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Le triomphe de la vérité

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Polémique autour de l’aménagement de la berge lagunaire:Soglo fait des révélations sur les dessous de l’affaire


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Le Maire de la ville de Cotonou, Nicéphore Soglo

Le déguerpissement opéré la semaine dernière sur les deux berges lagunaires de Cotonou continue de faire des vagues. En visite sur les lieux du sinistre le samedi 12 mai, le maire de Cotonou, Nicéphore Soglo n’a pas manqué de dire publiquement son indignation face à l’opération du ministère de l’environnement ; une opération militarisée et menée à coups d’engins lourds et à laquelle il n’aurait pas été associée.

Mais un communiqué conjoint signé de lui-même et du ministre Blaise Ahanhanzo est venu démentir cette assertion. Le communiqué signé le 23 février 2012 accordait aux populations installées dans la zone jusqu’au 29 février 2012, délai de rigueur, pour déguerpir des lieux. Mais il ne prévoit pas une date de démarrage des travaux. Le démarrage de l’opération en pleine saison des pluies a aggravé la précarité des populations concernées en jetant des centaines de familles dans la rue et sous la pluie.

Voilà un paramètre important qui n’avait pas été pris en compte. D’autant qu’originellement, il était question de mener les travaux avant le début de la saison pluvieuse. L’étendue de la zone couverte par les travaux fait aussi débat. Alors que les autorités municipales avaient prévu tout au plus une bande de 25 mètres comme susceptible d’être touchée, les travaux effectués sont allés bien au-delà.

 Il faut rappeler que les berges lagunaires qui ceinturent d’ouest en est le chenal de Cotonou font l’objet depuis quelques années d’une gigantesque insalubrité à laquelle s’ajoutent des trafics en tout genre et une criminalité aggravée de pédophilie. Les élus locaux comme les députés n’ont pas manqué de tirer à plusieurs reprises sur la sonnette d’alarme.

Un problème de longue durée

En juillet 2011, le Conseiller Municipal Patrice Tossè a écrit une lettre au maire de la ville de Cotonou dans laquelle l’élu local s’inquiétait de « l’encombrement au moyen d’ordures de tous genres du chenal de Cotonou ». Il ajoute que « de telles pratiques sont le fait de gens qui utilisent ces déchets pour s’aménager des terres sur la berge où ils érigent in fine leurs habitations. »

 Evoquant les conséquences d’une telle pratique qui rétrécit le chenal et cause des inondations, Patrice Tossè indique que ceci empoisonne également les poissons consommés par les Cotonois. Au surplus, il fait observer dans sa lettre que la zone est devenue au fil du temps le repère de trafiquants de tout acabit, dont des pédophiles qui viennent satisfaire leur libido dans ces zones de non-droit et assassinent parfois leurs victimes qu’ils jettent à la mer, aux larges.

Patrice Tossè, ancien député fait remarquer que l’occupation de la berge lagunaire est « surtout une cause d’insécurité » pour les populations. Il demande alors à la mairie « qu’il soit mis fin à cette occupation et surtout, que les actions de viabilisation de la berge soient relancées». De son côté, le chef du troisième arrondissement de Cotonou, Anselme Gandonou n’en demandait pas moins lorsque dans une correspondance en date du 25 novembre 2011, il signale que les berges lagunaires sont occupées par des personnes qui y mènent des activités répréhensibles, notamment des trafiquants de produits frelatés, des délinquants qui se réfugient dans la zone après leurs forfaits.

 L’élu local affirme même que toutes ses tentatives pour assurer la tranquillité des habitants « se sont heurtées à un mur de silence ». Et c’est au regard de tout ceci que le maire a donné son aval le 23 février par un communiqué conjoint qui fait suite, du reste, à d’autres ultimatums lancés quelques années plus tôt pour les mêmes raisons. Mais, selon le Président-maire que nous avons interrogé, il n’a jamais été avisé du démarrage des travaux encore moins de leur étendue.

Olivier ALLOCHEME

                                                           Note du ministre de l’environnement Blaise Ahanhanzo-Glèlè

NOTE

A

L’ATTENTION DE SON EXCELLENCE, LE PRESIDENT NICEPHORE SOGLO, MAIRE DE LA VILLE DE COTONOU.

Objet: Assainissement des berges lagunaires d’Abokicodji, Dédokpo, Gbogbanou et Xlacodji à Cotonou.

