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Le triomphe de la vérité

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Editorial:Vendre son carré pour louer une maison


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Le Bénin a perdu le challenge. Face à notre pays, le quarantième sommet des chefs d’Etats et de gouvernement de la CEDEAO qui s’est achevé vendredi a donné la présidence de la commission de l’institution au Burkina Faso. Contrairement au vœu légitime exprimé par le gouvernement béninois, c’est donc Kadré Désiré Ouédraogo qui a décroché le poste pour quatre ans, faisant à Jean Marie Ehouzou, notre compatriote, un coup dur que les Béninois peuvent à peine pardonner aux Burkinabè.

Le coup est d’autant plus dur que le Bénin disposait d’une chance historique pour prendre ce poste prestigieux. Et comme le prédisaient bon nombre d’analystes, les jeux ont été faits à Addis-Abeba. C’est dans la capitale éthiopienne, lors du dix-septième sommet de l’Union Africaine tenu fin janvier, que le deal a été noué. Directeur de campagne du Bénin à la présidence de l’UA, Blaise Compaoré a joué finement de sa force de proposition pour offrir le poste à Boni Yayi.

 En échange de quoi, celui-ci devait céder sur le dossier CEDEAO. Nous avions applaudi cette «élection» , une première dans l’histoire de notre pays, et la classe politique a réservé un accueil dithyrambique à l’heureux élu à de sa descente d’avion en provenance du glorieux combat d’Addis. « Président de l’Afrique », pouvait-on lire sur les banderoles hâtivement déployées ce jour-là.

Et l’on a tôt fait de rouler tout le monde dans la farine en laissant entendre aux médias trop curieux de savoir les termes de l’accord Ouaga-Cotonou, que l’UA n’est pas la CEDEAO et qu’à preuve du contraire Addis-Abeba est bien en Afrique de l’Est. Il a suffi de quelques semaines pour démonter toutes ces arguties. Il y avait bien un accord «secret» qui permet au Chef de l’Etat de se faire désormais le porte-parole de l’Afrique à tous les grands rendez-vous. Pour un an.

 Est-ce plus intéressant que la présidence de la commission de la CEDEAO ? Certainement, mais pour un an seulement. A la dimension individuelle, c’est une consécration pour Boni Yayi qui bénéficie dès lors d’une visibilité internationale incontestable. Après son second mandat, il pourra bien se trouver un job de faiseur de paix dans quelque coin chaud du continent, muni de son pedigree d’ancien Président de l’UA.

A l’échelle nationale cependant, cela a un goût amer. Diriger la CEDEAO pendant quatre ans au moins donnerait à tout le pays un gain diplomatique sans égal et sur une longue durée. C’est peut-être conscient de cette perte colossale que le sommet « informel » de samedi a été convoqué, comme pour noyer les conclusions du sommet de vendredi. D’autant plus que, l’autre «sommet», celui de samedi, n’a rien donné. Strictement rien.

 C’est même une première, que des Chefs d’Etats africains soient convoqués dans l’informel pour une réunion tablant précisément sur les problèmes du continent. Qui donc a financé ce déplacement des Chefs d’Etats et les autres activités du Président de l’Union Africaine ? Le Bénin, bien sûr.

Il est vrai, notre pays prend les rênes de l’institution au plus mauvais moment. Sans Président de sa Commission, l’UA roule tous feux éteints vers une paralysie de son administration. Le bras opérationnel de l’institution est pratiquement un bras mort. Il faut attendre juin ou juillet pour qu’un nouveau sommet planche sur l’épineuse question de la succession de Jean Ping. D’ici là, le temps nous dira si le Président de l’UA pourra continuer à gérer dans l’informel, comme il l’a si bien commencé.

Il faut donc se rendre compte que nous avons vendu notre parcelle pour louer une maison remplie de problèmes inédits. Pendant six mois, l’UA va rouler à vide et son Président sera obligé de recourir à des solutions toutes aussi inédites pour ne pas passer inaperçu sur la scène internationale. Le tout à un coût que le Trésor public béninois devrait supporter en ces temps de vaches maigres.

Le plus dur sera supporté par Jean-Marie Ehouzou qui a tout perdu. Il ne lui reste plus grand-chose qu’à broyer du noir, en attendant que l’on veuille encore se souvenir de lui.

Olivier ALLOCHEME

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