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Le triomphe de la vérité

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Professeur Rosaline WOROU HOUNDEKON, Directrice de l’ENEAM: « L’ENEAM sera implantée dans Ouidah et Sèmè-Podji »


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Directrice élue de l’Ecole nationale d’économie appliquée et de management (Eneam) depuis février 2016, le Professeur Rosaline Dado WOROU HOUNDEKON est l’Invitée de notre rubrique  hebdomadaire, « INVITE DU LUNDI » de cette semaine. Maître de Conférences et Agrégée en Sciences de gestion, elle a, dès son arrivée avec son équipe, engagée la rénovation pédagogique de l’établissement qui ne répond plus trop aux besoins de ses partenaires et notamment le monde professionnel. A travers cette interview exclusive qu’elle a nous accordée dans la soirée du mercredi 04 Octobre dernier, elle nous parle des différentes réformes déclenchées et du téléthon en cours pour accompagner les projets. Lisons !  

 

L’EVENEMENT PRECIS : Depuis Février 2016, vous avez pris avec deux adjoints, les commandes de cette école, quelques mois après que pouvons-nous retenir  en ce qui concerne l’état de cet établissement de formation ?

Prof. Rosaline WOROU HOUNDEKON :   Aujourd’hui, on a réussi à ouvrir l’Eneam au monde professionnel. C’est d’abord le premier élément.

Pourquoi avoir très tôt démarré par ce chantier ?

Nous formons pour le monde professionnel et non pour nous-mêmes. C’est pourquoi, nous sommes allés vers ce monde pour voir si les produits que nous mettons à sa disposition répondent à ses exigences ou pas, dans le cas contraire qu’on puisse revoir nos offres de formation. Dans ce cadre, nous nous sommes dire qu’il y a des gens qui ont réussi ce genre de chose et qu’on pourra impliquer. Nous avons toute de suite, fait appel à ceux qui sont à l’extérieur et qui ont réussi à gérer de grandes écoles de commerce. Il s’agit des experts béninois de la diaspora en France qui ont accepté nous accompagner. A leur arrivée, il était question qu’on aille vers les chefs d’entreprises et tous ceux qui utilisent les diplômés de l’Eneam. Ce qui a été fait. A cet effet, nous avons mis en place un comité de réflexion. Dans ce comité, on a constaté qu’à 80%, les gens appartenaient au monde professionnel, la CCIB, le Conseil des investisseurs privés du Bénin (CIPB), le patronat, et le milieu universitaire (20%). A côté de ça, nous avons mis en place un comité de travail qui, en réalité est chargé de réfléchir et de soumettre ses résultats au comité de réflexion. Au cours des différentes sessions, les membres  du comité de réflexion notamment ceux venus du monde professionnel, nous ont fait le feed-back de l’utilisation de nos  diplômés et à la suite de ça, ils nous ont demandé de revoir un certain  nombre de manière de former. Il était donc question de retourner à nos curricula de formation. Et toute suite, nous avons élaboré des questionnaires qu’on a adressés aux chefs d’entreprise, aux anciens diplômés de l’Ecole, aux enseignants et aux institutions. Donc, il s’agit de 4 types de questionnaire. Nous avons eu le retour et actuellement, ces données sont en cours de traitement. Nous avons donc élaboré ce questionnaire afin d’aller vers une rénovation pédagogique. Ce questionnaire  devra nous permettre à la fin d’avoir des données  permettant de rédiger le référentiel de compétence. Ce document devra faire le point sur les besoins réels du monde professionnel. Après ce travail, nous devons élaborer le référentiel de formation, puisque  c’est la réponse au référentiel de compétence qu’est le référentiel de formation. Cette dernière doit être déclinée en terme de cursus de formation. C’est là que nous verrons s’il y a des filières qui ne sont plus porteuses et qu’il faut fermer et tenir compte des nouvelles filières émergentes. Là, nous serons obligés d’élaborer des offres de formation. C’est ce que nous appelons la rénovation pédagogique. Ce travail nous a amené à comprendre que l’état dans lequel l’école se trouve aujourd’hui doit être revu. C’est de là que, nous avons pensé à un plan stratégique

 

Comment pensez-vous mettre en place ce plan stratégique ?

Il s’agit d’un plan stratégique qui va nécessiter l’intervention des experts qui maitrisent bien la notion de grande école. Il s’agit d’un expert international qui est capable d’accompagner l’école. Il doit être  capable de nous accompagner à l’international, puisque quand on parle de grande école, il y a des certifications qui se font,  des accréditations académiques qui se font. Ce n’est donc pas la certification ISO mais l’accréditation académique qui fait partie des besoins nécessaires pour une grande école. A côté de ça, nous avons aussi besoin d’un expert national qui maitrise aussi es questions et qui comprend mieux comment évolue notre environnement. Donc, on a besoin  de ces deux experts, toute suite. A cet effet, on a écrit à l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) qui a donné son avis favorable  à nous accompagner. Elle a accepté de recruter ces deux experts. Donc l’avis de recrutement est en cours de même que le processus qui est avancé.

