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Le triomphe de la vérité

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Entretien avec Gustave Sonon, membre du Bloc républicain: « Il n’y aura pas de guerre de positionnement»


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Gustave Sonon, ex ministre de Boni Yayi, aujourd’hui partisan du régime Talon et membre du Bloc républicain se dit convaincu que la guerre de positionnement sur les listes électorales tant crainte pour les deux grands partis du pouvoir, lors des législatives 2019, n’aura pas lieu. Le président Patrice Talon, à le croire, a les moyens et les atouts nécessaires pour contenir les ambitions des uns et des autres. Dans cet entretien, il évoque également, entre autres, les raisons de son ralliement au régime de la rupture, l’atmosphère politique dans la 24ème circonscription électorale et dans sa commune natale, Za-Kpota.

 

L’Evènement Précis : Quelles sont les raisons qui expliquent votre participation au congrès du parti Bloc républicain à Parakou le 8 décembre 2018 ?

 

Gustave Sonon : Je voudrais d’abord vous informer que j’ai pris part aux travaux préparatoires du congrès du parti Bloc républicain et j’en suis un membre fondateur. Venant à votre question de façon plus précise, si je me suis engagé aux côté d’autres éminents acteurs politiques dans cette nouvelle formation politique, c’est parce que la réforme du système partisan veut que nous nous organisons pour que l’animation de la vie politique soit réellement conduite par de véritables partis politiques ayant une assise nationale. Et de ce fait, par rapport aux échéances de 2019, de 2020 et de 2021, pour ne citer que les plus proches, il est impérieux que l’on se détermine.

 

Est-ce qu’on peut déduire à partir de là que Gustave Sonon, ex homme fort du régime du Dr Boni Yayi est désormais avec le président en exercice, Patrice Talon ?

Bien sûr que oui, à partir du moment où je suis membre d’un des partis qui soutient le régime du président Patrice Talon. Mais il y a quelques nuances à faire. Le président Talon est l’initiateur en chef de la réforme du système partisan qui a donné naissance récemment aux deux grands partis, à savoir l’Union progressiste et le Bloc républicain qui accompagnent ses actions. La nuance est qu’il travaille dans une vision futuriste, parce qu’il n’a pas créé cette réforme pour être un chef de parti politique, et l’objectif de tout parti politique est la conquête du pouvoir. Le président Talon s’est placé au-dessous de tous les partis politiques en adoptant une posture neutre et c’est à saluer. Je ne soutiens pas uniquement un homme dans ma nouvelle option, mais un système salvateur pour la démocratie béninoise que cet homme est en train de mettre en place.

 

Pourquoi avoir pris tant de temps pour prendre une telle décision, lorsqu’on sait que le président Talon bouclera bientôt trois ans à la tête de l’Etat ? D’autres anciens ‘’yayistes’’ l’on fait plus tôt que vous ?

Le président Yayi aux côtés de qui j’ai travaillé, a passé dix ans au pouvoir, mais n’a pas pu mettre en place un système partisan. Et vous savez comment la politique était menée en son temps. 2016 était donc considéré comme une remise à plat total du système partisan. Pour ce qui me concerne en tout cas, il fallait donc repartir à la base pour voir quelle nouvelle orientation donner à notre action politique. Et c’est ce à quoi je me suis attelé, d’abord à travers plusieurs séances de concertation avec ma base. Et ensemble, on a obtenu un consensus, surtout avec les élus locaux de ma commune qui est Za-Kpota. 19 conseillers ont opté pour accompagner le régime du président Talon. Après analyses, consultations et avec certaines considérations, 16 conseillers sur les 19 ont souhaité faire chemin avec le Bloc républicain, et je dois préciser qu’ils étaient déjà très actifs au niveau de la Dynamique unitaire qui a engendré ce nouveau parti. Vous voyez donc les raisons de mon choix. Je dois aussi rappeler que j’ai été élu député aux législatives 2015 dans les mêmes conditions de consensus. Tous les fils de Za-Kpota avaient accepté à l’époque de s’oublier politiquement pour faire bloc autour de ma candidature. Lorsque vous obtenez ce genre de consensus, il était difficile de prendre position tout de suite en 2016 sans aller renégocier un nouveau consensus.

