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Le triomphe de la vérité

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Eugène DOSSOUMOU, SAP/BR invité de «Sous l’arbre à Palabre » de l’Evènement Précis: « Le Bloc républicain va marquer ce pays »


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Eugène DOSSOUMOU

Ancien sous-préfet de Savè et Savalou et ancien Secrétaire Général du Gouvernement, Eugène DOSSOUMOU, militant de base de l’ex Fard-Alafia et actuel Secrétaire Administratif Permanent (SAP) du parti Bloc Républicain (BR) connait aussi bien les milieux de commandement territorial que les acarnes du pouvoir pour y avoir travaillé pendant de longues années. C’est cette personnalité riche  en expériences politiques qui est l’invité de la rubrique « Sous L’Arbre à Palabre » de l’Evénement Précis au lendemain des communales du 17 mai 2020.  Eugène DOSSOUMOU a saisi l’occasion de son passage  pour se réjouir des résultats des communales 2020 pour lesquels son parti, le Bloc Républicain s’est positionné au second rang, avec 37,38% des sièges, derrière son frère jumeau, l’Union Progressiste. Un résultat qui, selon le SAP/BR, témoigne non seulement des efforts consentis par les acteurs politiques membres du Bloc Républicain mais aussi, de leur ambition à faire du BR, le plus grand parti national. Aujourd’hui, principal artisan du régime Talon, Eugène DOSSOUMOU loue la gestion du pays sous l’ère de la rupture à travers la réalisation des projets de développement dans plusieurs communes du Bénin. Pour la pérennité de ces acquis,   cet administrateur civil à la retraite et haut cadre natif de Savè milite fortement pour la poursuite des projets phares à travers un second mandat qu’il appelle les populations à accorder au Chef de l’Etat, Patrice Talon à  l’échéance présidentielle de 2021.  « Ce serait une grosse perte pour le Bénin que le Président Talon ne fasse pas un second mandat »  déclare-t-il, avec vigueur.

Et si on en parlait

Il y a quelques jours la CENA a proclamé les résultats des élections communales. Le BR s’en est sorti avec 37,38% des sièges. En êtes-vous satisfaits ?

Nos impressions sont très bonnes dans la mesure où nous comptons parmi les deux partis les plus performants. C’est le fruit d’un travail qui a commencé depuis un certain temps et qui a abouti à ces résultats. C’est le lieu de remercier et de féliciter tous ceux qui ont été impliqués, en premier lieu le Secrétaire général de notre parti, le Ministre d’Etat Abdoulaye BIO TCHANE, tous les membres du Bureau Politique, ceux du Bureau Exécutif National, nos coordonnateurs départementaux respectifs et toutes les coordinations communales ad’hoc que nous avions mises en place ainsi que tous les militants du parti Bloc Républicain. Je salue également tous les candidats qui ont porté haut l’étendard du parti Bloc Républicain. Que tous se retrouvent dans ces résultats et trouvent ici l’expression de nos félicitations, encouragements et exhortations pour les échéances à venir.

Vous attendiez-vous à ces résultats ?

On s’attendait à mieux. Aucun parti politique ne va aux élections pour se retrouver deuxième ou troisième. Notre ambition était de gagner ces élections, de confirmer que le Bloc Républicain est un parti qui couvre non seulement l’ensemble du territoire national, mais qui doit prouver son statut de premier parti à partir du nombre de sièges qu’il aurait gagnés au cours de ces échéances. Ces résultats nous réconfortent, nous sommes contents mais, on aurait souhaité mieux.

Est-ce qu’au déroulement du vote, vous avez été satisfait au regard des tentatives de fraudes qu’il y a eu un peu partout ?

Cela ne manque pas. Lorsque vous allez à ces compétitions, vous ne pouvez pas vous attendre à ce que tout soit parfait. Nous, en tant que Bloc Républicain,  avons des griefs contre certains partis ayant pris part à ces élections, avec nous. De la même façon, certains ont aussi relevé des choses contre nous. Tout ceci doit s’accompagner de preuves pour permettre au juge du contentieux électoral de se prononcer.

Vous irez donc devant la Cour suprême pour le contentieux ?

Bien sûr que nous irons devant le juge, s’il y a contentieux.

Visiblement, le Bloc Républicain et l’Union Progressiste ne sont pas des frères jumeaux ?

Nous ne sommes pas des ennemis non plus. Lorsque vous naissez de même père, même mère comme on le dit en langage courant, que vous soyez des jumeaux ou pas, l’enfant que les parents  félicitent, c’est celui qui rapporte du trésor à la maison. Même les Saintes Ecritures nous enseignent, dans la parabole du Maitre qui en partant pour un voyage a distribué des talents à ses serviteurs. A son retour, il a demandé des comptes, les deux serviteurs les plus méritants lui ont rapporté le double, chacun au prorata du capital reçu. Celui qui a reçu cinq talents a reversé dix au maître ; celui qui en a reçu deux a reversé quatre au maître. Le troisième partisan de moindre effort n’a rien rapporté. Qu’est-ce le maître a  ordonné ? Il a dit d’arracher au fainéant le seul talent qui lui a été remis et de le donner à celui qui en a rapporté dix. C’est en ces termes que les choses se passent. Cela ne veut pas dire que le serviteur le plus méritant est devenu l’ennemi du moins méritant. Nous avons été envoyés en mission par notre maître commun. Nous ne sommes pas des ennemis. Nous sommes des frères et souhaitons le demeurer tout en étant conscients que notre père commun ne félicitera et ne bénira que celui d’entre nous qui aura bien accompli sa mission.

La campagne a été rude entre le BR et l’UP dans plusieurs communes

C’est vrai et c’est l’exemple de Calavi, Bohicon, Savè, Parakou, Porto-Novo, Cotonou et ailleurs. Mais ce n’est pas entre l’UP et le BR seuls que la campagne a été rude. Elle l’a été entre tous les cinq partis en compétition.

A la veille des élections, on a connu une flopée de ralliements au BR. Comment expliquez-vous qu’avec ces ralliements, vous ne soyez pas premier au plan national ?

Contrairement à ce qu’on aurait pensé, les ralliements de dernière heure n’ont pas souvent d’effets. Si vous ne savez pas gérer ces ralliements de dernière minute, cela peut porter préjudice à la bonne entente et déstabiliser la famille.  Ces ralliements ont été ce qu’ils ont été. Nous les apprécions à leur juste valeur mais je ne peux pas dire qu’ils ont eu d’effet sur le travail de base que faisaient ceux qui sont réguliers et présents dans la famille.

