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Le triomphe de la vérité

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Bilan du Maire de la commune de Bohicon, Rufino d’Almeida Sous l’arbre à palabres à l’Événement Précis: « Bohicon sera la première ville du Bénin à avoir une régie communale »


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9 juin 2020-9 juin 2021. Déjà un an pour Me Rufino d’Almeida à la tête de la ville carrefour, Bohicon. Interrogé sur sa première année de gestion, le Maire de la ville de Bohicon fait des aveux sur ses premiers jours à la tête de la mairie : « l’absence de ressources pour impulser le développement et donner corps à mes ambitions a été un problème majeur ». En retroussant ses manches, Me Rufino d’Almeida s’est aussitôt mis au travail et se félicite d’avoir posé avec son conseil communal des pas significatifs dans ce domaine. « Sous l’arbre à palabres » de votre quotidien l’Evénement Précis, il détaille les actes majeurs de sa première année de gestion. L’interdiction de chargement hors parc, la suspension des comités de gestion des parcs, la mise en régie imminente des infrastructures de la commune sont entre autres quelques actions posées par le maire depuis son installation. Selon son développement, ces réformes ont permis à la mairie de mobiliser des ressources nécessaires pour la réalisation des infrastructures sociocommunautaires au profit des populations. Mais la détermination de Me Rufino est plus forte et son plus grand souhait est de doubler les ressources de la commune. Outre cet objectif, le Maire Rufino d’Almeida ambitionne aussi de mettre de l’ordre dans le foncier à Bohicon. Côté politique, le maire de la ville de Bohicon, membre fondateur du parti Bloc républicain trouve logique et nécessaire la réélection du président Patrice Talon pour la poursuite des actions de développement en cours à travers la mise en œuvre du Programme d’Action du Gouvernement ‘’Bénin Révélé’’. Ce programme d’action a effet beaucoup apporté à la ville de Bohicon selon le maire qui reconnait d’ailleurs que sans le PAG, Bohicon ressemblerait à un village. Raison suffisante pour l’ancien directeur de cabinet du ministère du plan d’inviter le gouvernement à penser davantage à la ville carrefour.

Et si on en parlait

Comment avez-vous ressenti ce transfert de l’autorité centrale que vous incarniez à l’autorité décentralisée que vous êtes aujourd’hui devenue ? Comment avez-vous vécu cette mutation ?
Effectivement il y a eu une mutation brutale, mais j’ai fini par me convaincre que c’est mon destin. Vous le savez, j’étais à Paris, avocat, lorsque le candidat Abdoulaye Bio Tchané m’a demandé d’être son directeur de cabinet politique. Là déjà, c’était un grand écart. Comment peut-on être à Paris et piloter des militants au Bénin. Pourtant, j’ai réussi à le faire en venant pratiquement tous les weekends à Cotonou, pour tenir les réunions des membres du cabinet ainsi que des militants. De la même façon, lorsqu’il m’a été demandé de devenir le directeur de cabinet du ministre d’État chargé du plan et du développement, Abdoulaye Bio Tchané, j’étais encore à Paris et ça a été également une grande transition. Je suis venu à Cotonou avec une veste, ne sachant pas que je serai à ce poste. Parce qu’on m’a dit un dimanche soir, je crois : « votre dossier sera évoqué en conseil interministériel demain lundi. Vous serez nommé mercredi. Jeudi, vous viendrez au ministère pour prendre connaissance des lieux et vendredi pour la passation de charge et la prise de fonction. » Ce qui fut fait. De la même façon, je suis parti du niveau stratégique, donc du poste de DC du ministre d’Etat à la mairie. Voyez-vous, je suis un habitué des grands écarts. On dirait que j’aime ça ou bien que mon âme aime ces mutations. Sinon, c’est le destin.

Un an après, avez-vous été déçu par ce que vous avez vu concrètement sur le terrain ?
J’ai passé presque quinze ans dans l’administration privée en tant qu’avocat au barreau de Paris et plus de quatre ans dans l’administration centrale en tant que directeur de cabinet du ministre d’État. En allant au niveau communal ou décentralisé, j’étais déjà persuadé que le vrai développement, les vraies actions de développement doivent être au niveau des communes. Je suis aujourd’hui plus que jamais persuadé de ces idées que j’avais depuis une trentaine d’années.

