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Le triomphe de la vérité

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Edito: La nécessaire relance


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Il existe jusqu’à 33 souches différentes de Coronavirus. Plus les jours passent, plus les cliniciens du monde entier découvrent de nouveaux symptômes de ce mal. La semaine dernière, le centre américain de lutte contre les maladies infectieuses a relevé que le Covid-19 peut provoquer aussi une maladie rénale aiguë, un dysfonctionnement neurologique, une inflammation cardiaque, des caillots sanguins, des problèmes hépatiques et des lésions intestinales. Cette liste s’ajoute à tous les autres symptômes déjà connus : toux, fièvre, courbatures, maux de tête…Nous sommes bien en face d’une maladie qui mettra du temps pour être maîtrisée. Conclusion, nous devrons malheureusement accepter l’idée que le Covid 19 ne sera pas éradiqué de si tôt, et qu’il faudra en minimiser les conséquences économiques, après avoir répondu au défi sanitaire qu’il pose au monde entier.
La crise sanitaire est en train de générer une gigantesque crise économique dont les impacts seront foudroyants pour l’Afrique. Si ces dernières années, le continent a connu une croissance économique remarquable, celle-ci pourrait bien être anéantie avec le ralentissement des activités dans tous les secteurs. A cet égard, la thérapie proposée par le G20 le 15 avril dernier est un moratoire sur les intérêts de la dette dus en 2020, mais pas une annulation de la dette elle-même. C’est en gros ce que demandait vendredi dernier la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) interrogée par France 24 et RFI. La CEDEAO est restée pour sa part dans la logique de l’annulation de la dette, lors du sommet tenu par vidéoconférence jeudi dernier. L’idée est d’utiliser les ressources ainsi dégagées pour faire face aux impératifs de la crise. Pour leur part, le FMI et la Banque mondiale appellent les créanciers à geler les remboursements le temps de la pandémie.
Dans tous ces cas, la solution tourne autour du service de la dette institutionnelle qu’il s’agit soit d’annuler ou de repousser. Toutes ces solutions ont déjà été expérimentées par le passé. L’initiative PPTE (Pays pauvres très endettés) implémentée à partir de 2003 reste la plus connue à cet égard. Malgré les bienfaits qu’elle a pu générer, il ne reste pas moins que le cœur du problème reste encore entier : où les pays africains trouveront-ils les ressources pour construire les routes, les ponts, développer les infrastructures de santé, asseoir les équipements de recherche ou encore installer les équipements nécessaires à leur révolution numérique ? Le fait est que les marchés financiers accueillent très mal les annulations ou moratoires sur la dette. Les pays qui en bénéficient font face automatiquement à une baisse de leur crédibilité auprès des marchés, entrainant une envolée des taux d’intérêt et un effet d’éviction au profit des Etats-Unis, de l’Europe, du Japon, voire de la Chine réputés plus sûrs. Le risque pays de nos Etats va en prendre un coup et nous n’aurons personne pour nous défendre sur les marchés quand nous serons notés comme des pays en guerre ou en risque de guerre.
Ce que j’observe pour le moment, c’est que les institutions internationales penchent beaucoup plus pour des plans de relance économique en faveur des pays occidentaux, pendant qu’elles ne pensent qu’à des annulations ou des moratoires sur le service de la dette dans nos Etats. Ce plan de relance est précisément ce qu’il nous faut aujourd’hui pour redémarrer l’activité économique, doper la consommation, créer plus d’emplois et accélérer le secteur des infrastructures. Si un pays comme le Bénin s’est résolu à écrire au FMI et à la Banque Mondiale afin d’obtenir un « assouplissement circonstanciel des règles de discipline budgétaire pour permettre la mobilisation des ressources nécessaires », c’est parce qu’il est finalement convaincu que l’action communautaire via la CEDEAO ou l’Union Africaine sur ce chantier, n’aura jamais le consensus requis. Une vision court-termiste n’entrainerait pourtant que des effets limités sur la crise qui, je le pressens malheureusement, durera plus qu’on le pense.
Mais il y a un autre argument qui milite en faveur de la mise en œuvre de ce plan de relance en Afrique. Il va ouvrir le continent à des échanges commerciaux plus accrus au moment même où les pays industrialisés en ont le plus besoin pour relancer leurs appareils productifs. Le monde qui sortira de cette pandémie aura besoin que l’Afrique cesse d’être à la traîne du développement, afin de participer à l’essor collectif qui, seul, permettra d’endiguer la dépression en cours.

Par Olivier ALLOCHEME

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