Cela dit, tous les autres partis aussi ont connu des vagues de ralliements. Pour autant tous n’ont pas été premiers.

A l’issue des résultats, le BR est sorti diminué dans ses fiefs, notamment au Nord et au centre.

Nous sommes un peu peinés quand on colle l’étiquette au BR d’appartenance à une région du pays plutôt qu’à une autre. Le système partisan qui  fait son petit bonhomme de chemin, n’a pas pour vocation de faire des partis de telle ou de telle région. Si quelqu’un est encore dans ce schéma, c’est qu’il n’a pas encore compris l’esprit de la réforme du système partisan.

Je suis heureux de constater que le Bloc Républicain a percé dans des zones où on ne vendait pas chère sa peau. Aujourd’hui, nous discutons sérieusement  Porto-Novo avec notre frère UP. C’est pareil dans d’autres localités. Si je prends l’exemple du département du mono, le BR a été crédité de 3 communes sur 6. Va-t-on dire que le Mono est le fief du BR ou ne l’est pas ? Et là, ce n’est que les résultats provisoires disent. Nous ne savons pas ce qu’il en sera des résultats définitifs. Que d’autres partis aient la possibilité de gagner là où nous pourrions définir comme étant notre fief, je pense que c’est la démocratie béninoise qui gagne son pari. Je souhaite que ce système partisan qui s’instaure progressivement, parvienne à laver de la mentalité de nos compatriotes, cette étiquette qu’on colle à chacun de nos partis politiques. En effet, il y a beaucoup de partis qui se plaignent des agissements des membres d’autres partis au point où on estime que tel parti est de telle région et que tous les natifs de la région doivent militer dans ce parti ou se plier aux injonctions des responsables dudit parti. Ce sont des thèmes de campagne des gens en panne d’imagination. On ne peut pas surfer sur le thème du régionalisme pour bâtir un parti. Au Bloc Républicain, nous croyons fondamentalement aux valeurs républicaines, aux valeurs d’unité nationale. Nous voulons donner un sens à la devise qui fonde la nation béninoise et ce n’est pas pour rien que les pères fondateur de la République du Bénin ont cru devant mettre la « Fraternité » comme première valeur à cultiver. Cela veut dire que le Béninois, où qu’il se trouve, qu’il soit acteur politique ou non, est d’abord frère de l’autre Béninois. Si on ne croit pas à ces valeurs, cela voudra dire que nous ne sommes pas encore prêts à bâtir une nation. C’est une question d’importance capitale et il y a beaucoup de choses qui se disent sur le sujet.

Au Bloc Républicain, nous n’avons pas de limite sur le plan national et nous voulons gagner partout.

Comment le Bloc Républicain a préparé ces élections pour gagner autant de sièges ?

C’est le lieu de nous en réjouir mais nous aurions pu en gagner davantage. Notre ambition de départ était d’avoir 40 voire 45% des sièges. Mais, le résultat obtenu est la suite d’une longue préparation et de formation de nos militants. Je suis en train de faire une expérience extraordinaire au niveau du BR. C’est vrai que tout n’est pas parfait et que nous sommes une jeune formation politique en chantier. Le BR n’est pas bâti sur un socle existant. Le Bloc républicain est comme une entreprise dont chacun contribue au capital social. Ailleurs, vous constatez qu’il y avait déjà un noyau autour duquel gravitent d’autres partis ou personnalités. Il y a déjà une moule et quand vous venez, vous êtes placée dans la moule pour prendre votre mesure. Si votre taille n’est pas compatible, on vous demande gentiment de vous retirer. Au BR, nous n’avons pas de camisole confectionnée et prête à porter. Nous sommes ouverts et resterons toujours ouverts. C’est ce qui explique également le fait des ralliements que vous avez constatés. Au BR, tout le monde a sa place et nous sommes conscients que nous bâtissons quelque chose de solide. Nous n’avons pas encore atteint les résultats à la mesure de nos ambitions mais ça ne tardera pas. Il nous suffit de continuer de travailler comme nous le faisons et en nous faisant confiance. Nous sommes sûrs que nos efforts d’aujourd’hui porteront bientôt leurs fruits.

Le travail qui se fait au BR aujourd’hui est un travail en profondeur.

Comment expliquez-vous l’engouement des populations qui ont fortement participé aux communales, contrairement aux élections législatives ?

Je me réjouis que dans une période d’un an, on soit passé d’un taux de 27% à un taux légèrement en-dessous de 50%.  C’est comme si nous étions passés du simple au double. Je voudrais m’en réjouir et passer par ce canal pour féliciter tous ceux qui y ont travaillé  au jour le jour : le Président de la République, les Présidents de toutes les institutions de la République, les organes chargés de l’organisation des élections, les partis politiques, toutes chapelles confondues et surtout le peuple béninois.

Vous comprenez aussi qu’il y a un an, nous étions au début d’une nouvelle expérience. Ce n’est pas du tout facile aux populations d’internaliser tout ce qui est nouveau, y compris même les dirigeants. J’allais aussi dire que le régime actuel est venu en 2016, il s’est engagé dans des réformes. Des réformes qui ne sont en rupture avec ce qui se passait depuis 1990. Des gens étaient habitués à un système qui a duré dans le temps. En 2019, c’est la première expérimentation des nouvelles réformes, donc les Béninois se sont retrouvés dans un autre système presque du jour au lendemain. La réaction de l’humain dans ce contexte est de résister au changement et ce sont ces résistances que nous avons connues en 2019. Je suis soulagé qu’un an après, tout le monde se retrouve dans ce système et commence par participer. Je voudrais souhaiter que cela aille crescendo et que de 50% d’aujourd’hui, nous passions dans un an,  c’est-à-dire pour la présidentielle, à un taux plus élevé.

Vous avez voté à Savè qui a connu des violences il y a quelques mois. Est-ce que cette ville est totalement acquise à la réforme du système partisan ?