Quels sont les grands problèmes que vous avez rencontrés tout au début ?
En devenant Maire, j’ai été rapidement confronté à des propos attentatoires à ma vie privée et mon honorabilité par des groupuscules mal inspirés et soutenus en sous-bassement par des acteurs politiques. Ensuite, l’absence de ressources pour impulser le développement et donner corps à mes ambitions a été un problème majeur. Pour finir, le cloisonnement du travail dans les services fut une surprise pour moi. La conséquence première est que deux personnes qui partagent le même bureau ignorent tout de leurs dossiers respectifs. Je rajouterai l’ignorance abyssale du fonctionnement et des difficultés des communes observés au sein des cadres de l’administration centrale.

Votre budget est de combien de millions par exemple ?
J’ai un budget d’un peu plus d’un milliard pour la commune de Bohicon. Qu’est-ce que vous pouvez faire avec un milliard ? Donc, vous êtes obligé de faire de la mobilisation des ressources votre premier défi si vous êtes un maire ambitieux. Il s’agit d’abord de fermer les canaux de perdition des ressources. A cet effet, j’ai été obligé de développer des stratégies innovantes . Ensuite, il a fallu laisser la politique de côté pour véritablement recouvrer les taxes qui reviennent à la commune. C’est être capable de contraindre les amis, parents et partenaires politiques à libérer ce qu’ils doivent à la commune. L’autre observation c’est d’améliorer la cohérence entre les documents de planification de long terme et ceux de cout terme. Le PDC, c’est notre PAG à nous et les cadres doivent prendre une part active dans sa rédaction, parce que lorsqu’un projet ne figure pas dans le PDC, c’est qu’il est difficile de le mettre dans le budget. Donc, que les cadres s’approprient davantage ce document et quand je dis « cadres », c’est le maire y compris. Il ne sert à rien de laisser ce document être rédigé uniquement par des experts, mais il faut l’implication des cadres communaux.

Un an après votre élection, quel bilan faites-vous à la tête de la mairie de Bohicon ?
Vous savez qu’il est très difficile pour un acteur de faire son propre bilan. Vous êtes des journalistes et vous pouvez venir faire mon bilan.

