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Le triomphe de la vérité

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Editorial:La société civile !!!


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La société civile est restée pareille à elle-même. La semaine écoulée, elle a organisé une conférence publique où chacun de ses ténors est venu se plaindre à qui-mieux-mieux de la gouvernance Yayi. Les commentaires les plus acerbes se sont succédé sur différents modes, de la complainte geignarde de maitre Djogbénou à la rage courroucée de Atayi-Guèdègbé en passant par la fatalité prophétique de Urbain Amègbèdji. C’était une séance de larmes à peine contenues où ceux qui ont pris l’habitude de ne jamais dire du bien de Yayi se sont retrouvés pour leur messe habituelle. Seulement qu’en cette occurrence, toutes les homélies qui se ressemblaient comme deux gouttes de feu, avaient oublié un impératif : la crédibilité.

Oui, osons mettre le doigt dans cette plaie : la société civile béninoise est-elle (encore) crédible ? La première valeur d’une société dite civile et qui se veut représentative des intérêts des citoyens ordinaires, devrait d’abord passer par le combat pour la crédibilité. En l’espèce, être crédible, c’est d’abord rester à égale distance des chapelles politiques, des puissances de tout genre qui se disputent l’arène publique. C’est la condition sine qua non d’un travail sincère que personne ne saurait soupçonner de partisan.

Chez nous, la société dite civile a rangé cet impératif au musée de ses antiquités. Révolu. La belle trouvaille de la conférence publique tenue en fin de semaine dernière a même été une occasion (supplémentaire) pour faire mentir les mauvaises langues qui prétendent que cette frange de la société civile était réellement phagocytée par l’opposition. Pour une fois, après les errements de 2011 marqués par le parti-pris public pour l’opposition, on s’attendait à un autre discours, plus équilibré, tenant compte des acquis, relevant les imperfections et projetant sur l’avenir des idées de son cru qu’elle serait fondée à qualifier de neutres. Ce n’est pas ce que l’on a vu.

On a vu par exemple un Atayi-Guèdègbé soutenant mordicus que « depuis six ans » rien ne va dans le pays. Que donc depuis six ans, rien n’a été fait de bien. On a vu un certain Urbain Amègbédji relevant les déchirements internes de l’opposition et tirant la conclusion qu’il appartient désormais au citoyen, en l’absence d’une opposition, de s’auto-défendre. La référence à l’Union fait la Nation est plus que perceptible. On comprend beaucoup moins l’apparition de Me Djogbénou venu faire son plaidoyer autour du PVI et du coton.

L’avocat de Patrice Talon n’a pas hésité à prendre la parole devant l’assemblée pour soutenir son client, tout en parlant au nom de la société civile. Il y a dans ce tour de passe-passe un audacieux mélange des genres. A la place de Me Djogbénou, des avocats moins partisans auraient préféré se taire sur ces sujets qui mettent directement en cause leur crédibilité et surtout celle de la société civile. En se positionnant à la tribune de cette importante entité de notre démocratie, il se présente en réalité dans les habits blancs de la neutralité, de la défense de l’intérêt de tous, une cause désintéressée avec laquelle sa posture professionnelle largement intéressée est en opposition directe. On a simplement foulé au pied l’éthique la plus élémentaire.

On ne saurait dire que la société dite civile n’a pas le droit de se positionner dans un camp ou dans un autre. Seulement, comme partout dans le monde, elle a le devoir d’être au-dessus de la mêlée, de garder pour ainsi dire, sa respectabilité en ne se mêlant jamais des jeux de pouvoirs qui opposent les partis.

Au contraire, depuis 2010, la société civile béninoise est de tous les combats qui vilipendent le gouvernement. Elle est allée jusqu’à former avec les partis politiques une coalition politique qui a postulé clairement en Octobre 2010 le départ de Boni Yayi, en une alliance contre-nature dénommée Front pour la défense de la Démocratie (FDD) mêlant partis politiques de l’opposition, syndicalistes et organisations non gouvernementales. Dès lors, la société dite civile est apparue comme le cheval de Troie de l’opposition. La semaine dernière encore, elle a confirmé sa réputation dans des lamentations certainement justifiées contre la «gouverrance» Yayi. Mais sa voix, hier comme aujourd’hui, est noyée dans son discrédit qui se creuse au fil des jours.

Olivier ALLOCHEME

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