Le calme est revenu et c’est à l’actif de tous les acteurs politiques et sociaux de Savè. C’est-à-dire, les têtes couronnées, les cadres, les acteurs politiques qui n’ont pas cessé de travailler, d’aller vers les autorités centrales, d’aller vers les différentes couches de la population de Savè pour parler et dire : « la démocratie offre à chacun la possibilité de s’exprimer. Mais lorsque vous n’êtes pas d’accord avec un régime, vous n’avez pas besoin de sortir avec des bâtons, des coupe-coupe pour exprimer votre mécontentement. Attendez, les urnes sont là et vous aurez l’occasion de vous exprimer en hommes civilisés. » Aujourd’hui, suivant les résultats donnés par la Cena, puisque vous me donnez l’occasion d’en parler, il faut comprendre que c’est le parti Fcbe qui a émergé. S’ils avaient fait du bruit, est-ce qu’ils auraient cette occasion de s’exprimer pour que les pouvoirs publics les comprennent ? Ils n’auraient pas eu cette occasion. Ce n’est que ça qu’on demande puisque aujourd’hui au Bénin on ne peut pas dire qu’il n’y a pas d’espace pour s’exprimer   librement. S’il y a ces espaces,  je crois que le mieux est de les saisir, au lieu de préférer la violence. Comme je l’ai dit à maintes occasions, la violence ne mène à rien du tout. Vous faites la violence mais vous êtes encore obligé de vous asseoir pour faire la paix  et régler tout ce que la violence a engendré de mauvais. Pourquoi alors ne pas privilégier le dialogue, la paix que de rentrer dans les violences ? Permettez une fois encore que je salue toutes ces personnes  qui se sont donné chaque jour la peine d’aller à Savè pour parler aux parents, aux jeunes, aux femmes, pour que cette paix revienne. Tout le monde étiquetait Savè comme étant la zone rebelle mais vous voyez que pour cette élection,   personne n’a  sorti d’arme dans la région, tout le monde s’est exprimé librement. Savè était en réalité l’arbre qui cachait une forêt plus touffue. Aujourd’hui, la conduite adoptée par la commune de Savè a permis de révéler au grand jour qu’il n’y a pas de problème à Savè mais qu’il y a juste quelques frustrations et autres. 

Quelques jours seulement après la proclamation des résultats des communales par la Cena, l’installation des conseils communaux n’a pas tardé à démarrer dans plusieurs régions du pays et de nouveaux maires sont déjà connus. Comment vivez-vous cette nouvelle étape importante du processus électoral en cours au niveau du parti Bloc Républicain ?

C’est un surcroît de travail pour les directions des partis. Ce n’est pas du  repos contrairement à ce  qu’on aurait cru au lendemain  du scrutin. Les négociations, les conciliabules à l’intérieur des partis sont aussi éprouvantes que les arbitrages pour les listes électorales. Je vis une expérience extraordinaire dans le management des hommes politiques. Aucune commune mesure avec l’administration. C’est extraordinaire.

Il y a quelques semaines, vous avez laissé entendre que tout Savè est avec Talon mais on se rend compte aujourd’hui que l’opposition a pris Savè ; comment comprendre cela ?

Je voudrais rectifier, puisque je ne sais pas à quelle occasion j’ai tenu ces propos. Cependant c’est l’ambition. Cela dit, lorsque vous prenez ces résultats, ce sont des élections locales et les décomptes se font selon le mécanisme mis en place par la loi. Et donc, si vous vous référez à ces décomptes, vous comprendrez que celui qui a dit que tout Savè est pour TALON, puisque ce n’est pas moi, ne serait pas très loin de la réalité puisque  la majorité de Savè est avec Talon. Allez au décompte des voix, et vous verrez que ceux qui sont pour le président Talon sont plus nombreux que ceux qui ne le sont pas. Je le dis parce qu’il y a plusieurs partis de la mouvance qui ont tous eu des voix et mis ensemble, ils sont largement supérieurs à ce que l’opposition a eu.

Est-ce que le poste de maire reviendra forcément  à la mouvance présidentielle à Savè ?

Selon les résultats proclamés par la Céna, je crois comprendre que nos frères des Forces cauris pour un Bénin Emergent (Fcbe) ont les 10 sièges et ont donc la majorité absolue à Savè. Le nombre de sièges à Savè, c’est 19 et la loi dit que celui qui a la majorité absolue l’emporte. La majorité absolue dans ce cas, revient aux Fcbe et je l’ai dit ici, nous sommes des adversaires politiques certes, mais nous demeurons des frères. Moi, je ne suis pas gêné de rendre visite à des frères FCBE, à des amis FCBE, discuter avec eux, dialoguer avec eux sur ce qui touche au développement de Savè ; et j’en connais parmi eux qui sont dans le même état d’esprit.  Nous partageons le même élan de fraternité.  Cela veut dire que si ce sont eux qui gagnent la mairie, nous les félicitons pour cette victoire. Nous sommes dans une compétition et quelqu’un doit gagner. Si c’est eux qui gagnent, c‘est bon mais si c’est nous qui gagnons, il faudrait qu’ils aient également le même fair-play pour accepter que nous sommes leurs frères et que c’est nous qui avons gagné.

Savè c’est un ministre au gouvernement, un député, beaucoup de cadres nommés dans les directions et institutions et malgré tout ce beau monde là, vous avez eu ce résultat.  N’est-ce pas un échec ?

On peut dire que c’est un échec à priori, mais il faut aller dans les détails. C’est vrai que Savè a un ministre mais notre ministre n’est pas politique. Elle n’intervient pas sur le terrain politique et donc, on ne peut pas lui coller l’étiquette des résultats que nous avons eus. Pareil  pour les DG et autres     cadres que vous avez bien cités. Le Bloc Républicain tient beaucoup à la bonne marche des biens publics confiés à ses militants nommés directeurs généraux et autres. De ce fait, leur implication dans la chose politique est limitée, de peur que cela ne serve de prétexte d’une éventuelle mauvaise gouvernance des affaires de l’Etat qui leur sont confiées. Donc, exit ces cadres, ces DG et exit notre ministre qui revendique d’ailleurs son caractère apolitique. Pour ainsi dire, de tous ceux-là que vous avez cités, c’est peut-être le député  qui est le principal acteur politique en vue de la localité.

Un député que la population rejette ?

Ça, je ne le sais pas.

C’est ça que la population vient de démontrer !

C’est vous qui le dites. Et si c’est le cas, je crois qu’il faut trouver le moyen de réconcilier le peuple avec son élu. Si véritablement le fossé est aussi grand entre le peuple et l’élu, il faut trouver le moyen de corriger cet état de chose.

