.
.

Le triomphe de la vérité

.

Soutien à la candidature rwandaise au secrétariat général de l’OIF: Les risques d’une option dangereuse de l’UA pour la francophonie


Visits: 1

Paul Kagamé, Président en exercice de l’UA et Emmanuel Macron, Président Français doivent revoir leur choix

A quelques jours du sommet de l’Union africaine prévu début juillet à Nouakchott en Mauritanie, le lobbying en cours pour faire prendre une déclaration commune de soutien à la candidature rwandaise au secrétariat général de l’Organisation Internationale de la Francophonie est inquiétante lorsqu’on en analyse les enjeux.

Faire prendre par les chefs d’Etat africains une déclaration commune de soutien du continent à la candidature de la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, pour succéder à la Canado-haïtienne Michaëlle Jean au poste de secrétaire générale de l’OIF. Telle est la substance de l’offensive de charme qui est cours sur le continent africain alors que le prochain sommet des chefs d’Etat est prévu pour les 1er et 2 juillet 2018 en Mauritanie. Ce précédent qui se profile à l’horizon permet de se demander si les chefs d’Etat africains auraient agi en toute légitimité en faisant une telle déclaration commune alors que par le passé, d’autres pays africains ont présenté les candidatures de leurs citoyens à divers postes de direction d’autres organisations internationales, sans jamais bénéficier d’une telle solidarité. Bien que ce soit dans le domaine du sport, le cas du Maroc récemment candidat à l’organisation de la Coupe du monde et à qui il manqué les voix de 11 pays africains reste vivace dans les esprits.

Dans le sillage des manœuvres devant garantir l’élection Louise Mushikiwabo, dont la candidature a déjà reçu l’onction du président français, elle aura le terrain libre à Nouakchott pour mener sa campagne électorale. Car les dés semblent pipés. La secrétaire générale sortante de l’OIF n’a pas démérité.Elle  aurait bien voulu rempiler. Mais elle s’est dit, peut-être que les jeux sont faits, de sorte que nul ne peut jurer qu’elle répondra favorablement à l’invitation en tant qu’observatrice que lui ont adressée les organisateurs du sommet de Nouakchott. Mieux que le remplacement d’une femme par une autre, la candidature rwandaise portée à bout de bras par la France cache des enjeux dangereux. Car il se susurre qu’au cours de son mandat, Michaëlle Jean s’est montrée trop indépendante et donc peu arrangeante pour rassurer la France sur la validation de la candidature et l’élection du président Alassane Ouattara pour un troisième mandat présidentiel en Côte d’Ivoire.

Garantir les intérêts français

Pour quelle finalité le président français tire-t-il les ficelles ? Préserver les intérêts français au pays d’Houphouët-Boigny. Des nombreuses entreprises françaises opérant en Côte d’Ivoire où ils font des chiffres d’affaires confortables, on peut citer Bouygues et Alstom  dans le secteur des infrastructures et de l’énergie puis, Bolloré qui garde une haute main sur les activités portuaires et les télécommunications. Et pour que triomphe cette cause que Emmanuel Macron s’est empressé de déclarer dès le mois de mai, son soutien à cette candidature à l’élection prévue pour les 11 et 12 octobre à Erevan en Arménie. En procédant ainsi, le chef d’Etat français donne raison aux critiques, nombreuses, qui se multiplient ces dernières décennies contre l’OIF de plus en plus perçue comme un instrument politique destiné à  garantir les intérêts économiques et culturels de la France.

Si le plan en cours se concrétise, ce serait un acte regrettable ;  d’abord parce que la promotion de la démocratie et des droits de l’homme fait partie des objectifs phares de l’OIF.Ce serait une double erreur de se servir de cette institution pour donnerune caution à Alassane Ouattara qui a révisé au forceps la Constitution de son pays pour s’arroger le droit de courir le fauteuil présidentiel pour la troisième fois, même si l’intéressé feint de n’avoir pas encore pris sa décision.Et pourtant la Côte d’Ivoire demeure une poudrière car les cendres chaudes de la guerre sont loin de se refroidir. Ensuite, l’organisation francophone aurait fait la promotion du Rwanda, un pays dont le président, au-delà de son embellie économique surfaite n’en a que faire des principes démocratiques et du respect des droits de l’Homme. Paul Kagame a également « changé » la constitution rwandaise en brisant tous les obstacles démocratiques sur son chemin et a obtenu un troisième mandat. Ce même président rwandais propose un candidat pour prendre la tête de l’OIFquidepuis des décennies œuvre pour l’instauration et la consolidation de la démocratie à travers le monde. On comprend aisément que le guinéen Alpha Condé et le congolais Joseph Kabila qui manifestent de fortes velléités de s’offrir un troisième mandat présidentiel non autorisé auront beau jeu de s’engouffrer dans la brèche ouverte. Et c’est à juste titre que les organisations de défense des droits de l’homme s’inquiètent de la dangereuse option à laquelle l’UA pourrait apporter sa caution.

La crédibilité de l’OIF menacée

De quelle crédibilité, l’OIF pourrait-elle désormais se prévaloir pour interpeller des pays en dérive ou des chefs d’Etat de pays membres qui violeraient les droits de l’homme ? Vraisemblablement, la France et certains chefs d’Etat qui soutiennent la candidature rwandaise créent une fissure qui, si l’on y prend garde, va éroder complètement la crédibilité de l’OIF et la cohésion déjà fragile au sein de l’organisation. En termes de cohésion, c’est le lieu de rappeler que la langue française est le ciment qui unit les pays membres de l’organisation. Même s’il clame que son pays n’a jamais quitté l’OIF, lorsque Paul Kagame boudait la France- des années durant- à propos de la gestion du contentieux judiciaire du génocide rwandais de 1994 avec la France, son pays avait adhéré le Commonwealth, une organisation qui regroupe des Etats anglophones. De toutes les façons, il ne cachait nullement son aversion pour la langue de Molière qu’il maîtrise et qu’il s’obstine à ne plus parler. Est-ce un bon exemple pour les autres pays membres restés fidèles à l’OIF et qui ne cessent d’aider la langue française à garder une place dans le monde malgré la continuelle hégémonie de l’anglais ? On pourrait comprendre qu’après des relations difficiles, la France tente de séduire à nouveau le Rwanda rebelle, mais au point d’y engager une organisation internationale dont les missions et principes sont incompatibles avec le système politique en place au Rwanda, il n’y qu’un pas qu’il faut bien se garder de franchir.

Wandji A.

Reviews

  • Total Score 0%



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You cannot copy content of this page