.
.

Le triomphe de la vérité

.

Edito: La fin de la CEDEAO


Visits: 0

Le Bénin a fini par céder aux coups de boutoir du Nigeria. La note de service signée par le Directeur général de la Douane le 06 septembre dernier, permet à notre pays de faire amende face à un voisin qui a décidé d’asphyxier nos finances publiques en touchant là où ça fait vraiment mal. Mais ce faisant, le Nigeria a mis les pieds dans les plats de la CEDEAO.
C’est à juste titre que le parlement de la CEDEAO dont le siège est à Abuja, a décidé mardi à l’unanimité d’appeler à l’ouverture des frontières. Peut-être que certains ne le perçoivent pas encore, mais il s’agit d’un grave précédent qui entame tous les projets communautaires et surtout met un frein redoutable non seulement à la monnaie unique prévue pour démarrer dans quelques mois, mais aussi à la zone de libre-échange continental (ZLEC) que nous venons tous à peine d’adopter. En matière diplomatique et commerciale, c’est un grave recul pour l’Afrique. Chaque fois désormais qu’un pays membre de la CEDEAO s’estimera en droit de le faire, il décidera à sa guise de fermer ses frontières, sans prévenir. Un peu comme par exemple le Bénin qui pourrait, face à la contrebande des produits redirigés sur le port de Lomé et qui reviennent à Cotonou, de fermer unilatéralement ses frontières à la latitude d’Hillacondji, au mépris de tous les textes communautaires.
De fait, la note de service du DG/Douane maintient un flou artistique sur les conditions d’entrée sur le territoire nigérian, de produits provenant du Bénin. Si vous l’avez bien lue, vous aurez noté que rien n’est dit sur les produits fabriqués localement. Ainsi donc, il est fait mention du manioc et de ses dérivés (c’est-à-dire le gari par exemple), l’eau minérale (gazéifiée et non gazéifiée), les pâtes alimentaires, les jus de fruits, les cahiers, l’huile végétale (exemple l’huile de palme), le sorgho. Quand on sait que le Bénin n’importe ni manioc ni sorgho par exemple, on peut imaginer facilement, ceux qui seront les premières victimes de cette décision de la douane. Ce sont les paysans béninois. En clair, c’est toute l’économie frontalière qui est ainsi concernée, soit environ 20% de la population béninoise réparties sur 16 communes du Nord au Sud. C’est l’huile de palme de Dangbo ou d’Ikpinlè, le gari de Kilibo ou encore le maïs de Ségbana qui ne pourront pas franchir la frontière. Plus encore, c’est le riz de Malanville qui ne sortira pas.
Regardons-nous en face : le Nigeria n’a aucun droit de faire ce qu’il fait. Même si l’on peut comprendre les raisons économiques qui sous-tendent sa lutte contre la contrebande, il est clair que nous ne devrions pas subir ce diktat qui expose nos populations à la famine. Déjà, les produits maraîchers qui partaient en masse sur le Nigeria, sont tous bloqués depuis un mois et pourrissent dans les champs. Le problème, c’est que dans le même temps, les Nigérians ont toujours déversé les produits de leurs industries sur le marché béninois. Pâtes alimentaires, huiles en tout genre, sucres, machines diverses, consommables informatiques et électroniques, le Bénin consomme des milliers de produits provenant du Nigeria.
Il est donc faux de prétendre que dans le commerce de contrebande qui existe entre nos deux Etats depuis plus d’une quarantaine d’années, seul le Bénin est bénéficiaire. Le Bénin est clairement victime des impositions brutales et illégales du Nigeria depuis des décennies. Même avant la fermeture des frontières, il est presque impossible de vendre des produits industriels de fabrication béninoise sur le marché nigérian. Abuja a mis tous les verrous pour que ses agences érigent des barrières non-tarifaires pour empêcher nos produits d’être vendus sur place. A ceux qui rappellent qu’Obasanjo nous avait demandé de vendre au Nigeria tout ce que nous produisons chez nous, je réponds ceci : c’est mal connaître les Nigérians. Ils sont prêts à vendre leurs produits au Ghana, en Côte-d’Ivoire ou au Togo, mais refusent par divers moyens que la réciproque ait lieu.
Pouvons-nous construire une industrie dans une situation comme celle-là ? Non. Où donc serait le marché ? Bien vrai qu’empiriquement, nous sommes tenu désormais de nous orienter vers la promotion plus intensive de l’industrie, notamment de la petite transformation semi-industrielle, mais il ne faut pas se leurrer : en fermant son marché à tous nos produits, c’est-à-dire même à ceux fabriqués chez nous, le Nigeria ne laisse d’autre alternative au Bénin que celle de la contrebande.

Par Olivier ALLOCHEME

Reviews

  • Total Score 0%


Plus sur ce sujet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You cannot copy content of this page