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Le triomphe de la vérité

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Edito: Assainissement et encerclement


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La justice s’ouvre enfin sur d’anciens crimes. Et nous sommes tous contents. Enfin, presque. Ce qui a tout l’air d’être un cauchemar pour les anciens pontes du pouvoir Yayi devrait insuffler une nouvelle ère à la gouvernance au Bénin.
Non, je ne suis pas naïf au point de croire que le chevalier blanc Patrice Talon va sortir les grands dossiers de la République. Même s’il en avait la ferme volonté, la constitution dans sa version actuelle est un handicap de taille à toute poursuite judiciaire contre les fossoyeurs de l’économie. Elle les protège en leur donnant un rempart : la Haute Cour de Justice, mouroir naturel de toutes les poursuites engagées dans ce pays contre les ministres impliqués dans des scandales. La Haute Cour de Justice est l’instrument principal de l’impunité qui a toujours régné au Bénin. Et elle continuera à l’être jusqu’au jour où il plaira au peuple béninois de s’en débarrasser. Pour le moment , du moins, Patrice Talon fait ce qu’il peut. Bien entendu, les esprits perspicaces savent déceler une stratégie de musèlement qui fera taire tous ceux qui, dans l’ancien régime, pourraient tenter de se refaire une virginité politique pour revenir en 2019. A force de cerner ses anciens collaborateurs, c’est Yayi lui-même qui est ainsi encerclé. Il lui sera difficile de compter sur l’activisme de ses anciens obligés qui perdent toute possibilité de se repositionner. En dehors de quelques-uns qui ont les mains propres et peuvent encore parler, la grande majorité est contrainte au silence, de peur de voir ressortir de vieux cadavres qu’ils aimeraient bien cacher.
A vrai dire, même ceux dont on ne parle pas encore redoutent le pire. Alors, chacun préfère se faire oublier. C’est une stratégie d’encerclement qui est redoutable en effet. Elle permet de semer la peur et la panique dans l’entourage de l’adversaire, même sans jamais le toucher personnellement. Sur qui appuiera-t-il donc son action, si jamais l’envie lui prenait de vouloir tenter une manœuvre politique ? Cette stratégie douce mais dangereusement efficace, aurait dû être utilisée par le passé par Nicéphore Soglo…
Voilà pourquoi, la gouvernance Talon est dangereusement efficace. A moins de dévier pour des raisons électorales, le régime Talon ne risque pas de connaître de grands scandales de prédation comme ceux ayant assombri le régime Yayi. La fin de l’impunité se profile devant nous et le resserrement violent et permanent des vannes est effectif. Les postes de gaspillage sont vidés de leurs substances. Il n’y a pas un seul ministère, pas une seule administration où on ne se plaigne de l’amenuisement des ressources, de la disparition des avantages et privilèges qui jadis permettaient à chacun de se pourlécher les babines. Par-dessus le marché, il y a la surveillance étroite du Bureau d’analyse et d’investigation (BAI) qui donne l’impression de ne rien faire, alors qu’il constitue le véritable gendarme de la gestion financière dans l’administration publique. Les audits opérés à l’improviste sur la base de dénonciations précises commencent à donner leurs fruits. Nous le voyons tous.
Dès lors, on ne peut que tirer la conclusion suivante : tout en faisant de la lutte contre la corruption un levier de sa gouvernance, Patrice Talon marche vers l’efficacité. Oui, le plus étrange dans l’affaire, c’est son mutisme. Cela n’a rien d’anodin en effet. Pendant que les affaires pleuvent au tribunal, pas de commentaire des ministres ou autres conseillers, pas de grands tapages des Robin-des-Bois prêts à l’ouvrir sur la volonté inextinguible de Talon à lutter contre la pègre…Non, à peine quelques propos du procureur de la République, et c’est terminé. On n’a même pas entendu le garde des sceaux, jadis prolixe en la matière, qui s’est subitement tu. Place à l’action, dirait-on. Que les actions parlent donc. On est loin en tout cas d’un passé récent où l’on parla beaucoup, en agissant peu contre la corruption.
La cause est donc entendue. Patrice Talon fait d’une pierre plusieurs coups. Non seulement les poursuites judiciaires encerclent son adversaire le plus redoutable, en le privant de la réactivité d’hommes et de femmes sur lesquels il pensait pouvoir construire une certaine stratégie de retour aux affaires, mais encore elles donnent à voir la fin de l’impunité au Bénin. Ceux qui pensaient à faire du business à l’ère de Talon sont déjà fixés. Ils finiront en prison s’ils tentent les actes de prévarication qui ont assombri le régime précédent. Et vous pouvez déjà entendre leurs grincements de dents.

Par Olivier ALLOCHEME

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