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Le triomphe de la vérité

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Edito: Financer les PME


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On a beau crier, le financement bancaire des petites et moyennes entreprises (PME) continue d’être le talon d’Achille de l’entreprenariat au Bénin.

On connaît le refrain : on ne prête qu’aux riches ! De ce fait, les banques béninoises n’investissent leur argent que dans des affaires capables de leur rapporter de la plus-value et de leur assurer une certaine notoriété dans leur secteur. Sont d’office éliminés, tous les débutants, les projets portant sur des niches futures, les innovations et toute la gamme des projets agricoles. Ce qui compte pour les banques béninoises, c’est le profit immédiat. Le risque zéro, surtout en matière de PME, reste leur philosophie permanente.

Une illustration. Si en tant que PME du secteur BTP vous gagnez un marché important de l’Etat, vous aurez besoin d’accompagnement financier pour exécuter ce marché jusqu’à terme. Quel que puisse être le montant de l’avance de démarrage octroyé par l’Etat, votre entreprise a besoin de fonds propres pour montrer qu’elle est capable d’exécuter le marché. La loi sur le partenariat public-privé ne laisse aucune marge de manœuvre aux entreprises privées. Et c’est  en ce moment que commence le véritable calvaire. La plupart de ceux qui pensaient que les banques pourraient sauter sur l’occasion pour faire des affaires, se trompent. Si ce scénario était encore valable il y a une dizaine d’années, tel n’est plus le cas aujourd’hui.  Les banques béninoises sont devenues très frileuses. Les bons de l’Etat sont presque systématiquement rejetés aujourd’hui par les banques. En cause, l’Etat qui, au cours de ces dernières années, a manqué d’honorer ses engagements en ne payant pas à temps les prestations du privé. On ne compte plus les entreprises qui ont dû fermer leurs portes, parce que les prestations une fois fournies n’ont pas été payées, malgré toutes les diligences faites. L’Etat béninois est ainsi devenu le principal obstacle au progrès des PME, en accumulant les impayés d’année en année. La réaction des structures financières ne s’est pas fait attendre en effet. Désormais, plus aucune structure financière sérieuse n’octroie de crédit aux PME détenant des bons publics. Dans ces conditions, que fait-on pour survivre ?

Toute la problématique est là. Car, au même moment, les mêmes banques préfèrent investir dans le commerce import/export, dans des transactions de court terme et sans risque. Elles sont prêtes à positionner des crédits de campagne pour les grandes entreprises du secteur cotonnier ou anacardier dont les recettes sont garanties, surtout lorsque l’on connaît l’embellie de ces deux secteurs agricoles depuis 2016. Lorsqu’une entreprise comme Fludor a besoin de cash pour acheter de la matière première à temps afin de faire face à ses besoins de campagne, elle a mille fois plus de chance qu’une PME qui livre des  fournitures de bureau.

A vrai dire, les fonds de garantie devraient servir à pallier ce déficit de confiance entre PME et secteur bancaire. Mais les coûts d’intermédiation sont prohibitifs pour la plupart des PME  à la trésorerie fragile. Les asymétries d’information qui plombent la confiance du secteur bancaire à leur égard, pourraient aussi être résorbées par la mise en place des bureaux d’informations sur le crédit. Pour le moment, de telles structures sont méconnues dans le dispositif institutionnel du secteur financier béninois. Alors, que faire lorsque la loi bancaire de l’UEMOA ne contraint nullement les établissements de crédit à financer les PME ?

L’Etat a peut-être un rôle à jouer. Mais ne rêvons pas trop : la véritable entreprise est celle qui trouve en son sein les réponses à ses propres besoins. Autrement dit, si vous êtes obligé de tendre la main à une banque pour avancer, c’est la preuve la plus évidente que votre projet n’est pas viable. Il ne faut pas penser non plus que les banques sont des institutions totalement vertueuses. Beaucoup de projets soumis par des entreprises innocentes se sont retrouvés aux mains d’individus à qui les banquiers ont vendu la mèche contre quelques commissions. Si vous vous couvrez de dettes pour financer des projets qui ne mûrissent que sur papier, il y a de fortes chances que vous soyez en train de signer votre propre arrêt de mort.

Pour financer son entreprise et lui permettre d’aller de l’avant, la seule source viable et pérenne reste l’entreprise elle-même.

Pr Olivier ALLOCHEME

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