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Le triomphe de la vérité

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Edito: Le chemin des banques


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«Si vous ne prêtez pas de l’argent à l’économie, vous serez sanctionnées ». C’est à peu près l’injonction qui a été faite aux banques commerciales du Nigeria par l’autorité de régulation du secteur, la Banque centrale (CBN). Dans une décision en date du 03 juillet dernier, la CBN a en effet menacé de sanction toute banque commerciale n’ayant pas atteint un niveau de prêt d’un minimum de 60% de ratio sur les volumes de dépôts. Ainsi, à partir du 30 septembre prochain, toutes les banques de dépôts sont tenues de respecter un ratio prêts/dépôts minimum de 60%. Cette politique que l’autorité de régulation explique par la nécessité de stimuler l’économie, apparait comme une solution à la réticence des banques commerciales qui ont du mal chez nous à faire des prêts à l’économie.

Et pour l’efficacité de sa mesure, la CBN  a prévu une sanction : toute banque qui ne se serait pas conformée, se verra réduire l’accès à ses réserves de changes pour une valeur de 50% du seuil de prêt obligatoire exigé.  Rappelons que la réserve de change constitue une part de devises que la banque a l’obligation de déposer à la Banque Centrale, dans le cadre de ses opérations commerciales, notamment avec l’extérieur. La sanction envisagée n’est donc pas anodine.

Mais pour ce qui concerne le Bénin, une bonne partie des PME se plaint des réticences des banques commerciales à financer l’économie réelle. Du moins, lorsqu’il s’agit de l’import/export ou des prêts commerciaux pour les campagnes agricoles (coton et cajou notamment), les banques sont promptes à s’engager. Car elles savent que le retour sur investissement est assuré, d’autant que les mécanismes de remboursement mis en place leur permettent de se faire payer à bon délai. Mais sitôt qu’il s’agit d’une entreprise qui a un marché à exécuter, que ce soit public ou privé, les garanties demandées sont de type rédhibitoire. Elles s’appuient souvent sur les titres fonciers alourdis par d’autres actifs. Ce qui fait qu’au Bénin, il est rare que les chefs d’entreprises bénéficient de prêts bancaires pour exécuter leurs marchés. Le verrouillage est si décourageant qu’il laisse penser à une décision tacite des banques de ne pas investir dans l’économie réelle.

Le fait est que pendant une certaine période, la crédibilité de l’Etat s’est fortement dégradée auprès des établissements financiers. Les bons de l’Etat qui leur sont présentés, ont commencé à subir des délais de remboursement très élastiques, ce qui les a contraints à renoncer presque totalement à faire des prêts aux entreprises nationales en quête de financement pour exécuter des marchés publics. Ce n’est donc pas forcément de leur faute, si ces établissements adoptent une posture prudentielle dans une situation de délitement de la crédibilité étatique. Ce qui est paradoxal, c’est que le discrédit qui frappe les institutions publiques, touche également les institutions privées  et les collectivités décentralisées. Où est-ce que ces entreprises trouveront les ressources pour s’épanouir ?

Or, les fonds de garanties qui existent ne touchent généralement que des entreprises d’une certaine taille. Autant dire que celles qui ne brassent pas régulièrement des centaines de millions, voire des milliards, sont laissées de côté, hors des circuits de mobilisation de ressources. Elles forment pourtant l’écrasante majorité des entreprises béninoises.

Divers mécanismes ont été mis en place par l’Etat pour pallier cette insuffisance. Le plus important que je connais, est le Bureau de restructuration et de mise à niveau (BRMN), une structure du ministère de l’industrie et du commerce, qui vient en appui aux PME/PMI en besoin de financement contre un programme de mise à niveau qui n’est jamais facile à mettre en œuvre au sein des entreprises. Les conditions d’accès à ce type de financement relèvent souvent d’une course de fond.

C’est dire que l’intervention de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) peut aider à aplanir ces difficultés. Comme le montre l’exemple nigérian, la BCEAO peut servir à amener les banques primaires, à partir d’une démarche pédagogique, à financer l’économie réelle. Pourquoi ? Parce que l’entreprise est la source fondamentale de développement de notre économie pour les années à venir. Tôt ou tard, notre Banque centrale sera obligée d’écouter les cris de détresse des entrepreneurs béninois.

Olivier ALLOCHEME

 

 

 

 

 

 

 

 

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