 

Quelle place est accordée à l’infrastructure qui, en réalité, ne répond plus au besoin quantitatif en terme de l’effectif des étudiants ?

Les infrastructures dont nous disposons aujourd’hui sont vétustes. L’école dans laquelle nous sommes actuellement est un centre commercial de l’ex-INE. Il n’était pas dédié à une école. C’est un site qui regorge de boutiques. Et c’est dans cela qu’on a formé pendant longtemps des apprenants qui n’ont pas démérités. Nous nous sommes dits alors que nous nous revoyons le cadre de formation au regard de l’effectif qu’il accueille désormais. Le site sur lequel nous sommes n’est plus adapté. Cela ne veut pas dire qu’il faut quitter le site, mais nous n’avons pas encore la culture de pouvoir raser et reprendre comme c’est souvent le cas à l’Occident pour les infrastructures qui ne répondent plus aux normes. En attendant, on a décidé de reprendre un peu ce qui est là et faire en sorte que ce soit adapté en salles de cours réelles avec tout le confort pour donner le meilleur de lui-même. Nous sommes ambitieux sans les moyens. C’est ce qui a fait que nous avons décidé d’aller vers la population, et l’international puisque nous formons les cadres du Bénin, de la sous-région et de l’international.

 

C’est là qu’est née sans doute l’idée d’aller vers un téléthon

Justement. C’est dans cet esprit qu’on a lancé un téléthon qui a eu lieu le 15 septembre 2017. Cela a été l’occasion pour nous de montrer ce qu’est l’Eneam aujourd’hui  et ce que nous attendons  d’eux pour une Eneam plus moderne demain.

 

Quelle a été le niveau de mobilisation et combien attendez-vous avoir de la part de vos partenaires ?

Pour le moment, nous n’avons pas encore fait le point. On le fera le15 octobre prochain, mais nous attendons plus de 400 millions de francs Cfa. Pas nécessairement en terme  d’espèce mais aussi en nature. Nous avons déjà des structures qui aménagent des salles pour nous telles que la Loterie nationale du Bénin qui est très avancée. On a des fondations et des entreprises qui envoient des ingénieurs pour voir l’état de la maison au niveau technique. Nous avons déjà beaucoup de promesses. Nous avons d’autres qui ont décidé de nous aider par le peu de moyen qu’ils ont. Je précise que les 400 millions de Fcfa sont pour le site de Gbégamey où  on est. Mais l’Eneam  est une grande école et je vous ai parlé toute à l’heure du plan stratégique. Il va nous conduire à la longue à avoir plusieurs écoles au sein de l’Eneam. C’est ce qui caractérise les grandes écoles. Aujourd’hui, nous avons plusieurs branches à l’intérieur telles que l’économie appliquée, le management qui sont de gros morceaux.

 

Qu’est-ce que vous pensez faire pour éclater l’Eneam ?

Par rapport à ça, nous sommes allés vers les communes pour leur demander de  nous accompagner en mettant à notre disposition des sites pouvant nous permettre d’avoir l’Eneam de demain. La  commune de Sèmè Podji dans l’Ouémé a accepté de nous accompagner avec 20 hectares et nous pensons que l’Ecole de management sera logée là-bas. L’école de statistique ou l’école d’économie appliquée sera logée à Ouidah puisque la commune de Ouidah a, elle aussi mis 15 hectares à notre disposition et c’est bien situé. L’ENEAM sera donc  implantée dans Ouidah et Sèmè-Podji. Nous sommes en train de rentrer dans un réseau d’écoles de statistique et cela appelle à des exigences auxquelles nous devons nous préparer et conformer. Les diplômés de cette école qui va sortir, sera taillé à la même enseigne que celui formé à Dakar, à Yaoundé, puisque ce sont des écoles de statistiques africaines. Ce qui nous bloquait est la séparation que nous avons d’ailleurs entamé. Notre souhait est de  pouvoir faire le lancement officiel à partir de la rentrée universitaire de 2018-2019 avec le recrutement des étudiants au mois d’avril comme cela se faire dans le réseau   avec les pays. Cela me tient à cœur puisque nous sommes avec l’INSAE aussi qui nous accompagne dans ce cadre. En dehors de ces deux grandes écoles que nous aurons, le site actuel sera celui de la Direction générale de l’école avec en son sein les programmes de formation continue. Nous voulons parler des Masters que nous faisons en cours du soir au profit des fonctionnaires qui ne peuvent pas se libérer en journée avec la possibilité d’ouvrir d’ici là, des formations à la carte pour les entreprises et des formations également à distance. C’est d’ailleurs dans ce cadre que le recteur de l’Uac nous accompagne en demandant aux entités qui en ce moment sont avec nous sur le site, de nous le libérer.