C’est pour dire que vous êtes parti sur un certain nombre d’ambitions, et après la première année, qu’est-ce qui a été fait ?
Les actes qu’on a posés, c’est qu’il faut déjà partir des problèmes de Bohicon. Le premier problème que je connaissais quand je traversais Bohicon, c’est que la ville est trop sale. Dans la même veine, je trouvais que les choses n’étaient pas forcément à leur place. Notamment dans ce deuxième pôle de transit de notre pays après Cotonou, les camions, les taxis se garaient de part et d’autre des voies et cela donnait le sentiment que la ville n’était pas tenue. C’était ma première observation. Et lorsque je suis venu, ce fut mon premier défi. Je peux vous dire que ce n’était pas simple du tout. J’ai déclaré d’abord interdits les chargements hors parcs. Ensuite, j’avais mis la contravention à 30.000fcfa. Mais j’ai vu qu’elle était loin d’être dissuasive. Je l’ai portée à 100.000fcfa. Et pourtant, nous peinons à éradiquer le phénomène, même si des résultats substantiels sont observés. Puisque cela faisait un manque à gagner criard pour la mairie. Vous aurez également constaté que pour la première fois dans l’histoire de Bohicon, les gros porteurs, notamment impliqués dans la campagne cotonnière, de gré ou de force, ont rejoint le parking gros porteur, en dégageant la voie inter-États. Donc en causant moins d’incidents, et en occasionnant moins de salissure. Ainsi, Bohicon montre une partie de ce qu’elle a de joli. Puisqu’il n’y a plus ces gros porteurs garés à gauche et à droite. Mais, c’est un travail de longue haleine. Parce que, autant nous étions très vigilants dans la campagne cotonnière, autant nous avons baissé légèrement la garde dans la campagne et déjà, le phénomène a repris avec beaucoup d’acuité. Et si vous êtes bien informés, depuis la semaine dernière et début de cette semaine, nous avons déclaré une guerre frontale pour éradiquer ce phénomène. Pas plus tard que jeudi dernier (jeudi 3 juin) on a eu 16 taxis arrêtés en train de faire un chargement hors parc. C’est dire que nous n’allons pas nous arrêter en chemin. Dans une cité, le politique est là pour mettre les choses à leur place. On ne peut pas accepter que dans la société, la route devienne la gare et que le marché devienne l’hôpital, etc. Nous devons mettre chaque chose à sa place. C’est notre premier défi. Le deuxième défi qui aurait pu être le premier en réalité, c’est la nécessité de mobiliser davantage de ressources. Avec le conseil communal et les élus locaux, nous avons pris ce problème à bras-le-corps. Et je peux vous dire qu’après la période d’observation de deux, trois ou quatre mois, j’ai sorti un arrêté vers le 15 novembre pour suspendre tous les comités de gestion des gares composés de 11 personnes, en y envoyant deux personnes (Un politique et un acteur de gare). A eux, j’ai joint un rapporteur et figurez-vous que sur quasiment toutes les gares, j’ai trouvé une augmentation des ressources. C’est dire que nous devons persévérer davantage. C’est un travail de longue haleine. Et tous les jours, mon livre saint à moi, c’est le point que me fait le chef service en charge des affaires économiques pour savoir combien sont rentrés par rapport aux prévisions. Et j’ai noté depuis 2 semaines une baisse. Cela veut dire qu’on doit trouver une nouvelle stratégie pour booster davantage la mobilisation des ressources. Mais, cette question devrait être définitivement un mauvais souvenir puisque nous avons décidé à Bohicon, de mettre toutes nos infrastructures économiques en régie. Actuellement, nous sommes en train de recruter les 5 cadres de la régie. Le directeur de la régie est déjà recruté. Il s’agit de Mr Saturnin GNAMBAKPO. C’est un cadre de la Mairie. Cette semaine, je vais lire le rapport produit par les autres jurys et porter mon choix sur les 4 autres cadres qui vont diriger la régie autonome de gestion des infrastructures économiques et marchandes de Bohicon (RAGIEM). Et Bohicon sera ainsi la deuxième ville du Bénin à avoir mis ses unités marchandes et économiques sous régie. Bohicon sera la première ville à avoir mis autant d’infrastructures puisque chez nous, nous aurons plusieurs marchés, 4 ou 5 gares routières, l’abattoir, tout ce qui est économique, nous les mettrons dans la régie. Nous serons probablement la première régie communale du Bénin d’ici quelques semaines. L’objectif, c’est de doubler nos recettes. Et lorsque nous aurons cette arme de guerre, nous entendons nous attaquer de manière frontale aux infrastructures scolaires. Je suis enfant d’enseignant et je n’accepterai jamais que les enfants continuent à étudier dans les classes en matériaux de fortune. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai fait lancer les travaux de construction de plus 30 salles de classe dans les écoles primaires publiques de différents arrondissements de notre commune. Et d’ici 3 mois, ces infrastructures vont intégrer le patrimoine scolaire de Bohicon. Plus ce que les partenaires vont faire, nous serons cette année à une quarantaine de salles de classe.

Avez-vous l’impression que les cadres de votre localité suivent votre mouvement ?
Ce que je peux vous dire, c’est que les cadres ont trouvé mon rythme trop rapide. L’un d’eux m’avait demandé si je pense qu’à ce rythme nous verrons l’année 2020 et après 2021. C’était le moment où j’avais décidé de faire participer la commune de Bohicon à un concours lancé par le ministère cadre de vie via le Fonds national de l’environnement et du climat. C’était un concours qui vise à mesurer la capacité économique, à faire la salubrité, à curer les caniveaux, à planter des arbres et à les entretenir, à construire les ouvrages de résiliences contre le changement climatique. Moi j’ai refusé de prendre un expert. J’ai estimé que nous devons pouvoir rédiger nous-mêmes le PV de ce que nous faisons en la matière. Donc j’ai mis en place un comité et je lui ai dit que si on travaille bien, il n’y a rien à faire, on sera la meilleure commune. C’est vrai, on travaillait tard, jusqu’à 3h du matin. Le résultat est tombé et malheureusement, nous n’avons pas été premiers. Mais nous avons été deuxièmes. Dans quelques jours je recevrai des mains du ministre Tonato 25 millions de Fcfa plus l’arsenal nécessaire pour conduire les opérations de salubrité. C’est vous dire que les cadres commencent maintenant par me connaitre. Ils prennent le pas de mon rythme. Toute ma vie j’ai travaillé. Je ne sais pas paresser. Si vous regardez mon parcours, vous le saurez davantage. Je ne sais pas paresser. Travailler pour moi c’est naturel, normal. Et je pense que depuis un certain temps, même les PTF qui passent à Bohicon commencent par sentir le frémissement de quelque chose.

