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Le triomphe de la vérité

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Edito: Le faux procès


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Robert Dossou était un chaud partisan du candidat Boni Yayi durant sa campagne électorale de 2006. Cela n’a pas empêché sa nomination comme membre, ni son élection comme président de la Cour constitutionnelle en 2008.
Mais alors, pourrait-on se demander, d’où vient la levée de bouclier contre Joseph Djogbénou ? Une campagne ouvertement hostile à l’actuel ministre de la justice voudrait faire croire qu’il n’a pas le droit d’être membre de la prochaine mandature de la Cour Constitutionnelle ? Qu’il n’a même pas le droit d’en être élu président, parce qu’il serait trop proche du Chef de l’Etat, surtout parce qu’il en est l’avocat.
Il y a un an, on disait la même chose : puisque le projet de révision de la constitution est mené par Talon, il faut qu’il échoue. Et il échoua effectivement. Or ce projet proposait, justement, de mettre un terme à la prépondérance du Président de la République dans la désignation des membres de cette Cour. Depuis sa création, la haute juridiction a toujours été dominée par les partisans du Chef de l’Etat, sous le mandat duquel elle a été constituée. Patrice Talon avait proposé notamment de changer le mode de désignation des membres de la haute juridiction, selon la modalité suivante :
– deux (02} magistrats ayant une ancienneté de vingt (20) années au moins dans le corps et élus en Assemblée Générale des magistrats ;
– deux (02) avocats ayant une expérience professionnelle de vingt (20) années au moins, inscrits au Barreau du Bénin et élus en Assemblée Générale des avocats ;
– deux (02) Professeurs de Droit et ou de Sciences politiques de rang magistral ayant accompli cinq (05) années révolues dans la fonction dont au moins un (01) spécialiste de Droit Constitutionnel, élus par leurs pairs;
– une personnalité désignée par le Président de la République ;
– une personnalité désignée par le Bureau de l’Assemblée Nationale.
– un ancien Président de l’Assemblée Nationale désigné par l’Assemblée Nationale. A défaut d’anciens présidents de l’Assemblée Nationale, la désignation est opérée parmi les anciens vice-présidents dans les mêmes conditions.
De la sorte, l’emprise des politiques sur la Cour pouvait être réduite. En lieu et place d’un débat sérieux sur ses propositions, le projet de révision a été saboté pour faire échouer Talon. Il ne doit jamais réussir SA révision : voilà le mot d’ordre. Tant que c’est Talon qui propose cette révision, il faut qu’elle échoue.
Les mêmes qui, hier, combattaient la révision, reviennent nous dire que Joseph Djogbénou n’a pas le droit d’être choisi par l’Assemblée nationale. Une guerre de personnes qui rend notre système politique presque impossible à réformer, alors qu’il en a le plus grand besoin, aujourd’hui.
Honnêtement, si l’opposition légitime à un président de la République consiste à saboter tout ce qu’il fait ou propose, où donc trouverions-nous les moyens de transformer ce pays pour le rendre vivable aux générations à venir? Où donc est l’éthique lorsque l’idéologie d’une certaine classe politique se résume en ces mots : tant que ce n’est pas moi, c’est mauvais ?
Oui, on peut reprocher à l’actuel ministre de la justice d’être l’avocat du Chef de l’Etat. Ce qui est curieux, c’est que ce soit seulement maintenant que l’on s’en aperçoit. De qui parlons-nous ? Du même Joseph Djogbénou qui, il y a encore trois ans, avait été élu député. Du même qui a été Président de la Commission des lois de l’Assemblée nationale. A l’époque, personne ne s’était aperçu qu’il était avocat de Patrice Talon. Or, tout le monde le savait. Comme d’ailleurs les Béninois ont voté pour le Chef de l’Etat actuel tout en sachant que Patrice Talon est un opérateur économique…
Ce qu’il y a de dangereux dans le jeu politique au Bénin, c’est l’emprise des querelles de personnes sur les enjeux réels du pays. Une certaine classe politique est prête à tout pour détruire des adversaires, quitte à sacrifier des générations entières. Quitte même à dire une chose à midi et son contraire, le soir. Bien entendu, la démocratie est le siège même de ces pratiques dont les pays développés sont coutumiers. Dans un pays en voie de construction comme le Bénin, elles forment le lit au désespoir.
Aujourd’hui, on en est à se demander si l’avocat du Chef de l’Etat peut être Président de la Cour. Il y a droit amplement et risque même de l’être. A la place de Talon, je n’hésiterais pas.

Par Olivier ALLOCHEME

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1 thoughts on “Edito: Le faux procès

  1. Mahussi

    Cette question venant d’un journaliste me laisse pantois et dénote à mon sens la volonté manifeste de soutenir à tout prix un homme et non le pays. En effet, les prises de position aujourd’hui de ce haut cadre, DJOGBENOU montrent à suffisance qu’il n’est crédible. Tenez, au temps de BONI Yayi dans ce pays, il prenait le devant pour marcher contre le retrait de grève aux magistrats, contre la révision de la constitution arguant de ce que le débat doit être mené dans les universités, les hameaux avant de toucher à une seule lettre de la constitution et j’en passe.Mais aujourd’hui, c’est lui l’artisan du texte du retrait de la grève aux magistrats, c’est encore lui qui demande à l’assemblée de voter la révision de la constitution par la procédure d’urgence sans aucun débat ne soit mené dans les université, ni dans les communautés encore moins dans les hameaux comme il le soutenait.Tout porte à croire qu’il est toujours l’avocat du chef de l’Etat.Il doit se débarrasser de cette robe s’il veut bien faire le travail que le peuple lui a confié.

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