Hier secrétaire général du gouvernement et aujourd’hui secrétaire administratif du Bloc Républicain, avec les résultats proclamés par la Cena, quelles sont vos impressions ?

Hier secrétaire général du gouvernement, j’étais fonctionnaire. Le secrétaire général du gouvernement, comme on le dit, est le premier fonctionnaire de l’Etat et c’est ce que j’avais été. Fonctionnaire, il n’avait pas de décision ; il exécute les décisions des pouvoirs politiques. Je voudrais faire cette nuance. Aujourd’hui secrétaire administratif permanent du BR, je suis totalement et complètement dans la politique. J’assume, comme tous les autres acteurs politiques  du Bloc Républicain, les résultats qui sont les nôtres pour y avoir contribué. Est-ce que Eugène Dossoumou  se sent concerné par les résultats ? C’est oui. Je les assume  et je me sens complètement responsable des résultats que le BR  a obtenus   lors de ces élections.

Vous aviez représenté personnellement le Chef de l’Etat  au sein du comité préparatoire du congrès du Bloc Républicain et vous avez représenté le parti à plusieurs instances de décision. Est-ce qu’on peut dire aujourd’hui qu’Eugène Dossoumou est l’homme clé du système Talon ?

Je ne sais pas trop. Ce qui est sûr, c’est qu’Eugène DOSSOUMOU a muté de son statut purement administratif d’alors à son statut aujourd’hui d’homme politique. J’ai eu effectivement l’honneur comme vous le dites, d’avoir été choisi par le président Talon, pour le représenter au sein du comité préparatoire du congrès constitutif du parti Bloc Républicain. C’est un honneur pour lequel je ne cesserai jamais de remercier le chef de l’Etat parce que c’est la marque d’une grande confiance. Que le premier citoyen vous choisisse parmi tant d’autres pour vous confier une mission, j’en suis très honoré et je le remercie. De là, à me choisir comme secrétaire permanent du Bloc Républicain, je crois que cela s’inscrit  dans le registre de la confiance renouvelée. Je le dis parce que j’étais de ceux qui ont préparé, conçu et porté comme si c’était un fœtus,   le Bloc Républicain. Sans fausse modestie, je le revendique à juste titre parce que c’est la vérité. Mais, cela fait-il de moi l’homme clé du système Talon ? Je n’en ai pas la prétention. Ce serait trop prétentieux de ma part de dire que je suis l’homme clé  du système Talon, mais je ne n’occulte pas le fait que je pourrais être l’un des hommes en qui le Président accorde d’attention. Pas plus.  Et s’il y a des missions pour lesquelles le Chef de l’Etat pense que je suis capable de faire quelque chose, je suis disponible. Encore une fois, je le remercie pour cette marque de confiance qu’il me fait. Je sais qu’il ne le regrettera pas car je ne le décevrai pas.

Comment appréciez-vous le mode de gouvernance de l’actuel régime par rapport à l’ancien ?

C’est deux systèmes différents conçus par deux hautes personnalités aux tempéraments et styles différents. Tous les deux sont mes patrons. Est-il décent pour un collaborateur de juger son chef ? Je ne crois pas. Non pas que je veuille dire qu’ils sont parfaits, ni pour les flatter. Non. Aucun d’eux n’a besoin de ça. Ils sont ce qu’ils sont et font ce qu’ils peuvent pour ce pays. Mais ce qu’on peut dire globalement, ce sont deux hommes aux styles totalement différents, aux visions complètement différentes et qui font ce qu’ils peuvent pour que ce pays aille de l’avant.

Hier serviteur de YAYI, aujourd’hui serviteur de TALON ?

Lorsqu’un citoyen comme moi ou un autre est appelé à  une tâche dans la cité, ce n’est pas forcément celui qui l’a appelé et qui lui a confié la mission qu’il sert. Il sert en fait la cité. C’est vrai qu’il sert le pays dans la droite vision de celui qui lui a confié la mission. Donc serviteur de x ou de y n’est pas approprié à mon sens. Le dire comme vous le dites peut tendre à personnifier le service public. Ce qui est contraire à l’essence même de l’administration et de l’Etat en général.

Est-il plus stressant de travailler avec le Président Yayi qu’avec le Président Talon ?

Je ne travaille pas avec les deux dans les mêmes fonctions et les mêmes conditions. Mais je peux dire que c’est plus digeste avec le Président Talon. Vous comprenez mieux ce qu’il veut. Quand il n’est pas d’accord avec vous, il vous le montre. Et le collaborateur sait ce que son chef veut.

Est-ce que vous n’avez pas l’impression que la rigueur du Président Talon le dessert un peu auprès des citoyens les plus vulnérables ?

Je ne crois pas. Mais auprès des citoyens qui se croient au-dessus du bas peuple et qui malheureusement sont ceux qui font l’opinion. Avez-vous jamais vu une maison qui avance sans que le père de famille n’ait un minimum de rigueur ? Je n’ai jamais connu une maison où on voit les choses avancer sans que le père n’ait un minimum de rigueur. La rigueur dont on parle, ce n’est pas de la méchanceté, parce que d’aucuns ont tôt fait de confondre cette rigueur à de la méchanceté, de la sévérité. Les mots ont leur sens. Moi, j’aime cette rigueur. Si ça me frappe, je sais que c’est parce que j’ai manqué à mon devoir que la rigueur s’exprime contre moi.

Est-ce que vous avez l’impression que les populations de Savè comprennent la pertinence de la lutte que le Président de la République mène contre la corruption ?

Je n’ai pas connaissance, à moins que ma mémoire faillisse, qu’un fils de la commune de Savè ait été arrêté dans des dossiers de corruption. Un cadre de la commune de Savè pris dans les liens de la corruption, peut-être que je n’ai pas connaissance de certains dossiers. Pour répondre à votre question, il faut être juste avec les gens. Des exemples des personnalités qui ont été prises pour des questions de corruption ou de mal gouvernance sont légions, tant du côté de la mouvance présidentielle que du côté de l’opposition. Si à ce niveau, des gens parlent de lutte sélective, je ne sais pas ce qu’ils veulent dire véritablement. Mais pour ma part, je sais qu’aujourd’hui, vous ne pouvez pas vous prévaloir de votre proximité avec le Président Talon pour poser des actes de mal gouvernance et être sûr que vous serez protégé. En tout cas, ça peut être des actes posés antérieurement. Il y a des gens, je ne veux nommer personne, qui ont été promus et dès qu’on a découvert par la suite qu’ils avaient posé des actes de mal gouvernance, ils sont été arrêtés. Ceux qui sont aujourd’hui en prison pour des actes de corruption et autres, ils sont nombreux. Mais il n’y a pas que ceux qui ne sont pas du même côté que le Président Talon. Moi je souhaiterais qu’on soit juste dans les jugements. Mais ce qu’il faut aussi retenir, c’est que quel que soit le régime, les mêmes critiques reviennent de façon récurrente. Ce discours a été aussi entendu au temps du Président Yayi. On disait à l’époque que c’est parce que vous n’êtes pas de la bonne région que vous êtes ci ou que vous n’êtes pas ça. C’est des critiques qui arrivent parce qu’il y a des fautifs qui ne veulent pas assumer.

