.
.

Le triomphe de la vérité

.

Entretien avec Narcisse Justin SOGLO, Président des architectes et Urbanistes du Bénin: « L’ONAUB ouvre ses portes pour des contrats à des prix forfaitaires »


Visits: 22

Le Président de l’Ordre National des Architectes et des Urbanistes du Bénin (ONAUB), Narcisse Justin Soglok, est l’interviewé de la rubrique « INVITE DU LUNDI » de cette semaine. Dans cet entretien qui porte sur la célébration des 34 ans d’existence de l’ordre, le Directeur général du cabinet d’architecture Triumphus, parle des grands moments de la fête, à laquelle il a invité les populations à sortir massivement visiter les œuvres, les articles et signer des contrats à des prix forfaitaires. Ayant bouclé 1 an de gestion de l’Onaub, il y a quelques jours. Il a également saisi l’occasion pour en parler. Lisons !

L’EVENEMENT PRECIS : L’ordre dont vous êtes le président depuis un (01) an prépare un événement historique. De quoi s’agit-il ?

Narcisse SOGLO : Effectivement, l’Ordre a été créé depuis le 1er Novembre 1983. Donc cela fait 34 ans que nous existons et nous sommes ce jour au démarrage des festivités devant marquer cet anniversaire. A l’occasion, nous avons décidé de faire des journées portes ouvertes à partir de ce mardi 31 Octobre où, on aura une cérémonie d’ouverture des stands d’exposition qui sera agrémentée par nos partenaires habituels. Pendant ces journées, on aura également l’exposition des œuvres des architectes qui seront présents pour assister le public. Toute la population est conviée à faire un tour afin de bénéficier gratuitement de consultation. C’est le moment de pouvoir montrer aux populations que les architectes et urbanistes du Bénin ne sont pas difficiles d’accès. Nos portes ne sont pas aussi lourdes à ouvrir comme le pensent les populations. Il suffit de savoir qu’on a besoin de ces professionnels pour pouvoir bien bâtir. Donc, en voulant bâtir durable, il nous faut aller vers les professionnels que nous sommes, les architectes. Certes, on a peur de payer les honoraires. Mais, il faut comprendre que les honoraires qu’on paye aux architectes, on arrive toujours à les récupérer lors des travaux. Car, le travail de professionnel que nous faisons, est avantageux aux clients. Donc nous invitons nos populations à venir vers nous pour avoir des conseils et bénéficier des contrats à des prix forfaitaires.

Mais, il est souvent dit que les architectes sont chers au niveau du coût des marchés.
C’est l’occasion de dire à toutes les populations que les architectes ne prennent pas des honoraires aussi élevés qu’ils pensent surtout en matière de conception avec les privés. Avec l’Etat, nous savons que nous avons des textes marqués par des barèmes qui nous permettent de prendre des pourcentages à la fin. Avec les privés par contre, cela se fait sur la base des négociations. Nous ajoutons que nous sommes d’abord au service de la population. Si les populations ne sont pas satisfaites, on ne peut pas également se sentir à l’aise dans notre travail. C’est la raison pour laquelle, je les invite à faire le déplacement de la Rue des Bâtisseurs dans les résidences de la CEN SAD à Agblangandan à la sortie d’Akpakpa. Notre siège est dans la rue de la BOA Bénin, et est d’une architecture très simple et remarquable.

L’autre événement qui marquera cet anniversaire est la prestation de serment de nouveaux membres de l’ordre. Parlez-nous-en.
Suite aux journées portes ouvertes, les manifestations seront clôturées le vendredi par la cérémonie de prestation de 12 nouveaux architectes qui font leur entrée dans la grande famille. Ces architectes sont sortis des écoles internationales et conformément à la directive de l’UEMOA, ils ont été contraints à faire deux ans de stage avant de pouvoir accéder à la corporation. Donc, ils vont prêter serment devant les ministères appropriés. Nous pouvons citer les ministères du cadre de vie, du supérieur, de la justice et de la culture. On a convié également d’autres ministères à la cérémonie.

Dites-nous ce qui freine la formation des architectes et urbanistes au Bénin ?
Avoir une école d’architecture n’est pas chose aisée. C’est plus difficile que la création des autres écoles de formations ordinaires. On ne peut pas faire une école d’architecture sur la base de ce que nous voyons. C’est complexe avec des programmes un peu plus compliqués. Le gouvernement même a été obligé de souscrire à l’école du Togo où le Bénin envoie ses étudiants après des tests.

Pensez-vous que l’architecte et l’urbaniste béninois vivent de leur métier ?
C’est difficile de répondre par l’affirmation. Normalement, ces deux devraient vivre de leur métier. Mais malheureusement, ce n’est pas encore le cas, parce que ce n’est pas tout le temps que le pouvoir public respecte les normes de passation de marchés d’architecture et d’urbanisme au Bénin. C’est amer de le dire mais, il faut le dire. En réalité, les textes sont clairs et disent : « ne peuvent exercer la profession d’architecte et d’urbaniste au Bénin que ceux qui ont fait les études dans le domaine et ayant prêté serment et qui ont reçu un agrément du ministère de tutelle ». L’agrément est sollicité avant toute installation en cabinet privé.

