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Le triomphe de la vérité

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Edito: Le bal des hypocrites


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La tentative de réconciliation annoncée entre Yayi et Azanaï est un événement majeur de ces derniers mois. On attendait une réconciliation possible entre Talon et Azanaï, mais l’ancien ministre de la défense est allé vers le pire ennemi du Chef de l’Etat. C’est-à-dire que le Président de Restaurer n’a pas daigné répondre favorablement à tous ceux qui, depuis sa démission du gouvernement, tentent en vain de trouver un terrain d’entente entre lui et le Chef de l’Etat. Si Candide Azanaï voulait empoisonner le reste du mandat de son ancien allié, c’est exactement ce qu’il aurait fait. Autrement dit, s’il voulait lui régler ses comptes, il ne s’y prendrait pas autrement.
Mais la question se pose de savoir si finalement en politique les amis d’hier ne finissent pas par devenir des adversaires. Il faut surtout souligner qu’en politique béninoise, les adversaires d’hier finissent par devenir vos amis. Je parle bien de politique béninoise parce que ce qui se passe ici, a peu de chance de se dérouler dans les pays où la classe politique se respecte. Car, ce qu’on évite de dire, c’est que ces mouvements de yoyo sont concrètement ce que nous appelons proprement la transhumance. En fait on parle d’ami et d’adversaire ou même d’ennemi pour éviter de dire que Candide Azanaï est en train de faire de la transhumance et qu’il en a l’habitude.
Il en a tellement l’habitude qu’il oublie que pour des centaines ou des milliers de jeunes de ce pays, il constitue un modèle. Il l’oublie facilement et l’on viendra nous justifier ces allers-retours par des questions d’intérêt. Il s’agit proprement de transhumance, c’est-à-dire d’instabilité chronique.
Oui, Patrice Talon a mal fait en nommant cet allié important à un poste de ministre délégué qui faisait concrètement d’Azanaï le dernier des ministres, selon l’ordre protocolaire. Et c’était bien la première fois depuis la conférence nationale, qu’un ministre de la défense était ravalé au rang de minus au Bénin. De surcroit, son prédécesseur au même poste, avait été ministre d’Etat sous Yayi Boni. Et je n’ai personnellement pas compris comment une personne intelligente comme lui a pu accepter un tel cadeau empoisonné. Pour avoir accepté l’inacceptable, ce qui ne devrait pas arriver arriva : la démission. Aujourd’hui, cela se résout en contre-attaques où nous verrons les adversaires d’hier s’étaler en accolades hypocrites devant le peuple médusé et surtout dégoûté.
Azanaï n’a malheureusement rien fait de nouveau. Avant lui, le PRD et d’autres acteurs clés de l’ère Yayi avaient déjà sauté pieds joints dans la mouvance Talon, en faisant un revirement tout aussi spectaculaire. Le PRD avait fait le sien avant même la proclamation officielle des résultats du second tour de l’élection de 2016. A l’époque, on se rappelle très bien comment Adrien Houngbédji lui-même avait publiquement affirmé que les hommes d’affaires ne sauraient gérer un Etat. Mais dès la clôture des bureaux de vote en 2016, son parti avait clamé fièrement son refus de faire l’opposition et appelé ses militants à soutenir Patrice Talon. Les revirements sont une question de survie, que ce soit pour le PRD ou pour Candide Azanaï. Au regard de l’actuel code électoral, le parti Restaurer l’Espoir n’a aucune chance de faire élire des candidats s’il ne s’unit à un grand ensemble.
Posez-moi alors la question de l’éthique. Qu’est concrètement la politique dans ces circonstances ? Pour faire la politique, est-on constamment obligé de tromper, de trahir, de mentir, bref, peut-on être honnête en politique béninoise ?
Si l’on regarde la conception des Azanaï et autres, non, la politique n’a aucune morale, pas d’éthique ni d’honneur. C’est une arène de bagarre où tout est permis, tout et le contraire de tout. Evidemment, une telle conception mène directement un pays au chaos afin que les politiciens continuent à être élus et réélus pour profiter des dividendes qui en découlent. Et si j’étais le peuple je n’hésiterais pas aux élections prochaines, à montrer à tout ce monde que la politique n’a aucun sens si elle ne sert pas à élever et imposer chez chaque citoyen le sens des valeurs.

Par Olivier ALLOCHEME

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