Lorsqu’on prend la commune de Savè, quelles sont  les réalisations tangibles qu’on peut mettre à l’actif du régime Talon?

Très bien. Encore une fois merci. Les gens ont tendance à faire croire que nous suivons le régime Talon et que notre localité ne bénéficie de rien. Ça c’est un jugement qui n’est pas juste. Aujourd’hui, déjà même avant le régime du Président Talon, il y avait des projets que la population avait soumis au Président Yayi Boni. Ça n’a pas tellement changé, c’est presque les mêmes projets qu’on a soumis au Président Talon. De quoi s’agit-il ? Vous savez, nous habitons le département des collines où le problème primordial de toute la population, c’est l’eau, à cause de la morphologie du sol de chez nous. Celui qui nous donne de l’eau, écoutez, il est considéré comme un messie chez nous. N’importe qui arrive, qu’il soit Dieu, qu’il soit diable, le problème que tout le monde lui pose, c’est le problème de l’eau. L’autre problème, c’est celui de l’électricité. Vous comprenez qu’au jour d’aujourd’hui, l’électricité n’est plus un luxe. C’est un facteur du développement économique. Donc les populations des Collines, de façon légitime, aspirent également à obtenir de l’électricité et de l’électricité de qualité. N’importe quel régime vient, on lui soumet ça. L’autre chose, ce sont les routes, la communication entre nos différentes agglomérations. A n’importe quel régime, on pose quand même ces problèmes. Pour ce qui concerne particulièrement la zone de Savè, nous avons coutume de demander  les routes Savè-Kétou ou Kétou-Savè. C’est pour nous une route importante. Il y a un tronçon d’à peu près 25km que nous dénommons la route Savè-Oké Owo. A n’importe quel régime, nous posons ce problème. Si je dois faire le bilan aujourd’hui, sur le plan éducatif, depuis même le régime du Président Kérékou, nous avons posé le problème de l’université, ne serait-ce que l’université agricole pour la région de Savè. Donc si quelqu’un ne nous réalise pas ces choses-là, il a beau inventer autre chose, les populations ne sentent pas l’impact. Ça c’est la vérité intrinsèque. Quand nous faisons le bilan aujourd’hui, il y a d’autres choses, d’ailleurs même je ne peux pas être exhaustif sur ces questions-là. Mais ces quelques petites choses que j’ai citées sont déjà grandes devant nos populations. J’assume les dix ans du régime du Président Yayi, ce n’est pas pour me dérober. Écoutez-moi bien, ce n’est pas pour me dérober. Sur ces problèmes que nous avons posés, quelles solutions avons-nous eues?

Dites-le ?

Qu’est-ce qu’on a eu? Mais on n’a rien eu. En tout cas on n’a pas eu ces choses que je viens de citer.

Mais il y a eu des pavages à Savè?

Laissez-moi vous parler. Où est ce qu’il n’y a pas eu de pavage? Je vous dis, nous avons des problèmes spécifiques qui nous tiennent à cœur qui sont nos problèmes à nous. Celui qui nous règle nos problèmes, c’est celui qui pour nous a travaillé pour nous. En dehors des deux principales voies dont j’ai parlé, nous avons le problème d’hôpital de zone de Savè-Ouèssè. Cet hôpital de zone nous l’avons eu de haute lutte depuis le temps de la ministre Céline Kandissounon, si vous vous en souvenez, sous le général Kérékou. C’est moi en tant que sous-préfet de Savè, qui ai signé le premier arrêté de donation de terre pour la construction de cet hôpital de zone. C’est vrai que quand j’ai passé la main, le conseil communal a trouvé un terrain plus approprié que ce que moi j’avais donné, c’est toujours pour le bien-être de la population. Pendant dix ans, avons-nous eu notre hôpital de zone? Nous ne l’avons pas eu. Donc nous n’avons pas eu la route Savè-Oké Owo, 25 km. En dix ans, nous n’avons pas eu ça. Le dire, ce n’est pas dénigrer quelqu’un. Mais je l’ai dit, j’assume aussi. Kétou-Savè, nous ne l’avons pas eu. Notre hôpital de zone, on nous a construit deux baraques pour loger l’administration. Mais si vous avez le temps aujourd’hui, cela crève l’œil. Vous n’avez même pas besoin de vous arrêter. Passez seulement sur la voie inter-Etats Cotonou-Parakou et à Savè demandez là où se trouve l’hôpital de zone, on va vous le montrer. C’est en plein chantier aujourd’hui. Et des bâtiments de qualité qui contrastent avec les baraques. Vous pensez que nous qui sommes à un certain niveau leaders et guides de ces populations là, vous pensez qu’elles peuvent être contentes de nous? Dans un premier temps, elles pensent que c’est nous qui ne le disons pas.  Que c’est nous qui ne le disons pas à l’autorité. Mais si tu le dis, ce n’est pas nous qui sommes élus. Nous sommes des collaborateurs, tout ce qu’on peut faire c’est de faire des propositions. Mais si celui qui doit prendre la décision ne le fait pas, que pouvez-vous faire ? Vous faites bien de dire que nous avons souvent marché pour la voie inter-Etats Kétou-Savè. C’est à l’approche des échéances que vous voyez une bande-annonce se dérouler sur les écrans des chaînes de Télévision disant qu’on a ratifié l’accord de financement. Au point qu’un jour, j’ai rencontré un ministre qui était en charge de la route Kétou-Savè. Et je lui ai dit : « Mais pourquoi Monsieur le Ministre, vous servez des contre-vérités à la population ? Nous savons que l’autorisation de ratification n’est même pas allée à l’Assemblée nationale. » J’étais en position de le savoir, puisque c’est moi qui préparais les décrets, qui introduisais les projets de loi de ratification à l’Assemblée nationale. C’est moi qui préparais ça. Donc j’étais en bonne place pour le savoir. « Pourquoi vous nous balancez ces informations, nous on le sait. Si vous mentez à nos populations, nous ne sommes pas bien placés pour leur mentir. » Puisque de toutes les façons, nous, nous sommes nés là. Tous les jours nous avons beau être à Cotonou, presque tous les weekends, nous sommes au village. Nous vivons avec eux. Les difficultés qu’elles vivent là, nous les vivons avec eux quand nous rentrons.    Mieux, le jour où nous allons répondre à l’appel de Dieu, c’est là qu’on ira nous inhumer. Quel intérêt avons-nous à mentir ? Le ministre me dit : «  Toi aussi tu comprends ce que c’est. » Je lui ai alors dit : « Arrêtez alors d’aller déposer des premières pierres. Moi je ne vous accompagne plus. » Si vous pensez que je mens, demandez au ministre Jean Michel Abimbola, il est encore là. Demandez-le lui. Est-ce que nous même on va participer à la manipulation de nos populations ? C’est des choses pour lesquelles nous n’étions pas à l’aise au sein d’une équipe à laquelle nous appartenions. Mais si le dire fâche des gens, on l’assume. Tout ce que  ces gens avaient à faire, c’est de nous dégager de ce milieu-là pour nous libérer nous-mêmes, nous délivrer. Cela a été fait pour mon cas. Je n’en suis pas malade.

