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Le triomphe de la vérité

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Edito: Donnez-nous une nouvelle foi


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Hier, c’était le 04 avril 2018. Et il y a cinquante ans que mourait Martin Luther King, assassiné à Memphis aux Etats-Unis. Le monde entier a célébré, célèbre et célébrera pendant longtemps ce héros de la non-violence tombé sous les balles de la haine, alors qu’il prêchait la paix, l’amour et la tolérance. Nous sommes témoins que cinquante années ont passé, mais que partout dans le monde, ce pasteur inspire des générations de leaders qui s’engagent à relever les défis de leur temps. Nous sommes témoins que Martin Luther King n’a construit ni route, ni pont, ni port, ni aéroport, qu’il n’était ni milliardaire, ni savant, ni préfet, ni ministre encore moins président d’une quelconque république. Et que malgré tout cela, il continue à inspirer, partout dans le monde, des générations entières de gens qui s’engagent pour le progrès de l’homme et de tout l’homme.
Oui, son discours et son action n’ont pas changé grand-chose aux conditions des Noirs. Hier encore, le journal français Les Echos a laissé entendre que cinquante ans après sa mort, les Noirs qui représentent 12,6 % de la population, possèdent 9,5% des entreprises, mais ils ne représentent que 1,3 % du chiffre d’affaires moyen et à peine 58.000 dollars de chiffres d’affaires moyen par an. Quant aux Asiatiques, dans la même société, ils représentent 5% de la population américaine, 7,1% des entreprises mais 5,8% de chiffres d’affaires et 365.000 dollars de chiffres d’affaires moyen. Le paradoxe est énorme. On peut donc dire que malgré l’écho qu’a pu avoir le combat de Martin Luther King en faveur des Noirs, il n’a pu empêcher que leur situation économique stagne ou régresse carrément. Quant à leurs droits civiques pour lesquels il a lutté, les évolutions paraissent lentes, très lentes même.
Mais en dépité de cela, la figure de Martin Luther King ne faiblit guère. On pourrait alors se poser la seule question qui vaille : Pourquoi ?
Parce qu’il a parlé et parle encore à l’esprit des hommes et des femmes qui ont besoin de donner du sens à leurs sacrifices et à leurs souffrances. Nous avons tous besoin d’un supplément d’âme pour croire en nos propres actions, d’un supplément de foi pour construire et avancer dans les dédales escarpés de l’existence. Car l’être humain est un être de sens. Et c’est bien pour cela que les grandes nations répondent aux questions les plus simples qui sont : qui sommes-nous ? où allons-nous ? quel type de citoyens voulons-nous ? quel pays voulons-nous laisser à nos enfants ?
Le leadership politique devrait servir à répondre à ces interrogations qui forment la colonne vertébrale de l’existence d’une nation en tant que nation. C’est-à-dire que les élites politiques devraient servir de guide au peuple, en lui proposant une structuration de sa destinée au sortir de la nuit des souffrances. Un leadership qui incarne le vide émotionnel parce qu’il ne construit pas ou ne cultive pas le sens de la nation, est appelé à disparaître de la mémoire collective.
Après deux années de pouvoir, les Béninois ont soif du leadership qui donne envie de mourir pour la patrie. Parce qu’il est cousu d’espérance, de don de soi et de volonté d’étreindre le futur avec la foi de ceux qui allèrent en guerre pour sauver leur patrie. Avec la foi des bâtisseurs qui n’ont pas peur des morsures de serpents ni des ronces des champs, encore moins des rayons acérés du soleil. Parce qu’ils savent qu’ils sont pionniers sur un chemin à tracer.
Ce qui fait mouvoir les peuples et leur permet d’accepter les sacrifices comme naturels, c’est lorsque le leader sert de lumière. Personne ne mangera les routes, ni les aéroports, ni les ponts. Ce qui construira la nation et qui en fera une armée prête à construire mille routes et ponts, mille usines, mille stades, ce qui construira la nation pour l’éternité, c’est lorsque chaque travailleur, même dans le tréfonds de la brousse où il vit, lorsque chaque élève ou chaque étudiant sera capable de mettre la patrie d’abord avant ses propres intérêts. Lorsque chaque médecin ou chaque transporteur aura conscience que la patrie se construit dans les gestes du quotidien.
S’il y avait un conseil à donner pour les trois années à venir, je dirais ceci : la politique qui construit des infrastructures, et oublie la mise en place d’une citoyenneté engagée, ne change rien au destin d’un pays pauvre.

Par Olivier ALLOCHEME

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