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Le triomphe de la vérité

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Edito: Embargo sur le privé


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En matière d’enseignement universitaire, le Burkina-Faso, le Togo, le Sénégal ou la Côte-d’Ivoire sont-ils mieux que le Bénin ? Même si dans la tête de beaucoup de parents la réponse à cette question n’est pas évidente, il y a une réalité. Ils courent actuellement dans tous les sens pour trouver à leurs enfants des places dans les universités de ces pays à défaut d’en avoir au Bénin. La situation est criarde dans les filières de la santé : médecine, pharmacie, infirmerie. Dans ces filières en effet, il n’y a pas d’école privée malgré la demande et les besoins. Depuis des décennies, les autorités ont déployé des efforts surhumains pour empêcher l’installation de toute école privée de formation médicale ou paramédicale dans le pays. Les rares ayant tenté, même pour être représentants d’écoles étrangères, ont été vite fermées.
Et pourtant, une bonne partie de nos enfants qui s’en vont faire la médecine, la pharmacie ou d’autres filières de santé dans les pays de la sous-région ou ailleurs, fréquentent des écoles privées. Depuis quelques jours, des écoles burkinabè, ayant flairé un juteux marché, font allègrement leur publicité ici au Bénin. Elles savent très bien que pendant longtemps encore les Béninois feront tout pour empêcher leurs compatriotes d’installer des écoles privées dignes du nom dans leur pays.
Lorsque votre enfant a 10 ou même 12 de moyenne au Bac et que vous souhaitez qu’il exerce une profession médicale ou paramédicale, il est clair qu’il ne peut se former au Bénin. Et désormais, les parents ont trouvé la parade : ils envoient leurs enfants dans des pays qui n’ont pas forcément un meilleur système éducatif. Depuis de nombreuses années, personne n’a trouvé la formule adéquate pour éviter à notre pays de devoir disperser ses enfants dans des formations à l’étranger où nous n’avons pas un droit de regard. Le fait est que, dans l’environnement sous-régional où nous sommes, étant donné que les établissements sont homologués au Burkina, au Niger, au Mali, en Guinée ou ailleurs, nos enfants reviennent avec des diplômes que nous sommes tenus de reconnaître. Résultat, les diplômes obtenus à l’étranger sont authentifiés et homologués par notre administration. Les médecins, les sages-femmes ou les infirmières que nous avons refusés de former, passent des concours et entrent dans la fonction publique. Au même titre que ceux qui sont formés au Bénin. Au surplus, rien n’indique que les diplômes étrangers sont de moindre qualité que ceux obtenus sur place. C’est la preuve que les parents ont vu juste en contournant l’immobilisme de l’Etat. Mais alors, qu’est-ce qui empêche l’Etat de créer les conditions d’un exercice normal des écoles privées de formation médicale ou paramédicale ?
Ce qui se passe dans ces filières est identique à ce qui se passe dans les autres, notamment dans les universités publiques. Pour avoir un master même dans les universités publiques béninoises, il faut désormais débourser des montants faramineux que peu d’étudiants peuvent se permettre. Mais là où le bât blesse, ce sont les formations doctorales. Le défi financier est à la mesure du mythe dont on habille ces formations. Pour avoir un doctorat dans certaines universités publiques du Niger, du Burkina Faso ou du Sénégal, il faut payer moins de la moitié de ce qui est imposé au Bénin. C’est pourquoi, là encore, beaucoup de Béninois s’en vont vers d’autres horizons d’où ils reviennent nantis des mêmes parchemins que l’on s’ingénie ici à les empêcher d’avoir.
Le fait est qu’actuellement, après tant d’années d’attitudes égocentriques excluant nos compatriotes de formations auxquelles ils aspirent, nos centres de santé et nos pharmacies manquent de spécialistes. Les universités publiques sont remplies de retraités du seul fait que des années de politique d’exclusion ont empêché les Béninois de se former dans leur propre pays. Dans les amphis, les étudiants font l’expérience de ces enseignants s’érigeant en dieux pour les empêcher d’évoluer vers un doctorat. Mais dans le même temps, ils sont nombreux ceux qui font de leur mieux pour aider leurs étudiants. C’est grâce à eux que les universités publiques et privées renouvellent leurs personnels enseignants. Mais il faut que ces hommes et femmes d’ambition patriotique et citoyenne se multiplient dans l’administration de notre ministère de l’enseignement pour ouvrir des écoles privées de formation médicale et paramédicale.

Par Olivier ALLOCHEME

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