J’ai l’honneur de vous rendre compte de ce qui suit :

La décision de déguerpissement des berges lagunaires remonte à l’année 2003 après le constat fait sur leur état d’insalubrité résultant de leur occupation illégale par les populations déjà recasées depuis les années 1980.

Dans ce cadre, plusieurs séances de concertation ont été initiées par le ministre de l’Environnement, de l’Habitat et de l’Urbanisme avec la participation des élus locaux, de la SERHAU:SA, des services techniques de la Mairie de Cotonou et des occupants illégaux. Ceux-ci, reconnaissant leur statut, s’étaient engagés à déguerpir des lieux avant fin décembre 2003 afin de permettre le démarrage du projet d’aménagement de la berge, conformément à la décision du Conseil des ministres en sa séance du mercredi 06 Août 2003 (Cf. Rel N°32/SGG/REL des décisions administratives adoptées par le Conseil des ministres en sa séance du mercredi 06 Août 2003).

Cet engagement n’a pas été respecté. En 2006 la sommation de déguerpir envoyée par votre Autorité aux occupants illégaux de Dédokpo n’a pas non plus été respectée.

Votre ultimatum arrivant à expiration le 15 Juin 2006, une séance de travail regroupant toutes les parties concernées s’est tenue la veille dans les locaux du 4ème Arrondissement pour évaluer le niveau des préparatifs par ces populations qui ont squatté les lieux.

Il est ressorti une fois encore que ces populations, bien qu’acceptant de déguerpir, ont demandé que leur soit accordé un délai de grâce jusqu’à la fin des périodes d’examen. Depuis lors, c’est le statu quo.

Dans la foulée, le 06 juillet 2006, le Gouvernement a été interpellé pour répondre aux questions orales des Députés relatives à ces berges. Les réponses apportées sur les actions projetées par le Gouvernement pour les berges ont été unanimement approuvées par les parlementaires gui ont reconnu la nécessité d’assainir nos berges qui ne font pas la fierté du pays notamment de la ville phare que représente Cotonou, notre pôle économique.

Cet assainissement est en effet devenu aujourd’hui plus gue nécessaire au regard de l’état d’insalubrité avancé de la zone suite à la visite effectuée sur le terrain le mardi 19 juillet 2011 par le Ministre de l’Environnement, de l’Habitat et de l’Urbanisme, M. Blaise AHANHANZO-GLELE avec toutes les parties prenantes. Les constats se résument comme suit :

– prolifération de dépotoirs sauvages tout au long des deux berges Ouest et Est aggravant la situation d’insalubrité totale de toute la zone ;

– existence d’une seule infrastructure de proximité notamment le point de regroupement des ordures de Gbogbanou ;

– défécation aux abords des berges et dans la lagune à partir des toilettes installées sur pilotis provoquant ainsi un péril fécal indescriptible ;

– divagation d’animaux domestiques le long des deux berges ;

– érection des bâtiments en matériaux définitifs sur des ouvrages de protection de la côte de Xlacodji avec rejet des eaux usées dans le plan d’eau ;

– occupation illégale des domaines publics par des habitats en matériaux précaires et comblement de la lagune au moyen de déchets en vue de la conquête d’espace sur la lagune ;

– pollution des eaux par les colorants issus des activités des teinturiers illégalement installés qui ont ouvert deux fronts sur la berge, contaminant ainsi l’écosystème aquatique de produits chimiques

– port d’attache des hydrocarbures et déversement des huiles usagées dans le plan d’eau au niveau de Xlacodji où se mène également les activités de dragage illégal de sable lagunaire;

– occupation au niveau de Xlacodji de la voie pénétrante qui longe la berge et conduit à la corniche etc.

Il importe de vous rappeler que la menace de suspension pour dix ans qui pèse sur l’exportation des produits halieutiques béninois vers l’Europe a déjà eu pour conséquence la fermeture de l’usine de commercialisation des crevettes (CRUSTAMER) de renommée internationale, mais aussi des autres unités de production. Selon la Direction des Pêches, cette situation a créé un manque à gagner de Neuf milliards sept cent soixante dix huit millions (9.778.000.000) CFA à l’économie béninoise.

