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Le triomphe de la vérité

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Edito: La parole présidentielle


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La propagation du Covid-19 aura partout des conséquences politiques inévitables. Jusqu’ici, très peu de décideurs semblent s’en rendre compte. Et pourtant, comme toutes les grandes pandémies de l’histoire, celle-ci aussi provoquera des révolutions politiques de grande ampleur. Si Donald Trump a toujours montré une grande solidité dans les sondages aux Etats-Unis, le coronavirus a fait basculer sa popularité auprès des électeurs. Il est désormais distancé par Joe Biden, son challenger. Il y a quelques mois, c’était à peine imaginable. Idem en France où la très confortable majorité parlementaire de Macron, est en train de se fracturer sous nos yeux. Tout ceci du fait de la gestion  de la pandémie, gestion qui n’a pas permis dans ces pays d’éviter les milliers de victimes qui s’y comptent chaque jour.

Pour le moment, le Bénin et l’Afrique échappent à cette catastrophe. Mais rien n’indique que la vague terrifiante qui sévit ailleurs ne passera pas par nos tropiques. Quand on se rappelle bien, la pandémie de 1918-1919 a surtout sévi dans sa seconde vague, lorsque les gens, éprouvés par le confinement, ont repris une vie normale, en oubliant les précautions qui les avaient sauvés à la première vague. Tout excès de confiance devient ici suicidaire, parce qu’il donne l’impression qu’on en a fini avec le mal. Or, contrairement à ce que semblent prévoir certains experts en santé publique, le coronavirus est là pour durer. Tout indique qu’il restera dans la circulation jusqu’en 2021 au moins.

Face à cela, seul une mobilisation massive pour une prise de conscience collective, permettra de vaincre les négligences de la population. Ce jeudi, Alassane Ouattara, le président ivoirien, a délivré un discours solennel appelant à cette vigilance et édictant les nouvelles règles en vue du déconfinement progressif. Ce type de message solennel radiotélévisé a été également utilisé quelques jours plus tôt, par le président Muhammadu Buhari du Nigeria, lorsqu’il s’est agi de déconfiner des villes comme Abuja, Lagos et l’Etat d’Ogun. Non pas que ces présidents ne soient pas convaincus de l’impact des messages de leurs ministres et autres collaborateurs à la population, mais parce que le déconfinement signifie à tort dans la tête des citoyens que le pire est derrière nous.

Ne parlons même pas du président malgache devenu en l’espace de quelques semaines, une espèce de star africaine. Il multiplie les sorties médiatiques, autant pour promouvoir la solution malgache (le fameux Covid Organics), que pour appeler ses concitoyens à redoubler de vigilance. Nous sommes dans une période exceptionnelle qui est capable de faire basculer nos Etats et nos vies.

Je n’ai jamais pensé que l’Afrique est naturellement épargnée par le virus. Je pense au contraire que ce sont les mesures exceptionnelles que les dirigeants ont prises très rapidement, qui nous permettent de paraitre jusqu’ici relativement hors de danger. Mais, dans un pays comme le Bénin, à partir de ce lundi, le danger se multiplie par mille. Il suffit de voir comment déjà depuis plusieurs jours, la plupart des gens se comportent dans les quartiers. Les regroupements qui constituent les principaux vecteurs de la propagation du virus, n’effraient plus. En ces temps de campagne, on voir partout des groupes se former pour écouter tel ou tel acteur politique. Les terrains de sport sont animés, les groupes de jeu à l’ombre des manguiers continuent de plus bel,  et les visites aux voisins du quartier ne semblent pas avoir cessé. La distanciation sociale est morte. En gros, les Béninois ne portent leurs masquent que lorsqu’ils sont sur les grandes voies ou dans les marchés.

Ce que je veux dire, c’est que la reprise des activités, avec le sentiment de négligence dont je viens de parler, donnera lieu à une vague de propagation sans précédent. Elle obligera le gouvernement à un reconfinement, comme c’est déjà le cas en Corée du Sud, dans une partie de l’Allemagne et de l’Espagne.  Face à ce spectre inévitable, le président de la République se doit de dire à chaque citoyen le risque qu’il court. Plus que jamais, sa voix solennelle est nécessaire, à travers un discours à la nation. Il ne sert plus à rien de penser que seul le ministre de la santé doit rester en première ligne. Car, à partir d’aujourd’hui, et plus que par le passé, le destin du pays repose sur la prise de conscience de chacun. Et le rôle de Patrice Talon est de le marteler pour que la gravité de ce qui nous attend soit perçue par tout le monde.

Par Olivier ALLOCHEME

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