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Le triomphe de la vérité

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Edito: La défaite de l’unité


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L’objectif avoué du vote de la charte des partis politiques et du code électoral, est d’unir la classe politique. Unir des forces politiques disparates ayant fonctionné jusqu’ici dans une relative dispersion. La décision de la CENA hier est le signe ultime que les efforts d’unité sont limités. Qu’ils ont échoué.
A tous ceux qui accusent la loi, je dis ceci : vous avez tort ! Car, au fond, que voulez-vous ? Que le petit Bénin continue à avoir près de 200 partis politiques ? Que l’Assemblée nationale continue à être fragmentée entre des élus représentant leur arrondissement plutôt que le pays ? A quand l’existence de véritables partis politiques au Bénin ? A quand la fin du cirque des pseudo-partis qui ne sont en réalité que des regroupements ethnico-régionalistes ?
A toutes ces questions, je ne trouve pas encore l’ombre d’une réponse satisfaisante. La charte et le code ont tenté une esquisse de réponse, mais le verdict de la CENA hier traduit l’incapacité des acteurs à comprendre l’urgence des grands regroupements. Chacun veut conserver son parti ethnique, et trouve inconcevable de faire un pas vers les autres. Nous sommes à l’ère des condamnations. On veut condamner les députés qui ont eu l’intention et la volonté de corriger cette plaie de notre paysage politique. Il s’agit d’obliger les acteurs à constituer de grands ensembles, quelles que puissent être par ailleurs leurs divergences. De plus, quel Etat sérieux peut financer des partis aussi éclatés et à structure aussi décousue que ceux que nous avons ? Au plan financier et budgétaire, il est inconcevable que l’Etat injecte l’argent du contribuable dans des entités qui ne représenteraient en réalité qu’un arrondissement. Or, la problématique vraie de l’animation de la vie politique et même de la qualité de la classe politique nationale, recoupe celle du financement public des formations politiques. Il est inconcevable que près de trente ans après la conférence nationale, l’on continue à trainer les mêmes tares qui ont fragilisé la gouvernance du Bénin.
Fédérer les divergences et construire des homogénéités, c’était l’idéal ayant conduit au vote de ces deux lois. Mais aujourd’hui, chacun veut jeter le bébé avec l’eau du bain, en oubliant que ce qui est en cause, ce n’est pas la qualité des lois, mais bien la capacité des acteurs à se mettre ensemble et à renoncer à leurs égos surdimensionnés pour se conformer à la loi.
Il y a quelques semaines, Candide Azanaï demandait publiquement aux partis d’opposition de laisser tomber leurs égos et leurs logos. C’était une invite publique au regroupement des forces de l’opposition. J’avais pensé qu’avec le vote des lois aujourd’hui incriminées, les acteurs de l’opposition sentiraient le besoin irrépressible de transcender leurs rancœurs du passé pour se mettre ensemble. Non ! C’est précisément en ce moment que les injures et les mots acides ont commencé à se distribuer entre acteurs du même bord. C’est précisément au moment où l’union sacrée de l’opposition pour faire peur au pouvoir, était rendue nécessaire et salutaire même, que les dissensions surgissent et deviennent impossibles à polir. Au Bénin, les gens préfèrent perdre en étant seuls que de réussir en étant ensemble. Aussi bien au sein de la mouvance présidentielle que de l’opposition, personne n’a réussi à réaliser l’unité, entrainant ce qui devait arriver : la mise hors course de la grande majorité.
La plupart des partis, comptant sur le manque de rigueur de la CENA, ont miné leurs dossiers de fausses déclarations, de faux documents et autres candidatures fallacieuses. Un candidat vivant et travaillant à Porto-Novo, a été positionné par son parti à Parakou où il n’est connu de personne et où il n’a jamais vécu. En fait, ce sont des candidatures de complaisance destinées à bourrer les listes. Elles ne montrent qu’une chose : le parti en question n’a qu’un ancrage communal ou, à la rigueur départemental. Exactement ce que les nouveaux textes ont tout fait pour corriger.
Il faut maintenant un grand compromis national, issu de la Cour Constitutionnel pour que l’élection du 28 avril se tienne effectivement. Ce compromis pourrait consister en un repêchage de tous les partis actuels, avec pour obligation de corriger leurs insuffisances avant le 16 mars prochain. Ceux qui rêvent d’une relecture de la loi, peuvent encore attendre. Car cette initiative débouchera immanquablement sur le report des élections, un saut dans l’inconnu.

Par Olivier ALLOCHEME

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