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La campagne électorale bat son plein depuis plus d’une semaine déjà. Le scrutin du dimanche 17 mai prochain comptant pour les communales 2020 demeure irréversible. Ils sont tous dans la danse, malgré Covid-19. Si pour une première fois au Bénin, la campagne électorale se déroule en grande partie sur les mass médias, elle donne lieu à tous les chantages, engagements titanesques et promesses qui sortent parfois de l’ordinaire. Les candidats que présentent les cinq partis en lice, sont très nombreux à ne pas être connus du grand monde. Dans le lot, il y a de jeunes cadres huppés qui s’essayent pour la première fois à la chose politique, nantis de diplômes académiques enviables, décrochés au Bénin, pour les uns, à l’extérieur pour les autres. Sur les réseaux sociaux, watsapp, tweeter, facebook, instagram, youtube, ils rivalisent d’ardeur, à travers de multiples ambitions pour telle ou telle commune du Bénin. Les messages de campagne qu’ils délivrent au quotidien sur les chaînes de radios et télévisions, ne sont pas moins audacieux. Tous veulent apporter du beau, du nouveau, d’inédit dans leurs localités respectives s’ils bénéficient des suffrages de l’électeur.
Après plus de 15 ans d’expérience de la décentralisation au Bénin, tout laisse croire que rien de bon n’a été fait jusque-là, à les entendre. Faire de Cotonou une ville moderne, très moderne même, avec toutes les attractions des grandes villes occidentales ; institutionnaliser, réglementer et prendre en compte tous les types de sports, prise en charge de tous les indigents, créer des maisons de retraite pour les personnes du troisième âge ; construire des écoles et des centres de loisirs de haut standing à Abomey-Calavi, Grand-Popo deviendra la plus grande cité balnéaire d’ Afrique, zéro jeunes chômeurs à Porto-Novo, faire de la ville de Bohicon la plus salubre de tout le Bénin, créer des groupes de tontines modernes et mieux structurés à Comè…. Ça se déverse en boucle dans les médias et sur la toile depuis le 1er mai 2020 où la campagne électorale a pris son envol et ne s’arrêtera que le vendredi 15 mai prochain à minuit pour les candidats moins indélicats.
Flatter pour gagner…
Politique par laquelle on flatte les masses pour gagner et exploiter leur adhésion, la démagogie infecte plus que le coronavirus beaucoup de candidats en ce moment, au point où certains engagent leurs projets de société dans une sorte de jeux de concours, espérant présenter les meilleurs textes pour décrocher la « mention très honorable » du jury-électeur au soir du dimanche 17 mai. D’aucuns y vont avec autant d’imprécisions, de fautes grammaticales et d’incohérences dans les textes exhibés, que l’on s’interroge sur la qualité linguistique des rédacteurs. Qu’il s’agisse du fond ou de la forme, l’on se rend compte aisément que beaucoup de candidats ne savent pas ce qu’ils disent où ce qu’ils sont appelés à faire s’ils étaient élus.
La décentralisation au Bénin n’a pas fini de faire découvrir les motivations réelles de ces faux-fuyants, politiciens zélés, acteurs-comédiens du présent et du futur. Certains en font une confusion totale dans leur tête. Ils sont nombreux à y voir encore une opportunité absolument politique alors qu’il est question de se mettre au service de la collectivité locale, de gérer la cité de plus près, au plus bas de l’échelle en aidant les populations à la base à accéder aux services sociaux et administratifs élémentaires sans forcément recourir au pouvoir central. La tâche est donc moins politicienne, parce qu’il s’agit de l’artisan du quartier, de l’école du village, du centre de santé de la campagne, du bon fonctionnement de tous les services de base, etc. Il n’y a donc pas de miracle à faire, ni de la magie en se donnant comme défi de construire un aéroport à Sotchanhoué, alors que le cultivateur du coin a juste besoin de l’aménagement de la piste rurale pour se rendre facilement dans son champ ou faire acheminer avec beaucoup d’aisance ses récoles vers le marché local.
Que les candidats cessent de miroiter l’impossible aux électeurs. Après plus de trois mandatures, de nombreuses communes béninoises sont demeurées rurales, pas parce que les autorités locales ont failli à leur mission, mais à cause du rythme de développement imprimé à l’ensemble du pays. Le Chef d’arrondissement élu à Banamè à Agonlin où d’Albarika à Parakou ne fera qu’avec les moyens mis à sa disposition. Les promesses de campagne n’engagent que les auteurs, dirait l’autre. Mais tâchons d’en faire du miel pour séduire les populations, qui à travers, la décentralisation, se voient moins embarqués dans de la pure politicaillerie que dans un système de développement local plus sincère, plus concret et plus utile à elles.
Christian TCHANOU