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Le triomphe de la vérité

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Edito: Rien de neuf


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Si j’étais à la place de Sébastien Ajavon et que je voulais réellement faire une opposition radicale, je ne raterais pas l’occasion de Djeffa. J’en aurais profité pour frapper les esprits avec des phrases que l’on n’oublierait pas de si tôt: « Si nous prenons le pouvoir, je vais jeter Talon en prison pour tout le mal qu’il fait à notre peuple » ; ou encore : « Nous allons fermer toutes les entreprises de Talon quand nous serons là… ». Ce sont des propos outranciers voire dangereux dont la surenchère a un rôle politique évident : aucun Béninois ne peut y être insensible. Ils peuvent même mener en prison et c’est tout bénéfice pour un opposant qui veut aller loin.
A la place de cette communication tranchante, nous avons eu droit samedi à une litanie déjà connue : « Aujourd’hui, je veux que vous partiez de ce lieu avec une certitude : je suis là avec vous et pour vous », a-t-il dit. Sentez-vous vraiment une différence par rapport à la campagne électorale de 2016 ? A mon avis, la communication politique en temps de crise ne peut se nourrir d’angélisme. Elle sera agressive ou ne sera pas.
Je lis de-ci de-là ceux qui disent, avec raison, que l’opposition ne saurait s’animer sur fond de vengeance. Et c’est vrai que l’animosité entre Patrice Talon et Sébastien Ajavon a pris des allures plutôt personnelles. Avec le dernier redressement fiscal dont ses entreprises ont été victimes, il lui faudra beaucoup d’efforts pour s’en sortir. Non, l’addition est si corsée que personne n’ose imaginer leur survie à l’horizon 2021. Dans ce contexte, créer un parti et l’ancrer dans l’opposition est déjà un acte de guerre. Alors, y a-t-il de guerre vertueuse ? Les règles de la politique et surtout de la communication en ce moment recommandent, une décharge électrique lors des grands regroupements de ce genre. Ne pas l’avoir perçu vous livre à la raillerie. Et c’est ce qui se passe précisément maintenant.
Que retiendra le petit peuple du discours de Djeffa ? Strictement rien.
Cette remarque préliminaire n’est rien par rapport à la faute elle-même. Et la faute, c’est d’avoir conçu un parti qui ressemble beaucoup au parti clanique des Soglo. Ajavon étant déjà président d’honneur du parti, que cherche donc son petit frère « nommé » délégué général ? Que cherchent encore d’autres employés d’Ajavon dans ce bureau ? Et en termes de représentativité, le fait d’avoir introduit un député (Basile Ahossi) ou un ancien député (Zéphyrin Kindjanhoundé) dans le bureau ne suffit pas pour donner au parti l’envergure et la dimension qu’on en attend. Last but not least, s’il est vrai que Patrice Goudjo, Trésorier général du parti, est le propre beau-frère d’Ajavon, il ne reste plus qu’à conclure : l’USL ne nous offre rien de différent. Les mêmes pratiques de clientélisme, d’égocentrisme, de népotisme, de mépris…Dans ce bureau, il ne se trouvera personne pour lui dire la vérité. Ses collaborateurs lui chanteront les mélodies qu’il veut entendre et il s’enlisera dans l’autocongratulation. La méthode est connue, elle est même la plus répandue dans tous les cercles politiques au Bénin, mais elle mène droit au suicide. Ce n’est pas seulement à la Marina que les courtisans enlisent la lucidité du Chef.
En se posant en chef de parti en lice pour les présidentielles de 2021, Sébastien Ajavon se devait d’offrir une alternative aux mécontents du régime Talon. Et c’est le devoir même de toute démocratie de secréter une opposition aussi forte que possible. Ce faisant, elle a vocation à porter les espoirs de ceux qui ne sont pas écoutés par le pouvoir en place. C’est la force des démocraties de générer un leadership capable de mitiger les atermoiements de ceux qui gouvernent, leurs errements et leurs méprises. Il faut reconnaître à notre Conférence nationale le mérite d’avoir semé les graines d’une démocratie où chacun, malgré tout, a le droit de se faire entendre. Les espoirs des partisans de Sébastien Ajavon risquent dès lors de se noyer dans le flot des inconduites qui ont fait de l’événement de Djèffa un match à oublier.
Le jeu était mauvais, car le coach a fait de très mauvais choix.

Par Olivier ALLOCHEME

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