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Le triomphe de la vérité

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Entretien avec le Pr Adrien Huannou» sur le rendez-vous scientifique du 21 août à Dangbo: « Le colloque sur la Vallée de l’Ouémé vise à révéler le pays wĕmε »


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Reconnue comme deuxième vallée la plus riche au monde après le Nil, la Vallée de l’Ouémé souffre d’un cruel manque de valorisation. Conscients de cet état de chose, d’éminentes personnalités et des cadres natifs de l’aire culturelle wĕmε ont décidé d’organiser un colloque scientifique du 21 au 23 août prochain à l’Institut de Mathématiques et de sciences Physiques de Dangbo, en vue d’impacter positivement cette aire culturelle pour lui permettre de mettre son immense potentiel agricole et son riche patrimoine culturel et touristique au service de son développement
Le Professeur émérite des universités et Directeur du Centre international de recherches et d’études francophones (Ciref), Adrien Huannou, initiateur de ce colloque, saisit l’occasion d’une interview accordée à votre journal L’Evénement Précis, pour évoquer les raisons de l’initiative de ce rendez-vous scientifique et surtout l’impact du colloque sur le développement du pays «wĕmε
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L’Evénement Précis : Professeur Huannou, organiser un colloque scientifique sur la Vallée de l’Ouémé, c’est un exercice inédit au Bénin. Pourquoi depuis 58 ans d’indépendance, les décideurs politiques ne se sont jamais intéressé au développement de cette vallée ?

Pr Adrien Huannou : Je voudrais d’abord préciser ce qu’on entend par « le Pays « Wémè ». Le pays « wĕmè » regroupe quatre communes que sont : « Dangbo », « Adjohoun », « Bonou » et « Aguégués ». Ce n’est pas juste de dire que les autorités ne se sont pas intéressées à cette richesse. Il y a eu plusieurs initiatives de mise en valeur de cette vallée. La première, à ma connaissance, c’est l’huilerie de « Gbada », qui remonte au début des années 1950. (En 1953-1954, nous les élèves de la classe de CE2 à l’école catholique d’Azowlissè avons effectué une « excursion » dans cette usine.) C’est l’une des premières huileries qui ont été créées au Dahomey par le gouvernement. Il y a eu, au lendemain de l’indépendance, la mission chinoise chargée de mettre en valeur la vallée. Elle s’est installée à « Houèda », non loin de « Gbada ». (J’ai visité aussi ce « chantier » par curiosité). Il y a eu, après, la SADEVO, la SONIA. Le projet en cours maintenant est le PAIAVO (Projet d’aménagement des infrastructures agricoles de la vallée de l’Ouémé. (J’étais sur le site du PAIAVO à Houèda e 27 avril dernier). Les initiatives n’ont donc pas manqué ; seulement, ’elles n’ont pas été bien coordonnées, il n’y a pas eu de suivi comme on dit ; et le passage d’un projet à l’autre n’a pas été bien aménagé.

Professeur, pourquoi ce colloque ?

J’ai décidé, avec d’autres chercheurs scientifiques, d’organiser ce colloque pour révéler le pays Wémè aux Wémènou, aux autres Béninois et au monde entier. Le thème du colloque c’est : « Le pays Wémè d’hier à demain : histoire, culture et développement ». Il est question de révéler l’histoire du pays « Wémè », de donner l’explication du terme « Wémènou », aborder la question du peuplement du pays « Wémè ». Nous allons évoquer aussi le présent du pays « Wémè », révéler les us et coutumes, parler du « Wémègbé ». J’ai personnellement constaté que beaucoup de « Wémènou » qui ont quitté la vallée ne savent plus parler le « Wémègbé ». Il y aura quatre communications sur cette langue, sur la différence entre le « Wémègbé » et le « Goungbé » ou le « Adjagbé ». Nous aborderons aussi le problème du développement de la vallée de l’Ouémé, qui sera débattu au cours du premier atelier du colloque. La première communication du colloque est intitulée : « Les initiatives de mise en valeur des potentialités nationales de la vallée de l’Ouémé ; des origines jusqu’à nos jours ». Elle sera développée par un spécialiste des questions de développement, le Professeur John Igué. Dans cet atelier, on parlera aussi du plan stratégique de développement de la vallée de l’Ouémé, de l’exploitation des richesses naturelles du pays « Wémè ». Depuis qu’on a interdit l’exploitation du sable marin, une bonne partie du sable dont on se sert au sud Bénin vient du lit du bas Ouémé, c’est-à-dire du Pays wémè. La communication nous édifiera sur comment mieux exploiter les richesses de la vallée de l’Ouémé et les mettre au service de son développement

Quelle est la particularité de ce rendez-vous scientifique ?

La particularité de ce colloque est que les actes seront immédiatement publiés. Il y aura un livre dans lequel on mettra toutes les 25 communications du colloque. Les «Wémènou », les Béninois et les étrangers pourront, en consultant ce livre, connaitre l’histoire du pays «Wémè». Il pourrait aussi servir de guide aux décideurs pour le développement de la vallée de l’Ouémé.

Qui attendez-vous à ce colloque ?
Nous attendons beaucoup de monde, d’abord ceux qui présenteront des communications, les autorités politiques et administratives de la vallée, les autorités politiques du département de l’Ouémé, les autres Béninois, etc.

Comme «Wémèxwé», ce colloque entrevoit-il un aspect festif ?

« Wémèxwé » est une bonne initiative. Grâce à « Wémèxwé », on connait mieux le pays « Wémè ». Cette célébration permet aux « Wémènou » de se retrouver, de se réjouir ensemble. C’est une très belle initiative. Ce colloque procède d’une autre vision. Ce ne sera pas un rendez-vous festif.

Ce colloque vient-il en prélude aux préparatifs de « Wémèhwé » ?
Non, pas du tout. Les deux projets n’ont rien de commun, sauf qu’ils visent le développement de la vallée de l’Ouémé. C’est deux initiatives distinctes. J’ai initié ce colloque comme une activité scientifique. J’ai associé d’autres structures scientifiques où sont présents des « Wémènou ».

Quelle est la contribution du gouvernement dans l’organisation de ce colloque scientifique ?
Aucune contribution pour l’instant.

Que diriez-vous pour conclure cet entretien ?
Je souhaite que ce colloque soit un vrai rendez-vous du donner et du recevoir, un lieu où on parlera science sans exclure les questions politiques. Je souhaite que les scientifiques de toutes les disciplines du Bénin puissent y participer.

Entretien réalisé par Gérard AGOGNON

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