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Le triomphe de la vérité

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Edito: Le défi de la révision


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L’enchaînement des actions nées du dialogue politique n‘aura surpris que ceux qui s’attendaient à l’immobilisme. La révision de la constitution est désormais une réalité. Ce fut une promesse de campagne du candidat Patrice Talon. Autrement dit, les 65% de Béninois ayant voté pour lui savaient dès le départ qu’il allait tout faire pour réviser notre loi fondamentale. Mieux, ils lui ont donné leur caution sur cette promesse en votant pour lui.
Et comme je l’ai déjà dit à plusieurs reprises, la pire erreur de l’opposition, est d’avoir tout fait pour empêcher cette révision qui écartait d’office Patrice Talon en 2021. En étant viscéralement opposé au chef de l’Etat, à tort ou à raison, l’opposition n’avait pas entendu les cris de ceux qui, comme moi, l’appelaient à la lucidité. Il fallait jouer au patriote en critiquant tout ce que le Chef de l’Etat entreprenait. Curieusement, bon nombre parmi les députés qui avaient voté contre cette révision à deux reprises, ont émis jeudi un vote totalement contraire. Hier, ils étaient opposés au Chef de l’Etat parce que leurs intérêts immédiats le leur commandaient. Jeudi, pour les mêmes intérêts, ils ont adopté même des innovations auxquelles personne ne pensait lors des première et deuxième tentatives de révision.

Est-ce à dire que le politicien béninois est inconséquent ?
Répondre à cette question par oui, revient à mettre tout le monde dans le même sac. Or, tout le monde n’est pas pareil. Il y a ceux qui ont fait campagne avec Talon, ont sué sang et eau pour que son message de révision de la constitution soit adopté par les électeurs et qui, une fois que le pouvoir s’est installé et ne leur a pas donné les avantages auxquels ils s’attendaient, se sont radicalement retournés contre ce même pouvoir devenu subitement leur bête noire. Allez donc leur demander comment l’on peut battre campagne pour une cause et devenir plus tard son pire pourfendeur. Mais il y a aussi ceux qui, comme les FCBE, avaient déjà eux-mêmes tenté cette aventure de la révision et ont essuyé un échec cuisant. Depuis que Talon est aux affaires, ils se sont reconvertis en fervents défenseurs de la non-révision. Et puis, il y a les plus curieux, les PCB. En 1990, les communistes béninois étaient les plus farouches opposants à la constitution actuelle. Ils ont fait une campagne féroce contre son adoption, dénonçant pêle-mêle un instrument de domination néocoloniale, une arme au service de Mathieu Kérékou et des caciques de son régime ou encore une servitude éhontée au capitalisme. Depuis l’avènement de Talon, et depuis que le Chef de l’Etat a pensé à la révision, ils sont devenus de farouches défenseurs de la même constitution qu’ils avaient combattue.
Dans tout ce panier à crabes, il fallait que le régime agisse. Le dialogue politique a servi de levier et l’unanimité des députés n’a fait qu’arranger les choses. Oui, certains points de la révision ne faisaient pas partie des consensus du dialogue politique. Je pense en particulier à l’institutionnalisation de la Cour des Comptes ou encore la reconnaissance des chefferies traditionnelles. Mais, à y voir de près, tout observateur attentif sait que ces éléments finiront par être pris en compte dans notre constitution. Ce n’est pas en 2019 qu’il faut démontrer la nécessité d’une Cour des Comptes par exemple.
Par contre, les acteurs politiques ont soigneusement évité de rendre opérationnelle la haute cour de justice. Après plus de quinze années d’existence, cette institution sensée juger les ministres et le président de la république, restera éternellement amorphe et léthargique. Ses membres payés à millions depuis une quinzaine d’années pour précisément ne rien faire, continueront d’être de parfaits parasites de nos deniers, au vu et au su de tout le monde. C’est une escroquerie qui a encore de l’avenir.

Enfin, posons-nous la vraie question : et l’opposition dans tout ça ?
Divisée et fragilisée, elle a probablement été prise de court au plus mauvais moment. Actuellement, l’opposition béninoise a un problème de leadership. Elle est minée par l’inflation des égos et l’accentuation des querelles internes, des choix hasardeux dictés d’abord par une haine aveugle. Le gouvernement a probablement profité de ces moments de grande confusion pour passer à la vitesse supérieure. Il s’agit de stratégie politique et non d’un jeu d’enfant. L’avenir nous dira s’il a eu tort ou s’il a eu raison. Pour le moment, Patrice Talon peut savourer la réalisation d’une promesse électorale qu’il avait déjà échoué à concrétiser.

Par Olivier ALLOCHEME

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