 

Pourquoi avez-vous fait le choix des républicains alors qu’avec les mêmes conseillers, vous pourriez aller vers les progressistes ?

Le chef de l’Etat, il est vrai, a souhaité de grands regroupements politiques faisant l’unité nationale. Mais à l’analyse, on s’est rendu compte, en ce qui nous concerne, que le Bloc républicain fait beaucoup plus l’unité nationale en ce sens qu’on y retrouve, du Nord au Sud, de l’Ouest à l’Est, aussi bien d’anciens leaders que de jeunes. En plus, si vous prenez les symboles du Bloc républicain, ils expriment beaucoup de choses. Le buffle, comparable au cheval est le symbole du roi Guézo et nous qui sommes de la royauté d’Abomey, on s’y identifie plus facilement. Le cheval symbolise également la puissance et le pouvoir. Que cela soit au Nord ou au Sud, le roi sort et est agréé à cheval, c’est un symbole de guerre.

 

Les républicains de la 24ème circonscription électorale, dont vous, ont effectué des sorties récentes dans plusieurs communes de la zone. Quels en sont les objectifs ?

Après le congrès de Parakou, il était de notre devoir d’aller faire la restitution des actes pris à notre base. De plus, la nouvelle Charte des partis politiques recommande au moins au parti d’avoir 15 membres fondateurs par commune. Il était également nécessaire d’aller faire connaître le parti, son logo, ses statuts, son règlement intérieur et les nouvelles exigences de ladite Charte. Et je profite pour vous annoncer qu’à Za-Kpota, les grands leaders du Bloc républicain ont eu la confirmation du choix fait par les leaders de la commune avec l’engouement de la base et ont estimé que le siège national du parti soit installé chez nous.

 

D’aucuns ne manquent pas de qualifier ces sorties politiques des républicains et progressistes dans tout le pays, de campagne électorale précoce en prélude aux législatives 2019 qui s’annoncent. Qu’en dites-vous ?

En fait, c’est une situation un peu ambigüe. C’est vrai que par rapport au Code électoral, il est proscrit toute campagne précoce, toute libéralité, dons, port de toute effigie, un an avant les élections. Mais cette loi, elle-même est intervenue presque 6 mois avant les élections. Deuxièmement, la nouvelle Charte politique donne les pleins pouvoirs aux partis politiques de se conformer à ses dispositions dans une période de transition de six mois. La Constitution qui est la loi des lois a, en son article 5, dit également que l’animation de la vie politique appartient aux partis politiques. La question est de savoir, s’il faut présenter les nouveaux partis politiques à la population sans parler de leur logo et de sa signification. Et je pense que ceux qui le font n’ont jamais déclaré à l’occasion qu’ils sont candidats aux législatives 2019. Je ne vois donc pas la campagne électorale précoce dont on parle.

 

Comment se porte la 24ème circonscription électorale à ce jour, lorsqu’on sait que d’aucuns présagent d’un combat de gladiateurs à l’occasion des prochaines législatives?

La 24ème circonscription électorale se porte très bien. Elle est plus unie que par le passé. Et si on fait la balance, la 24ème circonscription est majoritairement dans le Bloc Républicain.

 

Le combat entre républicains et progressistes n’aura-t-il pas lieu dans la zone, au regard du poids de potentiels candidats dans les deux camps ?

Vous ne pouvez pas prétendre défendre les actions de la même personne sans vous inscrire dans sa vision. Il doit donc y avoir tacitement un contrat de non agression. Ce qui nous crée plus de problèmes est lié au fait que le système partisan intervient dans un contexte compliqué avec trois élections d’affilées, législatives 2019, communales et municipales 2020 et présidentielle 2021. Et de ce fait, l’appartenance ou non à un bloc donné peut être lié à des calculs politiques, à savoir que si je me positionne dans tel ou tel bloc, moi qui ai des ambitions pour les législatives, quel sera mon sort lors des municipales et autres ? C’est cet environnement qui rend un peu compliquée la situation. Mais j’ai confiance au chef de l’Etat pour tout gérer à bon escient.

