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Le triomphe de la vérité

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Projet commune du Millénaire de Bonou: Les femmes brisent les chaînes de la pauvreté


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Quelques bénéficiaires du PCM Bonou dans leur jardin

L’autonomisation de la femme fait son bonhomme de chemin dans la commune de Bonou dans le sud-est du Bénin. Grâce aux diverses activités génératrices de revenus qu’elles mènent, des femmes échappent au piège de la précarité.

Atchonsa, arrondissement de la commune de Bonou. Il n’est pas encore dix heures. Les femmes de l’Association «Tankpinou» s’activent pour la préparation des beignets d’arachide (kluiklui en langue locale fon), un en-cas traditionnel fort prisé au Bénin. A l’ombre d’un des hangars du marché de l’arrondissement, chaque femme pétrit en silence, une grosse quantité de pâte d’arachide qui sera assaisonnée avec un mélange d’épices et de piment et roulée en bâtonnets qu’elles feront frire.«En une semaine, nous transformons deux sacs d’arachide. Nous sommes au nombre de dix dans notre groupe. Cinq d’entre nous s’en vont vendre les produits et cinq restent sur place pour travailler. Nous nous relayons dans les tâches chaque semaine», explique Cécile Tolou. La jeune femme est la présidente de cette association qui a fait de la transformation de l’arachide, sa principale activité.

En plus du kluiklui, elles produisent d’autres dérivés comme le nougat et l’huile d’arachide qu’elles vendent sur place, notamment aux usagers de l’axe Missérété-Adjohoun- Ouinhi-Kpédékpo, mais surtout sur les marchés environnants et dans les foires. Avec les revenus de ce commerce, elles font face aux dépenses familiales. «Après la vente de nos produits, nous mettons une partie des bénéfices de côté pour l’épargne que nous avons initiée et le reste nous le partageons. Ça nous aide à nourrir nos enfants. Nous n’attendons plus tout de nos maris. Nous les épaulons dans le foyer », avance Cécile.

Il y a encore quelques mois, ces femmes ramaient dans les carrières de sable de Dogba Hê et Gboa à la quête du minimum pour survivre. « On allait à la carrière pour transporter des bassines de sable, du matin au soir. A la fin de la journée, si on nous donnait 1500 francs (2,59 dollars US), nous étions obligées de les prendre car on n’avait pas le choix».Leur destin change en octobre 2017 avec le « Projet Commune du Millénaire de Bonou pour un Développement Durable » (PCM-Bonou). « Le PCM a décidé de former les femmes de la carrière. La formation avait pour objectif de nous apprendre à transformer les produits agroalimentaires. Nous avons été formées durant une semaine », explique Viviane E. Mamadou, membre de l’association. Le 30 octobre 2017, elles créent l’association « Tankpinou » qui a fait d’elles depuis lors, les maîtresses de leur destin.

A Assrossa, un village de l’arrondissement de Damè-Wogon, c’est grâce au fumage du poisson que les femmes s’en sortent. Réunies au sein de l’association « Mahoumèvo », elles disposent d’un four solaire qui leur permet de fumer le poisson sans inhaler de fumée et  sans peine. « L’activité est rentable. Avant la fin de la journée, nous chargeons huit cartons de poissons. Nous n’avons qu’à disposer nos poissons dans le four et le tour est joué. Notre poisson se vend bien. Certains clients ne jurent que par le poisson fumé dans le four. Les gens viennent des autres arrondissements s’approvisionner chez nous », résume Agathe Houssou, la présidente. Elle ajoute que le four, qui leur permet de gagner du temps et de l’argent, les aide aussi à secourir d’autres femmes, encore dans la précarité : « Nous avons avec nous des femmes en situation difficile qui nous aident à écouler le poisson par la vente ambulante et gagnent ainsi leur vie ». Lorsque le poisson se fait rare, les femmes gèrent la pénurie grâce à la vente d’oignon, de piment ou encore de tomate.

Dans l’arrondissement d’Affamè, c’est autour de l’eau que les femmes, mais aussi des hommes, développent des activités génératrices de revenus. Dans cet arrondissement, dans le village d’Agbossou-Kota précisément, le Projet Commune du Millénaire de Bonou a mis en place un dispositif autonome d’eau actionné par le système solaire. L’« Association Vioutou Jardin » forte de 30 membres exploite ce dispositif pour le maraichage et la pisciculture, ce qui permet aux membres d’accroitre leurs sources de revenus pour dynamiser leur activité d’épargne et de crédit. «Quand nous vendons les produits du jardin, nous mettons de côté chaque semaine une somme de cent francs par membre et le total est remis à un membre sous forme de prêt. Ça nous aide à épauler nos maris et améliorer le quotidien de nos enfants. Avant l’avènement de ce projet, nous n’avions pas d’argent pour emmener nos enfants à l’hôpital quand ils tombaient malades ; on renvoyait nos enfants de l’école pour non paiement des frais de scolarité. Tout cela fait partie du passé maintenant », explique Adèle Katchémè, membre de « Vioutou Jardin ». Les membres de l’association mettent également à profit les formations dont ils bénéficié. Ainsi, s’associent-ils pour fabriquer du gari, des beignets, du fromage de soja, ce qui leur permetde diversifier leurs sources de revenus. L’association compte cinq hommes qui se réjouissent de l’avoir intégrée, à l’instar d’Aaron Bodjrènou : « Au départ nous étions loin d’imaginer que cette association allait avoir cette envergure. Les prêts que nous contractons nous aident à payer la main-d’œuvre pour travailler dans nos champs et nous occuper de nos familles».