Est-ce à dire qu’il y a des gens qui s’installent au Bénin sans ces formalités ?
Au Bénin, n’importe qui se lève, il est architecte et commence à travailler. Et compte tenu de ses rapports, il reçoit des marchés. Des gens sont donc de l’ordre, ne détiennent pas l’agrément mais reçoivent des marchés du ministère de tutelle. Ce qui n’est pas conforme aux textes. Sans agrément, on ne doit pas s’installer en cabinet privé. L’autre situation qu’on déplore aujourd’hui, est que, lorsque tu es architecte étranger et tu as la possibilité de prendre un marché au Bénin, tu es obligé de t’associer à un Béninois. Ceci, dans des proportions données. Les textes prévoient que le Béninois soit majoritaire à 60% et l’étranger à 40%. Malheureusement, les textes sont piétinés et violés au détriment des nationaux. On se trouve face à des passations de marchés gré à gré donnés aux étrangers.

A vous entendre, on a comme l’impression que vous n’êtes pas associés au PAG
Le PAG a été applaudi par nous tous. On a rêvé qu’à l’évènement de la rupture, notre corporation aura de quoi faire. Mais cela n’est pas encore effectif. On traine encore au mûr. Dans tous les cas, nous croyons fermement que le gouvernement ne va pas passer des marchés dans la mise en œuvre de ce PAG sans respecter les textes en vigueur. Nous croyons et savons bien que le gouvernement de la rupture est pointu sur le respect des textes.

Dans le même temps , le mandat de l’ordre que vous conduisez, fait un (01) an. S’il vous était donné de faire un bref bilan de vos actions menées, que direz-vous ?
Le 26 octobre 2017, cela a fait un an (01) que le conseil que je préside a pris les rênes de cet ordre. Nous citerons quelques actions que nous avons déjà engagées et terminées si possible. Entre autres, nous avons essayé de réorganiser notre association. Nous avons refait l’image de l’ordre. A votre arrivée à notre siège, vous verrez que nous avons fait des innovations, la mise au point de l’administration. Nous avons rencontré tous ceux qui peuvent nous aider dans la mise en œuvre de notre mission. On a été voir le Président de l’Assemblée nationale, le Président de la Cour constitutionnelle, certains ministres pour mieux débattre de la mise en application correcte et effective de nos textes. Nous sommes entrain de vouloir mettre en application les recommandations la directive de l’UEMOA qui nous oblige à faire une transposition de nos textes et être conforme aux textes qui seront utilisés dans les huit (08) pays de l’UEMOA. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons initié le projet de loi sur l’architecture qui était déjà sur la table du ministre de l’urbaniste et qui n’a jamais connu un aboutissement. Aujourd’hui, nous avons repris ces textes que nous voulons rendre conforme aux exigences de l’UEMOA. Si tout va bien, très prochainement, ces textes vont commencer par faire le circuit et va pouvoir les faire valider. Nous avons également ardemment travaillé sur les textes sur les stages, parce que les stages de deux ont été imposés par l’UEMOA, nous avons donc tout fait afin que l’arrêté du ministre de tutelle lui soit envoyé. Mais là encore, ces textes ne sont pas encore signés. Il y a aussi la proposition de nomination d’un commissaire du gouvernement auprès de notre ordre. Tous ces éléments sont en attente. A cela, nous travaillons à l’extension de notre siège, car nous avons besoins des salles de formation pour les rencontres internationales aussi. Par ailleurs, nous avons participé à la session de la conférence des ordres de l’UEMOA qui s’est tenue à Abidjan en novembre – décembre 2017 que le Bénin a présidé. Il faut également noter la participation au Congrès et l’assemblée générale de l’Union Internationale des Architectes à Séoul du 03 au 10 septembre. A cela s’ajoute, la participation au salon ARCHIBAT à Abidjan du 03 au 08 Octobre. La liste est longue et nous sommes fiers d’avoir changé l’image de l’ordre. La prochaine sortie est notre participation au salon BATIMAT à Paris Nord Villepinte du 06 au 10 Novembre en qualité d’invité pour présenter une thématique.

Dites comment se porte l’ONAUB aujourd’hui ?
L’ordre en tant qu’institution, se porte très bien. En notre sein, il y a la cohésion. C’est vrai qu’il y a toujours des décisions qui n’arrangent pas tout le monde, mais on arrive à s’entendre.

Combien de membres compte l’ordre à ce jour ?
Avec les nouveaux, on sera 154 membres, mais en tant qu’institution, nous sommes environs 173 membres sauf que certains sont décédés. Nous sommes donc 144 architectes et 10 urbanistes. Nous n’avons malheureusement que 22 femmes. Parlant de cabinets agréés, nous sommes 72 cabinets exactement, donc un certain nombre ne sont plus fonctionnels pour raison de décès. Une cinquantaine de cabinets fonctionnent à ce jour.

Votre message aux pouvoirs publics de ce pays
Je veux exhorter les pouvoirs publics à savoir que les architectes et urbanistes du Bénin sont vraiment déterminés et disponibles à travailler avec eux. Ils sont prêts à montrer leur savoir-faire. Les compétences sont ici au Bénin capables de régler les problèmes du pays que nous maitrisons mieux. Même si les étrangers ont des expertises, ils peuvent les apporter pour le développement.

Propos recueillis par
Emmanuel GBETO

Reviews

  • Total Score 0%



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You cannot copy content of this page