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Le triomphe de la vérité

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Edito: La rançon de la naïveté


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Je continue d’espérer que la sentence prononcée la semaine dernière à l’encontre de Lionel Zinsou ne sera pas définitive. Et qu’au terme de la procédure qui lui donne encore le droit de se pourvoir devant deux juridictions, il sera disculpé.Je reste convaincu en effet que Lionel Zinsou a encore beaucoup de choses à apporter au Bénin, malgré les turpitudes de son engagement politique. Cette condamnation a aggravé la mauvaise publicité en cours dans les médias français qui traitent le Bénin de pays de dictature. L’ancien premier ministre dont la ligne de défense n’a pas varié dès le prononcé de ce verdict, a laissé entendre sur tous les grands médias français qu’il s’agit d’une mise à l’écart programmée. Hier encore, le magazine français Le Point a pu écrire ceci : « De nombreux observateurs locaux et internationaux dénoncent régulièrement un tournant autoritaire du président Talon… La grande majorité des opposants à l’ancien roi du coton vivent désormais en exil, déjà condamnés en leur absence ou craignant des mesures judiciaires à leur encontre s’ils reviennent au Bénin. »
Autrement dit, il s’agit d’une instrumentalisation de la justice pour écarter de potentiels adversaires de 2021. Un scénario auquel les Français eux-mêmes sont habitués, avec l’affaire Nafissatou Diallo qui élimina Dominique Strauss-Kahn, l’affaire des emplois fictifs à la mairie de Paris qui coûta à Alain Juppé une peine d’inéligibilité de cinq ans, ou encore l’affaire Bettencourt qui pesa dans la chute de la maison Sarkozy. Le cas Lionel Zinsou, s’il s’agissait de dictature, n’est pas bien loin de ceux-là : sous tous les cieux, la politique est sans pitié ! Il nous donne à espérer qu’un jour tous ceux qui ont accédé à une parcelle de pouvoir puissent répondre de leurs actes devant les juridictions appropriées. La constitution béninoise a donné aux ministres et au président de la république, une armure de protection solide contre la justice. Depuis trois ans, nous nous mettons à rêver que cette impunité est bien terminée. Que ce soit aujourd’hui ou plus tard, la justice finira par dire son mot.
Ceux qui connaissent un peu les dessous de l’après-2016 dans le camp Zinsou, savent que même sans cette condamnation, il lui sera très difficile de gagner quoi que ce soit lors des prochaines élections. Contrairement à toute la tradition ancrée chez nous, l’ancien candidat s’est ostensiblement éloigné de son staff juste après l’élection. Aucune réunion-bilan, aucun meeting de remerciement, aucun contact médiatique avec ses électeurs. Lionel Zinsou a donné le sentiment d’un homme déçu, désabusé et floué. Selon nos renseignements, depuis 2016, il ne parle plus avec aucun responsable politique des FCBE, y compris Boni Yayi lui-même. Et pour cause, chacun d’eux l’a berné en 2016, en lui soutirant d’énormes sommes d’argent. Il était devenu la vache à traire dans le camp du pouvoir à l’époque, chacun prenant sa part de ce gâteau d’innocence et de naïveté.
Les fausses arithmétiques électorales élaborées sur le dos du peuple, ont eu raison de leurs jeux. Mais l’ardoise est restée au travers de la gorge du seul candidat Zinsou. Lui seul répondra de l’énorme dette qu’il a été contraint de contracter pour faire face à la voracité de ses partenaires. Lui seul supporte aujourd’hui les contrecoups financiers d’un jeu de dupes auquel il aura cédé jusqu’au bout. Dans son entourage, y compris au sein de sa famille, chacun s’est servi. Et de tous les responsables politiques de l’époque, un seul lui a fait le point de la campagne et lui a reversé le reliquat des frais alloués à cet effet. Tout le reste s’est défilé…
Si les plaintes de Mohammadou Bounkougou, le patron de la société Ebomaf, sont maintenues, l’ancien premier ministre devra répondre des chefs d’escroquerie en bandes organisées contre cet homme qui lui aurait passé 15 milliards de FCFA dans le cadre de ces campagnes. La justice dira peut-être un jour qui a fait quoi et quelle sanction chacun mérite.
Pour le moment, Lionel Zinsou apprend amèrement la leçon que les Béninois de la diaspora ont du mal à retenir : pour faire la politique au Bénin, mieux vaut se préparer à la duperie. L’ancien premier ministre est loin d’être le premier et il ne sera pas le dernier à l’apprendre à ses dépens.

Par Olivier ALLOCHEME

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