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Le triomphe de la vérité

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Edito : Le dialogue maintenant


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L’opposition a rapidement rejeté la main tendue du Chef de l’Etat appelant à un dialogue politique sincère. Comme à son habitude, elle n’a pas pris le temps de se demander de quoi recouvre l’initiative présidentielle avant de prendre une position radicale. Personnellement, je m’étais demandé quelles sont les conditions que pose le Chef de l’Etat à ce dialogue qu’il a souhaité. Autrement dit, sur quoi dialogue-t-on ? Qui sera le médiateur ? Quel est l’objectif ? Qui en seront les parties prenantes ?

Chaque réponse à chacune de ces interrogations est lourde de conséquences. Si nous ne prenons que la première question, il est aisé de constater que le gouvernement ne permettra jamais une discussion sur les élections déjà passées, encore moins sur l’Assemblée nationale déjà installée. Pour participer à un quelconque dialogue politique, l’opposition a exigé l’annulation des élections et la dissolution du parlement. Il est aisé de constater qu’au Bénin, le gouvernement n’a pas ce pouvoir au regard de la loi. Ni Patrice Talon ni personne d’autre avant lui n’a la capacité de dissoudre un parlement, à moins d’un coup de force. Cette condition posée par l’opposition tombe donc à l’eau d’elle-même.

Quel pourrait donc être l’objectif d’un tel dialogue ? A mon avis, le régime Talon vise non seulement un apaisement des tensions politiques dans le pays, mais aussi une meilleure organisation des élections prochaines, notamment les élections communales, municipales et locales. Dans son discours à la nation lundi dernier, Patrice Talon a souhaité que l’Assemblée nationale prenne sur elle de corriger les lois querellées. L’objectif visé est probablement d’en assouplir les règles, sans pour autant dénaturer les réformes qui y ont abouti. Regardez-moi bien : si l’opposition refuse le dialogue qui va aboutir à de meilleurs  textes, que se passera-t-il ? On se rappelle que lors des dernières négociations avant les législatives, l’opposition avait fini par refuser tout dialogue, en se cramponnant à « ses » conditions à elle. Refusant toute volteface, le pouvoir avait simplement tiré la conclusion que l’opposition ne voulait pas participer à la compétition électorale. Nous nous acheminons à nouveau vers ce cas de figure.

En refusant le dialogue, sans même chercher à en connaître les conditions, l’opposition se lie les mains. Elle se place dans la position de ceux qui finiront par subir les règles qu’on leur imposera. Car, dans ce cas de figure où l’opposition ferait la politique de la chaise vide, elle permettra à la mouvance présidentielle de lui dicter unilatéralement les règles du jeu électoral à venir. Et ce ne sont pas les plaintes ubuesques à la pseudo-communauté internationale qui règleront cette nouvelle crise.

J’ai beau scruter  l’horizon, je ne vois pas d’autre solution à la crise qu’un dialogue inconditionnel permettant de réunir tous les acteurs autour d’une même table pour organiser sans violence les prochaines consultations. Il ne s’agirait pas d’une nouvelle conférence nationale. Non ! Je ne vois même pas quel rôle viendrait jouer la conférence épiscopale dans une quelconque médiation. D’autant d’ailleurs qu’elle-même se fourvoie proprement dans les termes de son communiqué de la semaine dernière. Elle plaide, dit-elle en effet « pour le retour au bercail de tous les fils et filles du Bénin contraints à quitter le territoire national pour une raison ou une autre ». Je ne connais personnellement aucun Béninois contraint à l’exil. Tous ceux qui sont partis ont fui volontairement pour échapper à la justice, et notamment pour ne pas répondre d’actes de prévarication et parfois de pure escroquerie.  Si chaque Béninois soupçonné par la justice devrait s’exiler pour ensuite revenir grâce aux manœuvres politiciennes, désormais blanc comme neige, il faut se demander s’il faut continuer à appeler notre pays un Etat de droit…Le Bénin n’est pas une république bananière.

Mais en cas de refus obstiné d’un dialogue sans condition, ce qui reste à la mouvance présidentielle, c’est de faire adopter à l’Assemblée nationale les amendements nécessaires aux textes actuels, sans chercher forcément un consensus qui ne viendra plus. Pour tout dire, le dialogue politique tel que voulu par le Chef de l’Etat, est parti pour ne jamais voir le jour. Et à trop trainer sur cette option pourtant nécessaire, on risque de se retrouver à cultiver le même vent d’invectives ayant fait capoter les négociations antérieures.

Par Olivier ALLOCHEME

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