Tout ce que vous faites a pour finalité d’impacter les populations. Est-ce que vous pensez que toutes ces actions résolvent quelque chose au niveau de la population ?
Oui. Forcement. Lorsque dans moins de 3 mois je vais permettre aux directeurs d’écoles d’avoir une quarantaine de salles de classe, vous comprenez que c’est moins d’enfants qui vont étudier à l’abri des intempéries. Que je lutte contre le chargement hors parc, c’est vrai que cela peut créer des désagréments à certaines personnes, mais cela évite les accidents, apporte le calme qu’il faut pour le repos et pour dormir. Lorsque je déclare la guerre à la pollution sonore, avec la police, cela permet à ce que les églises, les mosquées et autres connaissent les horaires auxquels ils doivent s’adonner à leur culte et autres. Lorsque dès mon arrivée, j’ai ouvert les voies comme jamais à Bohicon, c’est pour que ceux qui ont acheté des parcelles et qui attendent depuis des années l’ouverture des voies puissent circuler et surtout ce qui permettra à la SBEE d’étendre son réseau. Bohicon a hérité du PAG le plus grand linéaire, s’agissant de réseau de densification et d’accès à l’eau potable. Dans le Zou, nous sommes la commune qui a le plus consommé, mais il en reste encore. Tout ce que nous faisons, c’est pour les populations. On ne peut pas être maire d’une commune lorsqu’on n’a pas le sens du devoir, lorsqu’on n’a pas le sens du service, l’humilité de servir les populations. C’est ce que je fais au quotidien et c’est même un plaisir.

Quelles sont les stratégies que vous avez mises en place pour assainir la gestion communale ?
C’est très compliqué. A l’heure où je vous parle, le secrétaire général de la mairie qui vient du ministère du plan a pour objectif premier de m’élaborer un canevas de critères d’évaluation du personnel de la mairie et des critères d’évaluation de nos propres politiques publiques. Ce qui permettra à chaque cadre et à chaque agent de la mairie de savoir où il en est. Il va se noter lui-même. Sans que cela ne soit disponible, nous avons déjà commencé. Les critères d’évaluation, c’est la ponctualité. Chacun sait que les lundis à 7h45 à la mairie de Bohicon, qu’il pleuve ou qu’il neige, la cérémonie des couleurs commence. Ce n’est pas 7h46. Le Codir, c’est les lundis à 10h, pas une minute de plus. Le Cocab, c’est 8h30, la réunion de l’exécutif, c’est les lundis à 8h. Qui ne suit pas ce rythme sait qu’il est en contre-performance. Il aura la note qu’il mérite. Vous parlez de stratégie par rapport à la mobilisation des ressources. Notre stratégie, c’est de se désintéresser des gratifications habituelles. Dès lors que j’ai refusé toute gratification des gares, des marchés, vous voyez que tout le monde est obligé de suivre ma dynamique. Deuxièmement, le voleur ne vole jamais quand il est sûr qu’il se fera prendre. Pour les marchés, le personnel dédié qu’on appelle les collecteurs, j’ai décidé que plus aucun collecteur ne fera plus d’un mois dans une unité marchande. Dieu merci, j’en ai suffisamment. J’ai le marché Ganhi, Yénanwa, Kpassagon, Avogbanan et ses extensions, et puis j’ai la gare Centrale, le parc à gros porteurs, le parc à bus, la gare de Sodohomè, l’abattoir, la chambre froide, j’ai les extensions. J’ai demandé à ce que plus aucun collecteur dans une année donnée ne fasse plus d’un mois dans une unité marchande. D’autant qu’il commence par s’habituer aux bonnes dames, on l’enlève et on l’envoie ailleurs. Et le résultat est là. Et puis j’ai mis en place un comité de surveillance composé de cinq élus qui, à tout moment, peuvent débarquer dans une unité marchande sans l’autorisation du maire, rester là toute la journée, faire des contrôles, faire des observations. Et moi-même, de temps à autre, à l’improviste, je débarque au parc à bus à 4h, puisque c’est l’heure à laquelle les activités commencent. Les cars viennent du nord et prennent le départ pour Cotonou. Moi-même je viens et j’essaie de regarder quel est l’impact de ma venue par rapport aux recettes précédentes. Si je sens une brusque augmentation, alors le gestionnaire est appelé à garder ce rythme tout simplement. Mais nous irons plus loin. Les six mois à venir, nous allons définir d’autres stratégies pour augmenter nos ressources.