 

La guerre des positionnements sur les lites électorales, qu’il s’agisse des républicains ou des progressistes, est aussi à redouter. Avez-vous la même crainte ?

Je pense qu’il n’y aura pas de guerre de positionnement. Le chef de l’Etat détient les atouts pour faire taire telle ou telle ambition. Les candidatures seront analysées suivant des critères bien définis.

 

Gustave Sonon sera-t-il à nouveau candidat pour les législatives qui s’annoncent ?

Je suis reparti pour l’action politique, non pas pour les élections législatives, mais dans la perspective du nouveau système partisan qui impose, entre autres, une procédure pour les candidatures. A titre individuel, je ne suis pas partant, mais si à travers les critères, étant dans un ensemble, le filtre me fait passer, ce sera autre chose. Etre utile à son pays, ce n’est pas nécessairement être député. D’un poste technique, nous pouvons également beaucoup apporter au développement de ce pays et au bien-être des populations. Je suis beaucoup plus entré dans ce dispositif pour la cohésion et la consolidation de la commune de Za-Kpota.

 

Que pensez vous de ceux qui craignent un vote sanction contre Talon à l’occasion des législatives 2019, au regard de sa gouvernance jugée trop dure ?

C’est une erreur de croire que les réformes ont impacté négativement le peuple et par conséquent, un vote sanction pourrait intervenir lors des législatives 2019. Tout changement induit des modes de gestion qui ne vont pas nécessairement plaire à tout le monde. Les problèmes à la base ne se posent pas de la même façon. Les défis à relever sont à la fois en fonction du temps et de l’espace. Ce dont telle région avait besoin il y a 10 ans n’est pas la même chose dont telle autre a besoin maintenant. Certaines régions ont besoin juste de l’eau et de l’électricité et si le minimum est réglé, les populations sont satisfaites. N’oublions pas aussi que les législatives sont des élections de proximité. Les populations auront donc affaire à des fils du terroir.

 

Dites-nous concrètement ce qui a changé dans la vie des populations à Za-Kpota depuis que le président Talon est au pouvoir 

Il y a eu consolidation des acquis. Je peux surtout citer, entre autres, le règlement définitif de la cruciale question de l’accès à l’eau potable qui est une chose fondamentale. Quand nous autres sommes en ville, on ne peut pas imaginer les souffrances de nos chers parents des campagnes pour accéder à l’eau qui est la vie. Pour un exemple personnel, il y a environ deux mois, quand je rentrais chez moi à Za-Kpota, l’eau de robinet coulait 1 jour sur 2 avec une faible pression mais aujourd’hui, tout est réglé. Dans un passage récent, les populations de ma commune trimballaient des bidons d’eau sur des kilomètres. Ce calvaire est fini maintenant. Il y a trois choses fondamentales qu’il faut régler dans la vie de nos populations aujourd’hui pour leur mieux-être : l’accès à l’eau potable, les routes et les facilités de communication. Elles n’en demandent pas mieux, car avec ces trois éléments, elles peuvent se prendre en charge pour le reste.

 

 

Un mot de fin ?

Je voudrais dire qu’il faudrait qu’on adopte, entre militants républicains et progressistes, un pacte de non agression lors des joutes électorales à venir. Et à tout le peuple béninois, qu’on s’implique dans tout le processus électoral, afin qu’on puisse faire des élections libres, transparentes et dans la paix.

 

Propos recueillis par Christian Tchanou

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One thought on “Entretien avec Gustave Sonon, membre du Bloc républicain: « Il n’y aura pas de guerre de positionnement»

  1. SINDEKON Jules

    Je vous demanderais de bien vouloir semer la paix,l’amour et la fraternité justice dans notre pays et surtout dans la commune de Za-kpota;
    lors des élections à venir…

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