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Le triomphe de la vérité

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Edito: L’impasse est là


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Admettons que le gouvernement accepte aujourd’hui même d’accéder à la demande d’une frange de l’opposition qui exige que le mandat de Talon s’achève le 05 avril 2021. Admettons aussi que le parlement accepte l’idée de réviser à nouveau la Constitution en réponse à cette exigence. Il se trouvera de facto devant un obstacle majeur : la prochaine session ordinaire de l’Assemblée nationale a lieu en avril. Autrement dit, les députés seront obligés de se réunir en session extraordinaire en procédure d’urgence pour voter le texte qui leur serait soumis à cet effet. Or cette frange de l’opposition estime qu’on ne saurait réviser une loi fondamentale en procédure d’urgence.
Admettons même que le Chef de l’Etat, dans un grand aveuglement subit, accepte de convoquer ce que certains appellent les assises nationales. Cette sorte de conférence nationale bis déboucherait sur l’idée de réviser toujours à nouveau la Constitution et de la faire passer par voie référendaire, surtout pour éviter la procédure d’urgence jugée impropre à réviser une loi fondamentale. On passerait donc par voie référendaire, avant même d’aller à une nouvelle élection présidentielle pouvant faire élire un nouveau Président pour le 06 avril 2021. Pour cela il faudra une nouvelle COS-LEPI, une nouvelle CENA et peut-être même une nouvelle Cour Constitutionnelle, celle qui est là étant censée être à la solde de Talon. Il faudra donc la balayer pour assouvir les désidératas de ceux qui ne sont pas satisfaits. Et faire tout cela avant le 05 avril à minuit. Une telle célérité est proprement illusoire.
Dans les deux cas de figure où le régime Talon aurait dès aujourd’hui la meilleure volonté du monde pour rebattre toutes les cartes afin de repartir sur de nouvelles bases, il est impossible de respecter le délai du 06 avril brandi comme deadline absolu au-delà duquel Talon serait forclos.
E n prenant seulement la dernière hypothèse, celle de la convocation des assises dites nationales, cette décision reviendrait à dire que Talon balaie d’un revers de main les conclusions du dialogue politique de 2019 qui ont débouché sur la révision constitutionnelle. Il faut rappeler qu’en son temps, une frange de l’opposition radicale avait refusé de répondre à l’invitation du gouvernement. Qu’est-ce qui prouve que cette fois-ci les mêmes causes ne produiraient pas les mêmes effets ? Les mêmes querelles, les mêmes mésententes, les mêmes incompréhensions. Et ce n’est que normal. En démocratie, le consensus est un leurre. Tout consensus en démocratie cache une conspiration. Notre Conférence nationale qui reste une référence historique intangible ne fut pas consensuelle, la Constitution qui en a dérivé encore moins. Je l’ai dit et redit ici à plusieurs reprises. Les acteurs peuvent et doivent viser un minimum de compromis national, mais l’ériger en règle rédhibitoire est une vision surréaliste de l’essence même de la politique. Car la politique est avant tout bataille et conquête, menée par des acteurs qui partagent difficilement les mêmes points de vue.
Que personne ne se trompe donc. Les exigences d’une certaine frange de l’opposition radicale, même avec la meilleure volonté du monde, ne peuvent pas se concrétiser, même pas avant 2022.
En écoutant hier Joël Aïvo, on peut avoir le sentiment net que pour lui et ceux qui le suivent, les élections de 2021 n’auront pas lieu. Je peux même les entendre d’ici avril tenir conférence sur conférence, meeting sur meeting pour dire qu’ils ne reconnaissent plus Patrice Talon comme Président de la République. Comme ce fut le cas pour les élections de 2019 et 2020, je les vois déjà clamer que nous n’avons plus de Chef de l’Etat et que l’armée doit se mobiliser pour prendre le pouvoir.
Mais il est vain de le dire à nouveau : cette stratégie n’a pas marché en 2019, elle n’a pas marché en 2020 et ne marchera guère en 2021. Elle n’a pas fonctionné en Côte-d’Ivoire où Ouattara, même du fond de son illégitimité, s’est fait réélire.
Nous courons presque immanquablement vers un scénario à l’ivoirienne. Tandis qu’une partie de l’opposition se prépare activement à aller à l’élection, l’autre coalise autour de l’illusion d’un régime faible qui lui offrirait le pouvoir comme sur un plateau d’argent. Déjà, pour conjurer les objurgations des intégristes absolus, des candidatures sortent des manches. Et d’ici quelques jours, le Chef de l’Etat aura suffisamment d’adversaires pour aller aux urnes…
J’ai presque envie de dire que les jeux sont faits.

Par Olivier ALLOCHEME

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