Quelles sont vos ambitions en matière d’urbanisation de la ville de Bohicon ?
Il faut dire que Bohicon est un centre très prisé. C’est une ville qui connait le plus fort taux de migration vers elle. Mais comme toutes les villes de notre pays, y compris Cotonou d’ailleurs, rien n’est à sa place. Tout se mélange. Vous allez à Bohicon, vous verrez les boulangeries et les scieries qui sont à côté des maisons, les soudeurs soudent partout, les menuisiers rabotent partout. Donc nous avons les mêmes problèmes que toutes les communes du Bénin. Cependant, avec l’aide du projet PAVIC financé par l’AFD, nous avons rédigé le document de planification de notre territoire pour tenter, si c’est encore possible, d’identifier les zones pour telle ou telle activité. Nous pourrons, par exemple, décider que notre zone industrielle communale soit à tel endroit et obliger tous ceux qui auront à ouvrir des usines lourdes, moyennes ou petites de nous y rendre, en mettant à leur disposition l’eau, l’électricité et autres. Donc l’urbanisation de Bohicon sera faite. Mais immédiatement, c’est la gestion des opérations de lotissement qui est en cours. Nous avons 19 opérations de lotissement en cours à Bohicon dont certaines ont commencé depuis les années 1980, mais aucune de ces opérations n’est terminée. Donc le défi majeur pour le maire que je suis, c’est d’obliger les géomètres à clôturer les opérations. La plupart d’entre eux ne sont pas payés depuis des années, pourtant ils sont toujours là à travailler. Vous voyez que s’ils sont là, c’est qu’ils y ont leurs intérêts. Et nous on entend bien mettre de l’ordre dans le foncier à Bohicon.

Quelle est la part du PAG dans les réalisations en cours à Bohicon ?
Nous devons avoir l’honnêteté de dire que sans le PAG, Bohicon ressemblerait à un village. Ce sont les projets du PAG qui sont venus donner vie à la commune de Bohicon. J’en cite simplement deux ou trois. Il y a d’abord la construction des deux plus belles et peut-être plus grandes gares du Bénin : le gros bâtiment que vous voyez à l’entrée de Bohicon, c’est notre future gare centrale, lorsque vous prenez le contournement et vous allez à Covè vers Sodohomè, vous verrez un parc à bus qui est en cours de construction. A tous ces projets, je rajouterai un autre projet qui a changé la physionomie de Bohicon et amélioré la mobilité. Il s’agit du projet asphaltage. Bohicon a d’ores et déjà eu droit à 14Km de routes asphaltées, donc goudronnées ou pavées. Nous attendons 19 autres qui devraient tomber d’un instant à l’autre. Et à cela, je dois mes remerciements au Chef de l’État et aux ministres qui ont piloté ce projet, et dire également que Bohicon a bénéficié du projet de densification et de l’extension du réseau d’accès à l’eau potable. Ce qui a permis à Bohicon d’augmenter sensiblement le nombre de populations ayant accès à l’eau potable. Il y a quelques mois, sept habitants sur dix n’avaient pas accès à l’eau potable. Avec l’effort qui est fait, nous devons d’ici une année ou deux ans couvrir les dix. Car, le Chef de l’État a tout fait pour que nous ayons accès à l’eau potable. Bohicon est déjà à une grande position. Nous devons couvrir toute la ville parce que, tant qu’il reste une seule personne n’ayant pas accès à l’eau potable, le maire que je suis ne peut pas se reposer.

