de la FBF de l’époque, Moucharaf Anjorin, avait déclaré sur les ondes d’une radio privée de la place : « je prends mes distances. Vous avez vu le score du match contre la Libye. La responsabilité incombe à ceux qui ont emmené l’entraîneur ! » C’est, au départ, la source des malheurs de ce technicien qui s’est subtilement caché, sous le prétexte de la maladie de son enfant pour… abandonner ses poulains. Ce fut, peut-on dire, le début du passage à vide de l’équipe, qui change pratiquement d’encadreur chaque année. Serge Devèze, pour une petite parenthèse et ensuite Edmé Codjo pour servir à plusieurs reprises de bouche-trou ou d’éternel fusible : d’abord du mois d’août à octobre 2005, puis d’août 2006 à janvier 2007. Il était trop rigoureux et cartésien sur les bords dans ce milieu où l’improvisation était la règle. Ce n’était pas son monde… Il a dû quitter les affaires, malgré les multiples appels à son maintien au poste par de nombreux supporters. Un technicien français du nom de Christian Letard avait été entre-temps sollicité en juin 2006. Peu après, il a simplement décliné l’offre, arguant que le pays n’était pas prêt pour pratiquer du football de haut niveau.

Un autochtone qualifie les Ecureuils pour la CAN
Revenu une seconde fois de mars 2007 à décembre 2007 et de mai à juin 2008, Wabi Gomez a fait un travail d’orfèvre. C’est lui, l’entraîneur local, qui a eu le mérite de qualifier l’équipe nationale de son pays pour la seconde fois de son histoire à une phase finale d’une Coupe d’Afrique des Nations. Mais comment l’a-t-on récompensé pour cette tâche abattue ? Les responsables en charge du football béninois l’ont simplement mis à l’écart pour l’expédition ghanéenne. Personne n’a pensé lui faire l’amitié de le mettre tout au moins dans la délégation, sinon en tant que consultant, du moins en tant que personne-ressource.

Il a été payé… en monnaie de singe.Michel Dussuyer
Puisque le Béninois qui s’est battu aux côtés de l’équipe pour sa qualification pour la CAN n’a pas les capacités de conduire cette même équipe à la phase finale, l’équipe fut alors confiée à un Allemand. C’est l’épisode Reinhardt Fabisch. L’Allemand prend le risque de diriger l’équipe nationale du Bénin à partir de fin décembre 2007. Soit à moins de trois semaines seulement de la phase finale de la CAN Ghana 2008. Au Ghana, en pleine compétition, il a eu des démêlés avec le feu follet Mouri Ola Ogoubiyi, avant de se mettre à faire des déclarations à tout le moins surprenantes, à Takoradi : « Je ne serais pas responsable du match de demain », alors qu’il continuait de diriger l’équipe. A cette époque ceux qui savaient lire entre les lignes avaient tout compris. C’était une déclaration qui laissait déjà entrevoir que cet entraîneur ne comptait pas diriger longtemps les Ecureuils. Il a effectivement fini par rompre les amarres pour quitter la barque des Ecureuils en mars 2008. Feu Césaire Dagba, directeur technique national (DTN), est alors appelé à la rescousse, le temps de trouver l’oiseau rare. En juin de la même année, appel fut fait à Michel Dussuyer, pour conduire les destinées de l’équipe. Mais, lui aussi tout comme les autres d’ailleurs, est parti, « dissout » avec l’équipe nationale en février 2010. Conséquence du peu de sérieux qui a caractérisé le groupe en Angola… Alors, quelle solution de remplacement ? La piste Jean-Marc Nobilo s’est ouverte. Le très controversé entraîneur a, aussitôt débarqué, fait les frais de la division de la famille du football béninois. Il a dû démissionner, pour être remplacé par Denis Goavec. Il ne fera pas long feu, puisque qu’il sera également renvoyé par la Fédération béninoise de football, qui ne voulait plus entendre parler de lui. Comme solution de rechange, Fortuné Glèlè est appelé à la rescousse. Mais lui non plus n’a pas duré à la tête de l’équipe. Il subit le même sort que son prédécesseur. Codjo Edmé, l’incompris et éternel fusible, revient au chevet de cette équipe qui a commencé par avoir mal à l’encadrement. Mais que pourra-t-il faire, lui, le mal-aimé dont la rigueur n’est pas toujours appréciée à sa juste valeur au niveau de la FBF ? Quelques rencontres seulement et voilà que débarque Manuel Amoros. Piqué lui-même par le virus du nomadisme à la tête des Ecureuils, il se « sépare de l’équipe à l’amiable » suite à deux défaites successives face aux Fennecs d’Algérie.

Instabilité équivaut à absence de résultats
Résultat des courses : les Ecureuils ne sont pas à moins de seize techniciens, en l’espace de douze ans. Soit de 2001 à 2013. Ce qui n’est pas de nature à permettre la construction, la mise en place d’une véritable équipe. C’est là, l’un des maux dont souffre notre équipe nationale. Mieux, ils partent pour la plupart sur un désaccord avec les responsables de la Fédération béninoise de football. S’il faut tenir compte de la fréquence des départs des entraîneurs, cette situation d’instabilité pose l’épineux problème de la construction de cette équipe. Comment veut-on construire pour le long terme une formation digne du nom, en changeant aussi souvent d’entraîneur ? En tout cas, les termes du courrier en date du 3 août 2006 laissé dans les archives du ministère des Sports par le technicien français, Christian Letard, résument bien ce que vit le football béninois aujourd’hui : « Il faut que les responsables des entités du football national se montrent unis dans la démarche, et solidaires dans l’action. Aujourd’hui, je n’ai pas du tout l’impression que les énergies s’additionnent pour se mettre au service du football… Vous comprendrez que dans un tel contexte, je n’ai pas envie de participer à cette mission et qu’un tel climat est suicidaire pour ceux qui arrivent… Un objectif de cette importance demande un tel engagement, qu’il n’est pas possible de l’entreprendre dans un climat vicié… », avait-il prophétisé en déclinant l’offre, en 2006. Plus de six ans après, les propos de ce prophète sont, hélas, toujours d’actualité…

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