Mais quel est le sort de la voie Kétou-Savè?

Aujourd’hui Kétou-Savè est en chantier. L’hôpital de zone est en chantier et puis nous attendons. Et pour l’eau, il y a le barrage. Avant d’en arriver là, on est allé emprunter un peu d’eau sur le site de la sucrerie. Je dis bien emprunter, je pèse bien mes mots. On est allé négocier avec les Chinois  du complexe sucrier de Savè. Vous comprenez que dans ce cas-là, on ne peut même pas faire l’extension. Puisque tous les jours, les Chinois plongent leur jauge. Ils mettent leur jauge dans l’eau et ils disent « ah, aujourd’hui on ne peut pas servir de l’eau à la ville. » Aujourd’hui le barrage qui va desservir non seulement Savè mais également Glazoué, est presque achevé. Je vais terminer sur ce chapitre là en vous rappelant peut être la petite histoire du bon samaritain que vous connaissez certainement. « Je suis victime en pleine route d’un malaise ou d’un accident. Mes parents passent à côté de moi et ne me soulagent pas. Mon père spirituel passe à côté de moi et ne me soulage pas. Quelqu’un d’autre vient et me soulage de ma peine. Il me relève et m’envoie dans une auberge et demande : « Prenez soin de lui et tout ce que cela coûte mettez ça à mon compte. » Qui est votre prochain? Lequel de ceux que vous prétendez être les vôtres et celui que vous prétendez ne pas être des vôtres là, lequel est votre prochain en réalité ?

En deux phrases, vous pensez que Talon est le désormais bon samaritain de Savè?

Ah oui. Je le dis directement, sans ambages.

Mais au-delà de ça sur le territoire national, qu’est-ce qu’il fait pour le pays ?

Vous avez dit aussi tout à l’heure que tout le pays est en chantier. C’est l’homme des infrastructures. Vous allez un peu partout, vous voyez ce qui se passe à Cotonou aujourd’hui. Vous voyez les infrastructures routières qui sont en construction et les délais dans lesquels cela va s’achever, c’est connu. On a dit l’avenue de la Marina. 1er Août 2020, c’est là  où vous irez fêter, prenez date. Vous avez suivi le communiqué de la Présidence de la République. Sans compter les travaux d’asphaltage. Nous sommes ici à Mènontin où déjà avant de venir à votre siège ici, j’ai dû faire des détours. Cela m’a causé un peu de peine pour circuler mais je sais que c’est pour la bonne cause. C’est pour que demain je puisse circuler mieux. Quand je passe par Bohicon pour aller à Savè, je vois que ce qui se passe comme infrastructures en chantier. Déjà à Calavi où je réside, c’est pareil. Nos compatriotes de Porto-Novo ont organisé une fête pour remercier le Chef de l’État pour les infrastructures routières qui ont traversé Porto-Novo.. Parakou aussi est en chantier. Donc je ne peux pas être exhaustif sur l’ensemble du territoire national.

Mais Yayi n’a pas fait moins…

 Je n’ai pas dit le contraire. Et je ne suis pas ici dans le sens de faire des comparaisons. Mais ce que je voudrais que la population comprenne, c’est que l’État est une continuité. On ne peut pas vivre indéfiniment dans le passé. La vie continue. La construction de la cité, c’est un long chemin. L’État est une continuité. On ne peut pas dire que c’est sur ce que tel a fait qu’on va rester indéfiniment sans reconnaître ce que celui qui a succédé fait et l’accompagner. Ce ne serait pas juste à mon avis.

Il y a de grandes infrastructures, il y a de belles routes, mais ce n’est pas ça qu’on mange. Le Béninois continue de se plaindre. Le repas quotidien. Vous savez qu’il y a beaucoup de vos concitoyens qui n’ont pas de grands moyens mais qui, sous Talon, estiment que la vie est plus dure. Comment comprendre ce contraste?

Si la vie est dure, ce n’est pas qu’au Bénin qu’elle l’est. La vie est dure au Bénin mais la vie est dure partout. Maintenant, de quelle vie dure s’agit-il ? C’est également cela qu’il faut regarder. Si c’est  des revenus que nous avons amassés sans efforts, si c’est de cela qu’il s’agit, vous comprenez que c’est des données qu’on ne peut pas vraiment toucher du doigt. Il fut un temps au Bénin, c’était des grèves sauvages, des grèves même dans les secteurs sensibles. Et quand on s’assoit en conseil des ministres, nous examinons les corps qui font grève. Vous constatez que les primes, les indemnités et autres qu’on leur verse dépassent largement le salaire. Moi j’ai mené une réflexion peut-être de profane à l’époque, en proposant qu’on réunisse  les indemnités et autres sur leurs fiches de paye et qu’on les montrer au peuple.   Dans la réalité des faits,  on devrait bancariser tout ce qu’on  verse aux fonctionnaires. Aujourd’hui, c’est ce qui se fait. Tout ce que vous percevez a une traçabilité. Donc le Béninois n’a plus l’occasion d’aller toucher la main du Béninois pour dire : « fais en sorte que nos mains se rencontrent ». Les mains ne se rencontrent plus. Moi je pense qu’il faut relativiser les choses  et aller vers les faits. Le Béninois est par nature dans l’informel. C’est nous tous qui sommes comme ça, même dans le secteur privé.   

