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Le triomphe de la vérité

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Vie conjugale au Bénin: Le mariage à l’épreuve du concubinage et de l’adultère


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Les enfants qui naissent en concubinage ou encore les mariés qui commettent l’adultère interrogent les valeurs de notre société. Mais au fait l’infidélité semble être tolérée dans nos cultures, surtout si elle provient de l’homme.

Se marier avant de s’installer en couple est aujourd’hui rare et les personnes qui se marient le font de plus en plus tardivement. Un constat que vient confirmer le sociologue Auguste Takpé, enseignant à l’Université d’Abomey-Calavi. Auparavant, dit le sociologue, ce sont les parents qui décident de celle ou celui que leurs enfants doivent épouser. Ils  se chargent de l’organisation du mariage. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui où c’est la grossesse qui unit les jeunes. Pour lui, il est difficile de penser au mariage dans ce cas, puisqu’il s’agit plus de contrainte que de véritable union. « De nos jours, les jeunes fuient le mariage et ce qui les contraint à se marier c’est l’enfant ou la grossesse», dit il. Selon nos traditions,  quand une  grossesse survient avant le mariage officiel, l’homme est obligé d’aller demander la main de la fille. Dans ce cas,  il est difficile voire impossible de penser au mariage. Un avis qui sera soutenu par Germain Goukpoedou, Pasteur de l’Eglise évangélique des Assemblées de Dieu à Zoundja-Daho, dans la commune d’Abomey-Calavi. « Une union légitime de l’homme et de la femme n’est pas basée sur les enfants. Quand on a d’enfants avant de se marier, ce n’est pas digne d’un chrétien », soutient-il.

Les raisons

Plusieurs raisons expliquent cette pratique. Même s’il la trouve contraire à l’éthique de l’église, Germain Goukpoedou admet que l’ambition démesurée conduit les jeunes dans ces comportements. « Aujourd’hui, les jeunes s’aiment par des diplômes, la richesse … », confie-t-il. Par contre, pour  Aboudou Bachabi Alassane, Imam de la mosquée Calavi-Zogbadjè : « le sexe dès le jeune âge, l’ignorance de la spiritualité et le manque d’éducation, les problèmes de fécondité, la curiosité sont aussi à la base du phénomène ». Ces propos trouvent justification dans l’opinion du sociologue. Pour lui, bon nombre de couples choisissent d’abord de faire d’enfant avant de se marier. « On veut d’abord s’assurer que le couple peut avoir d’enfant », note-il.

Des risques manifestes

Malgré tout, les enfants issus du concubinage restent confrontés à des difficultés, au cas où l’un des concubins décède ou en cas de dissolution du concubinage.«Absolument, un conjoint survivant quel que soit l’ordre des autres héritiers, c’est-à-dire le dé-cujus (celui qui est décédé) s’il a laissé soit des descendants c’est-à-dire des enfants, légitimes ou naturels, ou s’il a laissé des ascendants c’est-à-dire un père ou une mère ou grand-père ou grand-mère, ou des collatéraux, ce sont les frères ou sœurs, même s’il a laissé tous ses ayant droit et s’il y a un époux survivant, que ça soit la femme ou le mari, la loi reconnait que cet époux puisse hériter »  fait savoir l’homme de droit Louis Ossou. « Dès que l’enfant naturel est reconnu par son parent, poursuit-il, il dispose et jouit des mêmes droits que les enfants légitimes. Dès qu’il est reconnu et dès qu’il y a mariage après, il est légitimé et malgré qu’il soit un enfant naturel il jouit des mêmes droits et reçoit l’héritage au même titre que les autres enfants, à moins qu’il ne soit frappé d’une autre indisponibilité ou incapacité qui l’en empêche. » Du côté de la religion, ces enfants ne sont pas reconnus et les chefs religieux pointent du doigt la malédiction. « Les personnes commettant l’adultère bien qu’étant mariées, s’exposent spirituellement à une grande malédiction, puisque l’enfant ne sera pas baptisé », prévient Abdoulaye Alassane représentant de la mosquée Hamdallah Calavi-Zogbadjè. « C’est un dérapage moral à l’éthique de la constitution de l’église », se désole Germain Goukpoedou qui pense que ce comportement ne saurait rester sans punition. Mais l’imam souligne qu’au Bénin, il est difficile de sanctionner les auteurs de ces comportements, contrairement aux pays islamiques.

La protection juridique

Me Oussou indique : « Si celui qui est décédé a laissé dans sa succession au nombre de ses ayant-droits des enfants, l’époux ou l’épouse qui a survécu reçoit le quart, c’est-à-dire 25% de son patrimoine et c’est le reste qui est partagé entre les enfants. Mais s’il n’a pas laissé de progéniture directe, pas d’enfants, mais a laissé des ascendants, l’épouse ou l’époux survivant obtient 50% du patrimoine et le reste est réparti entre les ascendants. Mais s’il n’a laissé ni ascendants, ni descendants directs, la totalité de son patrimoine revient au conjoint légitime. Il faut insister sur le terme légitime, c’est-à-dire que la personne doit être légalement mariée, avec le dé-cujus. Mais il ne faudrait pas que ce dernier soit frappé par une incapacité. Il ne faudrait pas qu’il ou elle soit l’objet d’un jugement qui le déclare incapable d’hériter ou de succéder. De plus, celui-ci ne doit pas être en situation de séparation de corps avec le dé-cujus. Il faudrait qu’il ou elle soit pleinement débarrassé(e )des liens du mariage». Au  terme de l’article 319 du code des personnes et de la famille, l’affiliation naturelle peut-être légalement établie par reconnaissance volontaire. L’enfant né hors mariage, une fois qu’il est reconnu par son parent, bénéficie de l’établissement de l’affiliation même si celle-ci est naturelle. La loi protège les enfants hors mariages au même titre que les enfants légitimes.

Alban TCHALLA, Elisée OUSSOU, Freud SODO, Rissicatou SALAMI, Aubierge PADONOU (stagiaires)

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