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Après plusieurs concertations de haut niveau menées ces derniers jours, le Bénin a décidé de faire tenir les prochaines élections communales du 17 mai 2020, malgré la crise sanitaire planétaire liée au Covid-19. C’est un choix responsable que le Bénin a décidé d’assumer en prenant toutes les précautions nécessaires. En effet, le mercredi 8 avril en fin de journée, le Président de la République Patrice Talon et les présidents des Institutions concernées par le processus électoral des municipales et communales (Cour constitutionnelle, Cour suprême, Haac) ainsi les ministres intéressés par le sujet (Justice, Communication, Intérieur, Finances) ont tenu une vidéoconférence sur la question, élargie aux responsables de la Commission électorale nationale autonome (Cena). A l’occasion, la Cena n’a pas manqué de faire le point des diligences qu’elle a déjà accomplies dans la perspective desdites élections et surtout de la suite du processus. Au terme des échanges, les institutions ont toutes marqué leur accord pour la poursuite du processus avec la prise de certaines mesures visant à garantir leur bonne organisation. Le samedi 11 avril dernier, la même Cena et les partis politiques engagés dans le processus électoral, se sont entendus pour le maintien de l’échéance. Tout ceci découle de la nécessité de tenir compte de l’impératif constitutionnel de continuité démocratique, qui voudrait que les élections se tiennent à bonne date.
Reste une question majeure ? Dans le contexte actuel et au regard des mesures de prévention du Covid-19 édictées par le Gouvernement, comment organiser des élections ? Il faudra en vue de préserver la santé des populations, repenser la manière de faire la campagne électorale. Ainsi, celle-ci doit être compatible avec les exigences de sécurité que requiert le contexte particulier de la pandémie du Coronavirus. Il est utile, ici, de se souvenir que le Gouvernement n’a pas décrété, à ce jour, un confinement général empêchant les populations de vaquer à leurs occupations. Les administrations tournent, les marchés sont ouverts, bref les activités se poursuivent. Tout ceci pour en déduire qu’il n’y a donc pas de raison de reporter les élections, surtout que des mesures particulières sont envisagées pour qu’elles se déroulent bien.
Les médias, des mégaphones, des affiches de campagne…pour faire l’affaire
Par ailleurs, tenant compte de ce que les municipales et communales constituent un scrutin de proximité avec comme circonscription électorale l’arrondissement, le point fait par la Cena aux partis en lice renseigne qu’il leur est demandé de préférer les propagandes par voies médiatiques au lieu des meetings politiques qui génèrent par essence des regroupements. En plus des médias, l’usage de mégaphones portés par des véhicules en mouvement sera autorisé pour porter les messages politiques sans attroupements. Et des affiches de campagne pourront être apposées pour garantir la visibilité des candidats.
Une campagne électorale menée essentiellement par voie de presse, comment s’y prendre ? A ce propos, le mémorandum renseigne qu’à la diligence de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (Haac) qui en définira les modalités pratiques, toutes les radios et télévisions publiques et privées du pays seront mises à contribution. Des plages horaires y seront organisées, à la charge de l’Etat, pour permettre à tous les partis politiques prenant part au scrutin, de disposer du même temps d’antenne, pour s’adresser aux électeurs. Réussir une telle campagne est une étape. Reste encore que le jour du scrutin, les dispositions soient prises pour garantir la sécurité sanitaire des populations.
Aussi, en ce qui concerne le scrutin proprement dit, la Cena et les partis ont-ils convenu que les mesures de protection sanitaire doivent être particulièrement observées le 17 mai 2020. Il s’agira notamment : de faire observer la distance d’au moins un (1) mètre entre électeurs, de les doter, de même que les agents électoraux, de masques de protection, de mettre à disposition, sur les tables de vote, du gel hydroalcoolique aux fins d’aseptisation des mains avant et après le vote. Dans le même ordre d’idée, la Cena est invitée à analyser la possibilité de disposer d’encre indélébile mélangée à de l’alcool sanitaire.
Si toutes ces précautions sont observées, il y a lieu de considérer que les élections pourront effectivement se tenir à la satisfaction des populations et ce faisant, le Gouvernement aurait relevé le défi de leur tenue en respect des normes démocratiques. Et c’est le Bénin, qui en démontrerait un savoir-faire nouveau dans une crise sanitaire mondiale en faisant tenir dans des conditions appropriées des élections qui n’auraient jamais pu se tenir ailleurs.

Christian TCHANOU