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Le triomphe de la vérité

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14ème chronique du psychologue sur l’école de la sexualité: Les causes de comportements sexuels anormaux chez nos enfants


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Dans ce numéro de la chronique « L’éducation sexuelle», le psychothérapeute Boris Sagbo s’interroge sur ce qui peut entrainer chez les enfants, des comportements sexuels anormaux au niveau familial.

Qu’est-ce qui entraine chez nos enfants des comportements sexuels anormaux au niveau familial ?
Chers parents et lecteurs, nous ne voulons pas être prétentieux et manquer d’esprit scientifique du fait que nous portons constamment en notre conscience, le souvenir de vos peines à propos du sujet qui nous occupe et dont nous avons la responsabilité de vous en faire sortir. Voilà pourquoi, pour vous situer sur les situations qui favorisent les comportements sexuels anormaux chez nos enfants, nous jugeons approprié de vous faire part des travaux scientifiques récemment réalisés dans ce domaine.
En effet, c’est d’un résumé des travaux du Docteur A. Tanguy-Stievenard qu’il s’agit. Il écrit : « Le milieu familial, premier pourvoyeur de relations et d’apprentissage social, est l’aspect le plus étudié des troubles du comportement sexuel. Ainsi, il existerait une concordance de 75% dans une même fratrie. L’odds ratio est de 14,7 si un frère ou une sœur plus âgée présente des troubles de comportements sexuels. » En terme explicite, ce qui précède veut dire qu’il y a plus de chance qu’un enfant ayant le grand-frère ou la grande-sœur souffrant de ce trouble en souffre également.
« Les dysfonctionnements familiaux et les évènements de vie négatifs sont fréquemment retrouvés dans l’anamnèse. Un conflit parental majeur, une séparation ou un décès entraînent le délitement de la cellule familiale, une moindre disponibilité parentale ainsi que des répercussions de type anxiété et dépression chez l’enfant. L’ennui, la recherche d’un réconfort, le désir d’attirer l’attention apparaissant dans ces conditions, peuvent conduire à » ce trouble.
« Des revenus faibles ont été corrélés au comportement sexuel cependant des facteurs confondants, comme la promiscuité, l’absence de supervision parentale, le recours au voisinage pour la garde, existent. L’apparition précoce dans l’enfance et la persistance des difficultés sociales augmentent encore le risque… Le fait de vivre dans des lieux de violence communautaire sont corrélés à un devenir péjoratif non spécifique (à ce trouble), le risque de subir ou de perpétrer un abus est alors identique. Chez les enfants placés en institution ou en famille d’accueil, les comportements sexualisés sont plus fréquents que dans la population générale, et le pourcentage augmente encore si le placement est tardif… Les contacts maintenus avec les familles d’origine seraient par ailleurs un facteur de persistance des troubles. L’existence de troubles psychopathologiques parentaux tels que des troubles anxiodépressifs, des antécédents d’abus sexuel ou de maltraitance, un syndrome de stress post-traumatique ainsi que la consommation de substances contribuent à un climat d’abandon des fonctions parentales et de distorsions des relations intrafamiliales avec parfois une transmission intergénérationnelle de la violence sexuelle. Ainsi, dans une étude américaine, 90% des 6-9 ans et 79 % des 10-12 ans ayant des troubles de comportements sexuels ont été témoins de violence, 35% des familles ont connu une arrestation, 45% des familles comprennent un membre ayant perpétré une agression sexuelle. Dans ces familles, la parentalité est malade. La distance affective est grande, les carences marquées et conjuguées à l’absence de guidance en ce qui concerne la sexualité. Ces enfants et adolescents n’ont pas connaissance des moyens de se protéger des abus, les interdictions fondamentales sont difficilement énoncées, voire il existe une incitation implicite à les transgresser. Par ailleurs, des méthodes éducatives coercitives et le rejet parental contribuent de manière non spécifique à banaliser la violence psychique, physique et les comportements intrusifs. Ainsi, certains parents décrivent leur enfant comme ingrat, peu valorisant, en demande d’attention avec lesquels ils entrent régulièrement en conflit. Ces pères ou ces mères, paradoxalement, dénient ou se défendent des difficultés rencontrées, de la colère ou de l’anxiété qu’ils éprouvent et se sentent peu aidés par les services sociaux. Le soutien parental est pourtant un facteur protecteur, les garçons abusés sexuellement accompagnés par leur famille ont autant de risques que les garçons non abusés, de développer des troubles de comportements sexuels mais, la plupart du temps, ils sont issus de familles maltraitantes qui potentialisent plutôt qu’elles n’apaisent le risque de survenue de ces troubles. Enfin, les configurations familiales où les frontières générationnelles et l’intimité ne sont pas respectées augmentent l’excitabilité et les attitudes transgressives. Il en va de même dans les familles où la sexualité parentale et la nudité s’exposent plus, où l’accès à des contenus érotiques ou pornographiques est facilité, non contrôlé, parfois même encouragé ou partagé. La dynamique familiale a une importance particulière car l’adolescence remet en jeu les liens aux figures parentales et réactualisent les fantasmes incestueux. L’environnement familial est alors primordial dans la construction de la sexualité, dans la dérivation des pulsions interdites et que l’adolescent puisse s’en dégager à la puberté. Un climat incestuel et évidemment incestueux est facteur de transgression sexuelle car celle-ci s’inscrit en droite ligne des liens qui se jouent en intrafamilial… »

Par Agossou Mèssè Boris Quentin SAGBO, Psychologue Clinicien et Psychothérapeute

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