En ce qui concerne l’assainissement, est-ce que la SGDS-GN est présente à Bohicon ?
Non, la SGDS-GN n’est présente que dans les huit communes qui constituent le grand Nokoué. Aujourd’hui, nous nous débrouillons avec nos propres moyens et nous espérons que le ministre Tonato viendra à notre rescousse pour organiser la collecte des déchets telle que cela se fait aujourd’hui à Cotonou. Nous faisons le ramassage avec des ONG pour ensuite déverser à Sodohomey. Mais il faut savoir que les investissements en la matière sont des investissements lourds. Et la commune de Bohicon ne pourra pas toute seule faire face à cela, il faudrait forcément que l’État vienne à notre rescousse. Je pense même qu’il faut sensibiliser les ministres concernés sur les difficultés de Bohicon et son incapacité à faire face seule à ces difficultés. Avec cela, nous allons progresser puisque nous avons deux grands projets qui nous aideront à résoudre les difficultés de la ville à savoir : le projet PAPVIRE, qui nous permettra d’assainir nos ouvrages d’eau et le second projet qui sont l’assainissement des villes qui nous aidera à construire l’autoroute entre Bohicon et Abomey. Avec la réalisation de ces ouvrages, nous allons renforcer la résilience des Bohiconois à effets des changements climatiques.

Pourquoi vous avez baissé la garde sur le phénomène d’occupation anarchique des espaces publics ?
Pas du tout, nous n’avons pas baissé les bras. D’ici la fin de ce mois, vous verrez que Bohicon mettra en place deux brigades. Une brigade économique et une brigade d’hygiène. C’est dire que nous avons mené cette lutte. A un moment donné, on s’est retiré pour réfléchir sur des stratégies avant de se relancer.

Est-ce que le Fadec est un outil performant à Bohicon ?
Je peux vous dire que le Fadec est un outil très utile pour les communes. Il y a certaines communes qui ne peuvent jamais fonctionner sans le Fadec puisque les ressources dépendent à pourcentage très élevé des fonds Fadec.

Quelle est la balance à Bohicon ?
Globalement, notre Fadec non affecté est de 250 millions. Nos ressources fiscales font déjà le double du Fadec et les ressources non fiscales ne sont pas mauvaises non plus. Il faut donc partir des communes de notre pays qui veulent vivre avec leurs ressources non fiscales et fiscales. Mais bien évidemment, le Fadec donne davantage de forces aux communes pour entreprendre des travaux.

Vous parliez tantôt de l’opposition. Est-ce les conseillers UP qui constituent l’opposition au niveau de la commune ?
Une opposition au sein d’un conseil se mesure sur le nombre de partis politiques présents dans le conseil. Aujourd’hui, sur 29 conseillers dont est doté le conseil de Bohicon, 19 sont BR et 10 sont UP. Donc, c’est dire que les conseillers UP constituent l’opposition communale

Est-ce que vous les associez réellement à la gestion de la ville ?
Ils n’ont pas vocation à être associés à la gestion de la ville en tant exécutif. Cependant, ils ne sont pas absents de la gouvernance locale. A ce jour, nous avons déjà fait voter plus de 50 résolutions à Bohicon et 99% de ces résolutions ont été votées à l’unanimité des conseillers UP comme BR. Nous respectons cette opposition. Et c’est tout ça le dialogue politique. La bienséance voudrait qu’on se rapproche du chef de l’opposition pour voir quels sont les correctifs à apporter au projet, sans dénaturer l’ambition tout en ayant l’assentiment de tous. Il n’y a pas un sujet assez sensible à Bohicon que la mise en régie. Au départ, tous les conseillers quasiment étaient contre. Mais, il m’a fallu faire de la pédagogie en sortant les textes régissant la régie que j’ai partagée à chaque conseiller. Chacun d’eux a lu et a compris que l’antidote qu’il fallait à cet instant était la régie. J’ai fait venir la SNV hollandaise, puisqu’aujourd’hui à Bohicon, la régie est financée par l’aide sous financement suisse, mais pilotée par la SNV hollandaise. J’ai donc fait venir le chef de projet adjoint pour venir faire l’exposé de la régie au conseil communal. Après les questions débats, c’est à l’unanimité des conseillers que la régie a été adopté comme un mode de gestion de nos infrastructures marchandes. C’est ça le respect de l’opposition. C’est ça le dialogue entre la mouvance et l’opposition communale.