Eugène Dossoumou, il y a déjà 4 ans qui viennent de s’écouler dans le mandat présidentiel de Talon.    Si vous aviez à  recommander des choses au chef de l’État, avant que les 5 ans ne finissent, que diriez-vous ?

Ce que je dirais tout en appréciant la rigueur dont il fait preuve dans la gouvernance de L’État, c’est qu’il y a certains secteurs où on va lui demander de desserrer un peu l’étau ou bien peut être de renforcer le social. Par exemple, ce dont nous avons hérité  de l’autre régime, à savoir les crédits aux femmes, on n’a pas forcément besoin de l’appeler microcrédit aux plus pauvres. On le fait, mais le problème c’est qu’on fait moins de bruit ou bien on ne fait même pas de bruit autour de ça. On le fait aujourd’hui moins dans l’informel. Vous pouvez me demander si avant on le faisait dans l’informel. Les audits ont montré ce que c’était à l’époque. Vous n’ignorez pas qu’aujourd’hui, il y a certains de nos citoyens qui sont interpellés sur la façon dont les microcrédits étaient gérés. Maintenant, c’est plus sûr,  plus organisé et vous ne pouvez pas faire comme bon vous semble. Parlant toujours des recommandations sur le plan social parce que c’est sur cette question généralement que les gens reviennent, il faut dire que le Béninois était déjà habitué à ce que nous venons de dire et je ne conseillerai pas au président de faire en sorte à revenir sur ce qu’il est en train de corriger. Mais le problème, c’est que le peuple a le sentiment que le gouvernement n’offre pas suffisamment d’ouverture. Il y a des gens qui, de façon légitime,  pensent qu’ils sont capables de participer à la renaissance de la nation. Je me félicite du bon déroulement des dernières élections locales. Ça a permis à l’opposition d’intervenir dans la gouvernance de la cité. C’est déjà une excellente chose. On va demander à ce que cela se poursuive. Les cantines scolaires que le chef de l’État est en train d’étendre partout doivent continuer, surtout dans les milieux défavorisés. Généralement, les gens font de confusion quand on parle du Bénin profond.

Faites-vous partie de ceux qui vont l’appeler à être candidat pour 2021?

Ah oui bien sûr, parce que je voudrais que ce qu’il a entamé se poursuive et que ça se consolide.

Il avait pourtant juré de faire un seul mandat !

Oui, dans un contexte précis. Il avait dit : « Je révise la constitution avec les mandats. Tel que c’était et à partir du moment où je peux faire un mandat de 7 ans, ce n’est pas la peine qu’on me renouvelle ce mandat. » En 2006, à l’avènement du président Yayi Boni, tout le monde criait parce que la population était déjà habituée aux 10 ans du président Kérékou. Quand le président Yayi Boni était arrivé, il lui a fallu d’abord faire l’état des lieux et savoir par où courir pour amener des financements dans le pays. Ça c’est inhérent  à tous les régimes. Vous verrez que si on lui renouvèle son mandat, il aura moins de difficultés que lorsqu’il a pris les rênes en 2016.  C’est à partir de l’instant où il a élaboré le programme d’action de son gouvernement et est parvenu à identifier les vrais défis, qu’il a pris réellement les rênes de l’Etat en mains. Donc c’est pour tout régime. N’oubliez pas que sous le président Yayi Boni, on entendait ça : « Ah le président voyage trop, il bouge trop. » Ils avaient l’impression à l’époque que le président bougeait mais que l’argent n’entrait pas. «Aah !  Le Président circule mais l’argent ne circule pas. » Vous vous en souvenez ? C’est pour dire que dès les premiers mois de l’entrée en fonction, il y a toujours une période d’observation pour prendre possession des dossiers avant de lancer la machine. Cette période peut paraître plus ou moins longue aux yeux d’une population déjà accablée par la misère.  En tout cas, pour ma part, Ce serait donc une grosse perte pour le Bénin que le président Talon ne revienne pas pour un second mandat.

Donc au sein du parti BR, vous pensez que ce serait le même refrain  de dire que ce serait une perte pour le Bénin que Talon ne fasse pas 10ans ou vous en parlez déjà ?

Ce que je dis ici n’engage que moi Eugène Dossoumou. On n’en  a pas  parlé au sein du parti Bloc Républicain. Et ce n’est pas au nom du BR que j’interviens. Peut-être que le BR fera le débat mais ce n’est pas encore le cas.

