.
.

Le triomphe de la vérité

.

Edito: La guerre antichinoise


Visits: 2

C’est connu. Chaque président américain doit allumer « sa » guerre. Georges Bush a eu la guerre d’Irak, comme son père a déclenché celle du Golfe. Barak Obama a eu le conflit libyen et Donald Trump attend fiévreusement de déclencher le prochain conflit iranien. Mais en attendant, il s’occupe de se frotter contre la Chine à travers une guerre commerciale aux enjeux multiples. Un pan de ce conflit rugueux m’intéresse particulièrement : la guerre contre le géant chinois des télécom, Huawei.
Pour ceux qui ne le connaissent peut-être pas, Huawei est, de loin, la plus grande société de télécommunication dans le monde. Il a été créé en 1987 en Chine et emploie 270.000 personnes. Il produit deux millions de téléphones portables par mois et les distribue à trois milliards de consommateurs répartis dans 170 pays dans le monde. Mais, ce qui fait la force de Huawei, c’est la qualité de sa recherche. La société dispose de 75.000 ingénieurs résident dans 16 pays, notamment en Egypte, en Allemagne, en Inde, en Suède, aux Etats-Unis, en France, en Italie, au Brésil ou en Russie. Depuis 2008, Huawei occupe le premier rang mondial des inventions brevetées auprès de l’Organisation Mondiale pour la Propriété Industrielle (OMPI). Cet organisme onusien a reçu à la date d’aujourd’hui 87.805 brevets d’invention déposés par cette seule société chinoise. Si vous avez vu le lien, il apparait que Huawei détient 50% des brevets nécessaires à la mise en place de la 5G, l’internet ultrarapide appelé à révolutionner le futur.
Parmi les applications de cette technologie futuriste, il y a en effet les objets connectés, les villes du futur, la reconnaissance faciale, les voitures autonomes, l’intelligence artificielle,…C’est un marché colossal qui propulsera la Chine au premier rang de l’économie mondiale. Car il est capable d’apporter par exemple au marché américain environ 500 milliards de dollar et de créer 3 millions d’emplois, si les Américains remportent la guerre de la 5G. Mais aujourd’hui, l’équipementier chinois est très en avance sur ce segment du marché, réduisant ses concurrents américains à des rôles marginaux. Aucune autre société en dehors de Huawei ne peut exploiter la 5G de façon autonome. Le premier téléphone mobile 5 G de Huawei est prévu pour ce mois de juin 2019. Quant à Apple, son concurrent américain, il prévoit la même technologie au plus tôt, en septembre 2020.
De plus, pour les Etats et les organismes internationaux, la société chinoise constitue un partenaire de choix pour un service largement plus rapide et plus efficace que ce qu’offrent ses concurrents américains ou européens. La crise actuelle permet même à cette multinationale de se faire mieux connaitre pour se faire d’autres partenaires à travers le monde. Mais problème : en excipant des raisons de sécurité intérieure, la Maison Blanche a interdit l’accès du territoire américain à Huawei. Dans la foulée, une bonne partie des entreprises et institutions américaines fournisseurs de la multinationale chinoise, ont été forcées de se désolidariser de la marque chinoise. C’est une mise à mort de Huawei qui est ainsi planifiée.
Tous les pays du monde seront obligés de choisir entre les Etats-Unis et Huawei. Il en est ainsi de l’Allemagne dont la chancelière Angela Merkel, invitée cette semaine à donner une conférence à la Harvard, fait des difficultés pour rendre même une visite de courtoisie à Donald Trump. Et pour cause, Huawei est bien présent en Allemagne avec de gros contrats d’équipement de télécommunication exécutés avec la dextérité chinoise. Mais la pression américaine ne faiblit pas sur Berlin. L’ambassadeur américain a ainsi adressé une lettre au ministre allemand de l’Economie Peter Altmaier, pour lui signifier que le partage d’informations confidentielles pouvait être revu si Berlin ne bannissait pas les Chinois de son internet ultra-rapide. De plus, le commandant suprême des forces alliées en Europe, le général américain Curtis Scaparrotti, a affirmé que les forces de l’Otan cesseraient de communiquer avec leurs collègues allemands si Berlin s’associait avec des groupes comme Huawei.
Disons le mot, en déclenchant la guerre commerciale antichinoise, l’administration Trump a trouvé un élément fédérateur pour la campagne électorale de 2020. Dans tous les sondages sérieux en effet, Donald Trump est assuré de sa réélection l’année prochaine, les Américains étant convaincus que cette guerre assurera à leur pays la suprématie économique et diplomatique dont il a besoin pour dominer le monde.
Ce qu’ils ignorent, c’est que l’avance technologique et idéologique chinoise est si forte que le seul fait de s’en passer tire vers le bas les entreprises et les Etats qui en décident ainsi.

Par Olivier ALLOCHEME

Reviews

  • Total Score 0%


Plus sur ce sujet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You cannot copy content of this page