 

A combien est estimé l’effectif des apprenants et des enseignants permanents de l’Eneam aujourd’hui ?

Au moment où l’Ex-INE déménageait  de Père Aupiais, il n’avait pas un effectif important. L’effectif avoisinait entre 400 et 500 étudiants. Mais aujourd’hui, l’Eneam est plus de 4500 étudiants sur ce même site qui n’a pas changé. Donc vous comprenez les raisons pour lesquelles en réalité, c’est difficile pour nous de gérer des années académiques parce que l’étudiant n’a pas une salle fixe de cours. Il passe de salle en salle. On est dans l’obligation de programmer des filières pendant que d’autres  attendent. C’est un travail très compliqué et dans le même temps, nous n’avons pas d’enseignants permanents. Cela nous bloque beaucoup. Nous travaillons sans repose et sans congés. Et vous comprenez bien le système LMD dans lequel nous sommes. Un  système très complexe qui appelle à une organisation. Pour la licence seule d’abord, on a six semestres. Et pour ces six semestres, il faut organiser les examens par semestres, délibérer, faire les rattrapes avant de programmer les cours du second semestre ou du semestre pairs. Après cela, il faut encore les examens, les délibérations, organiser encore les rattrapages. Je vous informe qu’actuellement, ils sont en examens et on prépare également des délibérations. Avec tout ça, l’effectif d’enseignants ne répond pas. Les vacataires que nous utilisons et qui sont des professionnels ne sont pas là pour nous accompagner dans les travaux académiques. C’est pour dire que nous sommes une école publique qui a besoin de l’appui de l’Etat, puisque nous sommes d’abord une Ecole de l’Etat. Nous formons pour la bonne marche du pays. C’est parce qu’on n’a pas les moyens que nous sommes obligés de tendre la main à tout le monde, puisque nous sommes  une école de tout le monde. C’est un peu la logique dans laquelle nous sommes en ce moment.

 

Quelles sont les structures qui vous accompagner dans ces réformes infrastructurelles ?

D’abord, nous avons mis en place un conseil de gouvernance de l’Ecole. Ce qui est une première avec à sa tête la CCIB. Il évalue le PTA de l’année en cours et adopte celui de l’année à venir avant que le rectorat ne valide le budget de l’année prochaine. La mise en place de ce conseil vise à nous accompagner et la CCIB joue un rôle très important dedans. Avec le Président Jean-Baptiste Satchivi, on a signé l’accord historique entre l’Eneam et la CCIB. Il a dit sa disponibilité à nous accompagner à grandir comme HEC Paris puisqu’il participe à plein de programmes HEC Paris. Il a compris que c’est une école de la CCIB, car nous travaillons à accompagner le tissu économique du pays. En dehors de cela, la CCIB est au cours du téléthon organisé. Nous avons le Conseil des investisseurs privés du Bénin  (CIPB) dont je salue le Président Riboux pour tout ce qu’il fait. Il ne ménage aucun effort à nous accompagner de jour comme de nuit. Il a accepté  mobiliser tous les membres du Conseil des investisseurs à nous accompagner. Il siège aussi de notre comité de réflexion et est présent en personne pour les échanges. En dehors de la CCIB et du CIPB, nous avons au niveau de la diaspora, le Professeur Faustin Aïssi qui est un professeur émérite, qui effectivement, nous accompagne. C’est du bénévolat qu’il fait. Ce n’est pas qu’il prend de l’argent comme un expert. Il a un amour pour son pays et il vient accompagner le pays. Je ne vais pas oublier le Professeur Amen Aïssi qui est aussi de la diaspora. Il a été l’expert qui  nous a accompagnés. Il a aussi une grande école de commerce qu’il a rénové aussi. Il partage son expérience avec nous. Il n’y a pas que ceux que nous venons de citer. J’ai eu la change de rencontrer le Directeur général de la LNB. C’est comme cela qu’il a accepté nous offrir la salle de cours modèle que nous voulons. Il a toute de suite démarré les travaux et je crois que dans quelques mois, on va procéder à la réception.  Ce sera la première vraie salle de cours de l’Eneam. Nous saluons aussi les anciens étudiants de l’école. Nous sommes allés créer l’association des Alumni de l’Eneam qui est même enregistré. C’est elle qui nous a accompagné à organiser le téléthon. Elle est dans le conseil de gouvernance. Je remercie le corps enseignants et le personnel administratif. C’est vrai que l’école a connu beaucoup de problèmes, mais notre objectif à notre arrivée, est de relever la maison. C’est cela que je salue mes adjoints qui sont engagés dans leur fonction pour la réussite de la mission. Nous avons aussi un personnel disponible qui nous accompagne. Nous avons  commencé le bilinguisme grâce à eux. C’est un exploit.  Nous sommes ouverts à tous pour les réformes.

 

Propos recueillis par Emmanuel GBETO

 

 

 

 

 

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