En effet, une mission de contrôle de l’Office Alimentaire et Vétérinaire(OAV) dépêchée au Bénin du 07 au 11 octobre 2002 pour évaluer les conditions de production et d’exportation vers l’Union Européenne des produits de la pêche a révélé des insuffisances et formulé un certain nombre de recommandations relatives aux conditions d’hygiène afin de garantir et de mettre en conformité nos produits halieutiques avec la directive 91/493/CEE relative à la production et à la mise sur le marché des produits de la pêche.

Il est donc impérieux pour des raisons écologiques, sanitaires et économiques évoquées supra, de mettre un terme au dilatoire des occupants illégaux en prenant des mesures hardies susceptibles de mettre le Benin à l’abri d’une suspension définitive de l’exportation de ses produits halieutiques et autres vers les pays européens et de rendre salubres et attrayantes nos berges.

Les actions immédiates retenues par le Comité interministériel mis en place dans ce cadre sont :

– poursuivre la sensibilisation en rediffusant le communiqué conjoint du MEHU et de la Mairie qui invite les populations concernées à quitter les lieux au plus tard le 29 février 2012

– procéder au marquage sur les ouvrages situés dans l’emprise, sur la base du levé topographique et de la carte réalisés par l’IGN en collaboration avec les élus locaux, la Direction Générale de l’Environnement, le Génie Militaire, les services techniques de la Mairie et de la SOGEMA ; ces cartes sont transmises à toutes les structures concernées dont la DST;

– procéder au déguerpissement du domaine public;

– détruire les dépotoirs sauvages et évacuer les déchets solides de tout genre vers le site d’enfouissement de Ouessè

– rendre fonctionnel le point de regroupement des ordures de Gbogbanou

– remblayer les berges par apport du sable jaune sur la zone déguerpie;

– procéder au reboisement par la Direction Générale des Forêts et des Ressources Naturelles des zones assainies;

– sécuriser en permanence la zone en attendant la mise en cohérence par le Comité interministériel des projets prévus pour la zone.

En effet, il est prévu les infrastructures écotouristiques ci-après:

– la création d’un port de plaisance;

– la construction de bars -restaurants et d’un pont piétonnier;

– le développement des infrastructures de sports nautiques;

– l’aménagement de zones de promenade en pirogue ou en barque;

– l’aménagement de zones de pêche de loisirs;

– la création d’un parc botanique;

– l’aménagement d’espaces boisés;

– la réalisation d’ouvrages d’assainissement (latrines, bac à ordures, urinoirs …)

Il importe de souligner que toutes les activités liées au déguerpissement et à l’assainissement seront pour une large part exécutées par le Génie Militaire appuyé au plan sécuritaire par la Brigade en charge de la Protection du Littoral et de la Lutte anti-pollution avec la contribution de la Maine de Cotonou. Les travaux dureront trois mois.

Le contrat de marché avec le Génie Militaire est signé et sera enregistré ce lundi 30 Avril 2012. Les fonds sont disponibles et la date du démarrage des travaux relèvera de la discrétion des Autorités compétentes. Il reste entendu que le Génie Militaire souhaite démarrer au plus vite les travaux avant que la saison des pluies ne s’installe.

Dans ce cadre, une lettre est adressée, sur suggestion des Autorités policières, au Procureur de la République pour l’informer du démarrage imminent des travaux en raison notamment des dérapages qui pourraient provenir de la pègre cotonoise qui peuple la zone, aux Directeurs de SONEB et de la SBEE pour mettre hors tension les lignes électriques de la zone et à la SOGEMA pour les dispositions idoines à prendre pour recaser les marchandes de Gbogbanou concernées par le déguerpissement.

Telle est Monsieur le Président-Maire, la substance de la présente Note que je soumets à votre Haute Appréciation.

Vos instructions m’obligeraient

PJ : Carte de l’IGN

 

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2 thoughts on “Polémique autour de l’aménagement de la berge lagunaire:Soglo fait des révélations sur les dessous de l’affaire

  1. yélomé

    les attitudes électoralistes de soglo refont surface ; le ministre ne doit pas se laisser faire ; il ne peut pas sacrifier son fils politique sur l’autel des intérêt personnels et égoïstes ; il veut rempiler mais il doit savoir que la mairie de Cotonou n’es tpas l’apange de la RB, pardon, de la famille Soglo, la famille qui coute le plus cher à l’Etat (tous les enfants -hormis Galiou sorti il y a peu) papa et maman sont au frais de l’Etat et pas des moindres ! Le mythe Soglo va tomber s’il ne sait pas faire !

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