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Le triomphe de la vérité

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Edito: L’improbable unité


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La sortie médiatique de Lionel Zinsou le montre à nouveau. Face aux prochains enjeux électoraux, l’opposition exhibe le spectacle de ses déchirures internes. C’est Komi Koutché qui provoque en duel l’ex-premier ministre sensé être de l’opposition, en remettant en cause son diagnostic sur l’économie béninoise. C’est Lionel Zinsou lui-même qui répond à son ancien directeur de campagne d’il y a à peine quatre ans, en acceptant son duel. Et en précisant que ses propos ont été sortis de leur contexte. Il est vrai que l’économiste béninois ne faisait que donner son avis sur les économies africaines face à la pandémie du coronavirus. Le constat général réitéré par tous les économistes et les grandes institutions internationales, c’est que nos économies ont montré une plus grande résilience que les économies européennes ou américaines. Personne ne peut imaginer un Lionel Zinsou venir dire le contraire de ce constat général. L’ancien premier ministre n’a rien dit de nouveau, ni sur le Bénin (qui n’était pas le sujet principal de l’émission) ni sur les autres pays africains. Sur le Bénin par exemple, il n’a fait que confirmer ce que toutes les institutions internationales répètent à satiété depuis plusieurs mois.
Mais le drame, c’est qu’il fait partie d’une opposition qui s’est trouvée comme unique mission la négation du réel. Qu’est-ce que cela coûte à l’opposition de s’interroger non pas sur ce que disent les institutions internationales, mais sur les réelles bénéficiaires de l’embellie qu’elles constatent ? A la place de ceux qui s’en prennent à Zinsou dans une démarche sans issue, il aurait été plus pertinent de se demander si les paysans perçoivent réellement les fruits de leurs efforts. Est-ce que les agents de l’Etat, les femmes dans nos marchés ou les artisans dans leurs ateliers bénéficient réellement de cette croissance? Voilà une démarche qui permettrait aux opposants de ne pas donner le spectacle hideux auquel ils s’adonnent actuellement. Le déchirement actuel montre une ligne de faille devenue irréconciliable.
D’une part, nous avons une opposition dite modérée incarnée par les FCBE insidieusement rejoints désormais par Lionel Zinsou. Elle entend faire une opposition raisonnable, non pas en s’alliant au pouvoir, mais en le dénonçant sur les points faibles de sa gouvernance. Cette opposition n’a abouti à cette conclusion qu’en tirant leçon des échecs et fourvoiements du passé. D’autre part, il y a l’opposition radicale qui trouve son point d’appui dans la négation systématique des actions du régime Talon. Elle veut trouver dans chaque mot prononcé, dans chaque route goudronnée et dans chaque milliard dépensé, le motif de sa virulence. Il en est ainsi par exemple de Candide Azannaï qui est allé jusqu’à taxer de « villageoiserie » le style d’une salle d’audience de la présidence que Patrice Talon a commis le tort impardonnable de meubler et de décorer avec des œuvres d’artisans béninois. En dehors du parti Les Démocrates qui se situe formellement dans cette démarche, il y a les anciens partis comme Restaurer L’espoir et l’USL. Ils ne veulent pas entendre qu’un seul membre de l’opposition ne tienne pas le même langage qu’eux. A savoir que Talon est un dangereux dictateur, un tueur et un pilleur de l’économie nationale. Tous ceux qui tentent de nuancer leurs opinions sont systématiquement traités de vendus, quel que soit le camp auquel ils appartiennent.
Voilà donc une opposition qui, à sept mois des échéances cruciales de 2021, affiche des déchirements irréconciliables en son sein. Pendant ce temps, que se passe-t-il au sein de la mouvance présidentielle qui contrôle la réalité du pouvoir ?
Malgré les luttes de clans consubstantielles à la politique elle-même, la mouvance au pouvoir garde son homogénéité. Elle soutient son champion dans une discipline « librement consentie », comme on disait sous le PRPB. C’est-à-dire que jusqu’ici, sauf une improbable catastrophe, même les parrainages des élus seront décidés et octroyés sans indiscipline. L’architecture des partis de la mouvance est à ce point rigide qu’il est impensable que les députés ou les maires accordent des parrainages, sans s’attendre à de violentes mesures de rétorsion.
Une leçon pour l’opposition ? Probablement. Dans les mois à venir, il faut espérer que les aventures solitaires, les bravades contre la loi et surtout contre la nouvelle constitution prennent la mesure des dérapages internes qu’entraine ce type d’attitude politique. A savoir qu’elles éloignent de l’essentielle unité d’action pour la conquête du pouvoir.

Par Olivier ALLOCHEME

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