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Le triomphe de la vérité

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Désignation des Recteurs et Doyens des universités publiques: Un membre de la commission fait des révélations


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Le prof Dodji Amouzouvi

Les Recteurs qui devront diriger les universités publiques béninoises puis les Doyens des facultés et leurs adjoints ne seront plus élus par leurs pairs enseignants. C’est du moins ce qui ressort du séminaire national sur la stratégie de développement de l’enseignement supérieur organisé le 10 juillet dernier. Pour le Professeur Dodji Amouzouvi membre de la commission ayant réfléchi pour la mise en œuvre de cette réforme, la trop forte politisation du campus et ses travers ont eu raison du mode de désignation des Recteurs et Doyens par élection et justifie qu’un nouveau mode de désignation plus porteur soit inventé. Selon ses explications, il faut rapidement changer l’ancien mode avec sa politisation outrancière afin d’éviter de graves conséquences à la longue. « Les failles de l’ancien système réside dans le fait que le risque de voir un tribun, le risque d’avoir quelqu’un qui a derrière lui le plus grand nombre d’électeurs parce que venant d’une grande faculté alors qu’il n’est pas toujours le mieux apte pour diriger, devient de plus en plus grand et cela risque de conduire les universités publiques dans l’impasse », a-t-il fait savoir. Poursuivant qu’ « aujourd’hui, le gouvernement qui est propriétaire des universités publiques propose que tous ceux qui veulent diriger l’université ou une faculté puissent candidater, passer par toutes les étapes, parmi lesquelles il y a entre autre l’appel à candidature, le dépôt de dossier, l’étude des dossiers, l’interview…, tout ceci suivant des critères bien définis et une procédure rigoureuse claire et éprouvée ». Convainvu que le mode de désignation est la solution aux problèmes auxquels les universités publiques sont aujourd’hui confrontées, le Professeur Dodji Amouzouvi a déclaré qu’ « avec le nouveau mode, c’est chacun qui prépare son dossier, qui rédige sa vision et ses stratégies pour le développement de l’université en tant que Recteur, en tant que vice-recteur et qui les défend devant des instances et des organes commis à cet effet. Les trois meilleurs méritants, seront proposés au gouvernement. Il s’agira donc de trois personnalités suffisamment à même d’être Recteur pour gérer l’université sous la bannière du conseil d’administration ». Après, une autre étape cruciale entre le Ministère, le Gouvernement, le Conseil National de l’Education et encore le Gouvernement va s’en suivre. C’est donc un nouveau mode qui n’a jamais existé, qu’on n’a jamais tenté au Bénin dans les universités publiques. « On va la mettre à l’œuvre et avec la nouvelle rigueur qu’on imprime au pays, point n’est besoin de douter de sa réussite », soutient-il.

L’Université, une institution à gouvernance multiple

Développant ses propos, l’enseignant du supérieur Dodji Amouzouvi a expliqué que l’université est une institution à gouvernance multiple où ce n’est pas seulement celui qui veut qui doit être porté à la tête de l’Institut. Mais c’est à la fois celui qui veut et celui qui peut. « Lorsqu’il est question d’élection, celui qui ne peut pas, mais qui veut, peut actionner d’autres leviers pour se faire élire Recteur. Lorsqu’on va changer cela et qu’on va mettre en place un autre mode de sélection du Recteur, nous aurons affaire à quelqu’un qui veut et qui peut parce qu’en face il aura une procédure de sélection telle que l’arbitraire et l’erreur n’auront plus droit de citer », dit-il. A cause des élections, va-t-il ainsi ajouté, « nous avons eu affaire à des élus qui se sentent les égaux de la hiérarchie ministérielle. Il arrive que le Recteur élu pense qu’il n’a pas de compte à rendre à l’autorité hiérarchique mais qu’il a de compte à rendre à ses mandants… Du coup, il devient un peu prisonnier de ses électeurs et constraint de faire leurs volontés. Or nous sommes une institution républicaine, avec le ministère comme tutelle hiérarchique. Il y a des Recteurs, il y a des chefs d’entités, des doyens…qui, sans même informer le Ministre, signent des partenariats à incidences financières alors que quand c’est comme ça, c’est la République que cela engage », a-t-il informé. Pour lui, il y a une certaine radicalisation voire une extrémisation du processus démocratique dans les universités publiques du Bénin. « Sans nul doute, la gouvernance par les élections dans les universités publiques a montré des limites rien qu’à partir de ces constats », a-t-il martelé. Il a d’ailleurs ajouté que chacun à son niveau vit au quotidien les dérives, les affres de ces élections. « En tant qu’universitaire, si on ne peut pas accepter que les joutes électorales et la campagne électorale s’arrêtent aux élections… on est indigne. Parce que je n’ai pas fait campagne pour le Recteur qui est élu, il me met à l’écart. Il ne considère plus que je suis un collègue enseignant. Parce que celui qui est élu n’est pas mon candidat, je refuse parfois d’aller aux journées pédagogiques qui constituent l’une des étapes essentielles de la gestion du Département ou de l’entité. Parce que celui qui est là n’est pas mon candidat, je vais jusqu’à m’interdire d’aller dans son bureau », a caricaturé le Professeur Amouzouvi pour présenter la profondeur abyssale de la situation qui prévaut de plus en plus dans les universités publiques et qui est la résultante directe de la désignation des responsables universitaires par les modes électoraux.

Alban Tchalla (Stag.)

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