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Le triomphe de la vérité

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Edito: Le retour de la raison syndicale


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On peut faire une remarque fondamentale lors de la dernière marche des centrales syndicales, ce vendredi 20 octobre 2017. Contrairement aux récentes manifestations où on les apercevait main dans la main avec les acteurs politiques, les syndicalistes ont pris soin d’interdire leur marche aux acteurs politiques.
Qu’on se rappelle, le 13 octobre dernier, Valentin Djènontin et plusieurs de ses collègues députés, Dieudonné Lokossou de l’Association droits de l’Homme, Eugène Azatassou des FCBE, Noël Chadaré, Secrétaire général de la COSI-Bénin et Laurent METOGNON de la FESYNTRA Finances, étaient ensemble. Ils avaient manifesté avec des centaines d’autres mécontents en signe de protestation contre la gouvernance de Patrice Talon. Il en était de même le jeudi 22 juin 2017, où le FSP rejoint par les centrales syndicales et d’autres syndicats représentant les travailleurs, a manifesté dans les rues de Cotonou. On pouvait alors noter la présence de l’ancien secrétaire général du gouvernement de Boni Yayi, Alassane Tigri, le Coordonnateur des Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE), Eugène Azatassou, le Secrétaire général de la Fesyntra-Finances, Laurent Métongnon, Paul Essè Iko, à l’époque Secrétaire général de la Cstb, Cecil Adjévi du Parti pour la libération du peuple (PLP), Thérèse Waounwa, et bien d’autres. Ils avaient alors protesté contre les privatisations dites « sauvages », les licenciements qualifiés d’ « arbitraires », les déguerpissements dits « inhumains », ce qu’ils avaient alors appelé « la politique de famine, de répression, et de violation des libertés du gouvernement de Patrice Talon ». On se rappelle également la marche du jeudi 30 mars démarrée à la Bourse du Travail avec pour point de chute la place de l’Etoile Rouge. Il y avait dans la mêlée, les responsables des FCBE, les organisations syndicales, et d’autres partis politiques opposés à la révision de la constitution.
Par contre, ce vendredi 20 octobre, même si les partis politiques avaient pu envoyer leurs militants, il était difficile de trouver aux premières loges les acteurs politiques. On s’attendait à les voir haranguer la foule et à tirer à boulets rouges sur Talon, Toboula et compagnie. Rien. Les sept centrales syndicales protestataires ont même pris soin d’élaguer de leur motion de protestation les préoccupations ouvertement politiques. Quant aux ex-secrétaires généraux Todjinou et Lokossou, ils n’ont pas été autorisés à prendre la parole, contrairement à ce que l’on a vu jusqu’ici. Beaucoup les soupçonnent de s’être trop ouvertement affichés en faveur d’un camp.
En réalité, c’est une manière pour les centrales syndicales de redorer leur blason après des mois et des mois de dangereuse confusion. La création du FSP en avril 2017, a sonné la collusion ouverte entre les partis politiques de l’opposition et les syndicats. Les FCBE ont clairement profité des revendications et surtout de la force de mobilisation naturelle des syndicalistes pour se doter d’un instrument de lutte anti-Talon. En même temps, les syndicalistes ont trouvé dans ces partis qui ont commencé une cour assidue en leur direction, un moyen de faire pression sur le gouvernement pour qu’il accède à leurs revendications. Parce que voir les syndicats tomber dans l’escarcelle de l’opposition est clairement une mauvaise nouvelle pour le gouvernement. Les manifestations du 13 octobre subventionnées par des mains politiques ont montré jusqu’où les politiques étaient prêts à mener la manipulation. En récupérant leur mécontentement pour eux, tout le monde a pu voir que vendredi dernier, personne n’a reçu un seul copeck pour être venu manifester. Les syndicalistes ont peut-être pris conscience qu’ils risquent de perdre définitivement toute crédibilité en continuant avec leur indécence.
En laissant le monopole de la rue à cette coalition contre-nature, le régime Talon a clairement montré qu’il n’a pas préparé une stratégie politique de contrôle de la mobilisation populaire. Ce que l’on a vu, ce sont les mesures policières d’endiguement prises par un certain Modeste Toboula devenu très vite la tête à claques de tous les acteurs anti-Talon. Je me demande même comment la mouvance présidentielle s’organise pour être battue notamment à Cotonou sur le terrain de la maîtrise de la rue. On s’étonne que depuis les manifestations du 13 et du 20 octobre 2017, il ne s’est trouvé personne au sein de la mouvance présidentielle pour organiser une contre-offensive digne du nom…
Tout compte fait, la marche de vendredi aura sonné l’unité des syndicalistes décidés, malgré leurs divergences, à aller jusqu’au bout. Y a-t-il encore une main invisible derrière cette unité retrouvée ? Seul l’avenir nous le dira.

Par Olivier ALLOCHEME

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