Vous semblez avoir fait oublier l’ancien maire Luc Atrokpo aux Bohiconnois. N’est-ce pas Me Rufino ?
La gestion d’une commune n’est pas une question d’affrontement des personnalités. Le BR a gagné de façon claire et nette sans ambages, les élections et a une majorité confortable. Ce qui induit une responsabilité. Et donc, une unification de tous les membres du conseil communal pour que les résultats soient là. Le conseil communal, tout au moins le maire et les conseillers BR, sont concernés par les objectifs que je pilote. Vous me jugerez dans les prochaines années sur le nombre de voies que j’ai ouvertes, sur l’augmentation et la mobilisation des ressources, sur la célérité dans la délivrance de certaines pièces à commencer par les légalisations, les ADC. Nous serons jugés sur la propreté de la ville, sur l’absence de prévarication des deniers communaux puisque nous y sommes engagés depuis les élections. C’est sur ces choses que nous nous sommes engagés et non notre capacité à faire oublier telle ou telle personnalité. Oui, j’ai souhaité prendre sa place à la mairie de Bohicon, mais cela ne m’a pas empêché d’être à la cérémonie qu’il a organisée en mémoire de son feu père, à qui nous souhaitons un repos éternel.

Vous avez brièvement évoqué le problème d’inondations à Bohicon. La ville connait-elle encore ce problème ?
Lorsqu’il pleut, Bohicon devient une ville subitement sale avec de l’eau boueuse. C’est un vrai problème pour le maire que je suis. Comme je vous l’ai dit, nos cris de détresse ont été entendus au plus haut sommet de l’État. Nous sommes en attente d’autres projets d’État qui viendront nous soulager. Je pense qu’après l’exécution de ces projets, la question d’assainissement notamment du conditionnement des eaux pluviales sera réglé à Bohicon notamment dans le centre-ville. Je vous ai parlé du projet PAVIC financé par l’AFD et du projet d’Assainissement des villes secondaires du Bénin qui est sous financement rural.

Que devient le musée d’Agongointo ?
C’est un musée que j’ai trouvé inactif à mon arrivée. Il est aujourd’hui livré à des intempéries, notamment à des inondations récurrentes. Lorsque je suis devenu maire, je me suis intéressé à Agongointo et j’ai vite compris que les maigres ressources de la commune ne pourront jamais donner vie à ce patrimoine historique tel que je l’aurais souhaité. C’est pour cela que j’ai pris mon bâton de pèlerin. J’ai approché les ministères et je peux vous dire que nous avons déjà des projets pour lesquels les ingénieurs sont venus sonder ce qu’il y a à faire et dans les prochains mois, les travaux vont démarrer pour que vie soit donnée à cette relique de notre patrimoine culturel, avant que la marée humaine n’y rajoute sa couche.

On vous a vu très actif lors de la campagne électorale qui s’est soldée par la réélection au premier tour du Président Talon. En l’absence d’une véritable opposition organisée, n’est-ce pas une victoire trop facile ?
Il n’y a pas eu de victoire facile et l’opposition a été bel et bien représentée. Lors des élections présidentielles passées, il y a eu deux grands défis. Il y a celui du taux de participation, qui doit être apprécié avec le retrait d’argent de la campagne présidentielle qui était une donnée essentielle. Le retrait d’argent nous a amenés à plus maximiser notre intelligence sur le peu de ressource que notre parti le BR a mis à notre disposition. L’argent que nous avons eu, c’est pour confectionner les affiches, organiser les meetings, louer des chaises. On n’a pas reçu de gratification et c’est la première fois depuis 1991 que les électeurs béninois étaient confrontés à ce phénomène. L’autre défi était de faire élire le duo Talon-Talata et ça s’est passé d’une très forte belle manière.

Est-ce que vous avez une idée du résultat que ce duo a obtenu à Bohicon ?
Oui à Bohicon nous étions à plus de 90%.

Que pensez-vous du nouveau gouvernement avec le maintien de la quasi-totalité des ministres ?
La constitution a donné le pouvoir à une seule personne qui est le Chef de l’État de nommer et défaire comme bon lui semble. Il a opté pour une certaine durabilité à ce poste. Ce n’est pas trop surprenant pour moi parce que dans d’autres circonstances, il a promis faire durer les acteurs pour que ce gouvernement puisse donner le meilleur de lui-même. Puisque l’expérience s’acquiert au fil du temps.

