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Le triomphe de la vérité

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Edito: La croissance ou rien


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A la conférence de presse qu’elle a donnée avec le Chef de l’Etat ce lundi 11 décembre 2017, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde a laissé entendre ceci : « Nous considérons que la performance de l’économie béninoise sera en 2018 supérieure à celle de 2017. Nous avons un prévisionnel de 6% ». Mais elle s’est empressée d’ajouter : « Nous aimerions voir de nouveaux progrès dans la protection sociale des populations les plus démunies, d’autant plus que les dépenses dans ce secteur ont été en dessous des objectifs que nous avons définis avec les autorités».Le FMI promeut le social, vous y croyez, vous ?
L’image de cette institution de Bretton Woods s’est largement dégradée au Bénin à la faveur des différents programmes d’ajustement structurel (PAS) conclus par l’Etat béninois avec elle, vers la fin des années 80 et surtout dans les années 1990. Leur destin fut d’immoler des emplois à travers des départs volontaires de la fonction publique, mais aussi d’institutionnaliser l’austérité avec le gel des avancements et de tous les recrutements dans la fonction publique, ainsi que des coupes claires dans les budgets sociaux. Même si le cadre macroéconomique du Bénin a été restauré et assaini, ce fut une victoire à la Pyrrhus qui laissa beaucoup de séquelles.
Mais depuis lors, l’institution a changé. Que Christine Lagarde vienne réclamer des mesures sociales, en sus des progrès macroéconomiques réalisés, en témoigne amplement. C’est le signe des temps qui changent. Les progrès macroéconomiques ne valent pas grand-chose, tant que les indicateurs sociaux de base sont au rouge. La croissance économique n’a plus le même sens qu’elle avait il y a 20 ou 30 ans. Elle a largement subi la foudre des mouvements sociaux de ces dernières années. Il a fallu une montée en puissance des sociétés civiles pour que les économistes prennent en compte, non pas seulement les seuls agrégats macroéconomiques, mais les chiffres du chômage, l’amélioration de l’éducation, la baisse de la mortalité signe de l’amélioration des systèmes de santé, la réduction des crises alimentaires, l’accès à l’électricité et à l’eau potable, les progrès de l’alphabétisation, etc. C’est ce qu’on appelle une croissance inclusive, en ce qu’elle prend en compte le bien-être des plus vulnérables. D’autres organismes d’aide multilatérale ou bilatérale chercheront des impacts au niveau des droits humains comme la liberté de presse, la liberté d’expression ainsi que toutes les autres libertés garanties par la déclaration universelle des droits de l’homme.
Autant dire que les seuls agrégats macroéconomiques sont devenus impuissants à matérialiser les progrès d’un pays. Pour s’y être restés accrochés pendant des décennies, des pays comme le Bénin y ont payé le prix fort : déstructuration du système scolaire et universitaire, fragilisation du système sanitaire, chômage et sous-emploi endémique, accroissement de la corruption dans l’administration…
Mais la croissance n’en reste pas moins l’un des facteurs les plus déterminants pour bénéficier du concours des organismes internationaux. En signant en avril dernier un accord de partenariat avec le FMI, le Bénin s’est engagé à maintenir une croissance économique stable. On est passé de 2,1% en 2015 à 4% en 2016 pour 5% attendus en 2017. Oui, il s’agit d’une croissance forte quand on observe ce qui se passe dans les pays occidentaux où la croissance décolle difficilement au-dessus de 0%. Elle est stagnante dans la plupart des Etats développés. Mais nous sommes encore loin de la Côte-d’Ivoire qui a affiché 8,5% en 2014, 9,5% en 2015, 8,8% en 2016 et probablement 7% en 2017. Et en matière de croissance, la référence reste la Chine qui a affiché des chiffres arrogants de plus de 10% pendant plus de vingt ans avant de dévisser ces dernières années. Tout le monde s’accorde à reconnaître que ce formidable bond en avant, pratiquement inédit dans l’histoire de l’humanité, a servi à réduire drastiquement la pauvreté dans le pays. Nous sommes tous témoins qu’elle a boosté l’activité dans tous les secteurs économiques : la Chine est devenue l’usine du monde.
Au Bénin, il nous faut suivre cette marche. 7% sur au moins 25 années avant de penser réduire effectivement la pauvreté de façon durable, voilà ce que les études les plus sérieuses ont préconisé depuis plus d’une décennie. Actuellement, notre croissance moyenne tourne autour de 5% l’an. Et c’est tout le challenge.

Par Olivier ALLOCHEME

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