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Le triomphe de la vérité

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Edito: La boîte à controverses


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La police républicaine naîtra bientôt au milieu de la polémique. Alors que les députés sont en pleine préparation des lois devant régir cette nouvelle force unique de sécurité, chacun se demande si ce corps devant fusionner police et gendarmerie sera la réponse aux problèmes de sécurité dans notre pays.
Clairement, il faut se demander d’abord la nécessité qu’il y a à innover dans le secteur. Le Bénin est le premier pays d’Afrique francophone à tenter cette expérience. De tradition française, nos forces paramilitaires sont calquées sur le modèle bicéphale de l’ancienne métropole : gendarmerie d’une part, police de l’autre. Cette tradition diffère de la pratique anglo-saxonne où le régime unifié est observé. Plus qu’une question d’efficacité, la fusion des forces est une question de tradition. Mais au Bénin, la réforme proposée par le Chef de l’Etat vient d’un diagnostic qui a montré les dissensions profondes entre les deux composantes ayant la même mission de sécurité, même si leurs approches diffèrent. Et Patrice Talon avait annoncé la date du 1er janvier 2018 comme celle de l’entrée en vigueur de la nouvelle police. A moins d’un mois de cette échéance, rien n’est encore prêt. Le premier projet de loi déposé sur la table des députés à cet effet reste encore à l’étude. Il porte sur la création de la police républicaine, pendant que le second est relatif au statut spécial de cette unité. Même si les députés se pressent pour son étude et son adoption avant la fin de ce mois (ce qui relèverait d’un pur exploit), il faudra attendre l’avis de la Cour Constitutionnelle qui est susceptible de modifier les lois votées. Il faudra également un délai pour leur mise en conformité à l’assemblée nationale, sans compter les décrets d’application. Non, le 1er janvier 2018…
Aura-t-on par contre une belle symbiose entre les deux forces devenues une seule et même entité ? En réalité, c’est à ce niveau que se situent toutes les inquiétudes. Il est clair que les lois étant votées, les agents s’aligneront sur les nouvelles dispositions voulues par le peuple à travers ses représentants à l’assemblée nationale. Mais le problème de fond demeure : l’uniformisation des cursus de formation. La gendarmerie est jusqu’aujourd’hui une composante de l’armée béninoise. Tout gendarme a reçu une formation purement militaire. Bien entendu, il y en a qui sont officiers de police judiciaire et sont de ce fait des acteurs de l’appareil judiciaire, au même titre que les policiers. Mais ici, les gendarmes ont un complexe de supériorité sur leurs collègues de la police. Les deux corps se regardent comme chiens et chats, les uns estimant avoir été mieux formés que les autres. Avec la forte propension du Béninois à exhiber ses états de service, attendons-nous à des querelles de clocher, lorsque tel ancien gendarme sera nommé pour diriger tel policier et vice-versa. La loi devrait service à réduire ces gisements de querelles dont les Béninois sont friands, à tous les échelons.
Idéalement, la loi portant statut particulier de la police républicaine servira à distribuer des avantages à cette force unique, permettant à chacun, au regard des nouveaux acquis, de voir les mutations nouvelles comme une chance pour son porte-monnaie. A défaut de cela, à défaut de cette récompense de l’effort, il ne faut pas espérer que les changements souhaités se fassent avec la diligence requise.
Ce qui est essentiel, c’est que ces mutations n’entravent pas la mission de service public qui est dévolue aux forces de sécurité. A cet égard, ce que les Béninois attendent par-dessus tout c’est l’efficacité de l’approche qui devrait se matérialiser à travers une police de proximité respectueuse de son honneur, soucieuse de la sécurité de chacun et de tous, prompte à intervenir pour déloger les hors-la-loi. Voilà ce que nous attendons. Ce que nous attendons aussi, c’est une police véritablement républicaine où le rançonnement et la concussion ont disparu.
A défaut de cela, on aura beau fusionner, réduire, couper ou ajouter telle force à telle autre, les réformes sécuritaires resteront toujours des incantations de bureaucrates.

Par Olivier ALLOCHEME

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