L’opposition demande un dialogue politique. Que feriez-vous si vous étiez à la place de Talon ?
Le dialogue politique pour moi est une chose permanente. Moi, j’ai une opposition communale à Bohicon et nous dialoguons tous les jours. Je n’ai pas le sentiment qu’il y a un manque de dialogue dans le pays. La preuve, le chef de fil de l’opposition vient d’être désigné. Il est là et il va mener le dialogue. Je ne sais pas de quelle opposition vous parlez. S’il s’agit de l’opposition exilée volontaire ou exilée judiciaire, à cette opposition, je leur dis juste de rentrer. Je dis à ceux qui ont des affaires judiciaires de venir s’expliquer et pour ceux qui n’en ont pas, de rentrer dans notre pays.

Carte d’identité: Ingénieur, avocat puis homme politique

C’est dans sa ville natale que Rufino d’Almeida a fait l’essentiel de son parcours scolaire. Quand il décroche son Bac série C en 1986, ses parents l’envoient en France. Il s’inscrit en Physique-Chimie à l’Université nationale du Bénin avant de partir en 1989 en France, à l’Université d’Amiens. Après cinq années d’études, il devient ingénieur Technologue en génie énergétique, option climatisation et froid industriel. Par ce diplôme, il a d’abord enseigné en France avant que la passion de la politique ne l’amène vers les facultés de droit. « C’était au départ pour moi, confie-t-il, juste un amusement, juste pour combler mes instants perdus, les valoriser en prenant quelques notions de droit. Mais, il se trouve que ça m’a marché plus que prévu. » Né en 1967 à Bohicon, d’un père enseignant et d’une mère ……. Rufino d’Almeida fait son cours primaire à l’école urbaine centre de Bohicon. Après son BEPC et son Bac, tous obtenus dans le collège de la ville, il s’inscrit en Physique Chimie à l’Université nationale du Bénin. Mais pour cause de grèves, ses parents l’orientent vers l’extérieur. Il arrive en France, précisément à Amiens en 1989. Mais ses études l’amènent successivement à Strasbourg, Reims, Nancy, Paris puis à Versailles. Il finit par obtenir des diplômes de sciences politiques, de droit public, comme de droit privé, avant d’avoir le CAPA, le Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat, qu’il décroche à Versailles en 2006. Exerçant depuis lors comme avocat au barreau de Versailles, il affirme : « J’ai bâti l’un des plus beaux cabinets d’avocat là-bas et il n’est pas possible de saborder ce qu’on a mis près de 15 ans à construire. » Avocat d’affaires de grandes personnalités et institutions, il choisit malgré tout de revenir au pays, porté par la passion de la politique. Quand on lui demande d’où lui vient cette relation à la politique, il la remonte à son enfance, quand il était presque toujours responsable de classe. Même à l’université ou encore en France, il a toujours occupé des postes de responsabilité. « J’ai toujours eu ce goût pour le militantisme, souffle-t-il. Rien ne m’importe plus que le développement de mon pays. Pour mon pays, je suis prêt à tout sacrifier. » Et depuis 2015 qu’il est retourné au pays pour la campagne présidentielle, Rufino d’Almeida n’a plus jamais passé deux nuits à Paris. « Mon bureau est encore dans l’état où je l’ai laissé jusqu’à présent », dit-il avant d’ajouter : « Ce n’est pas une passion de la politique qui m’anime. C’est la passion du développement. » Élu suite aux élections communales du 17 mai 2020, il dirige la ville-carrefour depuis le 09 juin 2020, alors que personne ne vendait cher sa peau. Conscient dès le départ des défis de sa cité, il affirme: « Mon seul souci, c’est comment faire pour changer la donne. »

Intimité: Un homme de loyauté

Rufino d’Almeida est marié, père de deux enfants. Si vous l’invitez à table, il aime bien du « atassi » et du bon dja avec du bon poisson. A défaut, faites-lui du bon « manyinyan » avec du lio. En période d’accalmie, lorsqu’il trouve son klouikloui appelé dans sa famille « maître gangbo », avec un peu de gari, il en fait son bonheur. Comme boisson, et en bon d’Almeida, il aime prendre de l’eau, si possible l’eau Kwabo qui est une eau minérale produite par un d’Almeida, ou encore l’eau Fifa. Si vous voulez être son ami, sachez bien que ce qu’il préfère par-dessus tout, c’est la loyauté.

La Rédaction

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