Votre mot de fin

Je voudrais exhorter mes compatriotes à  considérer que les élections comme par le passé, ne sont pas des occasions de violence, ni de vandalisme. C’est plutôt  une occasion qui est offerte à chaque citoyen d’exprimer sa position par rapport à la gouvernance de la cité. Et cela, on peut le faire en homme civilisé, sans que l’on ne fasse recours à des armes de quelque nature que ce soit. C’est pour dire que je suis très attaché à la paix. La paix a un coût,  mais dans une cité, elle n’a pas de prix. Un pays ne peut pas se développer sans la paix. C’est pour cela que constamment,  j’appelle à ce que dans la mesure du possible, chacun de nous fasse un effort, j’allais dire un effort surhumain pour que nous gardions cette paix, cette sérénité et cette ambiance fraternelle dont notre pays a besoin pour bien évoluer. Je vais conclure en souhaitant bon vent à mon parti, le Bloc Républicain où aujourd’hui je  mets tout mon cœur. Je me dévoue complètement à ce parti. Et je souhaiterais que l’histoire garde de nous l’image de gens qui ont créé quelque chose qui va survivre dans le temps. On ne fait pas le Bloc Républicain pour que ça s’arrête le jour où, permettez-moi de le dire, Bio Tchané ou Abimbola ne seront plus aux commandes du parti, ou encore Gbian, Eugène Dossoumou, n’importe qui d’autre. Après ceux qui ont réfléchi ou ont  conçu le parti, ils doivent pouvoir survivre par la suite. Nous voulons quelque chose de pérenne qui va marquer l’histoire politique de ce pays. C’est pour cela que  notre travail est beaucoup plus axé sur la promotion de la jeunesse. Comme je vous l’ai dit au départ, nous avons pris le risque d’aligner pour ces élections communales de nouvelles figures. Donc, nous travaillons beaucoup plus pour la promotion des jeunes au sein de ce parti, ainsi que des femmes. C’est vrai, quand on parle des femmes, ce n’est pas forcément le nombre, mais il y a aussi la qualité. De ce point de vue, l’Afrique en général et notre pays en particulier a un certain retard. Je ne veux pas dire que les femmes qui sont chez nous  au Bloc Républicain ne sont pas des femmes de qualité. Nous en avons qui sont ministres dans le gouvernement et qui ne déméritent pas, comme Mme Adidjatou Mathys, Mme Aurelie Adam Soulé Zoumarou. Nous en avons aussi au parlement comme Mme Chantal Ahyi, Mariama Baba Moussa. Nous en avons également qui ont été maires qui sont dans nos conseils communaux. Tout ceci est du point de vue politique. Techniquement, il y en a aussi. C’est pour cela que nous  nous sommes fait un défi au Bloc Républicain de faire la promotion des jeunes et des femmes. C’est le parti de l’avenir.  Nous prenons rendez-vous avec l’avenir. Si aujourd’hui, tout n’est pas encore parfait, c’est le propre de tout ce qu’on construit. Tout ce qu’on construit, pour y mettre la fondation, c’est plus difficile. La fondation  d’un bâtiment est plus difficile que l’élévation. C’est le travail que nous faisons aujourd’hui au Bloc Républicain. Voilà pourquoi, pour les résultats que nous avons eus à ces communales, nous pensons que c’est déjà une sacrée performance. Nous irons plus en avant les fois prochaines. Dans les années à venir, vous verrez que le Bloc Républicain va s’imposer sur l’échiquier politique national comme le plus grand parti.

Je vous remercie.

Carte d’identité: Un administratif et un politique

 Né à Savè le 3 juillet 1960, Eugène Dossoumou y a fait une bonne partie de sa scolarité. Après l’Ecole primaire publique mixte (aujourd’hui Ecole centre), sanctionné par le CEPE en 1974-75. Il entra au Ceg de Savè et y resta jusqu’en 1978. Il part pour Cotonou, où il décroche le BEPC en 1979, au collège Père Aupiais. Cotonou, parce qu’il y avait son grand frère qui avait décidé de le garder pour mieux le suivre. C’est toujours au collège Aupiais qu’il fait son BAC en 1981, série L2 (Lettres). A l’université, il est admis à l’Ecole nationale d’administration en Sciences et techniques de l’information documentaire, option Bibliothéconomie. A la fin du cycle I, il tente le cycle 2 de l’ENA, mais cette fois en Administration générale et territoriale.  Il est retenu et s’inscrit parallèlement en faculté de Droit.  Le diplôme de l’ENA II en poche en 1992, il soutient sa maitrise de Droit, cette même année.   Dans le même temps, il  fait une licence en linguistique appliquée. Professionnellement, Eugène Dossoumou a été dans la dernière vague des engagés directs dans la fonction publique béninoise, en 1986. C’était à une époque où l’Etat, désireux de signer son premier Programme d’ajustement structurel (PAS) avec les institutions de Bretton Woods, avait suspendu toute forme de recrutement direct des jeunes diplômés dans la fonction publique.  

A la suite d’une concertation houleuse à la présidence à l’époque, ce dernier contingent avait été autorisé à prendre service. Recruté comme bibliothécaire, major de sa promotion, il est envoyé à l’Ecole nationale d’Administration (ENA).  Ses anciens professeurs et amis l’encouragent à faire le cycle II.  A la fin de cette formation, il est alors affecté au ministère de l’intérieur, de la sécurité et de l’administration territoriale, sous le ministre Richard Adjaho. Nommé secrétaire général de la sous-préfecture de Savalou en 1992,  il reste en poste jusqu’en 1996 quand le général Kérékou arrive à nouveau au pouvoir. C’est lui qui lui confie les charges de sous-préfet de Savalou. En 1998, suite à un redéploiement du personnel de commandement, il est  envoyé à Savè où il sert comme sous-préfet jusqu’en 2003, année des premières élections communales.  Dernier sous-préfet de Savè, c’est lui qui passe le témoin  au premier maire de la commune. Affecté à la Maison des collectivités locales, il décroche une bourse de perfectionnement en Belgique. Revenu en 2005, il tombe pour ainsi dire dans la campagne des présidentielles de 2006.

Eugène Dossoumou était membre du Fard-Alafia. Il s’enrôle d’office dans l’équipe de campagne du président Yayi Boni, malgré les atermoiements de sa formation politique. A l’avènement du nouveau président, il est affecté auprès du Directeur de cabinet,   maître Ahamed Akobi qui décède brutalement suite à un accident de circulation le 29 mai 2006. « J’ai gardé cette plaie douloureuse pendant longtemps et je la garde encore », se rappelle-t-il avec émotion. N’arrivant plus à supporter  l’absence brutale de feu Ahmed AKOBI, il a fini par demander et obtenir à être muté pour être nommé secrétaire général adjoint du gouvernement, le 14 juin 2006, poste qu’il conserve jusqu’en juin 2011 où il a été titularisé secrétaire général du gouvernement.   Il est muté le 25 janvier 2014 pour être nommé Président de l’Autorité de régulation des marchés publics, poste qu’il quitte le 14 juillet 2016, avec son admission à la retraite, le 1er  juillet 2016.

Intimité : Amoureux d’igname pilée

Marié et père de plusieurs enfants, l’ancien Secrétaire général du gouvernement apprécie aujourd’hui l’autonomie de ses enfants.  « Les réalités de la vie aujourd’hui nous imposent d’éduquer les enfants de façon à ce qu’ils se prennent eux-mêmes en charge », dit-il. 

A table, il faut lui faire de l’igname pilée. « Là où je suis, je peux manger igname pilée matin, midi et soir sans être constipé », confie-t-il. Naturellement, son organisme repousse l’alcool et tout ce qui est fait à base d’huile. En termes de sport, il fait beaucoup de marches actuellement pour garder la forme.

La Rédaction

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