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Le triomphe de la vérité

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Edito: Une difficile unité


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L’équation sera difficile à résoudre. Et pour certains, elle risque de se solder par un cauchemar. La mouvance présidentielle entend constituer trois blocs distincts pour aller aux élections prochaines. Il s’agit de la Dynamique unitaire regroupant surtout les personnalités, partis et alliances de partis réunis autour d’Abdoulaye Bio Tchané, Sacca Lafia et Robert Gbian, du Bloc progressiste formé autour de Bruno  Amoussou, Antoine Idji Kolawolé et autres Lazare Sèhouéto, ainsi que le PRD qui a annoncé son intention de créer un autre bloc. Comment pourrait s’opérer cette alchimie attendue ?

A vrai dire, c’est la première fois depuis la conférence nationale, qu’un pouvoir central, au lieu de promouvoir une représentativité unique crée plusieurs blocs politiques pour aller aux élections.  Par le passé, Nicéphore Soglo a pu susciter la mise en place de la Renaissance du Bénin (RB) qui a accompagné son action politique. Mathieu Kérékou, pour sa part, a mis en place l’Union pour le Bénin du futur (UBF) et Boni Yayi a créé les Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE). Bien évidemment, à chaque élection, les personnalités n’ayant pas trouvé leur place dans ces regroupements se battent dans des partis et alliances de partis pour être positionnés et gagnent parfois. Il en a été ainsi en 2015 avec l’Alliance ECLAIREUR qui, bien que proche du régime à l’époque, avait pu arracher deux sièges occupés aujourd’hui par Abdoulaye Gounou et Edmond Agoua.

Mais aujourd’hui, le Code électoral voté il y a quelques jours, oblige tout le monde au regroupement. Les cas de victoire isolée seront presque impossibles, d’autant plus que le code électoral oblige les partis à avoir un minimum de 10% avant de pouvoir s’attendre à un siège de député. Ce chiffre de 10% des suffrages exprimés constitue un obstacle majeur. Il ne suffit plus d’avoir un parti pour être à l’Assemblée nationale, il faudra représenter au moins 10% des électeurs.

C’est là où se trouve justement le risque que court la mouvance présidentielle en constituant trois blocs différents. On verra dans chaque circonscription électorale, dans chaque commune, trois listes de la même mouvance se combattre sur toute l’étendue du territoire national. Je suis curieux de savoir quel discours de campagne permettra à chaque camp de pouvoir l’emporter sur le terrain. Ce qui se passera, sans aucun doute, ce sera l’inflation des discours régionalistes et sectaires destinés à différencier les candidats. Un exemple à cet égard. Si Adidjatou Mathys est candidate à Porto-Novo contre le PRD, ne sera-t-elle pas obligée d’attaquer le PRD qui est pourtant de la même mouvance qu’elle ? Et si en fin de compte, elle n’enlevait pas de siège dans ce bastion de Houngbédji, il est probable que les inimitiés électorales ne vont pas s’estomper au sein de la mouvance. Elles allumeront une guéguerre qui fera mal à la cohésion du groupe. Un autre exemple : si Ahmed Affo, le député de Bassila s’inscrit dans le Bloc progressiste, comme nous l’apprenons de-ci de-là, il se retrouvera à affronter sur le même terrain de la quatorzième circonscription électorale ses anciens alliés ABT qui s’annoncent dans le bloc Dynamique unitaire. Les affrontements seront féroces, l’argent coulera à flot et une bonne partie des acteurs politiques d’aujourd’hui se verra exclue du jeu pour longtemps encore.

Disons clairement les choses. En choisissant de se subdiviser en trois différents blocs, la mouvance a décidé d’épargner les susceptibilités des grands électeurs. Ils se sont imposés en rendant difficile même la possibilité d’une véritable unité au sein de la mouvance. D’une certaine façon, cette configuration respecte la sociologie électorale de notre pays. Car les susceptibilités ethniques ou régionalistes se réveillent rapidement lors des consultations électorales. L’art même du positionnement des candidats consiste ici à ne pas heurter trop profondément les haines ethniques et régionalistes.

Ici encore, le rôle primordial reviendra au président de la république qui aura le devoir d’éteindre les foyers de tension qui s’allumeront dans sa propre famille politique. Pourra-t-il parvenir à jouer au sapeur pompier dans son propre camp ? Et si oui, à quel prix négociera-t-il le silence des uns ou la victoire des autres ? Les prochains mois nous édifieront.

Si vous avez bien suivi jusque-là, c’est vous qui m’avez bien compris. Au moment où la mouvance va en rangs dispersés à une élection où l’on doit avancer en rangs serrés, elle fera place nette à l’opposition si elle a l’intelligence de rester unie.

Olivier ALLOCHEME

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