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Hermas Gbaguidi, 50 ans d’existence et 33 ans de carrière artistique: « Je quitte le Bénin pour ne pas mourir de faim »


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Hermas Gbaguidi

Ce mercredi 09 mai 2018, le metteur en scène béninois, Hermas Gbaguidi a bouclé un demi-siècle. 50 ans de vie dont il a consacré 33 ans au service des Arts et de la Culture. Trois principales décades retiennent son esprit dans ses 33 ans de carrière pour lesquels, il garde vivaces, ses souvenirs, ses peines et joies, qui ont fini par le contraindre à dire au revoir à sa terre natale. Une décision douloureuse qu’il se dit obligé de prendre, pour des raisons qu’il évoque, quasiment, les larmes aux yeux.Et ce n’est pas tout. D’autres résolutions meublent bien cet entretien que l’homme nous a accordé, dans le cadre de son 50ème anniversaire. Découvrez !

Partir. C’est l’ultime décision que vient de prendre l’auteur, le metteur en scène, l’administrateur et le formateur, Hermas Gbaguidi. Une décision qui le chagrine, mais qu’il estime aujourd’hui indispensable pour sa survie. Le visage vide, scrutant désespérément le ciel, il finit par craquer : « la 3ème résolution que j’ai prise pour mon 50ème anniversaire, est une résolution douloureuse. Je ne l’ai pas prévue. C’était une contingence. Mais cela devient une évidence aujourd’hui pour moi. Pour ne pas mourir de faim, il faut que je parte. Je quitte le Bénin. C’est la dernière résolution qui me chagrine profondément, mais je suis obligé de tenter le coup de partir et de revenir si possible. Il faut se battre pour vivre. Il est évident qu’un artiste ne peut plus vivre de son art aujourd’hui au Bénin. La vie n’est plus rose pour les artistes au Bénin. Je dois partir… », a lâché Hermas Gbaguidi, visiblement rongé par la tristesse. Quelle sera la prochaine destination de ce nouveau talent artistique qui abandonne le Bénin ? A cette interrogation, l’artiste préfère garder le suspens. Pour toute réponse, à travers un léger sourire qui vient détendre quelque peu l’atmosphère de l’entretien, il déclare : « ma future destination, vous la saurez à partir de mes prochaines productions ». Et pour mieux se préparer à cette nouvelle aventure, Hermas Gbaguidi a pris deux autres décisions pour faire le ménage autour de lui, afin de « mieux me concentrer sur moi-même ». La première résolution, « c’est de mettre définitivement un terme à la consommation de la Bière ». Pourquoi ? Il s’explique : « C’est un cadeau que je veux faire à mon corps. Cela me permettra de prendre davantage de l’énergie et de cesser de m’amuser. L’alcool, ce sont des paradis artificiels. Je n’en avais pas besoin avant de faire tout ce que je faisais ». La 2ème résolution, elle vise particulièrement une ascension spirituelle. Et Hermas Gbaguidi reste également péremptoire sur cette résolution. « Ma 2ème résolution, c’est de mettre un terme à ma vie extra-conjugale. Autrement dit, plus de maîtresses. Cette résolution, c’est pour satisfaire mon esprit et purifier mon âme afin d’accéder au 10ème trône en tant que spirituel. Que les maîtresses se trouvent donc d’autres élèves », s’est-il justifié avec gravité.

50 ans d’existence, il n’y croyait pas !

Se définissant comme un passeur qui transmet la connaissance dramaturgique à la nouvelle génération, Hermas Gbaguidi considère ses 50 ans d’existence comme une grâce divine. Car, rester en vie, en tant qu’artiste jusqu’à célébrer ses 50 ans, au Bénin, il n’y croyait pas. Pour lui, en effet, « 50 ans, ça fait grand pour un artiste… ». Et il ne manque surtout pas d’arguments pour étayer ses propos : « Ce n’est pas évident qu’un artiste puisse survivre dans un pays où l’espérance de vie est de 45 ans. Et tout ceci, ajouté aux turpitudes, aux intrigues et aux désagréments que l’on observe dans cette profession artistique, ce n’est pas évident. Braver tout ça et tenir bon jusqu’à 50 ans, c’est une action de grâce », nous a-t-il confessé.

33 ans, au service de l’art !
De ses 50 ans de vie, Hermas Gbaguidi en a consacré 33 à l’art. 33 ans qu’il subdivise en trois décades, selon les événements intervenus de façon majeure dans sa carrière de metteur en scène et d’artiste polyvalent. La 1ère décade va de 1990 à 2000. Cette décade, l’artiste la définit comme « le temps de la révélation », avec comme pic, l’année 1996. Il garde encore en mémoire, les spectacles tels que “L’homme qui a bravé la tempête”, “Ce soleil où j’ai toujours soif”, ” Je meurs à minuit”, qu’il dit les avoir faits « voyager un peu partout ». Et comme le bonheur ne vient jamais seul, son « comédien » et « frère », avec qui « je partageais tous ces spectacles et ces instants de bonheur », est décédé en 1999. « C’est le plus douloureux malheur dont je ne suis pas encore guéri jusqu’à présent », a-t-il confié. Ce compagnon de scène, ce confident de Hermas Gbaguidi, s’appelait Philippes Hètchédé. Il est décédé d’insuffisances rénales, alors qu’il « s’apprêtait à donner sa 33ème représentation sur un festival en Allemagne », regrette-t-il.
La 2ème décade qui marque la carrière artistique de Hermas Gbaguidi est celle qui va de 2000 à 2010. Il la baptise, « la décade de la collaboration ». Et cette collaboration, l’artiste l’a vécue avec le comédien Béo Aguiar. On retient de ce duo, des spectacles à succès comme “Au bout du bois”, “Joncquet, Rue 12” et consorts. Des spectacles qui, selon les témoignages de l’artiste, ont rendu ce tandem, « les maîtres de la planche à l’époque ». « Avec Joncquet, Rue 12, on a même joué avec des Nigérians », a-t-il témoigné, avant de définir la 3ème décade de sa carrière artistique. Une 3ème décade qui va de 2010 à 2018….Ici, il faut retenir son expérience avec le théâtre rituel, le théâtre de rue et la promotion de la danse sur Bambou, appelée “Agbéhoun”. « J’ai démystifié la danse sur Bambou et j’y ai apporté ma marque, parfois en risquant la prison. De 4 techniques de montage, je suis allé jusqu’à 12 techniques. Et je travaille sur d’autres techniques afin d’atteindre le sommet en la matière. Ceci m’a d’ailleurs permis de voyager dans 10 différents pays où j’ai présenté cette danse qui a émerveillé le monde », a témoigné Hermas Gbaguidi, qui a désormais son regard tourné vers de nouveaux horizons, pour un nouveau départ professionnel, après un demi-siècle d’existence, au service de sa terre natale, le Bénin.

Donatien GBAGUIDI

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1 thoughts on “Hermas Gbaguidi, 50 ans d’existence et 33 ans de carrière artistique: « Je quitte le Bénin pour ne pas mourir de faim »

  1. Agbodjalou

    Hermas.Felicitations pour certaines resolutions comme abandonner ta vie extra conjugale. Mais mon cher penses tu vraiment que tu trouveras mieux ou tu vas?Si toi qui buvait la biere , toi qui avait des maitresses meurt de faim que diront ceux la qui trouvent a peine un repas pas jour. Bonne chance.

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