« Le PCM a sorti les femmes de la misère »

Dans le village d’Adido, arrondissement de Hounviguè, environ 300 femmes bénéficient de la Plateforme multifonctionnelle (PTFM) créée par le PCM- Bonou et qui se veut un centre d’innovation, de production et d’incubation. « Ici nous transformons le manioc en gari, nous produisons l’huile de palme, du champignon, des jus de fruits. Nous faisons du jardinage, la pisciculture, la cuniculture, nous élevons de la volaille », explique Karamath Kotchellou, la présidente de la coopérative « Zomantchi Yakogbo». Avant leur arrivée à Adido, les femmes se débrouillaient vaille que vaille pour assurer leur survie et celle de leur famille. «Avant, nous allions dans des palmeraies ramasser des noix que nous revendions, nous concassions des noix de palme. On fabriquait du gari qu’on était obligées de vendre au rabais parce qu’on était dans le besoin».

Aujourd’hui à Adido, grâce aux équipements mis à leur disposition, ces femmes s’en sortent avec à la clé, des bénéfices substantiels :

« La même quantité de manioc avec laquelle nous avions 5.000 francs de bénéfice avant nous fait gagner jusqu’à 40.000 francs aujourd’hui. Et en une semaine, nous pouvons doubler, voire tripler ces bénéfices ».

En plus d’avoir été formées pour des activités génératrices de revenus, les femmes de la plateforme ont reçu des notions de comptabilité et ont été sensibilisées sur la planification familiale. « Nous avons reçu des formations sur la comptabilité. Des agents de santé nous ont sensibilisées sur la planification familiale, nous avons appris beaucoup de choses et aujourd’hui, il y a un espacement d’au moins trois ans entre deux grossesses », développe Karamath Kotchellou selon qui « le PCM-Bonou a sorti les femmes de la misère ».

Inaugurée le 8 août 2017, la plateforme multifonctionnelle d’Adido vise à promouvoir l’autonomisation des femmes. Selon Guy Louèkè, Chef du projet PCM-Bonou, la plateforme « a une capacité de traitement de huit tonnes de manioc par semaine, cinq tonnes de noix de palme par semaine, à peu près trois tonnes de transformation de fruits, sans compter les activités de soutien que sont les ateliers de mouture de maïs, la vente de l’eau, etc.».

 

  • Guy Louèkè, Chef du projet PCM-Bonou parle des résultats engrangés

 

Mis en place en 2016, le PCM-Bonou est le fruit d’un partenariat entre le gouvernement du Bénin, le Japon et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). En deux années de mise en œuvre, le projet est riche de nombreux résultats. « Sur le site de promotion des activités agricoles à Assrossa, on a 250 exploitants qui se sont mis ensemble et qui développent des activités de maraîchage, de pisciculture, de riziculture. Egalement, nous avons une association de 60 femmes qui va exploiter l’unité de rizerie. Il y a 45 jeunes formés et appuyés par le PCM qui s’installent pour créer leur propre ferme et assurer la valorisation des potentialités qui sont sur place. A Hounviguè, il y a 300 femmes qui font des activités génératrices de revenus autour de la valorisation du potentiel électrique qui a été mis en place. 11 filles-mères ont été formées et se sont installées pour faire de la transformation de fruits tropicaux. On a aussi mis en place des investissements pour améliorer le plateau technique des 9 centres de santé que la commune possède, tout ceci pour faciliter l’accessibilité, et un système d’assurance mutuelle mis en place pour que tous ceux qui sont bénéficiaires de nos activités puissent avoir accès aux soins de santé primaires de qualité », selon Guy Louèkè, Chef du projet PCM-Bonou.

A retenir du PCM-Bonou 

Le « Projet Commune du Millénaire de Bonou pour un Développement Durable » est une initiative du Gouvernement du Bénin. Il a démarré en 2016 pour une durée de 5 ans. Il est financé à hauteur de 7.600.000 USD par le Japon (6.000.000 USD), le PNUD (500.000 USD), le Gouvernement (1.000.000 USD) et la commune de Bonou (100.000 USD). Le projet est mis en œuvre par le Centre de Partenariat et d’Expertise pour le Développement Durable (CePED) placé sous la tutelle du Ministère du Plan et du Développement. Le projet couvre les cinq (5) arrondissements de la commune de Bonou à savoir Affamè, Atchonsa, Damè-Wogon, Hounviguè et Bonou. L’option du projet est de faire de chaque arrondissement un pôle de développement économique. A Hounviguè qui est le pôle de développement des activités d’agro-business pour l’autonomisation des femmes, il a été érigé dans le village d’Adido la Plateforme multifonctionnelle (PTFM). A Affamè le PCM a rendu disponibles des activités génératrices de  revenus autour de la gestion de l’eau. Dans l’arrondissement d’Assrossa où le PCM dispose d’un site de cent hectares, 15 étangs piscicoles ont été aménagés pour permettre le développement des exploitations privées. Il y est développé en outre, des services de soutien para agricole. Un tracteur est rendu disponible, ainsi que trois motoculteurs et une unité de transformation de riz, pour permettre à la population de tirer plus de bénéfices des potentialités qu’offre la Vallée de l’Ouémé. Le PCM-Bonou envisage de faire de l’arrondissement d’Atchonsa, un village numérique. Pour ce faire, un centre multimédia est en train d’être installé. Il permettra d’améliorer la qualité de l’enseignement au niveau de la commune. L’arrondissement central de Bonou reçoit un centre de promotion de métiers au bénéfice des jeunes. Car, selon Guy Louèkè, « l’insertion socio-économique des jeunes ne va pas se faire uniquement dans l’agriculture ». Un complexe est en construction et recevra des jeunes pour des formations en mécanique automobile, en coiffure, en menuiserie et en maçonnerie.

Flore NOBIME

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