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Le triomphe de la vérité

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Edito: La fin a commencé


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Il y a dix ou vingt ans, si quelqu’un m’avait dit que les pays européens se battraient aujourd’huientre eux à cause du mal qu’ils ont fait et continuent de faire à l’Afrique, j’en aurais sérieusement douté. Mais c’est bien ce que nous voyons depuis dimanche avec l’attaque en règle menée contre l’Etat français par Luigi Di Maio, le vice-président du Conseil italien, en même temps ministre italien du Développement économique. Parlant de la situation de son pays qui est obligé de faire face à l’afflux massif de migrants africains, il a déclaré en effet : « Si aujourd’hui il y a des gens qui partent, c’est parce que certains pays européens, la France en tête, n’ont jamais cessé de coloniser des dizaines de pays africains ». Et d’ajouter : « il y a des dizaines de pays africains où la France imprime une monnaie, le franc des colonies et avec cette monnaie, elle finance la dette publique française ». « Si la France n’avait pas les colonies africaines, parce que c’est ainsi qu’il faut les appeler, elle serait la 15èmepuissance économique mondiale alors qu’elle est parmi les premières grâce à ce qu’elle est en train de faire en Afrique », avait-il argué. Voilà qui corrobore la thèse soutenue depuis toujours par de nombreux panafricanistes que la plupart des gens de la société bien pensante n’ont jamais pris au sérieux.

Oui, c’est vraiment sérieux cette fois. Luigi di Maio n’a probablement pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin. Il compte bien porter plainte contre la France auprès de l’Union Européenne afin que celle-ci prenne des sanctions à son encontre. « Si l’Europe veut en ce moment avoir un peu de courage, elle doit avoir la force d’affronter le thème de la décolonisation de l’Afrique», a-t-il dit. Bien sûr, à la suite de ces propos, Paris a aussitôt réagi par le biais du directeur de cabinet de la ministre chargée des Affaires européennes. C’est lui qui a convoqué l’ambassadrice d’Italie en France, Teresa Castaldo, pour lui notifier que ces propos sont « inacceptables et sans objet ».Apparemment, Paris n’a pas vu venir cette bombe atomique et reste pour le moment sans aucune réponse convaincante.

Ce que je veux dire, c’est que tout le monde est en train de vivre les conséquences de la paupérisation de l’Afrique. Car si les Italiens en arrivent à cette extrême exaspération, c’est parce que leur pays doit affronter des vagues continues et incontrôlables de désespérés venant d’Afrique. Le pays est frappé de plein fouet au point de porter au pouvoir, en juin 2018, le parti 5 Etoiles et l’extrême droite dont les idées anti-immigration et xénophobes sont connues. Il a fallu cela pour qu’ils ouvrent les yeux. Pourtant, depuis des décennies, la France et une bonne partie des pays européens ont pillé l’Afrique, sans que personne n’attire leur attention sur un fait : le jour où ses pays pillés se relèveront l’Occident dégringolera.

Sans même le secours des cris d’orfraie des autorités italiennes, l’Afrique partout s’éveille. Ses dirigeants ne sont plus à la solde comme naguère les godillots demi-lettrés qui se faisaient passer pour des dieux. Aujourd’hui la République démocratique du Congo peut tenir tête à la grande France, avec une dextérité managériale qui a surpris et mis d’accord tout le monde. Aujourd’hui, les potentats sont de plus en plus contraints à la négociation ou à l’exil s’ils ne sont pas réduits à l’impuissance. En dehors de quelques-uns qui finiront par mourir un jour, nos chefs d’Etats ne sont plus de fidèles exécutants des exigences de Paris, Bruxelles, Washington ou Londres.

Aujourd’hui, il y a la Chine, plus présente que jamais sur le continent. Sa puissance effraie les anciennes métropoles elles-mêmes. Elles ne peuvent plus empêcher la mise en place de sa machine économique, diplomatique et militaire sur le continent. Le pré-carré a échappé à Paris. L’Europe a passé son temps à affaiblir l’Afrique, la Chine passe son temps à consolider l’Afrique. Dans le premier cas, la dégringolade est irréparable parce que les anciens esclaves se sont réveillés et se libèrent progressivement.Et dans le secondcas, la Chine construit son avenir en tablant sur la prospérité de l’Afrique. Ce sont deux conceptions des relations internationales qui se mettent en branle, avec des résultats que nous voyons déjà.

Ne nous leurrons donc pas. Les déclarations de Luigi di Maio sont un cri de détresse qui sonne le grand départ de la débâcle occidentale en Afrique.

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