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Le triomphe de la vérité

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Edito: Le fond du débat


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On attend les résultats des investigations pour savoir si les éléments qui sont intervenus jeudi à Pobè sont des forces de l’ordre nigérianes ou de simples délinquants. Dans un cas comme dans l’autre, cette opération lève un coin de voile sur la situation catastrophique créée par le gouvernement nigérian pour ses propres citoyens.
Si ce n’est que maintenant que certains découvrent la face réelle de cette mesure de fermeture, dès le début, j’avais alerté sur la crise qui risque de se déclencher au Nigeria même, notamment dans les zones frontalières. A la flambée des prix des denrées alimentaires vient désormais s’ajouter la pénurie de carburant. Car, désormais, Abuja a décidé de ne plus livrer de carburant aux stations-services situées à moins de 20 km des frontières. C’est un peu comme si on refusait d’approvisionner les stations-services situées entre Godomey et Dantokpa et sur près de 780 km. Une absurdité qui frappe de plein fouet des Nigérians d’abord, les Béninois et les Nigériens ensuite.
Aujourd’hui, toutes les informations que nous avons sur la vie des populations frontalières du Nigeria confirment nos appréhensions initiales : la faim et la misère sont en train de s’aggraver dans le pays. On n’oubliera pas de signaler que depuis 2018, notre voisin de l’Est est le pays qui compte le plus de pauvres au monde, à savoir environ 87 millions de personnes. Quand on sait que l’inflation a dépassé les 11% en juin dernier dans le pays (c’est l’une des plus fortes en Afrique), on se demande si le pouvoir d’Abuja se soucie de la situation des plus vulnérables : pour le moment, c’est eux qui subissent les contrecoups de son aveuglement. La mise en place graduelle d’une autarcie moyenâgeuse était censée assurer le développement. Contre toutes les théories de développement auxquelles les facultés d’économie ont consacré de larges études ces dernières années, Abuja croit encore au mythe de l’isolationnisme.
Si ce mythe pouvait entraîner un quelconque progrès, il y a longtemps que la Corée du Nord qui vit presque fermée au reste du monde depuis de nombreuses années, aurait connu le développement. Au contraire, c’est un pays à l’économie exsangue où la population est maintenue dans des conditions de dépendance alimentaire, psychologique et économique proches des goulags soviétiques. J’ai entendu le patron des douanes nigérianes ainsi que le gouverneur de la banque centrale du Nigeria prendre l’exemple de la Chine pour expliquer la pertinence de la fermeture. Cet exemple est très mal venu, quand on sait que les grands bons en avant de la Chine se sont réalisés, non pas en se fermant à l’extérieur, mais, au contraire, en créant les conditions d’une ouverture profitables au développement du pays. La Chine a travaillé d’abord sur la qualité de ses ressources humaines : la discipline, l’honnêteté, le patriotisme, la technicité, les valeurs culturelles, etc. En face, nous avons un Nigeria dont le seul nom soulève la répulsion, tant ses citoyens sont connus de par le monde pour leurs vices rédhibitoires. La Chine a développé de par le monde des activités de recherche et développement obligeant ses propres entreprises à se confronter aux plus performantes du moment. Une société comme Huawei, dispose de dizaines de milliers de chercheurs dans les domaines les plus pointus de la télécommunication répartis à travers le monde. Et je ne parle là que d’une seule société.
C’est dire qu’aucune autarcie, qu’aucun isolationnisme n’est source de progrès. L’unilatéralisme est une illusion.
Il est vrai que Buhari est le premier président nigérian à avoir implémenté cette vision étriquée. D’avril 1984 à février 1986, et donc pendant environs deux ans, il avait fait fermer les frontières avec le Bénin sous le PRPB. Nous sommes dans la réédition d’une politique qu’il avait déjà expérimentée et qui n’avait à l’époque connu aucun effet. Fin 1985, il fut chassé du pouvoir par le général Babanguida, du fait de la persistance de la crise économique pour laquelle il avait fermé les frontières.
Il est évident que cette fois-ci encore, il n’ira pas plus loin. Si le Nigeria veut réellement lutter contre la contrebande comme il le prétend, la première mesure à prendre, c’est de travailler à la discipline, à la moralisation et à la conscience patriotique de ses hommes en arme (douaniers, policiers, militaires). Car toute contrebande qui dure est le fruit d’une complicité.

Par Olivier ALLOCHEME

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