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Le triomphe de la vérité

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Edito: L’énergie moins chère


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Il y a quelques années, l’énergie solaire était hors de portée des bourses du Béninois ordinaire. Aujourd’hui, avec l’amélioration de cette technologie, les prix sont descendus. Dans chaque quartier de Cotonou, il y a au moins un appareil qui fonctionne au solaire. Et notre pays peut se vanter de construire bientôt ses premières centrales solaires.
Il faut désormais 33.000Fcfa pour produire 1 mégawatt de solaire contre 138.000F pour 1 mégawatt produit par une centrale à fioul. Le rapport commence à s’inverser au profit du solaire. Les prix ont chuté de près de dix fois en dix ans. Dans nos quartiers et dans nos grandes artères, les lampadaires solaires remplacent progressivement les autres. Cerise sur le gâteau, les partenaires techniques et financiers s’intéressent désormais à cette forme d’énergie. Il y a quelques jours, au Burkina Faso, le président français Emmanuel Macron et celui burkinabè, Roch Kaboré, ont inauguré la centrale solaire photovoltaïque de Zagtouli. C’est la plus grande centrale photovoltaïque d’Afrique de l’Ouest. d’un coût d’environ 31 milliards de FCFA environ, elle doit produire 56 GWT par an et devra contribuer à la réduction du taux de carbone de 26.000 tonnes par an. Elle produira 1 KWh qui coûtera 3 fois moins cher que celui produit par les centrales thermiques. Au total, cette seule centrale solaire représente 5% de la consommation du réseau national interconnecté du Burkina Faso. C’est peut-être peu, mais c’est un signe extrêmement encourageant pour le futur. Même aux Etats-Unis, les énergies renouvelables toutes sources confondues représentent environ 8% de la capacité totale de production d’électricité en 2017, selon le département de l’Énergie, qui précise que l’énergie solaire représente la plus grande partie de cette croissance.
C’est une tendance en forte hausse. Pourquoi donc rappeler tous ces chiffres maintenant ?
Parce que l’énergie est à l’industrie, ce que le sang est au corps humain. Elle est vitale. Mieux encore, l’énergie moins chère est la base même de la compétitivité de toute industrie. Pour l’avoir compris très tôt, un pays comme la Chine subventionne l’énergie vendue aux industries, en se basant sur les mines de charbon qui produisent encore l’essentiel de l’énergie utilisée dans le pays. Bien sûr, cette option comporte des défis environnementaux qui ont pris des reliefs inquiétants ces dernières années. L’une des clés de la compétitivité chinoise est pourtant là, dans cette énergie disponible et moins chère que l’Etat subventionne largement au profit des entreprises.
Dans le même temps, en prenant le cas du Bénin, pendant des années, notre pays a figuré parmi ceux ayant l’énergie la plus chère en Afrique. L’un des leviers de cette cherté reste l’utilisation des énergies fossiles (fioul notamment) dans les matières premières des centrales thermiques disponibles. Les produits industriels béninois issus de cette énergie chère ne peuvent rivaliser avec ceux venant d’ailleurs. Ils n’iront pas non plus sur d’autres marchés pour avoir un poids concurrentiel. La base est faussée d’avance.
Dans cette conjoncture, ce qui devrait aider les industries, c’est la mise en place de mini-centrales hydroélectriques uniquement à la taille des entreprises. Des technologies existent pour installer ces mini-centrales à coût réduit pour rendre les industries autonomes et produire à bas prix. Mais elles n’ont jamais été popularisées au Bénin. Le jour où un industriel développera cette technologie pour ses entreprises, il rendra la vie impossible à ses concurrents.
Mais à défaut d’une mini-centrale hydroélectrique, le recours au photovoltaïque apparait comme une solution d’échange. Oui, les défis à ce niveau sont encore technologiques. A voir de près, une bonne partie des lampadaires solaires en usage dans Cotonou s’éteignent pendant la nuit. Leur capacité est encore faible, comparée aux besoins réels. De plus, les batteries ont une résistance qui pose encore problème. Il faut une maintenance fréquente qui décourage beaucoup d’utilisateurs. Et l’on se demande si les industries ou mêmes les fermes d’élevage peuvent y recourir à titre privé, si l’on sait qu’une petite panne de courant peut occasionner la fermeture d’une usine. Les aviculteurs savent qu’il suffit d’une petite coupure de courant pour provoquer une hécatombe dans un cheptel…
C’est dire que les défis sont encore élevés pour l’énergie solaire et l’ensemble des énergies renouvelables au Bénin. Mais une chose est sûre : en tant qu’énergies propres, elles constituent la réponse à la pollution engendrée par les énergies fossiles. Là-dessus, du moins, il n’y a pas match.

Par Oliver ALLOCHEME

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