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Le triomphe de la vérité

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Edito : Le jeu du parrainage


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L’opposition béninoise est convaincue qu’elle remportera la présidentielle de 2021. Elle exhibe comme preuve irréfutable les chiffres de l’élection communale dont le taux de participation estimé à 49% représente à ses yeux la plus grande capacité de mobilisation du régime Talon. Ainsi donc, ce sont uniquement les pro-Talon qui seraient allés voter le 17 mai, les autres ayant boycotté le scrutin. Tout calcul fait, si les 51% de boycotteurs s’ajoutent à ceux qui sont allés voter malgré tout pour sanctionner Talon et son régime, il n’y a plus l’ombre d’un doute : la Rupture partira l’année prochaine.

                Mais pour y arriver, il faudra déplacer une montagne, à savoir modifier l’article 44 nouveau de la constitution. Cet article stipule que nul ne peut être candidat à l’élection présidentielle au Bénin, s’il n’est parrainé par des élus, selon des modalités définies par la loi. Et précisément le code électoral fixe à 16, le nombre d’élus (maires et/ou députés) qu’il faudra totaliser pour candidater. Bien entendu, la seule possibilité pour l’opposition de respecter cette disposition, c’était de participer tout au moins à l’élection communale, de façon à disposer d’un nombre conséquent de maires. Mais elle a été réduite aux FCBE aile Hounkpè dont Boni Yayi a déjà dit qu’il est le troisième bloc de la mouvance présidentielle. Même avec 7 élus, les FCBE auront fort à faire pour mobiliser 9 autres élus. Le régime a tout fait pour verrouiller cette possibilité. Les positionnements opérés par les deux partis de la mouvance ont mis à l’écart ceux qui pouvaient basculer au dernier moment. Certains députés de la mouvance, connus pour leurs accointances avec l’opposition, ont pensé qu’il était possible de rester dans l’ombre pour positionner les leurs afin de marchander les signatures le moment venu. C’est compter sans la vigilance des partis engagés qui ont travaillé à éliminer un à un tous les éléments suspects. Même si aucune surprise n’est à exclure, il faudra un véritable tremblement de terre pour que l’opposition qui a fait la politique de la chaise vide, puisse réunir 16 signatures.

                Et c’est pour cela qu’un coup de force est la solution la plus envisageable à l’heure actuelle. Ce n’est pas qu’il n’a pas encore été tenté, ce coup de force. Souvenez-vous, l’année dernière, une tentative de coup d’Etat a été déjouée. Elle faisait suite à l’échec des soulèvements populaires planifiés pour renverser le régime. Une bonne partie des conspirateurs de ce putsch manqué sont aujourd’hui derrière les barreaux. D’autres sont en fuite. Mais le régime Talon sait que les commanditaires n’ont pas déposé les armes.

Depuis hier, un mouvement a été lancé avec des activistes du « Non au parrainage ! » De conférence de presse en conférence de presse, on assistera bientôt à des rassemblements destinés à créer une vague anti-parrainage. L’objectif ultime est de créer tellement de troubles que le pouvoir sera obligé de procéder soit à une révision constitutionnelle soit à une relecture du code électoral, de façon à permettre à l’opposition de participer au scrutin. Sur ce terrain, il faut s’attendre à tous les coups, y compris à des tentatives de déstabilisation même armée. Car pour l’opposition qui ne reconnait ni la nouvelle constitution ni le parlement qui l’a révisée, la seule manière de montrer sa force est d’obliger le régime à reculer.

                Et la question qui se pose est celle-ci : Patrice Talon reculera-t-il ? Et surtout, reculera-t-il pour affronter un opposant l’année prochaine ?

                A ces deux questions, la réponse est presque évidente. Le Chef de l’Etat n’a jamais fait volte-face, surtout pas en matière politique. Même s’il décide de ne plus se présenter et donc de ne faire qu’un seul mandat, il trouvera forcément les moyens d’assurer ses arrières. Patrice Talon est tout sauf naïf. L’opposition compte avant tout sur sa capacité de mobilisation populaire pour atteindre ses objectifs. Le recours à la communauté internationale, dans un contexte marqué par le désengagement progressif de la diplomatie béninoise du théâtre international, sera exploité à fond. La mise en place annoncée d’un nouveau parti d’opposition est aussi une arme non négligeable. Car, au fond, en choisissant de ne reconnaître ni la constitution ni le code électoral, elle sera contrainte d’opter pour un passage en force.

                Ceux qui peuvent comprendre l’ont déjà compris : le gouvernement devra se préparer au pire.

Par Olivier ALLOCHEME

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