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Le triomphe de la vérité

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Edito: Le dialogue et après


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Ce n’est pas un protocole d’accord qui a sanctionné le dialogue national qui s’est achevé samedi. De sorte que tout repose désormais sur la bonne volonté du Chef de l’Etat. Quel que puisse être le sort des recommandations des délégués, il y a des évidences.
La première, c’est que le parlement ne sera pas dissout. Contrairement aux exigences de l’opposition radicale, aucun consensus n’a été obtenu autour de l’organisation immédiate d’élections législatives. Même la perspective d’élections générales envisagée par certains partis, n’a pas été couplée avec l’organisation d’élections anticipées. Résultats, il ne faut plus s’attendre à ce que les députés actuels perdent leur siège.
La deuxième évidence, même si les lois électorales sont toilettées, le principe des 10% de voix au plan national a été maintenu. Désormais, pour avoir un seul siège à l’Assemblée nationale, il faut être crédité d’un minimum de 10% des voix. Résultat, les micro-partis qui n’ont de représentativité que dans un arrondissement ou un quartier finiront par disparaître, s’ils ne veulent pas se fondre dans de grands ensembles.
Troisième évidence, il y aura une discrimination positive en faveur des femmes. Ce sera probablement l’un des futurs points d’achoppement, d’autant plus que cela appellera une révision constitutionnelle.
L’autre point qui pourrait nécessiter une révision de la constitution, c’est le principe des élections générales, c’est-à-dire le regroupement des élections de manière à en réduire le coût. C’est une avancée majeure dont la réalisation obligera à un moment ou à un autre, à une révision de la loi fondamentale. Même si, curieusement, les délégués se sont bien gardés d’envisager clairement cette éventualité, nous verrons bientôt qu’elle constitue la clé de résolution de bien des acquis obtenus.
La dernière évidence qui s’impose au sortir de ce conclave, c’est que le parti FCBE se retrouve dans une crise qui aboutira soit à sa disparition, soit à sa scission définitive en deux branches. Les deux branches qui se sont dessinées au sortir du conclave du Palais, c’est celle des modérés qui sont prêts à tout pour participer aux élections à venir, et celle des radicaux qui ne sont prêts à rien négocier tant que le parlement actuel ne sera pas dissout et les élections reprises.
C’est à ce niveau qu’il convient de se demander si la crise est réellement derrière nous.
Si l’aile radicale de l’opposition pilotée par Boni Yayi et Nicéphore Soglo reste campée sur sa position, il n’y a pas de raison que l’on aboutisse à la réconciliation souhaitée. Il n’y aura pas de réconciliation puisqu’aucun consensus ne s’est dégagé autour de la dissolution du parlement. Et rien ne nous montre que la justice arrêtera ses poursuites contre les prévaricateurs de l’économie qui ont pris la clé des champs. Je reste convaincu que les auteurs ou commanditaires des violences électorales d’avril et mai dernier finiront par être libérés et que les poursuites engagées seront annulées. Mais la volonté politique s’arrête là. Les prévaricateurs qui ont fui devront encore attendre. A moins que, par extraordinaire, le Chef de l’Etat décide d’arrêter sa lutte contre la corruption, ce qui serait un grave recul pour nous tous.
Mais en définitive, est-ce que le dialogue a échoué ?
C’est un petit pas dans la bonne direction. Il permet au Chef de l’Etat de prendre des mesures d’apaisement pour repartir sur de nouvelles bases. Mais je reste d’un optimisme très modéré. Les principaux acteurs de l’opposition, notamment le Président Boni Yayi et ses partisans les plus fidèles, n’ont pas été de la partie. Quand on observe bien, ils constituent encore une frange importante de l’électorat, même si la déstructuration désormais visible des FCBE permet de mitiger leur potentialité politique dans le pays. Mais l’opposition qui est allée au dialogue n’est pas la frange majoritaire. Ils sont considérés au sein du groupe comme des traitres. Je ne serais même pas étonné qu’une campagne soit menée bientôt pour les dénoncer au sein des militants FCBE. Mais il est illusoire de penser que Patrice Talon donnera une suite aux exigences de cette opposition radicale. De ce côté-là, le bras de fer continuera jusqu’aux prochaines élections auxquelles tous les partis sont conviés.
Nous ne nous cacherons donc pas cette vérité : on n’est pas encore sorti de l’auberge.

Par Olivier ALLOCHEME

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